Bonjour,
Collection de petites biographies écrites par des descendants ou collatéraux des marins de l'équipage du Longwy et destinées à alimenter l'effort mémoriel autour de cet équipage français disparu en 1917 au large de l'Écosse. Par exemple, à utiliser lors de visites de la stèle à Girvan. Chaque texte est suivi d'une proposition de traduction en langue anglaise.
On trouvera ci-dessous les biographies des marins Albert Merlen, Léon Manoir, Samuel Brajeul.
Albert Merlen, marin des Sables-d'Olonne,
victime du devoir
Au cours de la guerre 14-18, de très nombreux habitants des Olonnes sont morts sous divers uniformes de l'armée française. Parmi eux un marin chaumois, Albert Merlen, fusilier-marin, embarqué à bord du vapeur Longwy. Il était né à La Chaume le 22 septembre 1898 ; il avait donc 19 ans au moment de sa disparition. Son père prénommé Noémi était marin et le frère de Dalie Merlen, l'épouse de Paul-Émile Pajot, le peintre chaumois. On lui comptait un autre frère, Noémi, dit "Mimi" bien connu sur les quais de La Chaume et une sœur Yvonne, épouse Mocquet, qui fut bouchère à La Chaume. Albert disparut en mer la même semaine que ses parents auraient dû fêter leur vingt ans de mariage (mariés le 9 novembre 1897).
Dans son journal, son oncle Paul-Émile Pajot écrit à la date du 24 novembre, soit vingt jours après les faits, la rubrique nécrologique de son neveu :
"Samedi 24 novembre 1917.
Nous sommes bien peinés, car un grand malheur vient d'arriver dans la famille. Mon neveu Albert, le fils aîné de mon beau-frère Noémi est perdu avec tout son équipage et le navire qui le transportait en Angleterre. C'était un vapeur de Nantes, le Longwy, de la Compagnie de l'Ouest, qui faisait des voyages de charbon d'Angleterre en France.
On était sans nouvelles de mon neveu depuis 23 jours, quand, tout à coup, un gendarme de marine vint annoncer la fatale nouvelle. Le vapeur a sauté sur une mine ou bien a été torpillé, car une explosion formidable a été entendue sur la côte anglaise. Trois cadavres ont été jetés à la côte. Parmi eux se trouvent le capitaine et deux marins de l'infortuné navire, mais mon neveu n'est pas retrouvé.
Voilà la première victime proche de la famille, rapport à cette horrible guerre. Pauvre petit Albert. Il n'avait que 18 ans. On l'aimait bien. La douleur de ses parents est navrante, ainsi que la nôtre, aussi ai-je le cœur bien gros en écrivant aujourd'hui ces lignes, à la mémoire du cher petit disparu."
Extrait d'un article de la revue Olona de juin 2014, signé Jean-Yves Mocquet, neveu d'Albert Merlen, qui "souhaitait lui rendre hommage à l'occasion du centenaire de la Grande Guerre."
Albert Merlen, a sailor from Les Sables-d'Olonne, a victim of duty
During the Great War (1914-1918), many inhabitants of Les Sables-d'Olonne were killed while wearing various uniforms of the French armed forces. Among them was Albert Merlen, a French Marine aboard the steamer Longwy. He was born in La Chaume on September 22, 1898, making him 19 when he was killed. His father Noémi was a fisherman and his aunt Dalie the wife of painter Paul-Émile Pajot. Albert had another brother named Noémi, nicknamed "Mimi", a well-known figure in the port of La Chaume, and a sister named Yvonne who was married to Mocquet, a butcher in La Chaume. Albert was lost at sea the same week his parents were due to celebrate their twentieth wedding anniversary; they were married on November 9th, 1897.
In his diary, painter Paul-Émile Pajot writes his nephew's obituary in the entry of November 24, which is twenty days after the event:
"Saturday November 24th, 1917. The weather is rather mild today. The children returned from the sea yesterday morning with a catch of fish, a rarity in these times, and quite expensive.
We are in profound sorrow, since a huge misfortune has befallen our family. My nephew Albert, the eldest son of my brother-in-law Noémi, is lost along with his entire crew aboard his ship that was sailing to Britain. She was a steamer from Nantes, the Longwy from the Compagnie de l'Ouest, she transported coal from Britain to France.
We had received no news from my nephew for 23 days when, suddenly, a gendarme arrived with the devastating news. The steamer either struck a mine or was torpedoed, as a massive explosion was heard on the British coast. While three bodies, including the captain's, were washed ashore, my nephew remains unfound.
This marks the first casualty due to this dreadful war in our family. Poor dear Albert, he was only 18. He held a special place in our hearts.
The grief of his parents is heart-wrenching, and so is ours. In great sadness, I pen these lines today in memory of our beloved departed youth."
Excerpt from the bulletin of maritime archeological and historical society "Olona" from Les Sables-d'Olonne,
Vendée, France. Published in June 2014 by Jean-Yves Mocquet, a nephew of Albert Merlen, who "wished to pay tribute to his uncle on the centenary of the Great War."
Léon Manoir
Léon Manoir, né à st Quay Portrieux (22) en 1873, est marié le 27/11/1905 à Marie Joseph Pomiès, née en 1885, fille du capitaine Pierre Pomiès, Commandant des baleiniers décédé en mer d’Islande lors du naufrage de la « Maria ».
Il a fait ses études préparatoires de marine ainsi que deux de ses frères au Likès de Lannion, puis fait ses études de capitaine de la marine marchande à Nantes où il a effectivement obtenu son diplôme de Capitaine.
Nous savons qu’il était en congé maladie quand on lui a proposé ce poste sur le Longwy, il n’était nullement obligé de prendre la mer mais il considérait que c’était la guerre donc il ne pouvait refuser cette mission … Il a embarqué à Nantes.
Après le naufrage, il a laissé derrière lui sa femme et ses trois filles : Renée (4 ans), Marie Paule (5 ans) et Marguerite (7 ans) dans des conditions difficiles puisque c’était la guerre et que la pension de réversion n’a été reconnue qu’en 1951…
Marguerite, ma maman, a eu elle-même trois enfants. Elle est décédée à l’âge de 41 ans et c’est Marie Paule et Renée, célibataires, qui nous ont élevées chez ma grand-mère Marie Joseph (femme de Léon). Mes deux frères ont également été capitaines au long cours.
Marie Paule, décédée à l’âge de 89 ans, a toujours parlé positivement de son père et gardait précieusement un portrait de Léon Manoir dans sa chambre (photo ci-dessus).
Moi-même, née Cordillet, fille de Marguerite, étais mariée à un capitaine au long cours à la compagnie des Pétroles BP et je garde beaucoup de souvenirs d’échanges avec ma grand-mère me parlant de la dure vie de femme de marin mais aussi de joies au moment du retour.
Témoignage de la petite-fille de Léon Manoir, Saint-Quay-Portrieux, Côtes-d'Armor.
Léon Manoir was born in St-Quay-Portrieux, Brittany, France, in 1873 and married on 27/11/1905 to Marie Joseph Pomiès, born in 1885, the daughter of Captain Pierre Pomiès, a whaling captain who died off Iceland when the "Maria" sank.
Along with two of his brothers, he pursued his preparatory naval studies at the Likès high school in Lannion, then studied to become a merchant navy captain in Nantes, where he obtained his captain's diploma.
We know that he was on sick leave when he was offered the job on the Longwy. He was under no obligation to go to sea, but he considered it was wartime, so he couldn't refuse the mission ... He embarked from Nantes.
After the shipwreck, he left behind his wife and three daughters: Renée (4 years old), Marie Paule (5 years old) and Marguerite (7 years old) in dire condition because it was wartime, and the war widow pension was not recognised until 1951...
Marguerite, my mother, had three children of her own. She died at the age of 41 and it was the unmarried Marie Paule and Renée who brought us up with my grandmother Marie Joseph (Léon's wife). My two brothers were also sea captains.
Marie Paule, who died at the age of 89, always spoke highly of her father and treasured a portrait of Léon Manoir in her bedroom (first picture above).
Myself, née Cordillet, Marguerite's daughter, was married to a master mariner with the BP oil company, and I have many memories of talking to my grandmother about the hard life of a sailor's wife, but also of joy when the sailor returned home.
Tribute written by a granddaughter of Léon Manoir, Saint-Quay-Portrieux, Brittany, France.
Samuel Brajeul
HISTOIRE DE SAMUEL BRAJEUL (1868 -1917)
Les parents de Samuel, installés comme cultivateurs à Saint-Méloir-des-Ondes, auront deux fils, dont Samuel, né le 14 mai 1868, qui sera marin et restera toute sa vie à Saint-Méloir-des-Ondes.
En 1897 Samuel épouse Adrienne Mainsard, à Saint-Méloir. Il a 29 ans. La famille Mainsard est une famille de marins, qui a « donné » beaucoup de ses enfants à la mer. Le couple aura quatre enfants nés entre 1898 et 1904.
Aucun membre de sa famille ne possède de photo de Samuel mais, grâce aux différents registres de l’Inscription Maritime, on apprend qu’il avait « les cheveux et les sourcils blonds, un front ordinaire, le visage ovale avec des yeux bleus, une bouche moyenne et un nez moyen », mais on n’a jamais noté sa taille ni son poids sur sa fiche.
Son parcours maritime :
Juste avant ses 12 ans, Samuel est inscrit comme mousse en 1880, à l’Inscription Maritime au quartier de Cancale. Il naviguera très peu entre 1880 et 1882. Samuel fera sa première campagne de pêche à la morue sur les bancs de Terre-Neuve en 1885, en qualité de novice. A partir de 1886 il sera toujours embarqué comme matelot. On note cependant que, pour les 4 campagnes 1909 à 1912, il est embarqué en qualité de « saleur », et pour sa dernière campagne en 1916 en qualité de « patron de doris ».
En 32 ans de carrière maritime, de 1885, date de sa première campagne de Terre-Neuva, à 1916, date de sa dernière campagne à St-Pierre et Miquelon, Samuel fera 29 campagnes de Terre-Neuva et 4 voyages au long cours. Il a également plusieurs fois embarqué pour la « petite pêche ». Il subira malheureusement deux naufrages, le 1er en 1898, dont il sera un des 9 survivants, et le 2è en 1917.
Août 1898 : 1er naufrage
Lors de sa 14è campagne, il est embarqué sur un brick-goêlette « La Coquette » et le 20 août 1898, c’est la catastrophe : le cargo danois « Norge » percute le bateau de pêche à l’avant. « La Coquette » se brise en deux et coule. 9 des 25 marins sont sauvés par l’équipage du « Norge » : le capitaine et son second, Samuel et six autres matelots. Après ce premier naufrage, il rentre à Cancale et effectue sa période de réserviste de l’armée pendant un mois à Cherbourg. Ensuite il embarquera pour de la petite pêche sur Cancale au cours de l’année 1899, avant de repartir sur les bancs de Terre-Neuve dès le printemps 1900.
Novembre 1917 : 2è naufrage
Lorsque la mobilisation générale est déclarée le 1er aout 1914, Samuel est mis à la disposition de la marine de commerce. De janvier 1915 à mars 1916 il fera une campagne au long cours puis sa dernière campagne de Terre-Neuva de mars à décembre 1916. De janvier à septembre 1917, il navigue sur le cargo « Longwy » pour une campagne au long cours, et repart de Nantes, sur le même bateau le 17 octobre 1917 : le cargo va charger du minerai à Bilbao pour l’emmener à Glasgow. Dans la nuit du 4 au 5 novembre 1917, le cargo est torpillé et coulé par un sous-marin allemand en mer d’Irlande.
Tout l’équipage a péri dans ce naufrage mais trois corps ont été rejetés sur les côtes écossaises, à Girvan, située sur la côte ouest de l’Ecosse à une trentaine de kms au sud de Ayr. Ces trois marins étaient :
• Le Capitaine Joseph Huet, originaire de Saint-Malo, qui a été facilement identifié car il avait ses papiers d’identité, son alliance où était gravée la date de son mariage.
• Le télégraphiste, qui a également pu être identifié assez rapidement, Adolphe Harré, originaire de Quimper.
• Et Samuel Brajeul qui a été identifié, plus tardivement.
Les corps de ces 3 marins ont été inhumés à Girvan. La famille du Capitaine Huet a réclamé le corps, qui est maintenant inhumé à Saint-Malo.
Texte rédigé par Monsieur Gérard Langevin, petit-neveu du matelot Samuel Brajeul, Rennes, Ille-et-Vilaine.
STORY OF SAMUEL BRAJEUL (1868 -1917)
Samuel's parents, who were farmers in Saint-Méloir-des-Ondes, Brittany, France, had two sons, including Samuel, born on 14 May 1868, who became a sailor and lived in Saint-Méloir-des-Ondes all his life.
In 1897 Samuel married Adrienne Mainsard in Saint-Méloir. He was 29 years old. The Mainsard family were sailors, and sent many of their children to the sea. The couple had four children born between 1898 and 1904.
No member of his family has a photograph of Samuel but, thanks to the various maritime enrollment records, we learn that he had "blond hair and eyebrows, an ordinary forehead, an oval face with blue eyes, an average mouth and an average nose", but his height and weight were never noted on his record.
His maritime career:
Just before his 12th birthday, Samuel was registered as a cabin boy in 1880, at the Maritime Registration Office in the Cancale district. He sailed very little between 1880 and 1882. Samuel made his first cod fishing voyage on the banks of Newfoundland in 1885 as an apprentice. From 1886 onwards, he was always listed as a seaman on the crew list. However, for the four campaigns from 1909 to 1912, he was listed as a "salter", and for his last campaign in 1916 as a "doryman".
In a maritime career spanning 32 years, from 1885, the date of his first Newfoundland expedition, to 1916, the date of his last campaign off St-Pierre and Miquelon, Samuel sailed on 29 Newfoundland fishing campaigns, completed four ocean voyages, and he embarked on several inshore fishing trips. Unfortunately, he experienced two shipwrecks, the first in 1898, of which he was one of the nine survivors, and the second in 1917.
August 1898: first shipwreck
During his 14th campaign, he was aboard schooner "La Coquette" when disaster struck on the Newfoundland banks on August 20, 1898: the Danish cargo ship "Norge" collided with the fishing boat at the bow causing "La Coquette" to break in two and sink. Nine out of the 25 sailors were saved by the crew of the "Norge": the captain, his first mate, Samuel, and six other sailors. After this first shipwreck, he returned to Cancale and spent a month in Cherbourg as an army reservist. He then embarked on small-scale fishing trips off Cancale in 1899, before departing for the banks of Newfoundland in the spring of 1900.
November 1917: second shipwreck
When general mobilisation was declared on 1 August 1914, Samuel was placed at the disposal of the merchant navy. From January 1915 to March 1916, he participated in a long-distance campaign, then his last fishing expedition to Newfoundland from March to December 1916. From January to September 1917, he sailed on the cargo ship "Longwy", and left Nantes on this ship on 17 October 1917, bound for Bilbao to load ore destined for Glasgow. During the night of 4 to 5 November 1917, the cargo ship was torpedoed and sunk by a German U-boat in the Irish Sea.
All the crew perished in the wreck, but three bodies were washed up on the Scottish coast at Girvan, on the west coast of Scotland, around thirty kilometres south of Ayr. The three sailors were :
- Captain Joseph Huet, from Saint-Malo, who was easily identified because he had his identity papers and his wedding ring with the date of his marriage engraved on it.
- The telegrapher, Adolphe Harré, from Quimper, who was also identified fairly quickly.
- Samuel Brajeul, who was identified later.
The bodies of these three sailors were buried in Girvan. Captain Huet's family later claimed his body, which is now buried in Saint-Malo.
Text written by Mr Gérard Langevin, a great-nephew of Samuel Brajeul, Rennes, Brittany, France.
Les bénévoles de l'association Aux Marins ("Mémorial national des marins morts pour la France", Plougonvelin, Finistère) font un travail biographique parallèle et plus ambitieux sur cet équipage, qui complète, quand c'est possible, les recherches de "Rutilius" sur ce forum.
Lien vers le site internet de cette association :
https://memorial-national-des-marins.fr/
Nous avons récemment été en contact avec le journaliste Jean-Marie Le Provost du quotidien Ouest-France. Les personnes intéressées par ce projet mémoriel trouveront son article intitulé "L'histoire du marin Albert Merlen sortie de l'oubli" dans l'édition des Sables-d'Olonne de ce journal du 10 avril dernier. Lien vers cet article :
https://www.ouest-france.fr/pays-de-la- ... db63ab310d
Les personnes ou institutions susceptibles de fournir des éléments de biographie, photo, sur l'un des marins du Longwy sont chaleureusement invitées à les faire connaître. Ces biographies seront accessibles par QR code attaché à la stèle.
Je remercie Madame la Présidente d'Olona ainsi que les personnels des Archives Municipales des Sables-d'Olonne, en Vendée, pour leur efficacité, leur gentillesse, et leur intérêt pour ce projet mémoriel franco-britannique.
Merci à la famille de Léon Manoir d'avoir pris la peine de me contacter pour partager son témoignage. Remerciements à M. Gérard Langevin pour avoir accepté de condenser pour nous l'important travail de recherche qu'il a consacré à Samuel Brajeul.
Bien cordialement,
Eric
LONGWY Chargeurs de l'Ouest
Re: LONGWY Chargeurs de l'Ouest
Dernière modification par Ingouf le dim. mai 19, 2024 10:25 am, modifié 21 fois.
Re: LONGWY Chargeurs de l'Ouest
Bonjour,
Nous avons reçu d'un petit-fils du capitaine Joseph Huet, dernier commandant du vapeur Longwy, une série de documents et photographies. Monsieur Yves Tessier, de Saint-Suliac, département d'Ille-et-Vilaine, nous autorise à les partager ici et souhaite ainsi contribuer à l'effort de mémoire envers ces marins français disparus brutalement en 1917 au large des côtes écossaises.
"J'ai été touché d'apprendre qu'autant de travaux de recherche aient été entrepris depuis ces années concernant la fin brutale de mon aïeul ainsi que les membres de son équipage et vous en sais gré".
On trouvera ci-dessous les transcriptions et une traduction en langue anglaise de la dernière lettre du capitaine Huet à son épouse ; de la lettre du curé de Girvan annonçant le décès.
On trouvera en pièces jointes des scans de ces documents.
Transcription de la dernière lettre du capitaine Huet à son épouse.
Au-delà des 31 victimes du torpillage du Longwy, ce sont aussi des familles, femmes et enfants, qui sont touchés. Un article du Carrick Herald de 1917 rapporte que le capitaine du Longwy a été trouvé avec dans la poche des lettres adressées à sa femme.
Bilbao, le 28 octobre 1917
Ma chérie,
Je suis sur le départ et mouillé en rade ; il fait un bien mauvais temps aussi j'espère que le ciel s'éclaircisse avant de lever l'ancre.
Je t'adresse ci-joint une liste de mes dépenses au port. Je vais aussi t'envoyer un télégramme t'assurant de mon départ.
Un bien mauvais dimanche où il me faut me rendre à terre puis en ville sous une pluie torrentielle, sans excepter un vent assez fort. C'est amusant, n'est-ce pas ?
Aussi avec quelle joie j'attends quelques jours de permission chez nous. J'y pense très souvent je t'assure.
En attendant, je t'embrasse bien fort comme je t'aime, aussi mes chers enfants et famille.
Plein de baisers.
Last letter from Captain Huet to his wife in Saint-Malo, Brittany, France. Translation.
In addition to the 31 victims of the torpedoing of the steamer Longwy, families, wives, and children were also affected. An article in the Carrick Herald in 1917 reported that when the captain of the Longwy was found on the Scottish shore, he had letters addressed to his wife in his pocket.
Bilbao, 28 October 1917
My dearest,
I am on my way out and anchored in the harbour; the weather is very bad, so I hope the sky will clear before we weigh anchor.
I am enclosing a list of my expenses in port. I will also send you a telegram to assure you of my departure.
This is a very unpleasant Sunday because I have to go ashore and then into town in torrential rain, not to mention a fairly strong wind. Wildly funny, isn't it?
I'm so looking forward to a few days' leave at home. I think about it very often, I assure you.
In the meantime, I give you a big hug as I love you, my dear children and family too.
Lots of kisses.
Lettre du curé de Girvan à un homologue de Saint-Malo. Transcription. Lettre remise à la veuve. J'ai respecté la grammaire et l'orthographe de ce vénérable religieux britannique.
Vendredi 9 novembre 1917,
Monsieur le Curé,
Ce matin j'ai dit la Sainte Messe pour l'âme de M. le Capitaine Joseph Huet du 3, rue de la Mettrie à Saint-Malo qui a était noyé près de la côte, probablement en collision avec une mine ou fondé par un submarin.
Son corps, avec deux autres, était jeté à le bord de la mer par les vagues mercredi.
Ce après-midi, j'ai consigné son corps au tombeau avec toutes les prières de l'Eglise, et avec les marques de respectueuse sympathie de tout le monde. Monsieur LePotier a était en rapport avec le Consul français à Glasgow qui a désiré que je dirai les prières à le tombeau et avec l'agent de le bateau, aussi à Glasgow, qui a payé tous les frais. (Et pour deux autres aussi Français : un ayant le nom de Adolphe Harré, l'autre a rien sur lui pour identification.)
Dans quels jours tristes nous sommes.
Je suis fâché d'envoyer ces tristes nouvelles pour annoncement à la famille de M. le Capitaine mais il est mort au champ d'honneur.
Je suis, monsieur le Curé, votre frère en Jésus Christ,
Archibald Douglas
Curé de Girvan
Translation in English of a letter written by a local parish priest in Girvan to his counterpart in Saint-Malo.
Please note his written French is not very grammatically correct, but is easy to understand.
Friday, November 9th 1917
Dear Father,
This morning, I celebrated Holy Mass for the soul of captain Joseph Huet of 3 rue de la Mettrie in Saint-Malo, who drowned near our coast, likely due to a collision with a mine or being sunk by a submarine.
His body, along with two others, washed ashore on Wednesday. This afternoon, I buried him in the grave with all the prayers of the church and with utmost respect and sympathy from all who assisted. Mr LePotier was in contact with the French Consul in Glasgow, who requested that I lead the prayers at the grave, and with the shipping company agent, also from Glasgow, who covered all expenses. (And for two other Frenchmen as well, one named Adolphe Harré, the other unidentified.)
What a dreadful time we are living in.
I deeply regret to convey such unfortunate news to the captain's family, but he died bravely fulfilling his duty for his country.
Yours in Jesus Christ,
Archibald Douglas,
Girvan parish priest
Remerciements à Monsieur Tessier et à sa famille. Merci aussi à la mairie de Saint-Suliac (35) pour lui avoir fait connaître ce projet mémoriel franco-britannique.
Bien cordialement,
Kind regards,
Eric
Nous avons reçu d'un petit-fils du capitaine Joseph Huet, dernier commandant du vapeur Longwy, une série de documents et photographies. Monsieur Yves Tessier, de Saint-Suliac, département d'Ille-et-Vilaine, nous autorise à les partager ici et souhaite ainsi contribuer à l'effort de mémoire envers ces marins français disparus brutalement en 1917 au large des côtes écossaises.
"J'ai été touché d'apprendre qu'autant de travaux de recherche aient été entrepris depuis ces années concernant la fin brutale de mon aïeul ainsi que les membres de son équipage et vous en sais gré".
On trouvera ci-dessous les transcriptions et une traduction en langue anglaise de la dernière lettre du capitaine Huet à son épouse ; de la lettre du curé de Girvan annonçant le décès.
On trouvera en pièces jointes des scans de ces documents.
Transcription de la dernière lettre du capitaine Huet à son épouse.
Au-delà des 31 victimes du torpillage du Longwy, ce sont aussi des familles, femmes et enfants, qui sont touchés. Un article du Carrick Herald de 1917 rapporte que le capitaine du Longwy a été trouvé avec dans la poche des lettres adressées à sa femme.
Bilbao, le 28 octobre 1917
Ma chérie,
Je suis sur le départ et mouillé en rade ; il fait un bien mauvais temps aussi j'espère que le ciel s'éclaircisse avant de lever l'ancre.
Je t'adresse ci-joint une liste de mes dépenses au port. Je vais aussi t'envoyer un télégramme t'assurant de mon départ.
Un bien mauvais dimanche où il me faut me rendre à terre puis en ville sous une pluie torrentielle, sans excepter un vent assez fort. C'est amusant, n'est-ce pas ?
Aussi avec quelle joie j'attends quelques jours de permission chez nous. J'y pense très souvent je t'assure.
En attendant, je t'embrasse bien fort comme je t'aime, aussi mes chers enfants et famille.
Plein de baisers.
Last letter from Captain Huet to his wife in Saint-Malo, Brittany, France. Translation.
In addition to the 31 victims of the torpedoing of the steamer Longwy, families, wives, and children were also affected. An article in the Carrick Herald in 1917 reported that when the captain of the Longwy was found on the Scottish shore, he had letters addressed to his wife in his pocket.
Bilbao, 28 October 1917
My dearest,
I am on my way out and anchored in the harbour; the weather is very bad, so I hope the sky will clear before we weigh anchor.
I am enclosing a list of my expenses in port. I will also send you a telegram to assure you of my departure.
This is a very unpleasant Sunday because I have to go ashore and then into town in torrential rain, not to mention a fairly strong wind. Wildly funny, isn't it?
I'm so looking forward to a few days' leave at home. I think about it very often, I assure you.
In the meantime, I give you a big hug as I love you, my dear children and family too.
Lots of kisses.
Lettre du curé de Girvan à un homologue de Saint-Malo. Transcription. Lettre remise à la veuve. J'ai respecté la grammaire et l'orthographe de ce vénérable religieux britannique.
Vendredi 9 novembre 1917,
Monsieur le Curé,
Ce matin j'ai dit la Sainte Messe pour l'âme de M. le Capitaine Joseph Huet du 3, rue de la Mettrie à Saint-Malo qui a était noyé près de la côte, probablement en collision avec une mine ou fondé par un submarin.
Son corps, avec deux autres, était jeté à le bord de la mer par les vagues mercredi.
Ce après-midi, j'ai consigné son corps au tombeau avec toutes les prières de l'Eglise, et avec les marques de respectueuse sympathie de tout le monde. Monsieur LePotier a était en rapport avec le Consul français à Glasgow qui a désiré que je dirai les prières à le tombeau et avec l'agent de le bateau, aussi à Glasgow, qui a payé tous les frais. (Et pour deux autres aussi Français : un ayant le nom de Adolphe Harré, l'autre a rien sur lui pour identification.)
Dans quels jours tristes nous sommes.
Je suis fâché d'envoyer ces tristes nouvelles pour annoncement à la famille de M. le Capitaine mais il est mort au champ d'honneur.
Je suis, monsieur le Curé, votre frère en Jésus Christ,
Archibald Douglas
Curé de Girvan
Translation in English of a letter written by a local parish priest in Girvan to his counterpart in Saint-Malo.
Please note his written French is not very grammatically correct, but is easy to understand.
Friday, November 9th 1917
Dear Father,
This morning, I celebrated Holy Mass for the soul of captain Joseph Huet of 3 rue de la Mettrie in Saint-Malo, who drowned near our coast, likely due to a collision with a mine or being sunk by a submarine.
His body, along with two others, washed ashore on Wednesday. This afternoon, I buried him in the grave with all the prayers of the church and with utmost respect and sympathy from all who assisted. Mr LePotier was in contact with the French Consul in Glasgow, who requested that I lead the prayers at the grave, and with the shipping company agent, also from Glasgow, who covered all expenses. (And for two other Frenchmen as well, one named Adolphe Harré, the other unidentified.)
What a dreadful time we are living in.
I deeply regret to convey such unfortunate news to the captain's family, but he died bravely fulfilling his duty for his country.
Yours in Jesus Christ,
Archibald Douglas,
Girvan parish priest
Remerciements à Monsieur Tessier et à sa famille. Merci aussi à la mairie de Saint-Suliac (35) pour lui avoir fait connaître ce projet mémoriel franco-britannique.
Bien cordialement,
Kind regards,
Eric
- Pièces jointes
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- Dernière lettre du capitaine du Longwy à sa famille.
28 octobre 1917. - 19171028.jpg (1.01 Mio) Consulté 2510 fois
- Dernière lettre du capitaine du Longwy à sa famille.
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- Madame Huet. Photo famille Huet, tous droits réservés.
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- Lettre du curé de Girvan. Famille Huet.
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- Screenshot_20240504_184248_Acrobat for Samsung.jpg (315.65 Kio) Consulté 2538 fois
Dernière modification par Ingouf le jeu. mai 09, 2024 6:15 pm, modifié 2 fois.
Re: LONGWY Chargeurs de l'Ouest
Bonjour,
Biographie écrite par un petit-fils du capitaine du Longwy, suivie d'une proposition de traduction en langue anglaise. On trouvera quelques photos en pièces jointes.
Le Cdt Joseph Huet est né le 24/11/1875 à Saint-Suliac, petit village typique de pêcheurs près de Saint-Malo, sur les côtes bretonnes françaises.
Embarqué très jeune, il fit sa formation de marin et passa ses grades de matelot jusqu'à celui de 1ère classe sur la Défense Mobile de Cherbourg en 1898.
Le 29/04/1899, il est renvoyé dans ses foyers pour congé illimité afin de suivre les cours à l’École d'Hydrographie de Saint-Malo.
Diplômé Élève de la Marine Marchande 2ème classe le 29/02/1900, il navigua comme second capitaine, sur les 4-mâts « Jeanne-d'Arc » et « Asie » et obtint le 30/04/1901 le Certificat d'aptitude au commandement, confirmé le 19/01/1903 par le Commissaire de l'Inscription maritime de Saint-Malo, en retour d'un voyage d'Australie, sur ce dernier bâtiment, effectué dans des conditions difficiles.
De 1907 à 1912, il commanda essentiellement le 3-mâts carré « Vercingétorix » de la Société des Voiliers Nantais pour différents voyages, 21/06/1906 au 23/06/1907 : Dunkerque - Le Havre – New York - Newcastle (Australie) – Sydney – Falmouth – Birkenhead.
C'est lors d'un voyage sur ce même navire « Vercingétorix », que son équipage et lui, réalisèrent l'exploit de joindre les ports de Cardiff à Bremerton près de Tacoma-Seattle en 147 jours via le cap Horn.
Il réalisa par la suite du 30/08/1909 au 10/06/1910 les voyages de Cardiff – Port Adélaïde – Falmouth – Londres et du 4/07/1910 au 10/04/1911 : Londres – Thio – Glasgow.
En 1913, le Capitaine Joseph Huet commandait le trois-mâts « Guerveur ».
Le 30/01/1914, après avoir chargé du minerai de nickel à Thio en Nouvelle Calédonie, son équipage et lui durent lutter 11 jours au large de la Nouvelle Zélande dans une tempête-ouragan, réparant en mer leurs avaries et rétablissant une voile de fortune pour atteindre Le Havre après 186 jours. Lors de cette fortune de mer, le navire fut déclaré perdu corps et biens par la Compagnie et mon aïeule mit son voile de veuve pour s'en débarrasser au terme du voyage tourmenté du bâtiment de son époux quelques temps plus tard ...
Le 8/01/1917, il prit le commandement du vapeur « Longwy » pour ce court voyage Bilbao - Glasgow, en remplacement d'un collègue capitaine empêché, à ce que me confia ma grand-mère, son épouse, pour transporter du minerai de fer, chargement hautement sensible en pleine 1ère guerre mondiale.
La fatalité voulut que le bâtiment succinctement armé au combat de cet homme jovial de 42 ans, à l'élégance raffinée et apprécié de ses collègues marins comme des siens, rencontra un sous-marin ennemi à quelques encablures de son port de destination qui l'envoya par le fond le 4/11/1917 dans le canal St-Georges.
Sa dépouille ainsi que celles de deux marins de l'équipage, retrouvées à la côte après le torpillage du « Longwy » furent recueillies par la population de Girvan et inhumées officiellement en son cimetière.
Texte rédigé par Monsieur Yves Tessier, petit-fils du capitaine Huet, Saint-Suliac, Ille-et-Vilaine.
Captain Joseph Huet was born on november 24th, 1875, in Saint-Suliac, a typical fishing village near Saint-Malo on the coast of Brittany, France.
He embarked at a very young age, trained as a sailor and rose through the ranks from able seaman to sailor first class in the French Navy in Cherbourg in 1898.
On April 29, 1899, he left the Navy to attend the Hydrography School in Saint-Malo.
After graduating from the Merchant Navy course on February 29, 1900, he sailed as second captain on the four-masted ships "Jeanne-d'Arc" and "Asie", and on April 30, 1901, obtained the Certificate of Competency as Master, confirmed on January 19, 1903, in Saint-Malo, upon his return from a voyage to Australia on the latter ship, which was carried out in difficult conditions.
From 1907 to 1912, he mainly commanded the three-masted square-rigged "Vercingétorix" of the Société des Voiliers Nantais for various voyages, from June 21, 1906, to June 23, 1907: Dunkirk - Le Havre - New York - Newcastle (Australia) - Sydney - Falmouth - Birkenhead.
It was during a voyage on this same ship, "Vercingétorix", that he and his crew achieved the feat of traveling from the port of Cardiff to Bremerton near Tacoma-Seattle in 147 days via Cape Horn.
From August 30, 1909 to June 10, 1910, she made the following voyages: Cardiff - Port Adelaide - Falmouth - London and from July 4, 1910, to April 10, 1911: London - Thio - Glasgow.
In 1913, Captain Joseph Huet commanded the three-masted ship "Guerveur".
On January 30, 1914, after loading nickel ore at Thio in New Caledonia, he and his crew struggled for 11 days off New Zealand in a hurricane-storm, repairing their damage at sea and re-establishing makeshift sails before reaching Le Havre after 186 days, during which time the "Guerveur" was declared temporarily lost. During this ordeal at sea, my grandmother donned her widow veil, discarding it only at the end of her husband's ship's tormented journey.
On January 8, 1917, he took command of the steamer "Longwy" for a short trip from Bilbao to Glasgow, replacing a fellow captain who was unable to make the journey. My grandmother, his wife, told me that the ship was transporting iron ore, a highly sensitive cargo in the midst of WWI.
As fate would have it, the ship of this refined, jovial 42-year-old, who dressed elegantly and was well-loved by his fellow sailors and family, was scantily armed for combat. She encountered an enemy submarine not far from her final destination and foundered on November 4, 1917, in Saint George's Channel.
His body, along with two crew members, washed ashore after the Longwy was torpedoed, was recovered by the people of Girvan and officially buried in its cemetery.
Biography written by Mr Yves Tessier, Captain Huet's grandson, Saint-Suliac, Brittany, France.
Bien cordialement,
Eric
Biographie écrite par un petit-fils du capitaine du Longwy, suivie d'une proposition de traduction en langue anglaise. On trouvera quelques photos en pièces jointes.
Joseph Huet
Le Cdt Joseph Huet est né le 24/11/1875 à Saint-Suliac, petit village typique de pêcheurs près de Saint-Malo, sur les côtes bretonnes françaises.
Embarqué très jeune, il fit sa formation de marin et passa ses grades de matelot jusqu'à celui de 1ère classe sur la Défense Mobile de Cherbourg en 1898.
Le 29/04/1899, il est renvoyé dans ses foyers pour congé illimité afin de suivre les cours à l’École d'Hydrographie de Saint-Malo.
Diplômé Élève de la Marine Marchande 2ème classe le 29/02/1900, il navigua comme second capitaine, sur les 4-mâts « Jeanne-d'Arc » et « Asie » et obtint le 30/04/1901 le Certificat d'aptitude au commandement, confirmé le 19/01/1903 par le Commissaire de l'Inscription maritime de Saint-Malo, en retour d'un voyage d'Australie, sur ce dernier bâtiment, effectué dans des conditions difficiles.
De 1907 à 1912, il commanda essentiellement le 3-mâts carré « Vercingétorix » de la Société des Voiliers Nantais pour différents voyages, 21/06/1906 au 23/06/1907 : Dunkerque - Le Havre – New York - Newcastle (Australie) – Sydney – Falmouth – Birkenhead.
C'est lors d'un voyage sur ce même navire « Vercingétorix », que son équipage et lui, réalisèrent l'exploit de joindre les ports de Cardiff à Bremerton près de Tacoma-Seattle en 147 jours via le cap Horn.
Il réalisa par la suite du 30/08/1909 au 10/06/1910 les voyages de Cardiff – Port Adélaïde – Falmouth – Londres et du 4/07/1910 au 10/04/1911 : Londres – Thio – Glasgow.
En 1913, le Capitaine Joseph Huet commandait le trois-mâts « Guerveur ».
Le 30/01/1914, après avoir chargé du minerai de nickel à Thio en Nouvelle Calédonie, son équipage et lui durent lutter 11 jours au large de la Nouvelle Zélande dans une tempête-ouragan, réparant en mer leurs avaries et rétablissant une voile de fortune pour atteindre Le Havre après 186 jours. Lors de cette fortune de mer, le navire fut déclaré perdu corps et biens par la Compagnie et mon aïeule mit son voile de veuve pour s'en débarrasser au terme du voyage tourmenté du bâtiment de son époux quelques temps plus tard ...
Le 8/01/1917, il prit le commandement du vapeur « Longwy » pour ce court voyage Bilbao - Glasgow, en remplacement d'un collègue capitaine empêché, à ce que me confia ma grand-mère, son épouse, pour transporter du minerai de fer, chargement hautement sensible en pleine 1ère guerre mondiale.
La fatalité voulut que le bâtiment succinctement armé au combat de cet homme jovial de 42 ans, à l'élégance raffinée et apprécié de ses collègues marins comme des siens, rencontra un sous-marin ennemi à quelques encablures de son port de destination qui l'envoya par le fond le 4/11/1917 dans le canal St-Georges.
Sa dépouille ainsi que celles de deux marins de l'équipage, retrouvées à la côte après le torpillage du « Longwy » furent recueillies par la population de Girvan et inhumées officiellement en son cimetière.
Texte rédigé par Monsieur Yves Tessier, petit-fils du capitaine Huet, Saint-Suliac, Ille-et-Vilaine.
Captain Joseph Huet was born on november 24th, 1875, in Saint-Suliac, a typical fishing village near Saint-Malo on the coast of Brittany, France.
He embarked at a very young age, trained as a sailor and rose through the ranks from able seaman to sailor first class in the French Navy in Cherbourg in 1898.
On April 29, 1899, he left the Navy to attend the Hydrography School in Saint-Malo.
After graduating from the Merchant Navy course on February 29, 1900, he sailed as second captain on the four-masted ships "Jeanne-d'Arc" and "Asie", and on April 30, 1901, obtained the Certificate of Competency as Master, confirmed on January 19, 1903, in Saint-Malo, upon his return from a voyage to Australia on the latter ship, which was carried out in difficult conditions.
From 1907 to 1912, he mainly commanded the three-masted square-rigged "Vercingétorix" of the Société des Voiliers Nantais for various voyages, from June 21, 1906, to June 23, 1907: Dunkirk - Le Havre - New York - Newcastle (Australia) - Sydney - Falmouth - Birkenhead.
It was during a voyage on this same ship, "Vercingétorix", that he and his crew achieved the feat of traveling from the port of Cardiff to Bremerton near Tacoma-Seattle in 147 days via Cape Horn.
From August 30, 1909 to June 10, 1910, she made the following voyages: Cardiff - Port Adelaide - Falmouth - London and from July 4, 1910, to April 10, 1911: London - Thio - Glasgow.
In 1913, Captain Joseph Huet commanded the three-masted ship "Guerveur".
On January 30, 1914, after loading nickel ore at Thio in New Caledonia, he and his crew struggled for 11 days off New Zealand in a hurricane-storm, repairing their damage at sea and re-establishing makeshift sails before reaching Le Havre after 186 days, during which time the "Guerveur" was declared temporarily lost. During this ordeal at sea, my grandmother donned her widow veil, discarding it only at the end of her husband's ship's tormented journey.
On January 8, 1917, he took command of the steamer "Longwy" for a short trip from Bilbao to Glasgow, replacing a fellow captain who was unable to make the journey. My grandmother, his wife, told me that the ship was transporting iron ore, a highly sensitive cargo in the midst of WWI.
As fate would have it, the ship of this refined, jovial 42-year-old, who dressed elegantly and was well-loved by his fellow sailors and family, was scantily armed for combat. She encountered an enemy submarine not far from her final destination and foundered on November 4, 1917, in Saint George's Channel.
His body, along with two crew members, washed ashore after the Longwy was torpedoed, was recovered by the people of Girvan and officially buried in its cemetery.
Biography written by Mr Yves Tessier, Captain Huet's grandson, Saint-Suliac, Brittany, France.
Bien cordialement,
Eric
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- Photo famille Huet, tous droits réservés.
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Re: LONGWY Chargeurs de l'Ouest
Bonjour,
Documents complémentaires sur le capitaine du Longwy Joseph Huet, disparu avec son équipage au large des côtes britanniques en novembre 1917. Ces documents sont partagés ici avec l'autorisation de la famille. On trouvera ci-dessous une transcription, une proposition de traduction en langue anglaise, en pièces jointes des scans des documents originaux.
- Diplôme d'élève de la Marine marchande de deuxième classe. Saint-Malo, 1900.
Document signé de la main de Joseph Huet.
- Certificat de débarquement, 3-mâts français "Jeanne-d'Arc", à Saint-Nazaire, 1901.
"Je soussigné Capitaine Commandant le 3-mâts français Jeanne-d'Arc déclare que monsieur Huet a fait le voyage d'Australie à mon bord en qualité de Second. Officier de mérite, très bon manœuvrier, possédant toutes les qualités relatives à la conduite d'un navire pour le commandement duquel il ne lui manque qu'un brevet.
Saint-Nazaire, le 30 avril 1901."
- Certificat de débarquement, 4-mâts Asie, 1902.
"Quatre-mâts Asie
Je soussigné J. Plisson capitaine d'armement de Messieurs A. d'Orbigny Faustin de La Rochelle certifie que M. Huet Joseph Adolphe capitaine au long cours a fait un voyage de Second à bord du 4 mâts Asie, dans des conditions assez difficiles, l'équipage n'étant composé que de matelots étrangers pris à Portland.
J'ai été satisfait de ses services et de sa conduite.
J'estime qu'il peut commander un navire à voiles dans de bonnes conditions.
Limérick, 19 décembre 1902."
Additional documents regarding Captain Joseph Huet of the Longwy, who disappeared along with his crew off the British coast in November 1917. These documents are shared here by permission of the family as part of a memorial project in the United Kingdom to honour the memory of this French crew. Scans of the original documents are attached below.
- Diploma in Merchant Navy course. Saint-Malo, Brittany, France, 1900.
Document signed by Joseph Huet.
- Certificate of discharge from the French 3-master "Jeanne-d'Arc", at Saint-Nazaire, France, 30 April 1901.
"I, the undersigned Captain commanding the French 3-masted ship Jeanne-d'Arc, declare that Mr Huet made the voyage to Australia aboard my ship as first mate.
An officer of merit, very skilled at manoeuvring, possessing all the qualities required for the command of a ship, for which he lacks only a certificate.
Saint-Nazaire, 30th April 1901."
- Certificate of discharge from:
"Four-masted barque Asie
I, the undersigned J. Plisson, captain of Messieurs A. d'Orbigny Faustin of La Rochelle, certify that Mr Huet Joseph Adolphe, master mariner, made a voyage as second officer aboard the 4-masted ship Asie, under rather difficult conditions, with the crew consisting solely of foreign sailors recruited in Portland.
I was pleased with his service and conduct, and I believe he has the ability to command a sailing vessel effectively.
Limerick, 19 December 1902."
Kind regards,
Bien cordialement,
Eric
Documents complémentaires sur le capitaine du Longwy Joseph Huet, disparu avec son équipage au large des côtes britanniques en novembre 1917. Ces documents sont partagés ici avec l'autorisation de la famille. On trouvera ci-dessous une transcription, une proposition de traduction en langue anglaise, en pièces jointes des scans des documents originaux.
- Diplôme d'élève de la Marine marchande de deuxième classe. Saint-Malo, 1900.
Document signé de la main de Joseph Huet.
- Certificat de débarquement, 3-mâts français "Jeanne-d'Arc", à Saint-Nazaire, 1901.
"Je soussigné Capitaine Commandant le 3-mâts français Jeanne-d'Arc déclare que monsieur Huet a fait le voyage d'Australie à mon bord en qualité de Second. Officier de mérite, très bon manœuvrier, possédant toutes les qualités relatives à la conduite d'un navire pour le commandement duquel il ne lui manque qu'un brevet.
Saint-Nazaire, le 30 avril 1901."
- Certificat de débarquement, 4-mâts Asie, 1902.
"Quatre-mâts Asie
Je soussigné J. Plisson capitaine d'armement de Messieurs A. d'Orbigny Faustin de La Rochelle certifie que M. Huet Joseph Adolphe capitaine au long cours a fait un voyage de Second à bord du 4 mâts Asie, dans des conditions assez difficiles, l'équipage n'étant composé que de matelots étrangers pris à Portland.
J'ai été satisfait de ses services et de sa conduite.
J'estime qu'il peut commander un navire à voiles dans de bonnes conditions.
Limérick, 19 décembre 1902."
Additional documents regarding Captain Joseph Huet of the Longwy, who disappeared along with his crew off the British coast in November 1917. These documents are shared here by permission of the family as part of a memorial project in the United Kingdom to honour the memory of this French crew. Scans of the original documents are attached below.
- Diploma in Merchant Navy course. Saint-Malo, Brittany, France, 1900.
Document signed by Joseph Huet.
- Certificate of discharge from the French 3-master "Jeanne-d'Arc", at Saint-Nazaire, France, 30 April 1901.
"I, the undersigned Captain commanding the French 3-masted ship Jeanne-d'Arc, declare that Mr Huet made the voyage to Australia aboard my ship as first mate.
An officer of merit, very skilled at manoeuvring, possessing all the qualities required for the command of a ship, for which he lacks only a certificate.
Saint-Nazaire, 30th April 1901."
- Certificate of discharge from:
"Four-masted barque Asie
I, the undersigned J. Plisson, captain of Messieurs A. d'Orbigny Faustin of La Rochelle, certify that Mr Huet Joseph Adolphe, master mariner, made a voyage as second officer aboard the 4-masted ship Asie, under rather difficult conditions, with the crew consisting solely of foreign sailors recruited in Portland.
I was pleased with his service and conduct, and I believe he has the ability to command a sailing vessel effectively.
Limerick, 19 December 1902."
Kind regards,
Bien cordialement,
Eric
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Re: LONGWY Chargeurs de l'Ouest
Bonjour,
Documents complémentaires concernant Léon Manoir, maître au cabotage, officier de la marine marchande française, disparu avec les 30 autres marins du vapeur Longwy au large des côtes écossaises en 1917, pendant la Première Guerre Mondiale. On trouvera plus haut sur cette page un témoignage biographique rédigé par sa petite-fille.
On trouvera ci-dessous une photo de retour de procession à Saint-Quay-Portrieux (Léon Manoir porte la statue de la Vierge, homme sur la gauche), l'acte de mariage de Léon Manoir et Marie Joseph Pomiès, sa fiche "mort pour la France", un document relatif à la constitution d'un dossier de pension en 1951.
Son arrière-petite-fille m'écrit par mail que son aïeul "était très croyant et ne partait jamais en mer sans faire une dévotion à la chapelle Notre-Dame de Kertugal à Saint-Quay-Portrieux". Chapelle bretonne fréquentée par les marins qui vouaient un culte particulier à Notre-Dame à leurs retours des bancs de Terre-Neuve ou d'Islande.
Ces documents sont partagés ici avec l'autorisation de la famille.
Additional documents concerning Léon Manoir, a coasting master and an officer in the French merchant navy, who disappeared along with 30 other sailors of the steamer Longwy off the Scottish coast in 1917 during the First World War. A biographical testimony written by his granddaughter can be found above on this page.
Above is a photo of a procession in Saint-Quay-Portrieux, Brittany, Léon Manoir is carrying the statue of the Virgin Mary, man on the left.
Below you will find the marriage certificate of Léon Manoir and Marie Joseph Pomiès, his "died for France" form, and a document related to the creation of a pension file in 1951.
His great-granddaughter writes to me by email that her ancestor "was deeply religious and never went to sea without paying homage at the Notre-Dame de Kertugal chapel in Saint-Quay-Portrieux." This Breton chapel was frequented by sailors who had a particular devotion to Our Lady upon their return from the banks of Newfoundland or Iceland.
These documents are shared here with the family's permission.
Kind regards,
Bien cordialement,
Eric
Documents complémentaires concernant Léon Manoir, maître au cabotage, officier de la marine marchande française, disparu avec les 30 autres marins du vapeur Longwy au large des côtes écossaises en 1917, pendant la Première Guerre Mondiale. On trouvera plus haut sur cette page un témoignage biographique rédigé par sa petite-fille.
On trouvera ci-dessous une photo de retour de procession à Saint-Quay-Portrieux (Léon Manoir porte la statue de la Vierge, homme sur la gauche), l'acte de mariage de Léon Manoir et Marie Joseph Pomiès, sa fiche "mort pour la France", un document relatif à la constitution d'un dossier de pension en 1951.
Son arrière-petite-fille m'écrit par mail que son aïeul "était très croyant et ne partait jamais en mer sans faire une dévotion à la chapelle Notre-Dame de Kertugal à Saint-Quay-Portrieux". Chapelle bretonne fréquentée par les marins qui vouaient un culte particulier à Notre-Dame à leurs retours des bancs de Terre-Neuve ou d'Islande.
Ces documents sont partagés ici avec l'autorisation de la famille.
Additional documents concerning Léon Manoir, a coasting master and an officer in the French merchant navy, who disappeared along with 30 other sailors of the steamer Longwy off the Scottish coast in 1917 during the First World War. A biographical testimony written by his granddaughter can be found above on this page.
Above is a photo of a procession in Saint-Quay-Portrieux, Brittany, Léon Manoir is carrying the statue of the Virgin Mary, man on the left.
Below you will find the marriage certificate of Léon Manoir and Marie Joseph Pomiès, his "died for France" form, and a document related to the creation of a pension file in 1951.
His great-granddaughter writes to me by email that her ancestor "was deeply religious and never went to sea without paying homage at the Notre-Dame de Kertugal chapel in Saint-Quay-Portrieux." This Breton chapel was frequented by sailors who had a particular devotion to Our Lady upon their return from the banks of Newfoundland or Iceland.
These documents are shared here with the family's permission.
Kind regards,
Bien cordialement,
Eric
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Dernière modification par Ingouf le dim. oct. 20, 2024 11:59 am, modifié 1 fois.
Re: LONGWY Chargeurs de l'Ouest
Bonjour,
Biographie de l'un des officiers du Longwy rédigée par son arrière-petite-fille. On trouvera ci-dessous une proposition de traduction en langue anglaise à l'usage de nos partenaires écossais de Girvan and District Great War Project, ainsi que quelques documents communiqués par la famille.
Théophile Bertho, mon arrière-grand-père, est né le 2 mars 1878 à Mesquer en Loire-Atlantique. Il est le fils de Jean Marie et Sophie Marie Bertho. Il s’est marié à Amélie Marie Berthet le 22 octobre 1913 à Saint-Nazaire. Ils ont eu deux enfants, un fils Emile Jean Théophile né le 25 octobre 1914 et décédé le 28 août 1915 à Saint-Nazaire, puis une fille Emilie, ma grand-mère, née le 25 août 1916 à Saint-Nazaire et décédée le 18 avril 2004 à Thionville.
Théophile s’est inscrit le 20 août 1893 comme mousse à l’âge de 15 ans. Puis, il est inscrit en tant que matelot le 1er octobre 1896. Il est nommé capitaine au long cours par brevet en date du 5 mai 1909, inscrit et enregistré au Croisic sous le numéro 68. Il est indiqué, sur sa fiche d’inscription maritime en date de 1893, sa description physique : cheveux et sourcils châtains, yeux gris, visage ovale.
Il a navigué sur la goélette Théophile Félix, la Jeanne, le Alice Isabelle, le vapeur Afrique, le Saône, le Melpomène, le croiseur Guichen, le Valmy, le René Félicien, le vapeur France, le vapeur Breiz Izel et enfin le Longwy.
Théophile a également voyagé dans le monde entier : New-York, Nouvelle-Zélande, Nouvelle-Calédonie, Tahiti, etc.
C’est avec beaucoup d’émotion que j’ai retrouvé, dans les archives familiales, des cartes postales qu’il écrivait de ses escales à sa fiancée Amélie, mais aussi à ses cousins et cousines et aux membres de sa famille.
J’ai également retrouvé un de ses livres d’études ainsi que des écrits, très scientifiques, qu’il consignait sur des cahiers, des schémas de moteurs de bateaux qu’il dessinait avec une grande précision et des fiches indiquant le détail des chargements.
J’ai passé une bonne partie de mon enfance à la Perrière, la maison familiale de Mesquer que possédaient Théophile et Amélie et dans laquelle mes grands-parents nous accueillaient, avec mes parents, chaque été. Ce lieu m’impressionnait et, très jeune, je pouvais ressentir toute l’histoire qu’il véhiculait, entre souvenirs et mystères. J’écoutais avec grande attention l’histoire que racontait ma grand-mère sur ses souvenirs. A la Perrière, il y avait des tableaux aux murs représentant des bateaux et des objets liés à la mer et aux navigateurs.
Je me souviens qu’à l’étage de la maison, tout au fond d’un couloir, il y avait une porte qui était toujours fermée et qui m’intriguait considérablement. Un jour, piquée par l’irrésistible envie de savoir ce qui se cachait dans cette pièce, j’enfreins l’interdit de ma grand-mère et pousse doucement cette porte restée ouverte. Je découvre un trésor : toutes les affaires de marin de Théophile. C’est à partir de ce moment que j’ai supplié ma grand-mère Emilie de me raconter son histoire. Il ne m’en fallait pas plus pour nourrir mon envie de découvrir la vie de mon ancêtre. C’est ainsi que je vais apprendre le nom de certains des bateaux sur lesquels il avait navigué.
J’ai été bercée dès mon plus jeune âge par ce texte de Victor Hugo que ma grand-mère déclamait avec une certaine fierté :
« L’homme est en mer. Depuis l’enfance matelot, il livre au hasard sombre une rude bataille. Pluie ou bourrasque, il faut qu’il sorte, il faut qu’il aille, car les petits enfants ont faim. Il part le soir quand l’eau profonde monte aux marches du musoir. Il gouverne à lui seul sa barque à quatre voiles ... »
C’était pour elle une façon de rendre hommage à son père.
J’adorais ces moments en Bretagne, à Mesquer, où assise à côté de ma grand-mère, nos regards tournés vers l’océan, elle me parlait de ces marins morts en mer. Nous scrutions la ligne d’horizon avec l’espoir fébrile de voir son bateau réapparaître. De mémoire d’enfant, je m’étais fait la promesse suivante :
« Il faut qu’un jour je retrace la vie de Théophile, ce marin mort en mer pour la France ».
J’ai enfin réalisé ce projet il y a un an, en collaboration avec une généalogiste, sans savoir qu’en parallèle et avec une étonnante synchronicité, un couple d’Écossais s’était pris de passion pour l’histoire du Longwy et allait ainsi rendre hommage à ces hommes morts sur les côtes écossaises.
A mon tour, je suis heureuse d’avoir pu contribuer au souvenir de mon arrière-grand-père, Théophile, le héros de mon enfance.
Pascale Lafargue-Gaumet.
Arrière-petite-fille.
Théophile Bertho, my great-grandfather, was born on March 2, 1878, in Mesquer, Loire-Atlantique, France. He was the son of Jean Marie and Sophie Marie Bertho. He married Amélie Marie Berthet on October 22, 1913, in Saint-Nazaire. They had two children: a son, Emile Jean Théophile, born on October 25, 1914, who passed away on August 28, 1915, in Saint-Nazaire; and a daughter, Emilie, my grandmother, born on August 25, 1916, in Saint-Nazaire, who died on April 18, 2004, in Thionville.
Théophile registered as a cabin boy on August 20, 1893, at the age of 15. He was then registered as a sailor on October 1, 1896. He was certified as a master mariner on May 5, 1909, registered and recorded in Le Croisic under number 68. His maritime registration record from 1893 notes his physical description: brown hair and eyebrows, grey eyes, oval face.
He sailed on schooner Théophile Félix, the Jeanne, the Alice Isabelle, steamer Afrique, the Saône, the Melpomène, cruiser Guichen, the Valmy, the René Félicien, steamer France, steamer Breiz Izel, and finally the Longwy.
Théophile also traveled around the world: New York, New Zealand, New Caledonia, Tahiti, etc.
It was with great emotion that I found, in the family archives, postcards he wrote from his ports of call to his fiancée Amélie, as well as to his cousins and family members. I also found one of his study books, scientific notes he kept in notebooks, detailed diagrams of boat engines he drew with great precision, and records of cargo details.
I spent a good part of my childhood at La Perrière, the family home in Mesquer owned by Théophile and Amélie, where my grandparents welcomed us each summer. This place impressed me, and from a young age, I could feel the history it carried, filled with memories and mysteries. I listened attentively to the stories my grandmother told about her memories. La Perrière had paintings of ships and objects related to the sea and sailors on its walls.
I remember there was a door at the end of a hallway upstairs that was always closed and intrigued me greatly. One day, driven by an irresistible curiosity to see what was hidden in that room, I defied my grandmother's prohibition and gently pushed open the door. I discovered a treasure: all of Théophile's sailor belongings. From that moment, I begged my grandmother Emilie to tell me his story. It was all I needed to fuel my desire to discover my ancestor's life. This is how I learned the names of some of the ships he had sailed on.
From a young age, I was captivated by this text by Victor Hugo that my grandmother recited with a certain pride:
"Man is at sea. Since childhood as a sailor,
He fights a tough battle against dark chance.
Rain or squall, he has to go out, he has to go,
Because little children are hungry. He leaves in the evening
When the deep water rises to the steps of the pier head.
He single-handedly steers his four-sail boat..."
For her, it was a way to pay tribute to her father.
I loved those moments in Brittany, in Mesquer, where, sitting next to my grandmother, our eyes turned to the ocean, she spoke to me of these sailors who died at sea. We scanned the horizon with the hopeful anticipation of seeing his boat reappear. From my childhood memory, I made the following promise to myself:
"One day, I must recount the life of Théophile, this sailor who died at sea for France."
I finally realized this project a year ago, in collaboration with a genealogist, without knowing that simultaneously, and with amazing synchronicity, a Scottish couple had become passionate about the story of the Longwy and would thus pay tribute to these men who died off the Scottish coast.
In turn, I am happy to have been able to contribute to the memory of my great-grandfather, Théophile, the hero of my childhood.
Pascale Lafargue-Gaumet.
Great-granddaughter.
Merci à Madame Lafargue-Gaumet d'avoir pris la peine de nous communiquer ce témoignage biographique et ces documents. Merci également à la page Facebook "Généalogie Loire-Atlantique" d'avoir relayé notre appel.
Bien cordialement.
Eric
Biographie de l'un des officiers du Longwy rédigée par son arrière-petite-fille. On trouvera ci-dessous une proposition de traduction en langue anglaise à l'usage de nos partenaires écossais de Girvan and District Great War Project, ainsi que quelques documents communiqués par la famille.
THÉOPHILE BERTHO
CAPITAINE AU LONG COURS
CAPITAINE AU LONG COURS
Théophile Bertho, mon arrière-grand-père, est né le 2 mars 1878 à Mesquer en Loire-Atlantique. Il est le fils de Jean Marie et Sophie Marie Bertho. Il s’est marié à Amélie Marie Berthet le 22 octobre 1913 à Saint-Nazaire. Ils ont eu deux enfants, un fils Emile Jean Théophile né le 25 octobre 1914 et décédé le 28 août 1915 à Saint-Nazaire, puis une fille Emilie, ma grand-mère, née le 25 août 1916 à Saint-Nazaire et décédée le 18 avril 2004 à Thionville.
Théophile s’est inscrit le 20 août 1893 comme mousse à l’âge de 15 ans. Puis, il est inscrit en tant que matelot le 1er octobre 1896. Il est nommé capitaine au long cours par brevet en date du 5 mai 1909, inscrit et enregistré au Croisic sous le numéro 68. Il est indiqué, sur sa fiche d’inscription maritime en date de 1893, sa description physique : cheveux et sourcils châtains, yeux gris, visage ovale.
Il a navigué sur la goélette Théophile Félix, la Jeanne, le Alice Isabelle, le vapeur Afrique, le Saône, le Melpomène, le croiseur Guichen, le Valmy, le René Félicien, le vapeur France, le vapeur Breiz Izel et enfin le Longwy.
Théophile a également voyagé dans le monde entier : New-York, Nouvelle-Zélande, Nouvelle-Calédonie, Tahiti, etc.
C’est avec beaucoup d’émotion que j’ai retrouvé, dans les archives familiales, des cartes postales qu’il écrivait de ses escales à sa fiancée Amélie, mais aussi à ses cousins et cousines et aux membres de sa famille.
J’ai également retrouvé un de ses livres d’études ainsi que des écrits, très scientifiques, qu’il consignait sur des cahiers, des schémas de moteurs de bateaux qu’il dessinait avec une grande précision et des fiches indiquant le détail des chargements.
J’ai passé une bonne partie de mon enfance à la Perrière, la maison familiale de Mesquer que possédaient Théophile et Amélie et dans laquelle mes grands-parents nous accueillaient, avec mes parents, chaque été. Ce lieu m’impressionnait et, très jeune, je pouvais ressentir toute l’histoire qu’il véhiculait, entre souvenirs et mystères. J’écoutais avec grande attention l’histoire que racontait ma grand-mère sur ses souvenirs. A la Perrière, il y avait des tableaux aux murs représentant des bateaux et des objets liés à la mer et aux navigateurs.
Je me souviens qu’à l’étage de la maison, tout au fond d’un couloir, il y avait une porte qui était toujours fermée et qui m’intriguait considérablement. Un jour, piquée par l’irrésistible envie de savoir ce qui se cachait dans cette pièce, j’enfreins l’interdit de ma grand-mère et pousse doucement cette porte restée ouverte. Je découvre un trésor : toutes les affaires de marin de Théophile. C’est à partir de ce moment que j’ai supplié ma grand-mère Emilie de me raconter son histoire. Il ne m’en fallait pas plus pour nourrir mon envie de découvrir la vie de mon ancêtre. C’est ainsi que je vais apprendre le nom de certains des bateaux sur lesquels il avait navigué.
J’ai été bercée dès mon plus jeune âge par ce texte de Victor Hugo que ma grand-mère déclamait avec une certaine fierté :
« L’homme est en mer. Depuis l’enfance matelot, il livre au hasard sombre une rude bataille. Pluie ou bourrasque, il faut qu’il sorte, il faut qu’il aille, car les petits enfants ont faim. Il part le soir quand l’eau profonde monte aux marches du musoir. Il gouverne à lui seul sa barque à quatre voiles ... »
C’était pour elle une façon de rendre hommage à son père.
J’adorais ces moments en Bretagne, à Mesquer, où assise à côté de ma grand-mère, nos regards tournés vers l’océan, elle me parlait de ces marins morts en mer. Nous scrutions la ligne d’horizon avec l’espoir fébrile de voir son bateau réapparaître. De mémoire d’enfant, je m’étais fait la promesse suivante :
« Il faut qu’un jour je retrace la vie de Théophile, ce marin mort en mer pour la France ».
J’ai enfin réalisé ce projet il y a un an, en collaboration avec une généalogiste, sans savoir qu’en parallèle et avec une étonnante synchronicité, un couple d’Écossais s’était pris de passion pour l’histoire du Longwy et allait ainsi rendre hommage à ces hommes morts sur les côtes écossaises.
A mon tour, je suis heureuse d’avoir pu contribuer au souvenir de mon arrière-grand-père, Théophile, le héros de mon enfance.
Pascale Lafargue-Gaumet.
Arrière-petite-fille.
Théophile Bertho, Master Mariner
Théophile Bertho, my great-grandfather, was born on March 2, 1878, in Mesquer, Loire-Atlantique, France. He was the son of Jean Marie and Sophie Marie Bertho. He married Amélie Marie Berthet on October 22, 1913, in Saint-Nazaire. They had two children: a son, Emile Jean Théophile, born on October 25, 1914, who passed away on August 28, 1915, in Saint-Nazaire; and a daughter, Emilie, my grandmother, born on August 25, 1916, in Saint-Nazaire, who died on April 18, 2004, in Thionville.
Théophile registered as a cabin boy on August 20, 1893, at the age of 15. He was then registered as a sailor on October 1, 1896. He was certified as a master mariner on May 5, 1909, registered and recorded in Le Croisic under number 68. His maritime registration record from 1893 notes his physical description: brown hair and eyebrows, grey eyes, oval face.
He sailed on schooner Théophile Félix, the Jeanne, the Alice Isabelle, steamer Afrique, the Saône, the Melpomène, cruiser Guichen, the Valmy, the René Félicien, steamer France, steamer Breiz Izel, and finally the Longwy.
Théophile also traveled around the world: New York, New Zealand, New Caledonia, Tahiti, etc.
It was with great emotion that I found, in the family archives, postcards he wrote from his ports of call to his fiancée Amélie, as well as to his cousins and family members. I also found one of his study books, scientific notes he kept in notebooks, detailed diagrams of boat engines he drew with great precision, and records of cargo details.
I spent a good part of my childhood at La Perrière, the family home in Mesquer owned by Théophile and Amélie, where my grandparents welcomed us each summer. This place impressed me, and from a young age, I could feel the history it carried, filled with memories and mysteries. I listened attentively to the stories my grandmother told about her memories. La Perrière had paintings of ships and objects related to the sea and sailors on its walls.
I remember there was a door at the end of a hallway upstairs that was always closed and intrigued me greatly. One day, driven by an irresistible curiosity to see what was hidden in that room, I defied my grandmother's prohibition and gently pushed open the door. I discovered a treasure: all of Théophile's sailor belongings. From that moment, I begged my grandmother Emilie to tell me his story. It was all I needed to fuel my desire to discover my ancestor's life. This is how I learned the names of some of the ships he had sailed on.
From a young age, I was captivated by this text by Victor Hugo that my grandmother recited with a certain pride:
"Man is at sea. Since childhood as a sailor,
He fights a tough battle against dark chance.
Rain or squall, he has to go out, he has to go,
Because little children are hungry. He leaves in the evening
When the deep water rises to the steps of the pier head.
He single-handedly steers his four-sail boat..."
For her, it was a way to pay tribute to her father.
I loved those moments in Brittany, in Mesquer, where, sitting next to my grandmother, our eyes turned to the ocean, she spoke to me of these sailors who died at sea. We scanned the horizon with the hopeful anticipation of seeing his boat reappear. From my childhood memory, I made the following promise to myself:
"One day, I must recount the life of Théophile, this sailor who died at sea for France."
I finally realized this project a year ago, in collaboration with a genealogist, without knowing that simultaneously, and with amazing synchronicity, a Scottish couple had become passionate about the story of the Longwy and would thus pay tribute to these men who died off the Scottish coast.
In turn, I am happy to have been able to contribute to the memory of my great-grandfather, Théophile, the hero of my childhood.
Pascale Lafargue-Gaumet.
Great-granddaughter.
Merci à Madame Lafargue-Gaumet d'avoir pris la peine de nous communiquer ce témoignage biographique et ces documents. Merci également à la page Facebook "Généalogie Loire-Atlantique" d'avoir relayé notre appel.
Bien cordialement.
Eric
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- Document familial - Tous droits réservés.
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Re: LONGWY Chargeurs de l'Ouest
Bonjour,
Hello,
Dans la perspective de l'inauguration prochaine d'une stèle à la mémoire de l'équipage du Longwy à Girvan, Comté d'Ayrshire, Écosse, quelques éléments susceptibles d'intéresser un jeune public britannique. Les experts, historiens et autres marins chevronnés qui fréquentent ce forum voudront bien excuser les simplifications qui suivent, elles relèvent d'une volonté de pédagogie. Merci de votre mansuétude.
Les personnes qui s'intéressent à ce projet mémoriel franco-britannique se reporteront au site du Souvenir Français du Finistère pour y trouver des informations autorisées. Cette association a la maîtrise de ce projet mémoriel dans notre pays. Lien vers son site :
https://www.le-souvenir-francais-du-fin ... 10-longwy/
On peut aussi consulter la page Facebook de nos partenaires écossais de l'association Girvan and District Great War Project :
https://www.facebook.com/Girvansfallen
Les bénévoles franco-britanniques de l'association Brittany Remembers ont également joué un rôle moteur dans la réussite de ce projet. Lien vers leur page Facebook :
https://www.facebook.com/BrittanyRemembers
L'association mémorielle Aux Marins (Mémorial national des marins morts pour la France, pointe Saint-Mathieu, Finistère) publie des biographies de cet équipage sur son site :
https://memorial-national-des-marins.fr ... len-albert
Cette cérémonie en Grande-Bretagne est placée sous le haut patronage de l'organisation Royal British Legion Scotland. Cet événement revêt en Écosse une certaine importance, c'est la raison pour laquelle des centaines de scolaires y sont associés. Des personnels français accrédités, des familles de descendants des marins membres de l'équipage du Longwy, une délégation du Souvenir Français du Finistère seront présents le 12 octobre à Girvan.
On trouvera ci-dessous quatre photographies avec une légende rédigée en anglais, destinées aux élèves de Madame Nelson, et un lien vers un film de 1920 tourné à Quimper et en Bretagne.
Hello Girvan Primary School, bonjour!
In 1917, during World War 1, a French ship called the Longwy was torpedoed near Stranraer. Unfortunately, all 31 sailors on board lost their lives. At that time, Great Britain and France were working together as Allies to fight against Germany. While much of the war happened in the trenches of France and Belgium, battles also took place at sea, where German submarines targeted Allied ships.
Though this shipwreck happened over a century ago, we know that your local community showed great respect for the French crew. Three of the sailors were buried in your local cemetery, and many people came to their funeral. Few people in France knew about this sad event because it was overshadowed by the many losses in the trenches.
Thanks to the hard work of Girvan and District Great War Project, the story of the Longwy is now remembered in France. Some families of the lost sailors have been deeply touched to learn that people in Scotland still honour their loved ones. They were very moved by the news that Girvan built a memorial for the crew and are thankful for your efforts. This October, some of these families will travel from France to Scotland, and they are looking forward to meeting you.
Here are four pictures to help you learn more about the sailors and the region of Brittany, where most of them came from:
This man is Captain Joseph Huet, the last captain of SS Longwy. He was from Saint-Malo in Brittany, a part of France known for its sailors. Captain Huet started sailing when he was young, went to a merchant navy school, and became a very skilled and experienced sailor. He travelled all over the world, from France to Australia, the USA, and around the British Isles. He even sailed around Cape Horn, one of the most dangerous places for ships, many times.
Sadly, even with all his experience, he lost his life when the Longwy sank near Scotland during the war. This picture was given to us by his grandson, who is now an elderly gentleman living in Brittany. His grandson told us that Captain Huet had a great sense of humour, was loved by his family and crew, and always dressed very smartly. He believed that looking elegant was important, as it represented France well when visiting other countries.
This lady is Madame Huet, the wife of Captain Joseph Huet. Her name was Marie. Sadly, she became a widow when her husband died at sea. Her grandson remembers her as a lively and daring woman. She would even climb onto huge ships while wearing long skirts when she visited her husband's ship in French ports.
Life was tough for sailors' wives like Madame Huet. Since their husbands were often away at sea for long periods, they had to take care of their children and household on their own. Despite these challenges, she lived a long life and became a grandmother. She passed on many stories about her husband to her family, keeping his memory alive for future generations.
This picture shows two French sailors from 1917. These two sailors were not aboard the Longwy, but they were part of a special group of Marines. Some of these Marines were on the Longwy to protect the ship from enemy attacks. This colour picture is cool because it shows their navy blue uniform. You can also spot the red pompom on their berets, called a "pompon rouge," which is a typical part of the French Navy uniform.
On the Longwy, there were two types of sailors: civilian sailors from the merchant navy and military personnel from the French Navy. Even though the Longwy was a civilian ship, it was taken over by the military during the war and followed their orders. At the time, it was carrying iron ore from Spain to Glasgow. Iron ore was important because it could be used to make things like helmets, weapons, and ships.
This is a picture of Quimper in 1920, a city near the sea in Brittany, France. The river Odet flows through the city. Back then, Quimper had a seaport, and one district was even called "Cape Horn" because it harboured sea-going ships.
One of the seamen from the Longwy, Adolphe Harré, was from Quimper. When he was 18, he joined the navy in 1916 and became the telegraphist on the Longwy. After the shipwreck, his body was found on shore and he was buried in Doune cemetery in Girvan. His name is also remembered on a World War I memorial in Quimper. His brother had a successful hat shop near Quimper’s beautiful gothic cathedral.
On October 12th, a wreath will be placed on Adolphe Harré's grave as a tribute from the city and people of Quimper. Unfortunately, we couldn't find a picture of him to share with you.
To help you imagine what Brittany looked like at the beginning of the 20th century, here is a link to a video. It begins with some stunning shots of Quimper Cathedral and the river Odet.
https://www.facebook.com/share/v/H8PPDuXVapfuDfWJ/
From Quimper, Brittany, France, we wish you all the best as you work on this memorial project. We are very grateful to the people in Girvan who have worked so hard to ensure that our French boys are remembered.
Notre petite équipe de bénévoles souhaite également exprimer ici ses plus vifs remerciements à cette plate-forme Forum Pages 14-18, et à ses contributeurs, sans lesquels ce projet mémoriel international n'aurait pu aboutir.
Bien cordialement,
Kind regards,
Eric
A former French language assistant at Stranraer Academy, 1989 - 1990.
Hello,
Dans la perspective de l'inauguration prochaine d'une stèle à la mémoire de l'équipage du Longwy à Girvan, Comté d'Ayrshire, Écosse, quelques éléments susceptibles d'intéresser un jeune public britannique. Les experts, historiens et autres marins chevronnés qui fréquentent ce forum voudront bien excuser les simplifications qui suivent, elles relèvent d'une volonté de pédagogie. Merci de votre mansuétude.
Les personnes qui s'intéressent à ce projet mémoriel franco-britannique se reporteront au site du Souvenir Français du Finistère pour y trouver des informations autorisées. Cette association a la maîtrise de ce projet mémoriel dans notre pays. Lien vers son site :
https://www.le-souvenir-francais-du-fin ... 10-longwy/
On peut aussi consulter la page Facebook de nos partenaires écossais de l'association Girvan and District Great War Project :
https://www.facebook.com/Girvansfallen
Les bénévoles franco-britanniques de l'association Brittany Remembers ont également joué un rôle moteur dans la réussite de ce projet. Lien vers leur page Facebook :
https://www.facebook.com/BrittanyRemembers
L'association mémorielle Aux Marins (Mémorial national des marins morts pour la France, pointe Saint-Mathieu, Finistère) publie des biographies de cet équipage sur son site :
https://memorial-national-des-marins.fr ... len-albert
Cette cérémonie en Grande-Bretagne est placée sous le haut patronage de l'organisation Royal British Legion Scotland. Cet événement revêt en Écosse une certaine importance, c'est la raison pour laquelle des centaines de scolaires y sont associés. Des personnels français accrédités, des familles de descendants des marins membres de l'équipage du Longwy, une délégation du Souvenir Français du Finistère seront présents le 12 octobre à Girvan.
On trouvera ci-dessous quatre photographies avec une légende rédigée en anglais, destinées aux élèves de Madame Nelson, et un lien vers un film de 1920 tourné à Quimper et en Bretagne.
Hello Girvan Primary School, bonjour!
In 1917, during World War 1, a French ship called the Longwy was torpedoed near Stranraer. Unfortunately, all 31 sailors on board lost their lives. At that time, Great Britain and France were working together as Allies to fight against Germany. While much of the war happened in the trenches of France and Belgium, battles also took place at sea, where German submarines targeted Allied ships.
Though this shipwreck happened over a century ago, we know that your local community showed great respect for the French crew. Three of the sailors were buried in your local cemetery, and many people came to their funeral. Few people in France knew about this sad event because it was overshadowed by the many losses in the trenches.
Thanks to the hard work of Girvan and District Great War Project, the story of the Longwy is now remembered in France. Some families of the lost sailors have been deeply touched to learn that people in Scotland still honour their loved ones. They were very moved by the news that Girvan built a memorial for the crew and are thankful for your efforts. This October, some of these families will travel from France to Scotland, and they are looking forward to meeting you.
Here are four pictures to help you learn more about the sailors and the region of Brittany, where most of them came from:
This man is Captain Joseph Huet, the last captain of SS Longwy. He was from Saint-Malo in Brittany, a part of France known for its sailors. Captain Huet started sailing when he was young, went to a merchant navy school, and became a very skilled and experienced sailor. He travelled all over the world, from France to Australia, the USA, and around the British Isles. He even sailed around Cape Horn, one of the most dangerous places for ships, many times.
Sadly, even with all his experience, he lost his life when the Longwy sank near Scotland during the war. This picture was given to us by his grandson, who is now an elderly gentleman living in Brittany. His grandson told us that Captain Huet had a great sense of humour, was loved by his family and crew, and always dressed very smartly. He believed that looking elegant was important, as it represented France well when visiting other countries.
This lady is Madame Huet, the wife of Captain Joseph Huet. Her name was Marie. Sadly, she became a widow when her husband died at sea. Her grandson remembers her as a lively and daring woman. She would even climb onto huge ships while wearing long skirts when she visited her husband's ship in French ports.
Life was tough for sailors' wives like Madame Huet. Since their husbands were often away at sea for long periods, they had to take care of their children and household on their own. Despite these challenges, she lived a long life and became a grandmother. She passed on many stories about her husband to her family, keeping his memory alive for future generations.
This picture shows two French sailors from 1917. These two sailors were not aboard the Longwy, but they were part of a special group of Marines. Some of these Marines were on the Longwy to protect the ship from enemy attacks. This colour picture is cool because it shows their navy blue uniform. You can also spot the red pompom on their berets, called a "pompon rouge," which is a typical part of the French Navy uniform.
On the Longwy, there were two types of sailors: civilian sailors from the merchant navy and military personnel from the French Navy. Even though the Longwy was a civilian ship, it was taken over by the military during the war and followed their orders. At the time, it was carrying iron ore from Spain to Glasgow. Iron ore was important because it could be used to make things like helmets, weapons, and ships.
This is a picture of Quimper in 1920, a city near the sea in Brittany, France. The river Odet flows through the city. Back then, Quimper had a seaport, and one district was even called "Cape Horn" because it harboured sea-going ships.
One of the seamen from the Longwy, Adolphe Harré, was from Quimper. When he was 18, he joined the navy in 1916 and became the telegraphist on the Longwy. After the shipwreck, his body was found on shore and he was buried in Doune cemetery in Girvan. His name is also remembered on a World War I memorial in Quimper. His brother had a successful hat shop near Quimper’s beautiful gothic cathedral.
On October 12th, a wreath will be placed on Adolphe Harré's grave as a tribute from the city and people of Quimper. Unfortunately, we couldn't find a picture of him to share with you.
To help you imagine what Brittany looked like at the beginning of the 20th century, here is a link to a video. It begins with some stunning shots of Quimper Cathedral and the river Odet.
https://www.facebook.com/share/v/H8PPDuXVapfuDfWJ/
From Quimper, Brittany, France, we wish you all the best as you work on this memorial project. We are very grateful to the people in Girvan who have worked so hard to ensure that our French boys are remembered.
Notre petite équipe de bénévoles souhaite également exprimer ici ses plus vifs remerciements à cette plate-forme Forum Pages 14-18, et à ses contributeurs, sans lesquels ce projet mémoriel international n'aurait pu aboutir.
Bien cordialement,
Kind regards,
Eric
A former French language assistant at Stranraer Academy, 1989 - 1990.
LONGWY — Cargo — Société des Chargeurs de l'Ouest (1903∽1917).
Bonjour à tous,
Bien amicalement à vous,
Daniel.
Daniel.
Re: LONGWY Chargeurs de l'Ouest
Bonjour,
Inauguration le samedi 12 octobre à Girvan, en Écosse, de la stèle aux 31 marins du cargo Longwy. Plus de 200 personnes ont assisté à la cérémonie, organisée par l'association Royal British Legion Scotland.
Le gouvernement écossais était représenté à son plus haut niveau, par son Premier Ministre, Monsieur John Swinney. Une importante représentation française, comprenant le Consul général de France à Édimbourg, l'Attaché naval français à Londres, une délégation du Souvenir Français du Finistère avec son porte-drapeau, quatre familles de marins du Longwy. Une partie de l'équipage d'un bâtiment de la Marine nationale, le patrouilleur Flamant, sous les ordres de son commandant, était présente à la cérémonie. Les scolaires locaux, issus des trois écoles de la ville, ont été associés à cette inauguration.
La presse écrite écossaise, la BBC, les médias sociaux ont largement évoqué cet évènement, dans une ville pavoisée aux couleurs de la France.
Quelques liens utiles :
- Article de la journaliste française Bernadette Ramel dans Le Pays Malouin :
https://actu.fr/bretagne/saint-malo_352 ... 14858.html
- Article de Mary McCool et Hazel Martin pour BBC Scotland :
https://bbc.com/news/articles/c1d521qdq2do
- Article d'Adam Lyon dans Ayrshire Today :
https://www.ayrshire-today.co.uk/news/2 ... -cemetery/
- Page Facebook de l'association écossaise Girvan and District Great War Project :
https://www.facebook.com/share/ozvEgSdfq2KEtPiV/
- Site internet du Souvenir Français du Finistère :
https://www.le-souvenir-francais-du-fin ... 10-longwy/
- Page Facebook de Brittany Remembers :
https://www.facebook.com/BrittanyRemembers
Le QR code apposé à la stèle est géré depuis la France par l'association Aux Marins :
https://memorial-national-des-marins.fr ... 783-longwy
La stèle se trouve au cimetière Doune de Girvan, dans le Comté d'Ayrshire, à 100 km au sud de Glasgow. Ce cimetière contient également des tombes de combattants britanniques des deux guerres mondiales.
Les bénévoles de l'association Girvan and District Great War Project font un travail méticuleux pour honorer et perpétuer la mémoire des soldats écossais de la région, certains tombés à Loos ou dans la Somme.
Cette association a compilé et organisé des dossiers documentaires pour 700 soldats. Sa devise est "giving the past a future", au passé nous donnons un avenir.
Bien cordialement.
Eric
Inauguration le samedi 12 octobre à Girvan, en Écosse, de la stèle aux 31 marins du cargo Longwy. Plus de 200 personnes ont assisté à la cérémonie, organisée par l'association Royal British Legion Scotland.
Le gouvernement écossais était représenté à son plus haut niveau, par son Premier Ministre, Monsieur John Swinney. Une importante représentation française, comprenant le Consul général de France à Édimbourg, l'Attaché naval français à Londres, une délégation du Souvenir Français du Finistère avec son porte-drapeau, quatre familles de marins du Longwy. Une partie de l'équipage d'un bâtiment de la Marine nationale, le patrouilleur Flamant, sous les ordres de son commandant, était présente à la cérémonie. Les scolaires locaux, issus des trois écoles de la ville, ont été associés à cette inauguration.
La presse écrite écossaise, la BBC, les médias sociaux ont largement évoqué cet évènement, dans une ville pavoisée aux couleurs de la France.
Quelques liens utiles :
- Article de la journaliste française Bernadette Ramel dans Le Pays Malouin :
https://actu.fr/bretagne/saint-malo_352 ... 14858.html
- Article de Mary McCool et Hazel Martin pour BBC Scotland :
https://bbc.com/news/articles/c1d521qdq2do
- Article d'Adam Lyon dans Ayrshire Today :
https://www.ayrshire-today.co.uk/news/2 ... -cemetery/
- Page Facebook de l'association écossaise Girvan and District Great War Project :
https://www.facebook.com/share/ozvEgSdfq2KEtPiV/
- Site internet du Souvenir Français du Finistère :
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- Page Facebook de Brittany Remembers :
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Le QR code apposé à la stèle est géré depuis la France par l'association Aux Marins :
https://memorial-national-des-marins.fr ... 783-longwy
La stèle se trouve au cimetière Doune de Girvan, dans le Comté d'Ayrshire, à 100 km au sud de Glasgow. Ce cimetière contient également des tombes de combattants britanniques des deux guerres mondiales.
Les bénévoles de l'association Girvan and District Great War Project font un travail méticuleux pour honorer et perpétuer la mémoire des soldats écossais de la région, certains tombés à Loos ou dans la Somme.
Cette association a compilé et organisé des dossiers documentaires pour 700 soldats. Sa devise est "giving the past a future", au passé nous donnons un avenir.
Bien cordialement.
Eric
- Pièces jointes
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- Photo Ritchie Conaghan - Girvan and District Great War Project.
- IMG-20241013-WA0029.jpg (1.02 Mio) Consulté 762 fois
-
- ENQ 03856M GILDED-3.jpg (901.38 Kio) Consulté 762 fois
-
- Grille du cimetière Doune de Girvan.
Photo Ritchie Conaghan - Girvan and District Great War Project. - IMG-20241007-WA0009.jpg (581.22 Kio) Consulté 762 fois
- Grille du cimetière Doune de Girvan.
Dernière modification par Ingouf le mar. oct. 22, 2024 8:34 pm, modifié 2 fois.
Re: LONGWY Chargeurs de l'Ouest
Bonjour,
Cérémonie de l'inauguration de la stèle aux marins du Longwy, en Écosse. La matérialisation d'un travail de longue haleine, des deux côtés de la Manche.
Girvan, Écosse, 12 octobre 2024. Une rare photo de "Rutilius" devant la stèle à l'équipage du Longwy. Daniel a puissamment contribué à ce projet mémoriel franco-britannique, établissant par ses recherches la liste de l'équipage, avec les grades et fonctions.
Tous nos remerciements.
Bien cordialement.
Eric
Cérémonie de l'inauguration de la stèle aux marins du Longwy, en Écosse. La matérialisation d'un travail de longue haleine, des deux côtés de la Manche.
Girvan, Écosse, 12 octobre 2024. Une rare photo de "Rutilius" devant la stèle à l'équipage du Longwy. Daniel a puissamment contribué à ce projet mémoriel franco-britannique, établissant par ses recherches la liste de l'équipage, avec les grades et fonctions.
Tous nos remerciements.
Bien cordialement.
Eric