Bonjour à tous
La 1ère chose que l’on peut dire à la visualisation de cette vidéo, c’est que l’auteur c’est appuyé sur les éléments factuels disponibles dans des dossiers de procédure ce qui est une bonne chose car dans beaucoup de proclamations ou de vidéos similaires ce n’est pas le cas.
Par contre, comme quasiment dans toutes les présentations sur le sujet, le cadre de l’évolution du fonctionnement de la justice militaire est absent :
- pas de mention de l’inexistence des circonstances atténuantes depuis la déclaration de la guerre
- pas de référence à la suspension du pourvoi en révision le 17/08/1914
- pas de référence à la profonde modification de recours en grâce du 01/09/1914 que le général Bach appelait
l’exceptionnalité du recours en grâce conférant à l’officier qui avait ordonné la mise en jugement d’un militaire, l’autorité pour laisser la justice suivre son cours (procéder à l’exécution) ou exceptionnellement permettant à cet l’officier, s’il le jugeait, la possibilité d’envoyer un recours en grâce au Président de la République.
Sans ce cadre, on ne peut pas comprendre pourquoi ces militaires ont été si durement « frappés ».
Ces 3 hommes ont été jugés au cours de la plus mauvaise période, la plus critique, qui le restera en place jusqu’au 17/10/1915 où un juge pourra enfin formuler un recours en grâce, recours en grâce auquel l’officier qui avait ordonné le jugement ne pourrait s’opposer. Il aurait l’obligation de faire suivre le recours en grâce.
A travers les 2 graphiques ci-dessous, le général Bach nous avait demandé de montrer le « poids » du politique dans le fonctionnement de la justice militaire, c’est-à-dire le désengagement du pouvoir politique à travers les décrets ministériels mentionnés ci-avant vers une situation où le pouvoir politique est devenu spectateur et non plus acteur.

- poids du politique V5.JPG (144.36 Kio) Consulté 903 fois

- pol5.jpg (107.01 Kio) Consulté 903 fois
Il faut rappeler que 64% de fusillés de tout le conflit, l’ont été au cours de la 1ère période de l’exceptionnalité du recours en grâce (en rouge sur les graphiques)
Quant au 1er tableau réalisé par les auteurs en se basant sur les données de MDH, qu’en dire ? Hormis 1009 qui le chiffre total trouvé dans les archives de toutes les personnes « fusillés» au cours du conflit, le tableau a été réalisé avec une source difficilement exploitable. Il faut dire que les données de MDH sont agglomérées de manière « archivistique ».
Les données du Prisme et du général Bach (ancien chef du service historique de l'Armée de terre) sont divergentes : 667 militaires français fusillés dans les zones des armées, 28 militaires français fusillés dans la zone de l’intérieur, 102 militaires français exécutés sommairement ou abattus (authentifiés), 25 militaires étrangers, 180 civils ( ces 3 dernières catégories ne sont pas le cadre principal du Prisme). Les fusillés de 1919 à 1922 et ceux en Extrême-Orient ou en zone sub-saharienne ne sont pas comptés dans les chiffres ci-dessus.
http://prisme1418.blogspot.com/2018/11/ ... nt-le.html
Le général Bach, grand spécialiste de la question des fusillés avait déjà exprimé son désaccord avec la méthode. Il disait :
on ne peut rien faire avec ces tableaux mélange de civils, militaires étrangers, militaires français fusillés (militaires passés devant un conseil de guerre permanent ou temporaire), d’exécutés sommaires ou d’abattus.. Sans parler que plusieurs de ces fusillés l'ont été en Extrême-Orient ou en zone sub-saharienne.
https://prisme1418.blogspot.com/2015/01 ... logie.html
A la lecture des commentaires de la vidéo, on réalise la très grande méconnaissance de cette question par les internautes, mélange de sentiments divers parfois à tendance idéologique.
Cordialement
Yves
Membre du Prisme 14/18 comme l’était le général Bach
https://prisme1418.blogspot.com/