
- 26 - Meurtre de l'équipage.jpg (284.02 Kio) Consulté 2946 fois
La porte, une fois ouverte, plusieurs grenades lancées dans le char auraient certainement eu une autre apparence d'efficacité. . . . .
Comme le montre bien un certain nombre de rapport de combat, de chars mis en difficulté, cette séquence ignore largement le fait que les 8 membres d'équipage possédaient un pistolet et qu'ils savaient s'en servir.
Par ailleurs, ils avaient le soutien de l'infanterie française qui, à d'assez rares exceptions, se trouvait au contact du char
Les exemples de chars immobilisés, sur le point d'être submergés et se dégageant au pistolet ne manquent pas, et ils se situaient, la plupart du temps, dans des séquences où l'infanterie française était sur le char et en mesure de soutenir l'équipage pendant son évacuation et/ou sa mise en défense du char.
Plutôt que ces séquences de grenadage, il aurait été plus judicieux de montrer un impact direct d'artillerie sur l'avant du char, impact pouvant avoir blessé ou tué quelques membres de char
Cette approche aurait apporté une meilleure crédibilité à l'ouverture de la porte.
Sans oublier que la porte, simplement entre-ouverte, rendait possible un tir protégé au pistolet, sur les Allemands. Cette action préalable aurait donné "à l'exécution" des deux tankistes une action plus normal de combat.
Toute cette séquence part d'une erreur importante, consistant à montrer des chars, très avancés, en avant des troupes d'assaut françaises, et noyés dans les fantassins allemands se repliant en désordre sous la pression française.
Une meilleure connaissance des techniques d'engagements des unités de chars françaises aurait certainement permis aux réalisateurs, de travailler sur un script plus élaboré et un peu plus sérieux !
Comment se déroulaient les engagements des chars français en 1917 et 1918.
Une section d'Infanterie d'Elite était affectée à chaque Batterie de 4 chars montant à l'assaut, avec :
- Trois fantassins affectés à chacun des chars pour assurer les liaisons entre les chars et avec le Cdt. de Batterie, qui dirigeait ses 4 chars à pied, utilisant aussi les Fantassins d'Elite pour donner ses ordres. Ces fantassins, en contact avec leurs chars, étaient " les yeux extérieurs" du chef de char.
- Une section chargée d'aménager les points de passage difficiles (trous de mines, tranchées très larges, . . . .).
Sur les tranchées larges, ces hommes devaient écrouler 7 longueurs de fusil pour permettre un passage aisé du char Saint Chamond
La tranchée de 1,50 m se passait facilement et c'est tout à fait ce que montre le film, à ceci près que, dans le film, les tranchée larges ont des passages pré-existants (
trop facile !) qui ne sont pas préparés par l'infanterie française, ou le résultat d'une destruction d'artillerie..
Les chars français ne progressaient pas seuls, comme le montre le film, et les deux attaques qui y sont présentées sont de la pure fiction.
Les unités de chars françaises se trouvaient face à deux types d'engagement :
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Engagement démarrant directement sur des tranchées à conquérir, comme sur le Front stabilisé en 1917, ou en 1918 sur certains secteurs comme en Champagne ou à Saint Mihiel et dans les Ardennes..
Dans ce cas, les unités d'infanterie d'attaque montaient à l'assaut, pour prendre la première tranchée, suivies par la section d'Infanterie d'Elite qui devait aider à préparer, les points de passage nécessaires.
Les chars rejoignaient l'infanterie, et participaient à la prise des points suivants, accompagnés par les unités d'infanterie d'assaut et leurs fantassins d"élite.
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Engagement démarrant sur un terrain libre d'obstacle (comme, par exemple, à la bataille de Méry, en Juin 1918), dans un terrain seulement coupés de quelques tranchées, trous ou obstacles.
Dans ce type de terrain, les chars partaient en avant les unités d'attaques, accompagnés par leur Infanterie d'Elite et commençaient à réduire les résistances découvertes.
Ils annonçaient à l'infanterie d'assaut, qui suivait juste derrière, en redressant ses panneaux d'appels d'infanterie qui, les obstacles identifiés avaient été réduits, et continuaient à détruire ces obstacles que l'infanterie pouvait aussi avoir découverts.
Les chars pouvaient se trouver neutralisés de plusieurs façons :
- La panne irréparable immobilisant le char.
Un char arrêté avait de grande chance d'être pris à partie par l'artillerie et détruit. L'équipage abandonnait alors le char, après avoir saboté : dynamo du moteur thermique, canon et mitrailleuses, puis
s'installait en défensive autour du char avec une de ses mitrailleuses, montée sur un trépied stocké dans le char.
A cette défense, par les 8 membres d'équipages (armés de leur pistolet) et les fantassins d'élite (équipés de mousquetons) pouvait se greffer les unités d"infanterie participant à l'attaque.
Si l'infanterie ne suivait pas, il était alors courant que les chars reculent à leur niveau pour tenter de relancer l'attaque.
- Un ou plusieurs coups au but (comme du 77, tiré à courte distance en tir tendu).
Avec le char immobilisé, partiellement endommagé, ou en feu, l'équipage se retrouvait dans la même
situation que pour la panne (avec potentiellement des morts et des blessés).
- La mise hors de combat du char, par rupture de chenille, provoquée par un éclat d'obus de gros calibre, explosant près du char, pouvait être une autre possibilité de mise hors de combat d'un char. Les réactions de l'équipage étant, ici encore, du même type que pour les autres cas.
La destruction partielle ou l'immobilisation du char (par l'artillerie) est exactement l'action qu'il aurait été plus réaliste de jouer dans le film.
Un impact direct de gros calibre pouvait aussi amener à la destruction complète du char et de son équipage, comme par exemple le Schneider M2, détruit devant les grilles du château de Grivesnes.
Le 21 cm allemand, en coup direct ne pardonnait pas !
Il y avait là une belle séquence en numérique à faire avec un troisième char ! Il existe de belles photos de Saint Chamond totalement explosés. Dans les secteurs de Méry et de Missy-au-Bois
Le 11 Juin 1918 entre Tricot et Courcelles-Epayelles, les Groupes Saint Chamond AS 33 et AS 36, accompagnant les troupes d'assaut eurent à franchir un barrage de 210 mm, suivi d'un barrage de 150 mm et, pour finir les tirs des 77 mm.(Voir le livre du Cne Henri Désagneaux du 395° RI attaquant sur Courcelles, avec son Bataillon).
C'est bien, au final, l'artillerie qui neutralisait les chars, et pas du tout les fantassins isolés montant à l'assaut.
Pour terminer, une petite séquence au tankgewehr aurait pu être du plus bel effet. Les combats en Champagne ont été un de leurs terrains de prédilection.
Pour les maquettistes, il y avait mieux à faire sur les marquages du char . . . . .

- 23 - St Chamond M1 marquages.jpg (252.68 Kio) Consulté 2946 fois
Bonne après-midi - Michel
Qui a lu le livre, au siècle dernier et aussi vu la version d'entre-deux guerre . . . . .