L’Allemagne face aux pénuries de caoutchouc

[bltedouard]

Bonjour à tous,


Est-ce que vous savez comment l’Allemagne a résolu ( ou non) les pénuries d’approvisionnement en caoutchouc notamment pour les objets suivants : les gaines électriques (UBoot) , les condensateurs de mitrailleuses Maxim et les pneus de véhicules ? Ces équipements ont-ils bénéficié d’ersatz ?



En faisant mes recherches j’ai constaté que pour les masques à gaz, les Allemands avaient mis du cuir pour remplacer le caoutchouc et que des trafics de caoutchouc britannique avec les pays neutres auraient eu lieu jusqu’à fin 1914 mais à l’échelle de tous les équipements dépendants du caoutchouc dans l’armée allemande comment ont-ils géré la pénurie ?

Merci d’avance pour votre aide

[Mercadal P]

Bonjour.
A cette époque seuls les véhicules légers sont équipés de pneumatiques; les camions voire camionnettes ont des roues en bois dites charronnées ou métalliques dont la circonférence est recouverte d'un bandage en caoutchouc.
Bien que l'Allemagne manque de caoutchouc, il n'a pas disparu mais il est employé d'une autre manière c'est à dire en blocs amortisseurs répartis à l'intérieur de la roue ;le contact avec le sol est assuré par un classique cerclage métallique. Il n'y a donc, en principe plus d'usure de caoutchouc...Cette disposition est assez fréquente sur les essieux des camions en 1918, comme sur ce Büssing.

Bussing 1918.jpg (4.79 Kio) Consulté 6161 fois

La plupart du temps ces montages s'accompagnent de la mise en place de ressorts hélicoïdaux supplémentaires au bout d'une des mains de ressort du train avant uniquement.
Au revoir.
PML
PS: sur la couverture du livre de Jean-Claude Laparra " 1914-1918.La grande débrouille ; un point de vue iconoclaste sur l'armée allemande '", ouvrage qui devrait répondre au moins en partie à vos interrogations, on peut voir un torpédo Protos, c'est à dire une voiture de tourisme, équipé de quatre roues de ce genre ou les blocs de caoutchouc semblent avoir été remplacés par des ressorts héicoïdaux dont le fil est peut être gainé de caoutchouc ( ? ) ; comme de bien entendu les fixations de roue de secours sont vides ...
https://www.ebay.fr/itm/364201359970

[Tanker]

Et le brevet du caoutchouc synthétique a été déposé en 1909 par la société allemande Bayer.
Découverte de l'ingénieur Fritz Hofmann

[kglbayrRIR2]

Bonne soirée,

Et le brevet du caoutchouc synthétique a été déposé en 1909 par la société allemande Bayer.
Découverte de l'ingénieur Fritz Hofmann

la production réussie d’un matériau semblable au caoutchouc [Methyl-Kautschuk] en 1909 était certainement une preuve des performances de l’industrie chimique allemande. Cependant, ce caoutchouc synthétique était loin de remplacer complètement le caoutchouc naturel. La production fut donc à nouveau arrêtée en 1920.

L’Empire allemand a donc tenté pendant la guerre de se procurer du caoutchouc naturel en utilisant des dispositifs de rupture de blocus et surtout en recyclant le caoutchouc naturel, au moins dans les domaines critiques (par exemple les sous-marins).
Le caoutchouc (qu'il soit naturel ou artificiel) n'était plus accessible aux particuliers et au secteur civil. Tous ces modèles de roues étranges ont commencé à apparaître.

federn_fahrrad.jpg (801.79 Kio) Consulté 5807 fois

Étant donné que les roues des voitures ou des camions équipées de pneus à ressorts métalliques causaient des dommages aux routes, la vitesse maximale a été fixée à 9 km sur les routes pavées et à 12 km sur les routes non pavées.

Les expériences avec le caoutchouc synthétique n’ont pas non plus été toutes positives.

Un extrait de la fiche d'information de l’Inspektion der Kraftfahrtruppen [Service Technique de l'Inspection des Véhicules Automobiles] du 15 décembre 1917 pour l'utilisation des pneus pleins 58 l'illustre graphiquement :

b) L'usure des pneumatiques pleins synthétiques est sensiblement différente de celle des pneumatiques pleins en caoutchouc naturel. Il n'y a pas d'usure réelle des pneus, c'est-à-dire une réduction de la hauteur du profil, mais tôt ou tard, en fonction de l'état de la route, des pièces en caoutchouc souple plus ou moins grandes s'effriteront ou éclateront.
Le pneu doit continuer à rouler tant que la roue ne commence pas à se déformer et que la voiture n'est pas exposée à des chocs violents.

c) Lorsqu'il refroidit considérablement, le matériau des pneus pleins synthétiques devient moins élastique. Donc:
1. Stockez les pneus synthétiques uniquement dans des locaux à l'abri du gel
2. Si possible, soulevez les véhicules équipés de pneus synthétiques pleins en cas d'immobilisation prolongée afin que les pneus ne restent pas sous charge et ne s'aplatissent ainsi pas au point de contact.

Comme on peut le constater, le camion Daimler de la Première Guerre mondiale n'a que des pneus en caoutchouc sur les roues arrière.

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Cordialement
Joseph

[Cyrille]

Bonjour à tous,

A savoir que, encore actuellement, la fiabilité des caoutchoucs ou élastomères utilisés sous forme de joints est sujette à caution !

Cordialement,
Cyrille

[Mercadal P]

Bonsoir

daimler wk01.jpg (692.34 Kio) Consulté 5735 fois

Ce camion n'est pas équipé de pneumatiques sur l'essieu arrière mais de bandages dont le relief en V est fréquent sur les camions allemands.
Sur l'essieu avant on trouve les ersatz que j'ai déjà décrit: Kriegsbedingte Notbereifung
Le camion au second plan , dont le capot est très en pente du poste de conduite vers le radiateur, est à l'évidence un Mannesmann-Mulag 3,5-4 tonnes.
Au revoir.
PML
PS. L'idée d'une roue élastique, sans chambre à air ni enveloppe mettant ainsi à l'abri du spectre de la crevaison , fréquente aux débuts de l'automobile, est très antérieure à la guerre , il suffit de taper " roue élastique "dans un moteur de recherche pour faire d'étonnantes découvertes ...comme celle-là qui vise clairement Michelin à travers sa mascotte, Bib, et dont le siège se situe rue de la ...pompe!
!

roue elastique.jpg (40.49 Kio) Consulté 4673 fois

[Mercadal P]

Bonjour.
En France, aussi, il y a eu plusieurs "crises des bandages " mais je ne me souviens pas des détails ni ou les retrouver si ce n'est le cas de la Voie Sacrée où les camions jouaient le rôle de rouleaux compresseurs ; les bandages étaient entaillées par les cailloux non écrasés, et pour éviter toute interruption les presses à bandage caoutchouc des ateliers des parcs auto de Bar le Duc mais aussi de Troyes ont fonctionné 24h/24.
En ce qui concerne l'Allemagne il faudrait jeter un coup d'oeil aux importations des pays neutres comme la Confédération helvétique , les monarchies du nord de l'Europe et l'Espagne car, fréquemment, on observe que les importations en matières premières pouvant avoir une utilisation militaire augmentent fortement dans les premières années de guerre par rapport à celles des années 1910, phénomène expliqué par l'exportation de ces produits vers l'Allemagne ( Contrebande de guerre ...) ; il faut aussi s'intéresser à l'organisation des unités chargées de récupérer, rassembler et répartir les matières premières et biens saisis dans les territoires occupés : Belgique, nord de la France, Russie. Sur ce dernier point, iI y a des éléments dans le livre de J;C Laparra.
PML
PS: en France l'arrivée de nombreux camions américains , dès la fin 14, dotés de bandages de qualité médiocre ou inadaptés à un emploi intensif entraîne la première crise; il y a également , avec des indisponibilités nombreuses, des défauts d'approvisionnement en bandages en juillet-août 18 peut être la conséquence d'un emploi intensif des matériels afin de faire face aux grandes attaques allemandes du printemps18.

[air339]

Bonjour,

Cet article de la revue "la Nature", du 15 juillet 1916, évoque la crise du caoutchouc et ses substituts en Allemagne. La contrebande est encore active, via la Suisse ou la Hollande, mais pour des quantités minimes.

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bd6t5 ... caoutchouc, page 36.

Cordialement,

Régis R.

[bltedouard]

Merci beaucoup pour vos réponses