Réflexion d'un Poilu le 11/11/1918

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HT62
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Re: Réflexion d'un Poilu le 11/11/1918

Message par HT62 »

Bonjour à tous,

Voici la réflexion d'un Poilu telle qu'il l'a écrite après la campagne.
Caporal, il se trouvait au 86e RI le 11/11/1918 :

"Quand le clairon a sonné, le 11 novembre 1918, nous nous sommes assis sur le talus du créneau, un peu ahuris, sans vraiment réaliser que c'était fini. Il n'y a pas eu de fête".

Cordialement, Hervé.
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Frederic Avenel
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Re: Réflexion d'un Poilu le 11/11/1918

Message par Frederic Avenel »

Bonjour,

Voici comment mon grand-père a relaté cette journée:

Le 11 novembre, c’est donc à Billemont que j’apprends la bonne nouvelle tant attendue. C’est l’armistice !… à laquelle nous avons tout peine à croire tellement celle-ci nous arrive à l’improviste. Elle venait d’être signée en forêt de Compiègne, à une petite trentaine de kilomètres à vol d’oiseau de l’endroit où je me trouvais alors.
Dans la soirée, nous étions mieux renseignés. Alors il fallait marquer cet heureux évènement. Nous étions nombreux dans ce petit village et il n’y avait pas beaucoup de ravitaillement, surtout en liquide. Enfin, chacun faisait de son mieux. Ce jour méritait d’être marqué spectaculairement. L’armée quant à elle n’a rien fait pour marquer ce grand jour!...


Par la suite, il ne manqua jamais une commémoration du 11 novembre. Je me souviens que c'est avec une certaine fierté que, enfant, je le suivais portant le drapeau de sa section d'anciens combattants. Je ne savais pas alors ce que signifiait cette expression.
Je me souviens de sa fierté lorsque devenu octogénaire, il lui fut remis la fameuse rosette: il l'a dédiait aussitôt à ses camarades qui n'avaient pas eu la chance de connaître le 11 novembre 1918...
Je me souviens aussi qu'il ne manquait jamais au banquet qui suivait ces manifestations: il trinquait encore à "ces camarades restés sur le plateau". Un jour que je venais le rechercher à l'issue de ces libations, je le trouvais particulèrement "enjoué" et m'inquiétait de savoir ce qu'il avait consommé. Il me répondit avec un oeil complice, d'une voix pâteuse qui en disait long et en me montrant les doigts gourds de sa main où seul le pouce était replié à l'intérieur: "seulement deux p'tits zinzanos..." :wink:
C'était le seul jour de l'année où il s'autorisait ce genre d'excès.
Pour oublier?...

Demain, je penserai à lui... et à tous les autres!

Cordialement,

Frédéric Avenel
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francois noury
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Re: Réflexion d'un Poilu le 11/11/1918

Message par francois noury »

Bonsoir,

"Le 11 novembre, on était pas trop enthousiasmé, car on se disait: est-ce que c'est bien vrai... est-ce que c'est bien vrai..."
Claude-Marie Boucaud, 109 ans

cordialement,
François N.
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HT62
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Re: Réflexion d'un Poilu le 11/11/1918

Message par HT62 »

Bonjour à tous,

Merci pour cette page de souvenirs. Quant à moi, je partais avec mes parents le soir du 11 novembre, dans un petit café, pour la grande partie de cartes. Ils étaient bien là, les anciens, que nous abordions avec une certaine timidité... Il faut dire qu'avec la messe et le défilé du matin, les médailles, les drapeaux, ils étaient impressionnants.
Cordialement, Hervé.
jean pierre lafaurie
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Re: Réflexion d'un Poilu le 11/11/1918

Message par jean pierre lafaurie »

Bonjour,

Voici le courrier écrit par mon GO Jean Baptiste Lafaurie le 11/11/18. Il était MDL 22 ans) au 116e RAL et remontait de perm vers Vervins (nord de l'Aisne en Thiérache). Il tombera gravement malade peu de temps aprés et ne reviendra plus chez lui: il mourra en mai 1919 à l'Hôpital mixte d'Angers. Ce qui m'attriste beaucoup, c'est que ce jour-là , il a dû penser qu'une nouvelle vie démarrait pour lui.

A ses parents

Le lundi 11 Novembre 1918
Bien chers parents.

Vous croyez peut-être que rendu à ma batterie, c’est de là que je vous écris. Mais non, comme je le présumais hier je n’ai pu les rejoindre encore et avec q.q. camarades je me trouve en panne à côté de Laon, dans un centre de ralliement de permissionnaires.
J’avais pour camarade en route les deux frères Dargain, Istéque et puis Diribarne Etchepare de Berraute. Les deux derniers nous avaient quitté à la gare régulatrice Vaires- Torcy vers la nuit de vendredi. Les deux Dargains et moi avons couché dans la nuit de vendredi dans cette gare régulatrice et le lendemain on nous a dirigé sur une autre gare prés de Paris : Ory-la-Ville. C’est là que j’ai quitté les deux Dargain. Lettre interrompue.
Je continue ma lettre vingt quatre heures après (lendemain de la Victoire). D’Ory-la-Ville où j’ai rencontré q.q. camarades du régiment on repart le samedi au soir vers la nuit et passant par Creil, Noyon, Compiègne et Coucy-le-Château nous sommes arrivés ici bans la nuit de samedi à dimanche. Dimanche nous avons cherché notre groupe et sommes allés aux renseignements à Laon mais avec une pareille avance personne n’a pu nous donner un renseignement exact. Hier lundi, nous sommes restés ici en subsistance et l’après-midi nous avons été visiter Laon. Aujourd’hui, mardi 12 notre subsistance cesse et nous sommes obligés de partir. Nous allons à Vervins où notre groupe serait , paraît-il parti d’abord.
( à suivre)

(suite)
Avec une pareille avance (des environs de Laon à la frontière belge) un tel manque de renseignements n’a rien d’anormal. Voyez par là qu’il m’aurait été possible de prolonger de 24 et même de 48 heures parmi vous. Seule chose que je regrette. J’ai trouvé ici des camarades partis trois jours avant moi ! Je vous ai écrit que mon quart était resté c’est inexact , je lai retrouvé.
Vous remercierez de ma part Mme Bouchoa( ?) et Marie. Tout très délicieux et les voisins les ont bien estimés . Ici on ne trouve plus tout ça. D’ailleurs on est obligé de vivre d’après notre poche et bien maigrement et puis avec le manteau les nuits sont fraîches. Ici de très fortes gelées. Quelle différence avec le climat pyrénéen !
Je suis anxieux de savoir votre état de santé à tous. J’espère qu’en arrivant au groupe je trouverai une bonne lettre.
Les soldats sont très contents. Hier à Laon les cloches ont sonné et la ville était bien pavoisée . Qu’est-ce qu’il y aura eu à Domezain ? En tout cas je donnerai q.q. chose pour être dans un train de permissionnaires. Comment doivent-ils être ces départs à Bordeaux ? Quel enthousiasme surtout avec un peu de pinard. Je vois ça d’ici.
Comme je suis pressé. Départ de suite. Je vous quitte et vous embrasse tous de cœur. Pas de grippe.
Jean Baptiste
( n’ayant plus de place il écrit en travers de cette page) :
Malgré la guerre finie, je prendrai bien une autre perm.

Cordialement,

Jean Baptiste Lafaurie
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