Voici un document sur le rôle joué par les voiliers caboteurs durant la Grande Guerre :
"La guerre de 1914-1918 et les voiliers caboteurs."
Aux premiers mois de la guerre de 1914-1918, la menace des sous-marins allemands amena un ralentissement de trafic considérable dans les diverses branches du cabotage international et un certain nombre de navires désarmèrent, par suite du manque de fret, plutôt qu'en raison des torpillages ou des pertes possibles.
L'approvisionnement de nos ports en charbon d'outre-Manche continua seul normalement, et prit au contraire peu à peu de l'extension, au fur et à mesure que les stocks diminuaient ; l'invasion du bassin du Nord ayant privé une partie de nos industries de leur ravitaillement ordinaire, ce dernier fut bientôt assuré presque uniquement par les houilles anglaises du pays de Galles surtout, dont l'importation pris sur nos côtes principalement, une importance considérable, dépassant de beaucoup celle d'avant la guerre et absorbant tout le tonnage disponible.
On arma mëme des bateaux de pêche de petit tonnage pour remplacer les caboteurs qui commençaient à faire défaut, certains d'entre eux, les plus grands, étant partis pour des destinations plus lointaines, où le trafic reprenait au fur et à mesure que les besoins d'approvisionnement augmentaient.
En 1915 et en 1916, les statistiques des accidents maritimes n'avaient pas été publiées en raison des circonstances exceptionnelles dues à la guerre, on n'avait pu cacher aux gens du métier que le nombre des navires envoyés par le fond devenait de plus en plus considérable que des mesures urgentes s'imposaient pour protéger plus efficacement nos voiliers caboteurs.
Au début de 1917, l'Amirauté française décida donc de former des convois de petits navires à voiles, nombreux surtout sur la côte ouest de France, qui se groupèrent en des endroits désignés tels que La Pallice, Quiberon, Lorient, etc.
Réunies ensuite à Brest et à Camaret, les flottilles de petits trois-mâts, de goélettes, de dundees, de thoniers et autres appareillaient toutes ensemble dès que les vents s'établissaient de l'est à l'ouest par le sud et faisaient route pour traverser la Manche, sous l'escorte d'unités légères de la marine de guerre, qui les accompagnaient jusque dans les eaux territoriales anglaises, surveillées par de nombreux patrouilleurs.
Là, ils se séparaient, chacun faisant route pour sa destination, heureux quand le convoi était arrivé sans trop d'incidents, et surtout sans pertes, à la limite fixée par les ordres reçus au départ.
Bien que moins intensive qu'en temps de paix, la navigation demeurait fatigante, en raison des alertes fréquentes et de la nécessité des manœuvres pour ne pas déranger l'ordre du convoi ; il fallait également apporter une grande attention à la route, pour éviter les abordages avec les autres navires naviguant sans feux et en rangs assez serrés.
Au retour, chargé, chaque navire naviguait isolément, se fiant à sa chance pour arriver à bon port et à son armement, quand en avait, pour se défendre s'il était attaqué ; sitôt la terre « mordue », après avoir franchi la Manche, il fallait naviguer aussi près que possible de terre, les côtes ayant leurs feux masqués, se tenir autant que possible à portée des sémaphores pour interpréter leurs signaux et en profiter.
Le métier, dans ces conditions, avec des veilles continuelles, était particulièrement dur et absorbant pour les capitaines surtout ; ils avaient par contre de longs repos parfois dans les ports, en attendant la formation des convois.
A suivre.
A bientot
