Français d'Argentine

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valier
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Re: Français d'Argentine

Message par valier »

Bonjour à tous,

Faisant quelques recherches sur le net sur l'Argentine (un pays que j'aime beaucoup), le hasard m'a fait aller sur le site de l'association Carlos Gardel de Toulouse (le beau Carlos - enfin Charles - était Toulousain de naissance) où j'ai trouvé le passionnant texte suivant (le lien vers le site est en bas de message) :

"La France vient de rendre un hommage solennel à son dernier « poilu » : Lazare Ponticelli. qui vient de nous quitter à l’age de 110 ans. Avec lui disparaît une génération qui connut des moments tragiques. Carlos Gardel, avait 24 ans lorsque la guerre éclata, et comme tous les Français installés en Argentine avant l’âge de 18 ans, il était exempté du service militaire sous les drapeaux en temps de paix. Mais le dimanche 1er Août 1914, la mobilisation générale fut décrétée, et tous les Français en âge de combattre, y compris ceux qui habitaient hors de la métropole, durent partir à la guerre. Carlos Gardel, de son vrai nom Charles Romuald Gardes, resta en Argentine, mais sa position ne fut pas sans graves conséquences comme nous allons le voir :

A la fin des hostilités, le Ministère de la Guerre demanda à son attaché militaire auprès de l’ambassade de France à Buenos-Aires d’établir un rapport sur la mobilisation en Argentine. Grâce aux archives du Ministère des Affaires Etrangères, nous avons pu publier ce rapport daté du 1er septembre 1919 dans le livre « Carlos Gardel : ses antécédents français », que j’ai co-écrit avec Monique Ruffié et Juan Carlos Esteban. (pages 234-238)

Ce rapport indique en page 237 que le 3ème recensement national argentin avait établi qu’il y avait dans le pays 20924 Français mobilisables appartenant aux classes de 1890 à 1919 (nés entre 1870 et 1899). De ce nombre, seuls 5800 français furent mobilisés et rejoignirent la France. En tenant compte des 2500 personnes déclarées réformées ou sursitaires par les conseils de révision, on s’aperçoit que 12 290 personnes, soit 67 % des français vivant en Argentine et en âge de combattre n’ont pas répondu à l’appel de mobilisation générale du 1er août 1914, pas plus qu’à la circulaire du consul de France à Buenos-Aires, Monsieur SAMALENS, qui enjoignait, le 17 novembre 1915, tous les français non encore inscrits à remplir les listes de recrutement ouvertes dans les consulats à leur intention (page 230 du livre). En conclusion, ce rapport préconisait de graves sanctions pour ces réfractaires comme l’interdiction de retourner en France, « seule punition qui les touche ». Ainsi, lorsque Carlos Gardel décida de venir en France pour des raisons professionnelles et familiales, il se trouva vite confronté à ce grave problème d’insoumission qui aurait pu, s’il avait était démasqué, le faire traduire devant un tribunal militaire. Une condamnation aurait terni son honneur et celui de sa famille à une époque où le patriotisme en France était intense et où l’on élevait dans chaque commune un monument aux morts à la mémoire des 1,4 millions de français morts au combat. La solution qui consistait à changer de nationalité était la seule issue, et nous savons comment il procéda pour obtenir finalement la nationalité argentine. En fait, en posant le pied à l’âge de deux ans sur le sol argentin, il appartenait désormais à son nouveau pays. Mais cela ne rendit pas Carlos Gardel insensible à la tragédie de la guerre de 14-18, bien au contraire. Il nous a laissé un de ses plus émouvants hommages : un tango nommé « SILENCIO » que l’on écoute religieusement dans le monde entier : Il y évoque ce terrible carnage que fut cette guerre : « les hommes s’entretuent en couvrant de sang les champs de la France » et lorsque la paix revient, et la vie reprend, il décrit les mères qui pleurent leur progéniture. Il termine par le silence, celui où l’on commémore la mémoire des disparus, et celui qui apaise après tant de fureur : « Silencio en la noche, silencio en las almas »,

Désormais, ces paroles de Gardel s’associent pleinement à l’hommage solennel rendu par la France à Lazare Ponticelli et à tous ses camarades."



Il y eut donc, concernant l'Argentine, seulement 33% des Français enregistrés dans ce pays ayant répondu à l'appel. Ce chiffre, qui peut paraître faible en première analyse, est en fait assez logique car beaucoup de ces Français étaient soit arrivés très jeunes (2 ans pour Gardel), soit nés sur place et dans tous les cas sans espoir de retour en France. Difficile dans ce cas de se sentir patriote envers un pays totalement inconnu.

Bonne soirée.

Jacques

Le site : http://www.carlos-gardel-toulouse.com/nouvelle.html Chaussez vos chaussures bicolores, coiffez votre borsalino et en route ... :sol:
Un Homme n'est jamais tout à fait mort tant qu'il y a quelqu'un pour prononcer son nom.
geojeff
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Re: Français d'Argentine

Message par geojeff »

Bonsoir Jacques

merci beaucoup pour ce texte.
Histoire de mettre un peu de son (à défaut du lien vers un mp3) :

http://fr.youtube.com/watch?v=tAKtOwJusD4

Amicalement
Jean-François
virychat
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Re: Français d'Argentine

Message par virychat »

Bonjour,

Mon grand-père, son frère et une ou deux autres jeunes faisaient partie de ces Français partis en Argentine mais revenus pour se battre. Ils sont revenus à bord du LUTETIA, parti de Buenos Aires le 17 août 1914 et arrivé à Bordeaux le 12 septembre 1914. Avec un ami argentin, nous sommes en train de monter un petit groupe pour rassembler les souvenirs, témoignages, photos, courriers de cette traversée car le bateau était essentiellement emprunté par ces jeunes français revenus se battre. Savoir qu'ils ont payé eux-mêmes la traversée comme en témoigne le document du Consulat de Buenos Aires que j'ai sous les yeux. Mon grand-père était parti avec sa famille travailler à la construction du port de Arroyo Pareja à Bahia Blanca, mon bisaïeul étant l'Ingénieur Civil en charge d'une partie des travaux pour l'entreprise HERSENT. Toute personne qui souhaiterait nous rejoindre dans ce groupe peut me contacter directement sur sylvielabansat(at)free.fr
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LABARBE Bernard
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Re: Français d'Argentine

Message par LABARBE Bernard »

Bonjour à tous,
Et merci pour ce très intéressant sujet, texte et chanson...
Logique en effet que seulement 33% répondirent à l'appel, je trouve même que c'est pas mal.
Je déborde du cadre argentin et même un peu de 14-18, pour évoquer Haïti, le 57ème R.I., et Kieffer, le cdt des bérets verts français le 6 juin 44. (merci à Jérôme Charraud pour l'info): http://secretdefense.blogs.liberation.f ... .html#more
Cordialement,
Bernard
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