Mais, paradoxalement, du côté allemand, mes renseignements ne donnent pas de meilleures solutions : là, on a, selon les sources, soit l'impression d'une large décentralisation de la formation tactique, qui dépendrait du bon vouloir du commandant de corps, puis du subordonné sur le terrain, soit on évoque des formations plutôt denses, du genre colonnes serrées, comme pour le XVIIe corps à Gumbinnen !
En somme, j'aurais besoin d'un coup de main : si quelqu'un avait les réglements de manoeuvre, français ou allemands, comme celui de 1904, leurs descriptions de l'attaque me serait très utile. Je sais qu'il existe un livre sur ces questions, que j'ai eut il y a longtemps entre les mains mais auquel je n'ai plus accès, celui du Colonel Lucas Evolution des idées tactiques en France et en Allemagne pendant la guerre de 1914-1918, là aussi quelques extraits seraient les bienvenues !!
En exemple, voilà mes propres infos sur les règlements russes ; il faut bien comprendre que ceux-ci découlent du seul conflit d'ampleur récent, la guerre russo-japonaise, et était donc considéré comme très moderne pour son temps.
D'abord, toutes les unités russes doivent se diviser en deux échelons, l'échelon d'attaque et la réserve, le tout couvert de patrouilles sur les flancs. Le principe est que l'échelon d'attaque mène l'action par le feu et la baïonnette, tandis que la réserve renforce le feu selon les besoins et porte le coup à la baïonnette (en fait l'assaut final) avec l'échelon d'attaque. Toutes deux sont séparées afin qu'elles ne subissent pas le même feu de l'artillerie (shrapnells essentiellement). Ces deux formations sont déployées, et non en masse comme l'était auparavant la réserve (avec des pertes lourdes en 1904-05 de ce fait).
L'attaque se déroule ainsi :
A 6-7 verstes (la verstes vaut à peu près un kilomètre), on abandonne la colonne de route.
A 5 1/2-5 verstes, on se déploie en ordre par sections en rangs sur un ligne ou en quiconce. Des patrouilles sont lancées en tête (à 800m) et sur les flancs (1 Km)
A 4 1/2-4 verstes, les compagnies par sections en deux lignes (on est alors sous un feu efficace de shrapnells), en quinconce, 50 pas entre les sections.
A 2 1/2-2 verstes, le commandant de compagnie reconnait le terrain et les positions de feu. La ligne est envoyé en avant, c'est à dire qu'elle occupe la 1e position de tir le plus discrètement possible. Chaque section reçoit sa mission. Les soldats sont séparés de 5-6 pas, les sections de 25-50 pas. La ligne avance au pas accéléré ou par bonds (100 pas par bonds). La réserve décroche alors, 400-600 pas en arrière de la ligne. Le feu n'est ouvert que des objectifs évidents, par salves sur ordre des chefs.
A 3 000-1 500 pas, même formation, mais la réserve passe aussi sur une ligne, et ne s'éloignent pas de plus de 300 pas de la ligne. Sur la ligne, les intervalles passent à 4 pas entre les soldats. Là, quand la ligne avance, la réserve s'immobilise, puis avance pendant que la ligne tire, par salves.
A 1 500-1 000 pas, on complète les munitions, on renforce la chaine avec des hommes de la réserve et avance la section de mitrailleuses sur la ligne de combat. Le feu devient nourri, sur ordre des chefs de sections. Les bonds sont alors menés par groupes ou par un, sections par sections, sur 25-50 pas. La réserve se déplace de la même manière.
A 500-1 000 pas, bonds par hommes seuls, feu maximal. La réserve commence alors à se rapprocher.
A 100 pas, l'assaut à la baïonnette est lancé, la réserve soit le renforçant, soit fixant les positions occupées.
Voilà pour le règlement russe ; il sera d'ailleurs, contrairement aux autres pays, largement valables jusqu'à fin 1915-1916, lorsque la guerre de position amènera les vrais changements, et sera encore employé par les unités rouges et blanches de la guerre civile.
Bien sûr, la réalité était là aussi sûrement largement différente, mais il est encore difficile, du fait des sources, de l'appréhender, mais j'y travaille....

Si ce sujet intéresse, on pourra sans doute s'intéresser à l'évolution des formations durant la guerre, et je tenterais de faire le point sur cette question sur le front de l'est.