Au verso: Guirand de Scevola camouflant un appareil
Cordialement
Claude
Claude Thollon-Pommerol http://www.asoublies1418.fr accueille volontiers tout document personnel ou familial que vous souhaitez partager. Site en reconstruction. Soyez patients.
Un « camoufleur », Louis Henri FORAIN, dit Jean-Louis FORAIN
Né le 23 octobre 1852 à Reims (Marne) ; décédé le 11 juillet 1931 à Paris (XVIe Arr.). Alors domicilié au 30 bis, rue Spontini (XVIe Arr.). Fils de Charles FORAIN, peintre en bâtiment, et de Marie Claude Henriette DESBOTTES, sans profession, son épouse. Marié en 1891 à Jeanne Marie Eulalie BOSC, sculpteur. Peintre, dessinateur et graveur. Président du jury de peinture de la Société nationale des beaux-arts et président de la Société des dessinateurs humoristes. Fondateur du journal Le Fifre (1889) ; collaborateur au Monde parisien, au Figaro, au Courrier français, à l’Écho de Paris, à la Vie parisienne, à l’Opinion, au Gaulois. Membre de l’Académie des beaux-arts (10 févr. 1923) ; membre étranger de l’Académie des beaux-arts de Stockholm (Janv. 1930). Inhumé au cimetière du Chesnay (Yvelines).
— Chevalier de la Légion d’honneur (D. du 13 juill. 1893, pris sur le rapport du Ministre de l’Instruction publique).
— Officier de la Légion d’honneur (D. du 15 janv. 1920, pris sur le rapport du Ministre de l’Instruction publique). Reçu dans ce grade le 5 mars 1920 par Alfred CAPUS, journaliste, romancier et dramaturge, membre de l’Académie française (Févr. 1914).
Renseignements produits par le ministre à l’appui du projet de décret :
« Engagé volontaire pour la durée de la guerre le 23 mars 1917. Engagement contracté au titre du 1er Régiment du génie (Service du camouflage) avec effet rétroactif à compter du 12 février 1915, date à laquelle l’intéressé a été désigné par décision du Grand quartier général pour faire partie de la Section de camouflage (Déc. min. n° 588 ²/1 du 21 mars 1917).
Nommé sous-lieutenant à titre temporaire par décision ministérielle du 11 juillet 1917.
Nommé dans la réserve de l’Armée active de l’arme du génie au grade de sous-lieutenant à compter du 28 septembre 1919 (J.O. du 24 oct. 1919).
Placé dans la position d’officier honoraire avec un grade de sous-lieutenant par décision ministérielle du 31 octobre 1919 et par application de la loi du 24 avril 1916 (J.O. du 4 nov. 1919).
Cité à l’ordre de l’armée le 20 octobre 1915 (J.O. du 8 déc. 1915). »
— Commandeur de la Légion d’honneur (D. du 28 janv. 1928, pris sur le rapport du Ministre de l’Instruction publique). Reçu dans ce grade le 5 mars 1920 par André MESSAGER, compositeur et chef d’orchestre, membre de l’Académie des beaux-arts (1926).
Fait à vérifier : Jean-Louis Forain aurait été notamment chargé « de dissimuler aux yeux de l’ennemi le viaduc de Chantilly ». Les techniques de camouflage auraient-elles été également appliquées aux ouvrages d'art ?
● Bibliothèque nationale : « J.-L. FORAIN. Peintre, dessinateur et graveur. Exposition organisée pour le Centenaire de sa naissance. Juin – Septembre 1952 » (catalogue de l'exposition).
« 223. – CARTE D’IDENTITE DE FORAIN, membre de l’équipe de camouflage, février 1915.
Bien qu’âgé de 62 ans, Forain s’enrôla pendant la guerre et fit partie d’une équipe de camouflage où se trouvait également Dunoyer de Segonzac. Il fut chargé en particulier de dissimuler aux yeux de l’ennemi le viaduc de Chantilly. Il fut cité à l’ordre de l’armée le 8 décembre 1915. » (p. 44)
Né le 14 novembre 1871 à Sète (Hérault) ; décédé le 29 mars 1950 en son domicile, sis à Paris, au 119, rue de Courcelles (XVIIe Arr.). Fils de Jean Antoine GUIRAND, commis voyageur, et de Catherine Mélanie FOURNAIRE, sans profession, son épouse. Marié en 1906 à Marie-Thérèse PANOT, dite Marie-Thérèse PIÉRAT, sociétaire de la Comédie française (... 1885 ~ 29 mai 1934). Inhumé au cimetière du Nord, dit « de Montmartre » (XVIIIe Arr.).
— Chevalier de la Légion d’honneur (D. du 16 mai 1910, pris sur le rapport du Ministre de l’Instruction publique, des Beaux-arts et des Cultes).
— Officier de la Légion d’honneur (D. du 26 mai 1914, pris sur le rapport du Ministre de l’Instruction publique).
Renseignements produits par le ministre à l’appui du projet de décret :
« Artiste peintre. Créateur et organisateur du camouflage pendant toute la durée de la guerre. »
— Commandeur de la Légion d’honneur (D. du 30 juill. 1935, pris sur le rapport du Ministre de l’Éducation nationale).
Données biographiques provenant en majeure partie de la Base Léonore, Dossier 19800035/0017/2164 —>
Un brigadier d’artillerie tout bonnement imaginatif dès l’automne 1914 ! Et une « création » simplement limitée au camouflage empirique des pièces d’artillerie.
— Général DUBAIL : « Quatre années de commandement. 1914 ~ 1918. (1re Armée – Groupe d’Armées de l’Est – Armées de Paris). Journal de campagne », T. I. « 1re Armée », Imprimerie-librairie militaire universelle L. Fournier, Paris, 1920.
« 17 octobre [1914]. — [...]
On me présente, à Toul, un brigadier d’artillerie, officier de la Légion d'honneur. C’est M. Guirand de Scévola, peintre de talent, qui, avec le concours d’autres artistes de sa valeur, met en couleur d’immenses toiles destinées à dissimuler les batteries d’artillerie lourde. Ces masques ont les coloris du terrain avoisinant. Leur peinture se fait avec des balais, horreur ! et cependant ces peintres ont la conscience de rendre de réels services à la défense nationale et ne croient pas déchoir. Ils vont même jusqu’à mettre à la couleur du terrain des vêtements complets faits de forte toile ordinaire que porteront les servants (1). Les batteries et leurs personnels échapperont ainsi totalement aux investigations des avions. L’expérience en a été faite. [...]
(1) Dans certains secteurs particulièrement agités, on a pris ultérieurement l’habitude de franchir les passages dangereux, camouflés avec des sarrauts de ce genre. Au Bois le Prêtre, mon ami, le colonel Riberpray, le brave des braves, tué comme général à Verdun, me demandait toujours de revêtir le sarraut pour mes tournées (il en avait une collection dans son poste de commandement : " Ce n’est pas tant pour vous que pour mes hommes, me disait-il avec sa franchise habituelle ; il faut éviter que votre présence attire le feu sur eux ". » (op. cit., p. 185)
Né à Versailles (Yvelines) le 29 décembre 1857 ; décédé à Auxerre (Yonne), le 9 septembre 1918
● Le Temps, n° 20.492, Mardi 14 août 1917, p. 2, en rubrique « Armée ».
« Légion d’honneur. — Sont inscrits au tableau spécial de la Légion d’honneur : [...]
Chevalier : est admis au traitement :
Le lieutenant Abel Truchet, du 1er Régiment du génie, adjoint au commandant de la Section de camouflage, chevalier de la Légion d’honneur à titre civil depuis 1911. " A accompli à diverses reprises des missions dangereuses, au cours desquelles il a fait preuve d'autant d'énergie que d'intelligence."
Le lieutenant Truchet est le peintre bien connu. »
● Le Temps, n° 20.885, Mercredi 11 septembre 1918, p. 2, en rubrique « Dernières nouvelles ~ La guerre ».
« MORT DU PEINTRE ABEL TRUCHET
Nous avons le regret d'apprendre la mort du peintre Abel Truchet, chevalier de la Légion d'honneur, décédé subitement à Auxerre, à l’âge de soixante-deux ans.
Engagé volontaire au début de la guerre, il avait été affecté comme lieutenant à la Section de camouflage, dont le commandant, le capitaine Guirand de Scévola, le peintre bien connu, avait trouvé en lui le plus actif et le plus dévoué des collaborateurs. En ces derniers temps, le lieutenant Abel Truchet dirigeait l’atelier de cette section à Auxerre. Il s’était très fréquemment rendu, pour y surveiller la marche des services de camouflage, sur le front, et y avait fait preuve d’une ardeur et d’un courage qui lui avaient valu d’être cité et de recevoir la Croix de guerre.
Depuis 1891, Abel Truchet était un exposant assidu du Salon, d’abord de celui des Artistes français, ensuite de celui de la Société nationale, auquel il était resté fidèle en même temps qu’il prenait chaque année part au Salon d’Automne, dont il avait été l’un des fondateurs et dont le comité le comptait parmi ses membres. Il était également l’un des exposants les plus fidèles des Humoristes et de la Gravure en couleurs. Il avait débuté comme peintre de la vie montmartroise, qui lui a inspiré nombre d’œuvres remarquables par leur fidélité et un réalisme vigoureux et de bon aloi, relevé d’une amusante pointe d’esprit, car il avait, avec un grand fonds de bonté et de pitié, une tendance accusée à l’ironie et même, dans quelque mesure, à une certaine blague. Les Petites Botticelli, L’Heure verte, Soirée d'esthètes, La Valse, Le Bal des Quat’z'Arts, La Femme au tub, L’Accident, Femmes au bar sont parmi ses compositions les meilleures et les plus caractéristiques dans ce genre. Abel Truchet, par sa loyauté et la sûreté de son amitié, s’était acquis des sympathies unanimes dans le monde des artistes, où sa mort sera très profondément regrettée. »
● « Guerre 1914-1918. Tableau d’honneur. Morts pour la France. », Paris, 1921, Publications de La Fare, p. 23.
« ABEL-TRUCHET, [Chevalier de la Légion d’honneur] [Croix de guerre], artiste peintre, engagé volontaire à 59 ans.
Engagé au début de la guerre, avait été affecté comme lieutenant à la Section de camouflage, dont le commandant, le capitaine Guirand de Scévola, avait trouvé en lui le plus actif et le plus dévoué des collaborateurs ; dirigeait, l’atelier de cette section à Auxerre. Il s’était très fréquemment rendu, pour y surveiller la marche des services de camouflage, sur le front, et y avait fait preuve d’une ardeur et d’un courage qui lui avaient valu d'être cité et de recevoir la Croix de guerre. »
Bonjour à tous, voici une autre forme de camouflage qui consiste à dissimuler à l'ennemi des informations qui pourraient lui être utiles
C'est un camion Latil photographié à Vandières, en manœuvre d'entrainement, qui appartient aux 9° ou 10° batteries du 5° groupe du 85° régiment d'artillerie lourde.
Si vous essayez de lire ces informations sur le camion, c'est peine perdue, elles sont sous des volets de dissimulation.
Image Argonnaute, VAL 082/172 pour la première photo.
Tracteur LATIL 102.JPG (100.67 Kio) Consulté 1197 fois
tracteur LATIL 100.JPG (75.34 Kio) Consulté 1197 fois
Bonjour,
Voici des informations trouvées sur la dissimulation ou le camouflage, au sein de batteries du 6e régiment d'artillerie à pied (6e RAP) qui étaient alors dans les secteurs de Toul ou Pont-à-Mousson :
Premièrement
Le 22 octobre 1914, le journal des marches et opérations (JMO) de la 25e batterie donne l'information suivante :
6eRAP_25ebatterie_22oct1914_peintres_26N1192_14_vue9.JPG (35.09 Kio) Consulté 801 fois
Lien vers le JMO : https://www.memoiredeshommes.sga.defens ... 8f80c58b45
Transcription : "Un équipe de peintres travaille à la carrière à la constitution d'un écran formant monticule sous lequel le personnel travaillant à l'installation de la pièce de 164 7 sera dissimulé."
(Le 164 7 correspond à une pièce de marine mentionnée au 17 octobre.)
Deuxièmement
Le 27 novembre 1914, le commandant du groupement d'artillerie lourde à longue portée de la Ire armée "remet au brigadier Guirand de Scévola chargé du camouflage des pièces et des vêtements couleur nature, la note ci-après :
Note sur l'emploi des pièces de canon camouflées servies par
des servants recouverts d'habits couleur verdâtre."
6eRAP_gpt_ALLP_27nov1914_note_camouflage_26N24_3_vue11.JPG (39.24 Kio) Consulté 801 fois
Cette note liste dans quelles circonstances ont été utilisés les "blouses avec capuchons" entre le 16 et le 24 novembre => à lire dans le JMO.
La conclusion donne les atouts et limites de ces dispositifs :
6eRAP_gpt_ALLP_27nov1914_conclusion_note_camouf_26N24_3_vue12.JPG (47.72 Kio) Consulté 801 fois
Transcription : "Les vêtements verdâtres paraissent surtout utiles pour les reconnaissances individuelles : on peut s'approcher jusqu'à 500 m de l'ennemi sans être vu même à la lunette.
Les pièces camouflées rendent le matériel invisible pendant la mise en batterie. Dès que le feu est commencé, la lueur dévoile les pièces, mais le réglage de l'ennemi, sur ces canons invisibles, est rendu beaucoup plus difficile.
Enfin les reconnaissances des avions et des ballons ne peuvent dévoiler, ni le personnel ni les pièces qui ne tirent pas."
Le brigadier Guirand de Scévola était donc déjà missionné camouflage au 27 novembre 1914, mais il n'est précisé dans quelle structure.
Et j'ai l'impression qu'il n'était pas présent lors des essais. (S'il avait été présent, pourquoi lui envoyer une note ?)
Troisièmement
Le 20 décembre 1914, le canonnier Emile Wolff relate, dans son journal de guerre, les "grands manteaux, munis de capuchons et cagoules perc[ées] de 2 trous", de couleur verte, accoutrement qui soulève "les rires des habitants" de Dieulouard ou autres villages du secteur.
Lien vers ce journal, à consulter à la vue 17 : https://recherche-archives.nancy.fr/vie ... um_004_001