Sections Munitions d'Artillerie

[Kervezec]

Bonjour à tous.

J'aimerais retracer le parcours d'un membre de ma famille, Arthur Carof, qui a fait la campagne dans l'artillerie, et plus précisément dans les Sections de Munitions d'Artillerie.
Je ne comprends pas vraiment ces unités. Combien y en a-t-il par régiment, comment suivre leur parcours ou savoir les batteries qu'elles ravitaillent ? Dépendent-elles des régiments ou des divisions ?

Voici sa liste d'affectations :



Je vous remercie d'avance pour les informations que vous pourrez m'apporter,
Gabriel C.

[Yv']

Bonjour Gabriel,

J'ai trouvé ceci au sujet des SMA :
viewtopic.php?t=52037

Cordialement,
Yves

[Scolari]

Bonjour Gabriel,

si vous repassez par le forum,
Arthur Carof est mobilisé à sa demande, il rejoint le 28e RAC, d’Artillerie de Corps (AC 11) du 11e Corps d'Armée (11e C.A) qui est rattaché la Ve Armée (du 02 au 16 aout 1914).

il est affecté à la 67e batterie, qui est une batterie de dépôt à Vannes. [sans doute au Quartier (d'artillerie) Sénarmont, (aujourd'hui Delestraint)]

Les régiments d'artillerie divisionnaire (AD) dépendant du 11e C.A sont 35e RAC (AD/22) à Vannes et le 51e RAC (AD/21) à Nantes.
Les fiches matricules sont souvent incomplètes.

Car il est promu capitaine (Territorial) au 5e S.M.A (sous entendu du Parc d'Artillerie du 11e Corps d'Armée), le 06.05.1916
Le Journal Officiel de la République Française (J.O.R.F) du 12.05.1916 confirme le grade de capitaine ET le passage au Parc d'Artillerie du 11e Corps d'Armée : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k ... ge.r=carof

Ainsi il est donc bien à la 5e S.M.A du 11e Corps d'Armée. (rattaché à la IVe Armée du 05.01 au 27.05.1916)
Il manque une très grande partie des J.M.O concernant l'approvisionnement des unités d'artillerie. (SMI, SMA, CR, PA, PAD, section de parc...)
Cependant la collection des Armées Françaises dans la Grande Guerre (A.F.G.G), Tome X , nous permet de savoir que la 5e S.M.A du 11 Corps d'Armée est une composante du 35e RAC.

Voici la composition du Parc d'Artillerie du 11e Corps d'Armée à la mobilisation :
Un Parc d'Artillerie comprend un état major de Parc et 2 échelons et une équipe mobile de réparation (E.M.R).
Chaque échelon comprend un état major d'échelon, 2 sections de munitions d'infanterie (S.M.I) et 5 sections de munitions d'artillerie (S.M.A)
le 1er échelon est composé par le 35e RAC, 1er SMI, 2e SMI, 5 à 9e SMA
le 2e échelon est composé par le 51e RAC, 3e SMI, 4e SMI, 10 à 14e SMA

A.F.G.G nous informe que vers juillet 1915, la composition du Parc d'Artillerie du 11e Corps d'Armée est la suivante:
Un Parc d'Artillerie comprend un état major de Parc et 2 échelons et une équipe mobile de réparation.
Chaque échelon comprend un état major d'échelon, 1 section de munitions d'infanterie (S.M.I) et 3 à 4 sections de munitions d'artillerie (S.M.A)
le 1er échelon est composé par le 35e RAC, 1re SMI, 5e, 6e, 8e SMA
le 2e échelon est composé par le 51e RAC, 4e SMI, 10e, 11e, 12e, 13e SMA


les JMO du Parc d'artillerie du 11e CA n'existent plus. Ils n'existent plus les JMO des SMI, SMA de 75 au 35e RAC
à titre de comparaison, il ne reste pour le 2e échelon du Parc d'Artillerie du 11e CA,que le JMO du 10e SMA au 51e RAC : https://www.memoiredeshommes.sga.defens ... 7212c9fb83

le 1er avril 1917, il y a une modification de la numérotation des Sections de Munitions des P.A.D :
1re S.M.I, 2e SMA, 3e SMA, du 35e RAC du Parc d'Artillerie Divisionnaire de la 22e Division d'Infanterie, dit P.A.D 22
1re S.M.I, 2e SMA, 3e SMA, du 51e RAC du Parc d'Artillerie Divisionnaire de la 21e Division d'Infanterie, dit P.A.D 21

Puis il est versé au 51e RAC, le 01.07.1917, sans doute commandant de la 2e Section de Munitions d'Artillerie (2e S.M.A) d'après son dossier Légion d'Honneur (L.H), ce que confirme sa nomination au tableau pour la Légion d'honneur du J.O.R.F du 08.01.1918 : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k ... rk=85837;2
ce qui nous fait :2e SMA - 51e RAC - PAD 21 du 11e C.A

Puis versé au dépôt, à Nantes, sans doute au Quartier (d'Artillerie) Mellinet le 29.06.1918

Par Décision Ministérielle du 25.07.1918, il est versé au 17e RAC, voir J.O.R.F du 06.08.1918 : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k ... ge.r=carof
effectif le 06.08.1918, (ce que confirme son dossier L.H) sans doute au dépôt qui durant la guerre est à Pontivy (56) arrivé au régiment le 05.10.1918 d'après sa F.M

il est décoré de la Légion d'honneur le 29.12.1917 : voir dossier L.H : https://www.leonore.archives-nationales ... tice/66861
Je vous laisse (re)découvrir les citations et autre décoration, qu'il a reçu à la lecture de son dossier L.H

Cordialement,
Frédéric

[Scolari]

Bonjour,

J'ai retrouvé un J.M.O évoquant le parcours de la 5e S.M.A et donc le parcours de votre ancêtre.
Dans les méandres des réformes des Parcs d'Artillerie de Corps d'Armée et Artillerie Divisionnaire.

il est rangé parmi les J.M.O de la 21e Division d'Infanterie, Partie : Parc d'Artillerie
il s'agit du J.M.O du Parc d'Artillerie 21 D.I cote 26 N 303/2
https://www.memoiredeshommes.sga.defens ... 9c551d6899
il couvre la période du 28 mai 1916 (peu de temps après son arrivée) au 22 mai 1918

il a donc déjà, à cette date, rejoint la 5e Section de Munitions d'Artillerie du Parc d'Artillerie de la 21e D.I, dit : P.A.D 21
votre ancêtre est évoqué au moins 4 fois :

PAD 21.png (378.28 Kio) Consulté 1319 fois

Bonne lecture,
Frédéric

[Kervezec]

Bonjour à tous.

Avant toute chose, je m'excuse pour ma réponse tardive : j'avais posté mon message au moment d'examens universitaires et cela m'était totalement sorti de la tête !

Je vous remercie pour les informations que vous m'avez apportées. J'en sais un peu plus sur ces Sections de Munitions que nous oublions souvent.
Je comprends également davantage le parcours de mon ancêtre. Cette 67e batterie m'a toujours agacé car je n'arrivais jamais à trouver la moindre information sur elle. Je sais maintenant que c'était une batterie de réserve à Vannes. Cependant, dans mon esprit, une batterie de réserve reste à l'arrière. Or, un journal paroissien qui donnait des nouvelles des gens de la commune au front écrit vers octobre 1914 qu'Arthur est près d'Arras... ville qui n'est pas à côté de Vannes ! De la même manière, je retrouve plusieurs lignes dans les numéros suivants qui nous font comprendre qu'il n'est pas loin du front. Je suis un peu perdu... qu'est-ce donc qu'une batterie de réserve ?

Je vous remercie de nouveau pour votre aide importante,
Bonne soirée,

Gabriel

[Scolari]

Bonjour,

Merci de votre réponse.
J'ai commencé à m'intéresser très récemment aux problématiques de l'approvisionnement de l'artillerie.
La question est complexe.

les termes sont important, 67e batterie de dépôt, reste au dépôt de Vannes du 28e RAC.
Elle permet l'instruction et la formation des jeunes recrues à Vannes par les personnels expérimentés et anciens : de la Territoriale. Elles ne bougent pas de Vannes, en tant que batterie. Mais son personnel temporairement affecté, lui reste mobile et versé vers d'autres unités. Ce n'est pas une unité combattante, il n'y donc pas de Journal de Marche et Opérations.

comme indiqué, les fiches matricules sont incomplètes et aussi le parcours des parcs d'artilleries de corps d'armée n'est pas étudié car il est difficile d'avoir des informations et cela n'apparait pas dans la F.M.

avec la nouvelle indication que vous apportez :
il suit le 11e Corps d'Armée en fait beaucoup plus tôt.
Ce qui est logique après coup, il est nommé capitaine dans une structure qu'il connait déjà : dans une des SMA du 11e Corps d'Armée. (peu être déjà la 5e SMA, mais ce n'est pas obligé) (voir édition ci dessous)
il va alimenter les batteries des Régiments d'artillerie du 22e RAC, 35e RAC, 51e RAC
il est situé habituellement, en arrière, à + 10km de la ligne de feu mais vient au contact des "échelons de combat" (voir composition ici : http://www.chtimiste.com/regiments/Comp ... _de_combat) des batteries des RAC qui elles viennent directement sur la ligne de feu (d'artillerie) approvisionner les canons.

édition :
en relisant, son dossier Légion d'Honneur, il indique être versé à l'artillerie territoriale,
effectivement dans l'ouvrage qui contient toutes les monographies des régiments d'artillerie, Historiques de l'artillerie française, des Colonels Kauffer et Van den Bogaert, sur le 28e RAC : ils indiquent :
Groupe territorial (41e, 42e, 43e batteries), 05.08.1914 : création
et surtout : Artillerie de la 88e Division d'Infanterie Territoriale (88e D.I.T)
à l'aide de AFGG : on vérifie que :
la 88e DIT du 8 octobre au 14 novembre : Mouvement vers le sud d'Arras : travaux d'organisation défensive
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k ... /f654.item

ce qui à titre personnel, aussi proche du front et à cette date, m'apparait plus probable. Ce qui n'empêche nullement que plus tard, il soit versé à la 5e S.M.A

nota : sud d'Arras, cela ne veut pas dire à Arras (intra muros)
de même un courrier, indiquant Arras (Ville) - peut vouloir dire : à proximité d'Arras.
J'indique cela, par rapport au site cartographie 1914-1918, on voit le 88e DIT, à proximité d'Arras pour la période : à la date du 14.10.1914
http://www.carto1418.fr/target/19141014.html

Cordialement,
Frédéric

[Kervezec]

Bonjour,

Je vous remercie une nouvelle fois pour votre aide.

Je comprends bien mieux pourquoi je ne trouvais pas de trace de cette batterie au front !

Il n'est donc visiblement pas resté très longtemps à Vannes.
Toujours dans le même journal qu'évoqué précédemment, une de ses lettres est publiée en avril 1915. Dans celle-ci, il explique comment sont ravitaillées les troupes. La tournure de ses phrases laisse comprendre qu'il fait partie d'une SMI ou SMA (la deuxième option étant visiblement la plus probable). Voici un extrait :

« En théorie chaque colonel nous enverrait un brigadier, lequel dirait à quelle compagnie ou à quel bataillon porter les munitions sur le champ de bataille : à nous de chercher nos clients sous le feu. En pratique, puisque les tranchées fixent la place de tous, on a fait mieux. Tous les matins nous partions, deux officiers, nous mettre en liaison avec les T.C n°1 des régiments et nous leur proposions notre camelote. C’était à qui vendait le plus de trousses (colis de 8 paquets de chacun 8 cartouches, qui est l’unité). Un vrai métier de placier. Les commandes notées, on rentrait dîner à midi, et dans la soirée nos expéditions étaient faites. C’était automatique car nous connaissions exactement tous nos secteurs. »

Je passe quelques témoignages qui, bien qu'intéressants, ne nous renseignent pas sur l'affectation d'Arthur et, en août 1915, on apprend qu'il commande en premier la 14e section de munitions.
En mars 1916, on lit qu'il est passé au 1er échelon du parc, 35e R.A.C, 5e S.M.A, secteur 80. Les informations se recoupent. Il est nommé capitaine quelques mois après, comme vous l'avez déjà dit, alors qu'il est en permission.
Début juillet, on sait qu'il est au sud de la défense de Verdun et qu'il ravitaille les 75 : « On trime pour que les 75 ne manquent pas de pruneaux à envoyer aux boches. Et quel temps ! Malgré cela les hommes sont épatants au physique comme au moral, ne rechignant jamais aux corvées. Les chevaux se mettent à l’unisson : après avoir un peu dépéri au début, ils ont fini par s’habituer et actuellement ils reprennent le dessus. J’ai pu faire obtenir la croix de guerre à mon sous-lieutenant, 2 sous-officiers et 3 canonniers : ils l’avaient bien méritée ! »

Le 8 novembre 1917, Arthur écrit qu'il a participé à l'attaque de Malmaison et qu'il a eu beaucoup eu à faire.
La dernière date à laquelle je l'ai trouvé dans le journal est le 15 mars 1918, lorsque ce dernier lui écrit un joli éloge pour fêter son obtention de la Légion d'Honneur (c'est le premier membre de la ville à la recevoir) qui résume brièvement son parcours.


On peut voir que ces brefs témoignages de son parcours se collent plutôt bien avec toutes les informations que vous m'avez apporté. Et peuvent même nous éclairer, notamment de ce que faisait mon ancêtre entre la 67e batterie et la 5e S.M.A.

Je vous remercie de nouveau pour le temps que vous consacrez à m'aider ainsi que pour toutes les sources et les liens qui pourront m'aider plus tard,
Cordialement,
Gabriel

[Scolari]

Bonjour,

Je serais très heureux de lire vos recherches,
car si je peux décrire à l'aide des ouvrages : Armées Françaises dans la Grande Guerre (AFGG), l'aspect organique.
Je ne peux décrire, dans la finesse, les détails de communications, orales ou téléphoniques des intervenants.
il n'y a pas finalement que ceux qui de l'intérieur peuvent décrire, ses échanges informels.

malgré tout, je rencontre des difficultés pour identifier à la 88e D.I.T ou 88 D.T qui approvisionnent les unités;
le 88e D.T est rattachée à partir du 22 aout 1914 au Groupe de Divisions Territoriales : G.D.T
Ou qui approvisionnent les unités à la G.D.T?
Groupe dissous le 22 octobre 1914
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k ... /f720.item.

Cordialement,
Frédéric

[Kervezec]

Bonjour,

Lorsque vous parlez de mes recherches, parlez-vous des témoignages dont j'ai cité quelques extraits ? Si tel est le cas, je vous le donne avec plaisir.
J'essaie de faire des recherches de mon côté également, mais je dois avouer que je m'emmêle les pinceaux ! Je vais essayer de coucher bien au propre sur papier les informations dont nous disposons afin de me mettre les idées au clair. Alors peut-être qu'à partir de ce moment je pourrais faire mes recherches sans me demander constamment si je suis dans la bonne division territoriale etc.

Bonne journée,
Gabriel

[Scolari]

re-

Oui, si possible, je veux bien une copie brute, des articles. Le moindre détail est d'une importance. Même les Régiments d'infanterie éventuellement cités, les patronymes citées, les lieux, les dates. Les périodes, les numéros des sections munitions, peuvent avoir un sens particulier.

Cordialement,
Frédéric