NIVERNAIS - Société Générale des Transports Maritimes à Vapeur

olivier 12
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Re: NIVERNAIS - Société Générale des Transports Maritimes à Vapeur

Message par olivier 12 »

Bonjour à tous,

Une photo du NIVERNAIS

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Cdlt
olivier
olivier 12
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Re: NIVERNAIS - Société Générale des Transports Maritimes à Vapeur

Message par olivier 12 »

Bonjour à tous,

Complément sur le naufrage du NIVERNAIS

Rapport du LV VALLEE, commandant GRACIEUSE

Le NIVERNAIS a été torpillé et coulé le 10 Juin 1918 par 38°18 N et 04°08 E, dans les circonstances suivantes :
Ce bâtiment faisait partie du convoi NIEVRE – NIVERNAIS, escorté par GRACIEUSE et FIER et allait d’Alger à Marseille. Il était chargé de 8000 moutons. D’après les ordres reçus au départ d’Alger, la formation du convoi devait être la ligne de front avec NIVERNAIS en guide de navigation à droite, GRACIEUSE à droite et FIER à gauche.

A cause du chargement spécial des bâtiments du convoi, il avait été convenu avec les commandants, en présence du délégué des routes à Alger, que le commandant de NIVERNAIS signalerait début et fin des zigzags à sa volonté, en s’efforçant de zigzaguer chaque fois que ce serait possible.
Le convoi était sorti du chenal de sécurité d’Alger à 12h05 le 10Juin et avait fait route au N29E, d’abord à 10 nœuds jusqu’à 19h00, puis à 9 nœuds. Légère brise de NNW. Mer calme.
A 18h55, NIVERNAIS signale à bras « Pouvons-nous cesser les zigzags à 21h00. Je lu signale aussitôt : « Si possible, recommencez zigzags dès le jour ». NIEVRE s’étant un peu écarté, je signale au convoi : « Restez en ordre rapproché ».
A 19h55, NIEVRE avait un feu très visible qui s’allumait par instant à tribord avant. Je lui signalai en scott : « Feu visible sur tribord avant ». Ce bâtiment mit très longtemps à apercevoir mon signal. J’ai entendu dire par un homme de NIVERNAIS qu’un feu se ralluma dans les mêmes conditions vers 21h00 sur NIEVRE. NIVERNAIS avait eu lui aussi un petit feu peu visible sur sa passerelle et par deux fois j’allais le sui signaler lorsqu’il s’éteignit de lui-même.
A 22h40 ; NIEVRE était légèrement en arrière de son poste. La nuit était une nuit noire et sans lune. Depuis une demi-heure le temps s’était couvert et les étoiles visibles auparavant sur la moitié du ciel avaient disparu. Le maître de manœuvre DELANOE, officier de quart sur GRACIEUSE distinguait à l’œil nu passerelle et cheminée de NIEVRE, sans en voir les mâts. Sans la jumelle, il n’aurait pu reconnaître son cap. FIER n’était pas visible à l’oiel nu, seulement à la jumelle. La mer rendait les sillages phosphorescents. La masse d’un gros bâtiment pouvait donc se voir à une distance maximum de 1 mille.
A 22h40, l’officier de quart entend une détonation suivie d’une gerbe d’eau à l’extrême avant du NIVERNAIS, à bâbord. Il perçoit en même temps 4 coups de sifflet et une minute après des éclats de scott. Réveillé au cri d’alerte de l’officier de quart, je saute du coussin de passerelle où je me reposais et vois NIVERNAIS qui vient toute à droite, l’avant commençant à s’enfoncer. Des cris semblent venir de l’arrière de NIVERNAIS. Je viens moi-même à droite pour éviter la collision, et suis NIVERNAIS dans sa giration. Trois minutes après l’explosion, NIVERNAIS coule en piquant par l’avant. Je mets aussitôt à gauche toute et reviens sur les épaves reconnues auparavant d’un coup de projecteur. J’entends un cri : « Stoppez. Vous avez trop d’erre. » Je stoppe et m’étale par quelques tours en arrière. Me rendant compte que je suis au milieu d’un groupe de naufragés, je reste stoppé.
Dès l’alerte, l’équipage s’est porté au branle-bas de combat. Je défens qu’aucun homme saute à l’eau et que personne de l’armement ne quitte la pièce avant. Je donne l’ordre d’amener les embarcations. Je confie à l’EV DESPRES, officier en second, le soin de rechercher les naufragés avec elles.
GRACIEUSE recueille une dizaine d’hommes le long du bord. J’utilise très peu mes projecteurs pour ne pas révéler ma présence au sous-marin. Pendant ce temps, NIEVRE avait continué. FIER apparaît près de nous et patrouille autour de GRACIEUSE. Un des premiers sauvé est le 2e capitaine de NIVERNAIS et je lui dis que j’ai entendu des cris sur l’arrière de NIVERNAIS au moment de l’explosion. Il m’affirme que personne n’a quitté le bord avant le dernier moment et fixe à 54 le nombre d’équipage et de passagers. Je songe à rallier NIEVRE le plus rapidement possible et je passe des ordres à la voix au FIER. J’ai sauvé 32 hommes dont 4 officiers. Je dis au FIER de patrouiller sur les lieux, puis de rentrer à Alger. FIER a alors sauvé 1 homme.
La baleinière est hissée à 23h20 et le youyou à 23h40 ; J’ai alors 34 rescapés dont 4 blessés. Beaucoup d’autres ont des contusions légères. J’ai tout lieu de croire que tout le personnel en état de crier a été sauvé.
A minuit, je fais route sur NIEVRE et monte à 105 tours malgré un choc assez fort aux articulations, soit 13 nœuds. Je retrouve NIEVRE à 03h00. Il n’a marché qu’à 9 nœuds sur la même route depuis l’attaque de NIVERNAIS. Je la déroute au N45E jusqu’à 09h00 puis reviens au Nord.
Continuant mon enquête sur les cris entendus sur l’arrière de NIVERNAIS, je découvre que 3 hommes les ont aussi entendus. Je télégraphie au FIER pour lui dire de patrouiller auSW des épaves au cas où des naufragés se seraient jetés à l’eau dès le torpillage. A 11h30,je reçois une réponse du FIER qui me dit avoir recueilli un homme projeté à la mer par l’explosion à 300 m des autres naufragés.

Je n’ai qu’à me louer, au cours de cette opération de sauvetage dans une nuit très noire, du dévouement et de l’entrain ordonné de tout mon équipage. Livrés presque tous à leur initiative dans cette obscurité, ils ont fait simplement et dans le calme la besogne dont ils étaient chargés.
Je signale tout particulièrement l’Enseigne de Vaisseau de 1ère classe DESPRES, Officier en second, qui sait communiquer aux hommes l’esprit d’allant et de devoir dont il est animé. Je tiendrais également à faire attribuer des points exceptionnels au matelot infirmier VASSE qui s’est dépensé sans compter pendant toute la nuit et les journées suivantes à soigner les blessés.
Des renseignements recueillis auprès du 2e capitaine et des hommes de veille sur NIVERNAIS, il résulte que le sous-marin a été aperçu alors qu’en demi-plongée il était par le travers de NIVERNAIS, un peu sur l’avant de NIEVRE. Le 2e capitaine pense qu’il faisait route à contre bord. Dès le sous-marin aperçu, la seule manœuvre était A droite toute et avant toute. Quelques degrés de giration de plus et le bâtiment aurait été sauvé. Mais NIVERNAIS évolue fort mal paraît-il. Le sous-marin a lancé peut-être 30 secondes après avoir été vu et la torpille venant de l’arrière a frappé entre les cales 1 et 2. Le sous-marin a plongé aussitôt.
Le plus grand ordre a régné à bord de NIVERNAIS. Ce bâtiment, que j’avais déjà escorté, me semblait bien commandé et une sérieuse discipline régnait à bord. Le 2e capitaine a fait les signaux pour prévenir ses voisins de la présence du sous-marin. Les hommes de NIVERNAIS sont arrivés à bord très calmes, parlant avec émotion et respect de leur commandant disparu.
Je ne pense pas que le sous-marin, nous ayant aperçus avant le coucher du soleil, nous ait suivis et doublés pendant la nuit. La nuit était trop noire pour permettre une pareille manœuvre. Nous marchions d’ailleurs à 9 nœuds avant la nuit. Je ne crois pas que s’il avait eu le temps de préparer son attaque, il fut venu comme il l’a fait se placer sur l’avant de NIEVRE qui aurait pu lui foncer dessus. Il a plutôt été surpris par la présence du convoi, à moins que les sous-marins allemands ne possèdent maintenant des écouteurs microphoniques leur permettant de se diriger de loin pour l’attaque des convois.

Rapport de la commission d’enquête

Celle-ci reprend tout le déroulement des faits et conclut :

De tous les hommes qui manquent, les uns n’ont pu sortir des postes situés à l’avant, de leurs cabines, ou remonter des machines et des chaufferies. Les autres ont été entraînés par le tourbillon au moment où le navire s’est englouti. D’autres enfin ont été tués par la chute du mât de misaine et d’une quantité énorme de morceaux de bois, madriers, panneaux, parcs à moutons, projetés au moment de l’explosion.
Le commandant, l’état major et l’équipage de NIVERNAIS ont eu une conduite exemplaire.
Le commandant PAOLI, qui se reposait, fut debout dès l’alerte au sous-marin, appela aux postes d’abandon dès l’explosion et dirigea froidement et dans le plus grand calme la mise à l’eau des embarcations. Il s’est jeté à l’eau au moment où le navire s’engloutissait. Malgré la nuit noire, l’eau qui envahissait le pont des embarcations et la très grande inclinaison du navire qui s’enfonçait de l’avant, tous ceux qui ont pu gagner le château central l’ont fait dans le plus grand calme et le plus grand ordre. Le lieutenant COURTY et le maître d’équipage GOTZ ont fait amener les canots 1 et 2 avec le plus grand sang froid. Le chef mécanicien MOUREN, après avoir fermé la soupape d’arrêt supplémentaire située sur le château, a mis à la mer le radeau. Le 2e mécanicien FRANCHI, réveillé par l’alerte au sous-marin, est descendu dans la machine et a étranglé le registre de vapeur par le frein de secours. Il a prévenu le personnel de quart du danger. Monsieur LEBRE, 3e mécanicien de quart dans la machine, ainsi que le 1er chauffeur JOURDAN et l’électricien CESTA sont restés à leur poste et ont disparu avec le navire. Le radiotélégraphiste LENIER a mis son moteur en route et fait les signaux de détresse avec le plus grand calme. Les hommes de veille CARATINI et BEGOC ont fait tout leur devoir.

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Tanker
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Re: NIVERNAIS - Société Générale des Transports Maritimes à Vapeur

Message par Tanker »

Bonjour,

Visiblement la Marine Nationale avait un problème avec ses listes de personnels car tous les rapports cités ici répercutent la même erreur.

Si vous cherchez sur Mémoire des Hommes un Cesta Auguste "Mort pour la France",vous ne l'y retrouverez pas. Et pour cause, ce marin mort noyé, le 10 Juin 1918 lors du torpillage du Nivernais et cité à l'ordre de la Brigade, s'appellait Auguste Gesta. Il était né en Algérie en 1888.

Sa famille n'a jamais compris pourquoi il avait été ainsi oublié, et donc en quelques sorte, porté disparu deux fois !
Cette erreur a-t-elle perduré à l'issue du naufrage, dans les documents de la Marine Nationale ?

Avec les archives de l'Algérie, la recherche de son acte de décès ne semble pas très simple, ce d'autant que tout ne semble pas avoir été numérisé et qu'une partie n'a pas été rapatriée ou retrouvée . . .

Il est né à Bone et sa fiche matricule (pour le moins très incomplète) le donne résidant à Bougie en 1908. Il s'agissait donc du département de Constantine.


Auguste Gesta (01a).jpg
Auguste Gesta (01a).jpg (591.1 Kio) Consulté 655 fois
Auguste Gesta (02).jpg
Auguste Gesta (02).jpg (343.11 Kio) Consulté 655 fois


Bonne suite de recherche
Michel, qui retourne à ses tanks !

PS : Info transmise au SHD et question aussi posée aux Archives Nationales d'Outre-Mer
Email - [email protected]

Liens sur les sujets Artillerie Spéciale de "Pages 14-18" :
viewtopic.php?f=34&t=52768
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markab
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Re: NIVERNAIS - Société Générale des Transports Maritimes à Vapeur

Message par markab »

Bonjour Michel, bonjour à tous,

Les recherches sont lancées et j'ai déjà consulté l'ouvrage d'Alain Croce sur la SGTM mais il ne mentionne pas la liste des disparus et décédés dans la fiche du NIVERNAIS (pages 160 et 161).

En attendant, voici une très médiocre reproduction d'une CPA sur le NIVERNAIS à Marseille :

NIVERNAIS Marseille.jpg
NIVERNAIS Marseille.jpg (157.35 Kio) Consulté 605 fois

C'est probablement la lanterne d'un rondier dans le parc à moutons du NIEVRE qui aurait permis au sous-marin de repérer le convoi et de couler le NIVERNAIS.

A bientôt.
Cordialement / Best regards
Marc.

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markab
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Re: NIVERNAIS - Société Générale des Transports Maritimes à Vapeur

Message par markab »

Bonjour,

Un lien vers le site Clydeships et la fiche du SUMATRA futur NIVERNAIS (avec une photo du navire) : https://www.clydeships.co.uk/view.php?r ... el=SUMATRA

A bientôt.
Cordialement / Best regards
Marc.

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Re: NIVERNAIS - Société Générale des Transports Maritimes à Vapeur

Message par markab »

Bonjour,

Un lien vers le site Wrecksite et la fiche du NIVERNAIS (ex SUMATRA) : https://www.wrecksite.eu/wreck.aspx?159381

A bientôt.
Cordialement / Best regards
Marc.

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Re: NIVERNAIS - Société Générale des Transports Maritimes à Vapeur

Message par markab »

Bonjour,

Une très belle vue du navire SUMATRA (futur NIVERNAIS) sur le site scheepsindex.nl (en néerlandais) : https://www.scheepsindex.nl/afb.php?f=157&fi=0


A bientôt.
Cordialement / Best regards
Marc.

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Re: NIVERNAIS - Société Générale des Transports Maritimes à Vapeur

Message par markab »

Bonjour,

Un lien vers le site internet du "Stichting Maritiem-Historische Databank" (en néerlandais) : https://www.marhisdata.nl/schip?id=6306

En fin de page, 3 photographies du SUMATRA et futur NIVERNAIS.

Stichting Maritiem-Historische Databank
Stichting Maritiem-Historische Databank
SUMATRA - NIVERNAIS.jpg (166.65 Kio) Consulté 593 fois

A bientôt.
Cordialement / Best regards
Marc.

A la recherche des navires et des marins disparus durant la Grande Guerre.
Rutilius
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NIVERNAIS ― Paquebot mixte — Société générale de transports maritimes à vapeur, Marseille (1901~1918).

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Bonsoir à tous,


NIVERNAIS – Cargo mixte – I – .jpg
NIVERNAIS – Cargo mixte – I – .jpg (103.23 Kio) Consulté 555 fois

Caractéristiques générales. — Jauge : 2.555 tx jb et 1.880 tx jn. Dimensions : 325.5 x 37.1 x 25.5 ft [99,20 x 11,30 x 7,77 m]. Propulsion : Machine compound comportant trois cylindres et développant 277 nhp ; une hélice. Vitesse : 12 nd. [Lloyd’s Register of Shipping, 1917~1918, Lettre N., n° 495, p. num. 731]
Dernière modification par Rutilius le jeu. avr. 24, 2025 2:49 pm, modifié 1 fois.
Bien amicalement à vous,
Daniel.
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NIVERNAIS ― Paquebot mixte — Société générale de transports maritimes à vapeur, Marseille (1901~1918).

Message par Rutilius »

Bonsoir à tous,

Cols Bleus, n° 271, Samedi 18 octobre 1952, p. 2.

C.B. 18-X-1952 - .jpg
C.B. 18-X-1952 - .jpg (227.63 Kio) Consulté 550 fois
Bien amicalement à vous,
Daniel.
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