Bonjour Daniel,
Emma - Vapeur - Cargo : torpillé le 30 mars 1915 ;
Léoville - Vapeur : saute sur une mine le 19 janvier 1916 ;
Chateau-Yquem - Vapeur : saute sur une mine le 30 juin 1917 ;
Saint-Emilion - Vapeur : saute sur une mine le 27 juillet 1917 ;
Sauternes - Vapeur : torpillé le 5 août 1917.
C'est noté pour ces 5 bateaux. Recherches en cours, qui risquent fort de durer étant donné la nature des noms de baptême...hips !
Amicalement,
Franck
CHÂTEAU-LAFITTE — Cargo — Compagnie Worms et Cie, Le Havre.
Re: CHÂTEAU-LAFITTE — Cargo — Compagnie Worms et Cie, Le Havre.
www.navires-14-18.com
Le cœur des vivants doit être le tombeau des morts. André Malraux.
Le cœur des vivants doit être le tombeau des morts. André Malraux.
Re: CHÂTEAU-LAFITTE — Cargo — Compagnie Worms et Cie, Le Havre.
Hallo you know her cargo in time of sunk?
With regard Ladislav
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olivier 12
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Re: CHÂTEAU-LAFITTE — Cargo — Compagnie Worms et Cie, Le Havre.
Bonjour à tous, bonjour Ladislav,
CHATEAU-LAFITTE (avec un seul F et deux T) avait quitté Le Verdon pour Dunkerque et naviguait de conserve avec CHATEAU-MARGAUX, de la même compagnie. Il ne transportait pas de vin, mais 1400 tonnes de macadam (cailloux et silex).
Le récit de son naufrage sera mis sur le site prochainement.
Cdlt
CHATEAU-LAFITTE (avec un seul F et deux T) avait quitté Le Verdon pour Dunkerque et naviguait de conserve avec CHATEAU-MARGAUX, de la même compagnie. Il ne transportait pas de vin, mais 1400 tonnes de macadam (cailloux et silex).
Le récit de son naufrage sera mis sur le site prochainement.
Cdlt
olivier
Re: CHÂTEAU-LAFITTE — Cargo — Compagnie Worms et Cie, Le Havre.
Merci Olivier pour Information
Amicalement Ladislav
Amicalement Ladislav
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olivier 12
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- Inscription : ven. oct. 12, 2007 2:00 am
Re: CHÂTEAU-LAFITTE — Cargo — Compagnie Worms et Cie, Le Havre.
Bonjour à tous,
CHATEAU LAFFITE
Un complément sur le naufrage de ce navire
Rapport du capitaine
CHATEAU LAFFITE appareille du Verdon le 11 Janvier à 07h15 du matin avec MARGAUX, transportant 1400 tonnes de macadam (cailloux et silex).
A 03h05 le 12 Janvier, relevé le feu de Penmarch à 45°. Gouverné au nord, dans le sillage du MARGAUX, à 700 ou 800 m, guidé par son feu de poupe.
Nuit très noire, fraîche brise de SE, mer agitée.
A 03h55 du matin, violent choc sur bâbord avant à hauteur du panneau 2, qui ébranle tout le milieu du navire frappé par une torpille.
Le sous-marin est aperçu par l’officier de quart, le 2e capitaine Le Ber et par le canonnier arrière Fiandrinon. Donné l’alerte et ouvert le feu en direction du sous-marin avec une hausse à 800 m, avec la pièce AR tout d’abord, puis au hasard avec la pièce avant.
Stoppé la machine. Le navire prend de la gite sur bâbord. Trouvé 1 m d’eau dans la cale 2. Mis en marche le cheval principal (nota : la pompe principale d’assèchement) . Mais cette pompe n’étale pas l’entrée d’eau qui monte à 4 m dans la cale 2. Le navire apique de l’avant. Remis machine en route et suivi un cap au NNW pendant une heure trente.
Le navire s’enfonçant et gouvernant difficilement, le baromètre baissant, appelé aux postes d’abandon. Les canots bâbord (sous le vent) sont rapidement mis à l’eau. Mais le canot tribord, dont un garant est maladroitement largué, se brise contre la coque et se remplit d’eau.
L’équipage évacue dans trois embarcations dont le youyou : 10 hommes dont le capitaine dans une baleinière, 7 hommes dans le youyou et 12 hommes dans la grande baleinière.
Immergé les documents secrets et quitté le navire en dernier à 05h15, à 4 milles dans le sud de Penmarch. Pas vu le navire couler. Perdu de vue les autres canots à cause de la brumaille. Etabli la misaine et fait route sur le raz de Sein.
A 09h30, aperçu un convoi de navires allant de Brest à Quiberon. Lofer vers l’escorteur, le yacht américain WANDERER, qui nous recueille à 09h40 et nous dépose à Quiberon le 13 Janvier à 09h00.
Les autres canots atterrissent à l’anse de Poulhan. Les hommes reçoivent tous les soins voulus et sont acheminés sur Brest.
Excellente tenue des officiers et de l’équipage.
Rapport de l’officier enquêteur
Celui-ci est assez dur avec le capitaine Maestri.
Il note tout d’abord qu’une fois dans les canots, les hommes (en particulier le 2e capitaine) ont aperçu de la lumière au hublot de la chambre du capitaine.
Interrogé, celui-ci assure qu’il n’a pas mis les pieds dans sa chambre de toute la nuit, n’ayant rien à y faire.
L’officier enquêteur écrit qu’il a beaucoup de mal à croire à cette version du capitaine, et que c’est probablement cette lumière qui a fait repérer le CHATEAU LAFFITE dans la nuit noire. Si seul le feu de poupe du MARGAUX avait été visible, c’est ce navire qui aurait été torpillé.
Il note surtout que le CHATEAU LAFFITE était à 5 milles de l’anse de la Torche quand il a été torpillé et qu’il aurait fort bien pu tenter d’aller s’y mettre au plein.
Questionné, le capitaine répond que les roches de Penmarch lui faisait peur et que, de toutes façons, il n’a pas songé à aller s’échouer.
Bien au contraire, il a continuer au NNW à 4 nœuds pendant une heure trente, alors qu’il aurait pu sauver son navire.
L’officier enquêteur considère qu’il s’agit la d’une faute très grave.
Enfin, il signale que dix minutes après l’abandon, un feu rouge est apparu à proximité des canots. Il s’agissait probablement du sous-marin. Mais il n’a pas arraisonné les embarcations et a disparu au bout de trois minutes.
Conclusion de la commission d’enquête
Le capitaine Maestri recevra un blâme pour n’avoir pas tenté d’échouer son navire afin de le sauver.
Cdlt
CHATEAU LAFFITE
Un complément sur le naufrage de ce navire
Rapport du capitaine
CHATEAU LAFFITE appareille du Verdon le 11 Janvier à 07h15 du matin avec MARGAUX, transportant 1400 tonnes de macadam (cailloux et silex).
A 03h05 le 12 Janvier, relevé le feu de Penmarch à 45°. Gouverné au nord, dans le sillage du MARGAUX, à 700 ou 800 m, guidé par son feu de poupe.
Nuit très noire, fraîche brise de SE, mer agitée.
A 03h55 du matin, violent choc sur bâbord avant à hauteur du panneau 2, qui ébranle tout le milieu du navire frappé par une torpille.
Le sous-marin est aperçu par l’officier de quart, le 2e capitaine Le Ber et par le canonnier arrière Fiandrinon. Donné l’alerte et ouvert le feu en direction du sous-marin avec une hausse à 800 m, avec la pièce AR tout d’abord, puis au hasard avec la pièce avant.
Stoppé la machine. Le navire prend de la gite sur bâbord. Trouvé 1 m d’eau dans la cale 2. Mis en marche le cheval principal (nota : la pompe principale d’assèchement) . Mais cette pompe n’étale pas l’entrée d’eau qui monte à 4 m dans la cale 2. Le navire apique de l’avant. Remis machine en route et suivi un cap au NNW pendant une heure trente.
Le navire s’enfonçant et gouvernant difficilement, le baromètre baissant, appelé aux postes d’abandon. Les canots bâbord (sous le vent) sont rapidement mis à l’eau. Mais le canot tribord, dont un garant est maladroitement largué, se brise contre la coque et se remplit d’eau.
L’équipage évacue dans trois embarcations dont le youyou : 10 hommes dont le capitaine dans une baleinière, 7 hommes dans le youyou et 12 hommes dans la grande baleinière.
Immergé les documents secrets et quitté le navire en dernier à 05h15, à 4 milles dans le sud de Penmarch. Pas vu le navire couler. Perdu de vue les autres canots à cause de la brumaille. Etabli la misaine et fait route sur le raz de Sein.
A 09h30, aperçu un convoi de navires allant de Brest à Quiberon. Lofer vers l’escorteur, le yacht américain WANDERER, qui nous recueille à 09h40 et nous dépose à Quiberon le 13 Janvier à 09h00.
Les autres canots atterrissent à l’anse de Poulhan. Les hommes reçoivent tous les soins voulus et sont acheminés sur Brest.
Excellente tenue des officiers et de l’équipage.
Rapport de l’officier enquêteur
Celui-ci est assez dur avec le capitaine Maestri.
Il note tout d’abord qu’une fois dans les canots, les hommes (en particulier le 2e capitaine) ont aperçu de la lumière au hublot de la chambre du capitaine.
Interrogé, celui-ci assure qu’il n’a pas mis les pieds dans sa chambre de toute la nuit, n’ayant rien à y faire.
L’officier enquêteur écrit qu’il a beaucoup de mal à croire à cette version du capitaine, et que c’est probablement cette lumière qui a fait repérer le CHATEAU LAFFITE dans la nuit noire. Si seul le feu de poupe du MARGAUX avait été visible, c’est ce navire qui aurait été torpillé.
Il note surtout que le CHATEAU LAFFITE était à 5 milles de l’anse de la Torche quand il a été torpillé et qu’il aurait fort bien pu tenter d’aller s’y mettre au plein.
Questionné, le capitaine répond que les roches de Penmarch lui faisait peur et que, de toutes façons, il n’a pas songé à aller s’échouer.
Bien au contraire, il a continuer au NNW à 4 nœuds pendant une heure trente, alors qu’il aurait pu sauver son navire.
L’officier enquêteur considère qu’il s’agit la d’une faute très grave.
Enfin, il signale que dix minutes après l’abandon, un feu rouge est apparu à proximité des canots. Il s’agissait probablement du sous-marin. Mais il n’a pas arraisonné les embarcations et a disparu au bout de trois minutes.
Conclusion de la commission d’enquête
Le capitaine Maestri recevra un blâme pour n’avoir pas tenté d’échouer son navire afin de le sauver.
Cdlt
olivier
CHÂTEAU-LAFITTE — Cargo — Compagnie Worms et Cie, Le Havre.
Bonjour à tous,
• Journal officiel, 29 juin 1917, p. 4.965.
[Lire : « 22 avril 1917 »]
Dernière modification par Rutilius le mar. mai 31, 2022 8:53 am, modifié 2 fois.
Bien amicalement à vous,
Daniel.
Daniel.
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olivier 12
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Re: CHÂTEAU-LAFITTE — Cargo — Compagnie Worms et Cie, Le Havre.
Bonjour à tous,
Voici les renseignements sur l'attaque du 22 Avril 1917
Rapport du CLC Maestri, capitaine du CHÂTEAU LAFITTE au CV commandant Marine Dunkerque
Traversée Bordeaux - Dunkerque. Avril 1917.
Par décision spéciale du Commandant de Marine Bordeaux, autorisé à faire route avec THERESE ET MARIE, bâtiment équipé comme le mien de TSF et d’un canon. Je suis en tête de convoi et les deux navires doivent se convoyer mutuellement. Début de la traversée sans incident. Quitté Belle Ile le 20 Avril 1917 à 20h00 à destination de l’anse Berteaume. Equipage de 28 hommes, tous français. En arrivant à Penmarch, dépassé le convoi régulier d’une douzaine de navires qui avait quitté Belle Ile à 18h00.
A 04h15 du matin le 22 Avril, à 5 milles dans le S38E de la Vieille, THERESE ET MARIE est à quelques centaines de mètres dans mon sillage et le convoi à 1 mille en arrière. Ciel dégagé, mais nuit très noire. Soudain, sur bâbord avant de la passerelle et très près puisque j’entends la voix du commandant, aperçu la silhouette d’un sous-marin. Il lance une torpille qui passe sous le navire et dont je vois le sillage sur tribord arrière, par le travers du panneau 3.
Fait le branle-bas de combat, mis la machine avant toute, venu tribord toute pour présenter l’arrière à l’ennemi et engagé le combat au canon. Second capitaine, mécaniciens, canonniers et pourvoyeurs sont à leurs postes et quand le sous-marin entre dans le champs de tir du canon, je fais ouvrir le feu. Le sous-marin est à 300 ou 400 m et me poursuit pour lancer une torpille par son tube avant. Tiré 7 obus en 20 minutes de combat. Le sous-marin cesse la poursuite et s’éloigne dans la nuit. Le TSF avait lancé le signal de détresse. Envoyé alors « CHÂTEAU LAFITTE sauvé ».
Le petit nombre d’obus tiré est imputable aux difficultés de pointage avec ce canon de 90 à pivot avant. Cette défectuosité n’existera plus à l’avenir puisque vous avez accepté de remplacer cette arme par un 90 mm modèle 1916 pendant le séjour à Dunkerque.
Rejoint ensuite le convoi régulier et mouillé avec lui à l’anse Berteaume le 22 Avril à 08h00 du matin.
Je signale la bonne tenue et le sang froid de mes officiers et de mon équipage. Chacun s’est rendu instantanément à son poste et a fait son devoir simplement et avec courage.
Interrogatoire de Georges Brière, CLC, Dieppe n° 253, second capitaine du CHÂTEAU LAFITTE
Mon quart finissait à 04h00 et j’allais me coucher quand j’ai entendu courir sur le pont. Je suis sorti et j’ai entendu l’homme de bossoir crier « Branle-bas de combat » ! Il m’a dit qu’une torpille venait d’être lancée sur le navire par un sous-marin. En ma qualité d’officier de tir, j’ai couru à la pièce où les canonniers étaient déjà prêts à tirer. Premier coup tiré avec une hausse à 300 m, les autres plus longs. En raison de l’obscurité, impossible de dire si les coups ont porté. 7 obus tirés. Pas vu le sous-marin.
Interrogatoire d’Yves Le Chapelain, CLC, Paimpol n° 508, 1er lieutenant
Je venais de prendre le quart et j’étais sur la passerelle quand j’ai nettement vu le sillage de la torpille. Le commandant était aussi sur la passerelle. Je me suis rendu aux bossoirs d’embarcations pour diriger les manœuvres en cas de nécessité. L’homme de bossoir est allé dans les postes faire le branle-bas.
Interrogatoire de Jégou René, matelot, Morlaix n° 6275
J’étais sur la passerelle à bâbord vers 04h15 quand j’ai entendu des voix que j’ai tout d’abord attribuées à des pêcheurs. Puis j’ai entendu un cri ressemblant à un ordre bref venant de la même direction. Il y eut alors un bruit métallique et je vis une torpille qui venait droit sur le navire. Elle est passée sous la coque et j’ai vu son sillage de l’autre bord, par le travers du panneau arrière. J’ai vu le sous-marin qui était à environ 60 m du navire, peint dans un ton très clair, presque blanc. J’ai aperçu nettement le kiosque qui était de grande dimension. On m’a donné l’ordre d’aller réveiller tout le monde. L’ordre exécuté, je suis revenu à mon poste.
Interrogatoire de Coquelin François, QM canonnier, chef de pièce, 1er dépôt
Vers 04h15, j’ai aperçu la silhouette d’un kiosque de sous-marin peint de couleur claire. Presque aussitôt, j’ai vu le sillage d’une torpille lancée contre le navire. Je pensais qu’elle allait le toucher par le milieu, mais il n’en fut rien car j’ai vu à nouveau son sillage de l’autre bord. J’ai crié à mes servants, qui couchent sous la pièce, de se lever. Ils sont venus immédiatement et dès que le navire eut terminé son évolution, nous avons tiré le 1er coup sur le sous-marin encore visible, mais faiblement car il était alors à 300 m.
Conclusions de la commission d’enquête
La commission estime que le capitaine a fait tout ce qui était en son pouvoir pour déjouer l’attaque de l’ennemi. Etant donné les positions respectives des deux navires, il ne pouvait tenter l’abordage. Il a utilisé la seule méthode permettant d’utiliser son canon contre le sous-marin. Cette opération a été effectuée sans hésitation et dans le plus grand calme. L’équipage a conservé tout son sang froid pendant l’alerte. Chaque homme s’est rendu rapidement à son poste de combat. Les dispositions prises et le feu ouvert par la pièce ont obligé le sous-marin à renoncer à poursuivre l’attaque.
Pour l’attitude courageuse de l’équipage, la commission propose qu’une citation à l’Ordre de la Division soit décernée au CHATEAU LAFITTE.
Récompenses
Citation à l’Ordre de la Division
MAESTRI Pierre EV auxiliaire Bordeaux 637
Pour l’esprit de décision et l’énergie dont il a fait preuve en ripostant à l’attaque d’un sous-marin
TOS du Ministre
Vapeur CHATEAU LAFITTE
Pour l’attitude disciplinée et énergique de son équipage lors de l’attaque de ce vapeur par un sous-marin le 22 Avril 1917. (Notons que la date figurant sur l'intitulé du TOS -24 Avril 1917- est erronée. L'attaque a bien eu lieu le 22 Avril, ce qui est confirmé par l'Amirauté britannique dans ses archives)
Le sous-marin attaquant
N’est pas identifié.
Cdlt
Voici les renseignements sur l'attaque du 22 Avril 1917
Rapport du CLC Maestri, capitaine du CHÂTEAU LAFITTE au CV commandant Marine Dunkerque
Traversée Bordeaux - Dunkerque. Avril 1917.
Par décision spéciale du Commandant de Marine Bordeaux, autorisé à faire route avec THERESE ET MARIE, bâtiment équipé comme le mien de TSF et d’un canon. Je suis en tête de convoi et les deux navires doivent se convoyer mutuellement. Début de la traversée sans incident. Quitté Belle Ile le 20 Avril 1917 à 20h00 à destination de l’anse Berteaume. Equipage de 28 hommes, tous français. En arrivant à Penmarch, dépassé le convoi régulier d’une douzaine de navires qui avait quitté Belle Ile à 18h00.
A 04h15 du matin le 22 Avril, à 5 milles dans le S38E de la Vieille, THERESE ET MARIE est à quelques centaines de mètres dans mon sillage et le convoi à 1 mille en arrière. Ciel dégagé, mais nuit très noire. Soudain, sur bâbord avant de la passerelle et très près puisque j’entends la voix du commandant, aperçu la silhouette d’un sous-marin. Il lance une torpille qui passe sous le navire et dont je vois le sillage sur tribord arrière, par le travers du panneau 3.
Fait le branle-bas de combat, mis la machine avant toute, venu tribord toute pour présenter l’arrière à l’ennemi et engagé le combat au canon. Second capitaine, mécaniciens, canonniers et pourvoyeurs sont à leurs postes et quand le sous-marin entre dans le champs de tir du canon, je fais ouvrir le feu. Le sous-marin est à 300 ou 400 m et me poursuit pour lancer une torpille par son tube avant. Tiré 7 obus en 20 minutes de combat. Le sous-marin cesse la poursuite et s’éloigne dans la nuit. Le TSF avait lancé le signal de détresse. Envoyé alors « CHÂTEAU LAFITTE sauvé ».
Le petit nombre d’obus tiré est imputable aux difficultés de pointage avec ce canon de 90 à pivot avant. Cette défectuosité n’existera plus à l’avenir puisque vous avez accepté de remplacer cette arme par un 90 mm modèle 1916 pendant le séjour à Dunkerque.
Rejoint ensuite le convoi régulier et mouillé avec lui à l’anse Berteaume le 22 Avril à 08h00 du matin.
Je signale la bonne tenue et le sang froid de mes officiers et de mon équipage. Chacun s’est rendu instantanément à son poste et a fait son devoir simplement et avec courage.
Interrogatoire de Georges Brière, CLC, Dieppe n° 253, second capitaine du CHÂTEAU LAFITTE
Mon quart finissait à 04h00 et j’allais me coucher quand j’ai entendu courir sur le pont. Je suis sorti et j’ai entendu l’homme de bossoir crier « Branle-bas de combat » ! Il m’a dit qu’une torpille venait d’être lancée sur le navire par un sous-marin. En ma qualité d’officier de tir, j’ai couru à la pièce où les canonniers étaient déjà prêts à tirer. Premier coup tiré avec une hausse à 300 m, les autres plus longs. En raison de l’obscurité, impossible de dire si les coups ont porté. 7 obus tirés. Pas vu le sous-marin.
Interrogatoire d’Yves Le Chapelain, CLC, Paimpol n° 508, 1er lieutenant
Je venais de prendre le quart et j’étais sur la passerelle quand j’ai nettement vu le sillage de la torpille. Le commandant était aussi sur la passerelle. Je me suis rendu aux bossoirs d’embarcations pour diriger les manœuvres en cas de nécessité. L’homme de bossoir est allé dans les postes faire le branle-bas.
Interrogatoire de Jégou René, matelot, Morlaix n° 6275
J’étais sur la passerelle à bâbord vers 04h15 quand j’ai entendu des voix que j’ai tout d’abord attribuées à des pêcheurs. Puis j’ai entendu un cri ressemblant à un ordre bref venant de la même direction. Il y eut alors un bruit métallique et je vis une torpille qui venait droit sur le navire. Elle est passée sous la coque et j’ai vu son sillage de l’autre bord, par le travers du panneau arrière. J’ai vu le sous-marin qui était à environ 60 m du navire, peint dans un ton très clair, presque blanc. J’ai aperçu nettement le kiosque qui était de grande dimension. On m’a donné l’ordre d’aller réveiller tout le monde. L’ordre exécuté, je suis revenu à mon poste.
Interrogatoire de Coquelin François, QM canonnier, chef de pièce, 1er dépôt
Vers 04h15, j’ai aperçu la silhouette d’un kiosque de sous-marin peint de couleur claire. Presque aussitôt, j’ai vu le sillage d’une torpille lancée contre le navire. Je pensais qu’elle allait le toucher par le milieu, mais il n’en fut rien car j’ai vu à nouveau son sillage de l’autre bord. J’ai crié à mes servants, qui couchent sous la pièce, de se lever. Ils sont venus immédiatement et dès que le navire eut terminé son évolution, nous avons tiré le 1er coup sur le sous-marin encore visible, mais faiblement car il était alors à 300 m.
Conclusions de la commission d’enquête
La commission estime que le capitaine a fait tout ce qui était en son pouvoir pour déjouer l’attaque de l’ennemi. Etant donné les positions respectives des deux navires, il ne pouvait tenter l’abordage. Il a utilisé la seule méthode permettant d’utiliser son canon contre le sous-marin. Cette opération a été effectuée sans hésitation et dans le plus grand calme. L’équipage a conservé tout son sang froid pendant l’alerte. Chaque homme s’est rendu rapidement à son poste de combat. Les dispositions prises et le feu ouvert par la pièce ont obligé le sous-marin à renoncer à poursuivre l’attaque.
Pour l’attitude courageuse de l’équipage, la commission propose qu’une citation à l’Ordre de la Division soit décernée au CHATEAU LAFITTE.
Récompenses
Citation à l’Ordre de la Division
MAESTRI Pierre EV auxiliaire Bordeaux 637
Pour l’esprit de décision et l’énergie dont il a fait preuve en ripostant à l’attaque d’un sous-marin
TOS du Ministre
Vapeur CHATEAU LAFITTE
Pour l’attitude disciplinée et énergique de son équipage lors de l’attaque de ce vapeur par un sous-marin le 22 Avril 1917. (Notons que la date figurant sur l'intitulé du TOS -24 Avril 1917- est erronée. L'attaque a bien eu lieu le 22 Avril, ce qui est confirmé par l'Amirauté britannique dans ses archives)
Le sous-marin attaquant
N’est pas identifié.
Cdlt
olivier
CHÂTEAU-LAFITTE — Cargo — Compagnie Worms et Cie, Le Havre.
Bonsoir à tous,
□ Il résulte des termes d’un arrêt rendu le 3 juin 1921 par le Conseil d’État (Société Worms et Cie, Rec. C.E. 1921, p. 548) dans une affaire relative à l’indemnisation de la perte de 20 balles de cotons destinées au Service du transit, manquants qui avaient été constatés en Mai 1916 à l’arrivée du Château-Lafitte à Bordeaux, que ce bâtiment se trouvait alors « affrété à l’administration militaire par la Société Worms et Cie, suivant contrat du 3 janvier 1916 ». Juridiquement donc, il ne fut pas réquisitionné.
D’autre part, il apparaît qu'en Août de la même année, le Château-Lafitte était commandé par Pierre MAESTRI, capitaine au long-cours, inscrit au quartier de Bordeaux, n° 637, et avait pour chef mécanicien Eugène SIMON, inscrit au quartier du Havre, n° 3.579 (Décision du Sous-secrétaire d’État de la Marine en date du 10 août 1916 établissant la Liste des capitaines ou patrons des navires de commerce, des arma-teurs et des officiers mécaniciens qui ont obtenu des félicitations pour la bonne tenue de leur navire et le bon entretien des machines : J.O. 13 août 1916, p. 7.370).
D’autre part, il apparaît qu'en Août de la même année, le Château-Lafitte était commandé par Pierre MAESTRI, capitaine au long-cours, inscrit au quartier de Bordeaux, n° 637, et avait pour chef mécanicien Eugène SIMON, inscrit au quartier du Havre, n° 3.579 (Décision du Sous-secrétaire d’État de la Marine en date du 10 août 1916 établissant la Liste des capitaines ou patrons des navires de commerce, des arma-teurs et des officiers mécaniciens qui ont obtenu des félicitations pour la bonne tenue de leur navire et le bon entretien des machines : J.O. 13 août 1916, p. 7.370).
Dernière modification par Rutilius le mar. mai 31, 2022 11:26 am, modifié 2 fois.
Bien amicalement à vous,
Daniel.
Daniel.
Re: CHÂTEAU-LAFITTE — Cargo — Compagnie Worms et Cie, Le Havre.
Bonjour
J'ai une dénomination différente (CHATEAU LAFITE) sur deux sites (Worms et Miramar)
https://www.wormsetcie.com/fr/iconograp ... -worms-183
A bientôt.
J'ai une dénomination différente (CHATEAU LAFITE) sur deux sites (Worms et Miramar)
- CHATEAU LAFITE
- CHATEAU LAFITE.jpg (89.5 Kio) Consulté 576 fois
https://www.wormsetcie.com/fr/iconograp ... -worms-183
A bientôt.
Cordialement / Best regards
Marc.
A la recherche des navires et des marins disparus durant la Grande Guerre.
Marc.
A la recherche des navires et des marins disparus durant la Grande Guerre.
CHÂTEAU-LAFITTE — Cargo — Compagnie Worms et Cie, Le Havre.
Bonjour à tous,
• Inscription maritime — Quartier du Havre — Matricules des bâtiments de commerce — 1902~1980 — n°ˢ 1.198 à 1.796 : Archives départementales de Seine-Maritime, Cote 6Psup01_06, p. num. 166.
- Château-Lafitte- L.H. f° 516, n° 1.550 - .JPG (118.77 Kio) Consulté 565 fois
- Château-Lafitte – I – .jpg (287.54 Kio) Consulté 552 fois
Bien amicalement à vous,
Daniel.
Daniel.