TUNISIE — Cargo — Compagnie des bateaux à vapeur du Nord, Dunkerque.
Re: TUNISIE — Cargo — Compagnie des bateaux à vapeur du Nord, Dunkerque.
Bonsoir Ladislav,
Malheureusement, nous ignorons pour l'heure la nature et la quantité des munitions qui se trouvaient à bord du cargo Tunisie.
Bien amicalement à vous,
Daniel.
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Re: TUNISIE — Cargo — Compagnie des bateaux à vapeur du Nord, Dunkerque.
Bonjour à tous,
TUNISIE
Avant son torpillage du 19 Juin 1917, TUNISIE avait déjà croisé la route d’un sous-marin le 13 Février précédent.

Le navire était armé d’un canon de 90 mm à pivot, monté sur l’arrière, dans l’axe et pouvant tirer jusqu’à 30 degrés seulement de chaque bord de l’axe, situation assez incommode dit l’officier enquêteur.
Armement du canon :
KERBLANC Jean QM canonnier 2e dépôt
GOURET Emile Breveté canonnier 3e dépôt
COLOMB Eugène Canonnier auxiliaire 3e dépôt
Le nom du commandant est aussi orthographié CLAEYSSEN
La liste d’équipage et des canonniers AMBC montre, d’après les pertes, que certains de ces hommes étaient encore à bord lors de la disparition du navire en Juin, notamment le TSF Blouet, le maître d’équipage Thouement et le canonnier Gouret, ceci bien que certains prénoms apparaissent incorrects ou incertains.
Note au 2e bureau de l’Etat-Major Général
Je vous rends compte que le capitaine du navire français TUNISIE a déclaré, à son arrivée au Havre, qu’après avoir transporté des munitions à Kola, en Laponie russe, et faisant route sur Newcastle, il a été attaqué le 13 Février à 09h30, à 30 milles au NE des côtes d’Ecosse, par un sous-marin naviguant en surface.
Ce sous-marin était maquillé en chalutier et portait une voile à l’arrière du kiosque, et entre cette voile et le kiosque une cheminée d’où sortait une fumée grisâtre.
Dès qu’il aperçut TUNISIE, il amena cette voile et tira sur TUNISIE, d’une distance de 600 m, 4 coups de canon qui, malgré des rectifications entre chaque tir, furent trop longs.
TUNISIE manœuvra en augmentant sa vitesse et mit le sous-marin dans son champ de tir. Il put riposter au 4e coup de son adversaire par un coup trop court de 200 m. Le canon de 90 fut rapidement rechargé et mis en batterie pour faire feu à nouveau, mais le cordon tire-feu cassa. Le sous-marin disparut alors en plongée.
Rapport du capitaine
Parti de la baie de Semenov pour Newcastle sur lest. Formidable tempête au large du cap Nord du 8 au 11 Février. Aperçu les îles Shetlands le 12 à 10h30. Aperçu la terre de Kinnair’s Head le 13 à 08h00. Route à 9 nœuds au SW pour remonter les terres entre Aberdeen et Dundee.
Le 13 Février 17 à 09h30, position 57°50 N 01°03 W Greenwich. Très beau temps. Mer calme. Petite brise d’ouest.
Aperçu un sous-marin en surface venant de l’ouest à petite vitesse et portant une voile de la dimension d’un tape-cul de chalutier. Cheminée entre la voile et le kiosque d’où s’échappait une fumée grisâtre de mazout. Voici sa silhouette :

L’officier de quart a cru tout d’abord à un chalutier patrouilleur. Mais le sous-marin a ouvert le feu à 600 m.
1er coup passe entre les deux mâts et trop long de 100 m
2e coup par le travers court de 50 m
3e coup sur l’arrière court de 70 m
4e coup à 100 m sur l’arrière et court de 50 m.
Appelé aux postes de combat et envoyé signal de détresse auquel ont répondu deux stations anglaises et Bergen.
TUNISIE répond par un coup fusant, bon en direction mais trop court de 200 m. Rechargé rapidement, mais au moment de tirer à nouveau, le cordon tire-feu casse. Le temps de le remplacer, le sous-marin a disparu en plongée. Une demi-heure plus tard, le sous-marin a été revu en surface dans le NW. Il avait remis sa voile.
D’après le sifflement des obus, les canonniers pensent qu’il possédait au moins un 88 mm.
Veille bien faite. Chacun s’est rendu à son poste rapidement. Très bonne attitude et bon comportement de tout l’équipage. Le capitaine était à la passerelle au moment de l’attaque avec le second et l’officier de quart Glajean. Lannio était de veille au bossoir.
L’installation du 90 laisse à désirer car son champ de tir est très restreint.
Le capitaine ajoute en fin de rapport : « J’aurais plutôt laisser le navire couler sous mes pieds que de me rendre à ce pirate »…
Récompenses
Citation à l’Ordre de la Brigade
CLAEYSSEN Arthur CLC
Son navire étant attaqué au canon par un sous-marin, a fait preuve d’énergie et de sang froid dans la riposte et s’est fait abandonner de l’ennemi.
Témoignage Officiel de Satisfaction du Ministre
Au vapeur TUNISIE pour l’endurance et le dévouement dont son équipage a fait preuve dans le service que le TUNISIE accomplit depuis un an sur la ligne d’Arkhangelsk.
Le sous-marin attaquant
Ce pourrait bien être l’ UC 44 du KL Kurt TEBBEJOHANNS qui la veille, 12 Février, avait coulé le petit vapeur suédois ADOLF à environ 60 milles au nord de la position de TUNISIE le 13..
Cdlt
TUNISIE
Avant son torpillage du 19 Juin 1917, TUNISIE avait déjà croisé la route d’un sous-marin le 13 Février précédent.

Le navire était armé d’un canon de 90 mm à pivot, monté sur l’arrière, dans l’axe et pouvant tirer jusqu’à 30 degrés seulement de chaque bord de l’axe, situation assez incommode dit l’officier enquêteur.
Armement du canon :
KERBLANC Jean QM canonnier 2e dépôt
GOURET Emile Breveté canonnier 3e dépôt
COLOMB Eugène Canonnier auxiliaire 3e dépôt
Le nom du commandant est aussi orthographié CLAEYSSEN
La liste d’équipage et des canonniers AMBC montre, d’après les pertes, que certains de ces hommes étaient encore à bord lors de la disparition du navire en Juin, notamment le TSF Blouet, le maître d’équipage Thouement et le canonnier Gouret, ceci bien que certains prénoms apparaissent incorrects ou incertains.
Note au 2e bureau de l’Etat-Major Général
Je vous rends compte que le capitaine du navire français TUNISIE a déclaré, à son arrivée au Havre, qu’après avoir transporté des munitions à Kola, en Laponie russe, et faisant route sur Newcastle, il a été attaqué le 13 Février à 09h30, à 30 milles au NE des côtes d’Ecosse, par un sous-marin naviguant en surface.
Ce sous-marin était maquillé en chalutier et portait une voile à l’arrière du kiosque, et entre cette voile et le kiosque une cheminée d’où sortait une fumée grisâtre.
Dès qu’il aperçut TUNISIE, il amena cette voile et tira sur TUNISIE, d’une distance de 600 m, 4 coups de canon qui, malgré des rectifications entre chaque tir, furent trop longs.
TUNISIE manœuvra en augmentant sa vitesse et mit le sous-marin dans son champ de tir. Il put riposter au 4e coup de son adversaire par un coup trop court de 200 m. Le canon de 90 fut rapidement rechargé et mis en batterie pour faire feu à nouveau, mais le cordon tire-feu cassa. Le sous-marin disparut alors en plongée.
Rapport du capitaine
Parti de la baie de Semenov pour Newcastle sur lest. Formidable tempête au large du cap Nord du 8 au 11 Février. Aperçu les îles Shetlands le 12 à 10h30. Aperçu la terre de Kinnair’s Head le 13 à 08h00. Route à 9 nœuds au SW pour remonter les terres entre Aberdeen et Dundee.
Le 13 Février 17 à 09h30, position 57°50 N 01°03 W Greenwich. Très beau temps. Mer calme. Petite brise d’ouest.
Aperçu un sous-marin en surface venant de l’ouest à petite vitesse et portant une voile de la dimension d’un tape-cul de chalutier. Cheminée entre la voile et le kiosque d’où s’échappait une fumée grisâtre de mazout. Voici sa silhouette :

L’officier de quart a cru tout d’abord à un chalutier patrouilleur. Mais le sous-marin a ouvert le feu à 600 m.
1er coup passe entre les deux mâts et trop long de 100 m
2e coup par le travers court de 50 m
3e coup sur l’arrière court de 70 m
4e coup à 100 m sur l’arrière et court de 50 m.
Appelé aux postes de combat et envoyé signal de détresse auquel ont répondu deux stations anglaises et Bergen.
TUNISIE répond par un coup fusant, bon en direction mais trop court de 200 m. Rechargé rapidement, mais au moment de tirer à nouveau, le cordon tire-feu casse. Le temps de le remplacer, le sous-marin a disparu en plongée. Une demi-heure plus tard, le sous-marin a été revu en surface dans le NW. Il avait remis sa voile.
D’après le sifflement des obus, les canonniers pensent qu’il possédait au moins un 88 mm.
Veille bien faite. Chacun s’est rendu à son poste rapidement. Très bonne attitude et bon comportement de tout l’équipage. Le capitaine était à la passerelle au moment de l’attaque avec le second et l’officier de quart Glajean. Lannio était de veille au bossoir.
L’installation du 90 laisse à désirer car son champ de tir est très restreint.
Le capitaine ajoute en fin de rapport : « J’aurais plutôt laisser le navire couler sous mes pieds que de me rendre à ce pirate »…
Récompenses
Citation à l’Ordre de la Brigade
CLAEYSSEN Arthur CLC
Son navire étant attaqué au canon par un sous-marin, a fait preuve d’énergie et de sang froid dans la riposte et s’est fait abandonner de l’ennemi.
Témoignage Officiel de Satisfaction du Ministre
Au vapeur TUNISIE pour l’endurance et le dévouement dont son équipage a fait preuve dans le service que le TUNISIE accomplit depuis un an sur la ligne d’Arkhangelsk.
Le sous-marin attaquant
Ce pourrait bien être l’ UC 44 du KL Kurt TEBBEJOHANNS qui la veille, 12 Février, avait coulé le petit vapeur suédois ADOLF à environ 60 milles au nord de la position de TUNISIE le 13..
Cdlt
olivier
Re: TUNISIE — Cargo — Compagnie des bateaux à vapeur du Nord, Dunkerque.
Bonjour Olivier, bonjour à tous
C'est très vraisemblablement UC 44 qui le 13 février a par ailleurs coulé 3 chalutiers à vapeur dans cette même région :
1-King Alfred à 75 m. S de Fair Isle
2-Belvoir Castle à 25m. SE de Peterhead
3-Mary Bell à 50 m. dans le 078 d'Aberdeen
dans l'ordre suivant soit 1-2-3 soit 1-3-2. Spindler et Bendert ne donnent pas exactement le même mais c'est un détail. Au vu des positions je pense que l'épisode Tunisie a pu se dérouler après la destruction de King Alfred. Spindler précise également que les 3 capitaines des chalutiers ont été fait prisonniers. Il y a donc de grandes chances pour que si l'engagement avec Tunisie s'était soldé par la destruction du vapeur, le Capt. Claeyssen aurait fini la guerre en captivité. Après le 13 février, UC 44 a pris le chemin du retour et est rentré à Heligoland le 16.
Amts
Yves
C'est très vraisemblablement UC 44 qui le 13 février a par ailleurs coulé 3 chalutiers à vapeur dans cette même région :
1-King Alfred à 75 m. S de Fair Isle
2-Belvoir Castle à 25m. SE de Peterhead
3-Mary Bell à 50 m. dans le 078 d'Aberdeen
dans l'ordre suivant soit 1-2-3 soit 1-3-2. Spindler et Bendert ne donnent pas exactement le même mais c'est un détail. Au vu des positions je pense que l'épisode Tunisie a pu se dérouler après la destruction de King Alfred. Spindler précise également que les 3 capitaines des chalutiers ont été fait prisonniers. Il y a donc de grandes chances pour que si l'engagement avec Tunisie s'était soldé par la destruction du vapeur, le Capt. Claeyssen aurait fini la guerre en captivité. Après le 13 février, UC 44 a pris le chemin du retour et est rentré à Heligoland le 16.
Amts
Yves
www.histomar.net
La guerre sous-marine 14-18, Arnauld de la Perière
et autres thèmes d'histoire maritime.
La guerre sous-marine 14-18, Arnauld de la Perière
et autres thèmes d'histoire maritime.
Re: TUNISIE — Cargo — Compagnie des bateaux à vapeur du Nord, Dunkerque.
Bonjour à tous
Extrait JO du 15 avril 1919 :

Bien amicalement
Marpie
Extrait JO du 15 avril 1919 :

Bien amicalement
Marpie
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Re: TUNISIE — Cargo — Compagnie des bateaux à vapeur du Nord, Dunkerque.
Bonjour à tous,
Naufrage du 19 Juin 1917. Rapport du capitaine du vapeur anglais S/S BAYSOTO
TUNISIE a quitté Brest en même temps que le S/S BAYSOTO le 14 Juin à 19h30. Les deux navires se sont tenus en vue l’un de l’autre jusqu’à la soirée du 18 Juin.
Le 18 Juin à 22h30, par nuit obscure, TUNISIE avait son relèvement par SW vrai et se trouvait à 14 ou 15 milles du BAYSOTO.
Le 19 Juin à 01h30, le second capitaine m’a appelé et m’a fait savoir qu’il avait vu une lueur semblable à celle produite par un canon et qu’il avait ensuite entendu une détonation semblable à celle d’un canon. Ensuite, nous écoutâmes et observâmes très attentivement la direction d’où étaient provenus le son et la lueur mais nous ne vîmes et n’entendîmes rien de plus. Aucun message TSF ne fut transmis. La position où se sont produits les faits étaient approximativement 51°40 N et 18°30 W.
Les hommes aux postes de veille ne virent et n’entendirent rien, mais mon second était absolument certain de ne point s’être trompé. J’ai rendu compte de ce qui précède aux Autorités britanniques et russes de la Mer Blanche à l’arrivée. Les renseignements sont tout à fait exacts en heure et date. Mes notes à ce sujet se trouvaient encore dans ma poche au moment de la perte du BAYSOTO.
Nota : le BAYSOTO, ex CAYO SOTO, vapeur de 3082 t construit en 1905 aux chantiers de South Shield, fut coulé le 6 Août 1917 par le sous-marin UC 42 du Kptlt Hans Abrecht MULLER au cours de la traversée Archangelsk-Le Havre. UC 42 disparaîtra d’ailleurs le 10 Septembre suivant au large de Cork, avec tout son équipage, victime d’une explosion de ses propres mines).
Voici une photo du CAYO GITANO, probablement sister ship du CAYO SOTO, construit la même année, au même chantier et de même tonnage.

Télégramme du 29 Septembre 1917 envoyé à l’Attaché Naval à Londres
« Prière faire savoir si dans la nuit du 18 au 19 Juin 1917 postes de TSF britanniques ont enregistré un SOS du vapeur français TUNISIE présumé perdu corps et biens à cette date, probablement après torpillage à 300 milles dans l’Ouest de Skelligs. »
Lettre de l’Amiral de BON au Commissaire à la Marine Marchande Mars 1918
Vous m’avez demandé si la perte du vapeur TUNISIE, qui n’a plus donné de ses nouvelles depuis le 18 Juin 1917 doit être attribuée à un risque de guerre.
J’ai l’honneur de vous faire connaître que malgré l’absence d’informations relatives aux causes de la perte de ce navire, je crois pouvoir émettre l’avis que cette perte doit être attribuée à l’attaque d’un sous-marin ennemi vers 01h30 du matin le 19 Juin 1917. Ceci concorde avec les faits relatés dans un rapport de mer du capitaine du vapeur anglais BAYSOTO qui avait quitté Brest en même temps que TUNISIE.
Lettre de l’avocat de la Cie des Bateaux à Vapeur du Nord au Sous-secrétaire d’Etat à la Marine
Concernant TUNISIE deux jugements ont eut lieu dont un admet le fait de guerre et l’autre pas. Pourriez-vous me documenter sur les circonstances du fait et en particulier sur les points suivants :
- Le capitaine de TUNISIE était-il expert en navigation et connaissait-il la route suivie par son navire
(Nota : une question particulièrement étonnante, mais bien d’un avocat !)
- Où était le navire dans la nuit du 18 au 19 Juin au moment où du BAYSOTO on aurait soit disant entendu un coup de canon ? Est-ce que la mer est dangereuse à cet endroit, et y a-t-il des récifs ?
- Quel était l’état de la mer le dit-jour ?
- L’ennemi a-t-il torpillé d’autres navires dans ces parages à une époque concomitante ?
- Dans des cas semblables, des publications étrangères (nota : allemandes) mentionnent comme torpillé le vapeur litigieux. En l’espèce je ne trouve rien de tel et je pense que le torpillage du vapeur TUNISIE n’a pas été annoncé par l’ennemi.
Réponse du Sous-secrétaire d’Etat
1) En ce qui concerne le capitaine de TUNISIE et ses capacités de navigateur, la Compagnie peut seule être à même de vous éclairer.
2) D’après le rapport du capitaine du BAYSOTO qui naviguait de conserve avec TUNISIE, ce dernier se trouvait alors par 51°40 N et 18°30 W. Ce point correspond à l’un de ceux signalé comme appartenant à la croisière d’un sous-marin ennemi et il n’y a aucun récif dans les parages.
3) La mer était certainement agitée dans la nuit du 18 au 19, le bulletin météorologique indiquant une dépression de route WSW – NNE à mi chemin entre l’Islande et l’Ecosse. Pression 756 mb. Vent force 6 à 7.
4) Oui, l’ennemi a torpillé et coulé d’autres navires dans les parages.
5) Le communiqué de Nauen du 10 Juillet (nota : station TSF allemande) cite plusieurs navires coulés par ce sous-marin, entre autre deux grands vapeurs inconnus, dont l’un avec un chargement de munitions qui pourrait bien être le TUNISIE. L’ennemi en ignorait le nom.
Lettre de l’Armateur au Ministre de la Marine
J’ai l’honneur de vous exposer respectueusement ce qui suit :
TUNISIE a disparu lors d’un voyage entre Brest et Arkangelsk. La contre-valeur de ce navire, estimée par le gouvernement français à 5 340 000 f doit nous être remboursée
- Par le gouvernement russe d’accord pour 3 560 000 f
- Par le gouvernement français pour 1 780 000 (Commission des risques de guerre du Ministère des Finances)
Nous avons cru comprendre que ce remboursement ne nous serait fait que sur jugement d’un tribunal, la commission ne sachant si la perte est due à un évènement de mer ou de guerre.
J’ai recours à votre bienveillante intervention pour la transmission à Monsieur le Ministre de la Marine des pièces ci-jointes. Si nous devions aller devant un tribunal, ce serait un nouveau délai et des pertes qui s’ajouteront à celles que nous subissons par la disparition de cette unité presque neuve, très moderne, dont la valeur est aujourd’hui de plus de 10 millions de francs.
J’attire votre attention sur le fait que TUNISIE avait la TSF et qu’aucun appel n’a été entendu.
J’ajoute aussi pour mémoire que de notre brillante flotte d’avant guerre, il ne nous reste plus que PRESIDENT LEROY LALLIER, CAMBRAI et VILLE DE DUNKERQUE.
NORD, AFRIQUE, VILLE DE CETTE et ALGERIE sont immobilisés pour plusieurs mois après torpillage.
Nous avons lieu de considérer qu’après les services rendus par notre Compagnie à la Défense Nationale, votre appui ne nous manquera pas dans cette modeste circonstance.
Veuillez agréer, Monsieur le Ministre, l’assurance de notre profond respect.
Le sous-marin attaquant
C'était donc l' U 43 du Kptlt Waldemar BENDER
Cdlt
Naufrage du 19 Juin 1917. Rapport du capitaine du vapeur anglais S/S BAYSOTO
TUNISIE a quitté Brest en même temps que le S/S BAYSOTO le 14 Juin à 19h30. Les deux navires se sont tenus en vue l’un de l’autre jusqu’à la soirée du 18 Juin.
Le 18 Juin à 22h30, par nuit obscure, TUNISIE avait son relèvement par SW vrai et se trouvait à 14 ou 15 milles du BAYSOTO.
Le 19 Juin à 01h30, le second capitaine m’a appelé et m’a fait savoir qu’il avait vu une lueur semblable à celle produite par un canon et qu’il avait ensuite entendu une détonation semblable à celle d’un canon. Ensuite, nous écoutâmes et observâmes très attentivement la direction d’où étaient provenus le son et la lueur mais nous ne vîmes et n’entendîmes rien de plus. Aucun message TSF ne fut transmis. La position où se sont produits les faits étaient approximativement 51°40 N et 18°30 W.
Les hommes aux postes de veille ne virent et n’entendirent rien, mais mon second était absolument certain de ne point s’être trompé. J’ai rendu compte de ce qui précède aux Autorités britanniques et russes de la Mer Blanche à l’arrivée. Les renseignements sont tout à fait exacts en heure et date. Mes notes à ce sujet se trouvaient encore dans ma poche au moment de la perte du BAYSOTO.
Nota : le BAYSOTO, ex CAYO SOTO, vapeur de 3082 t construit en 1905 aux chantiers de South Shield, fut coulé le 6 Août 1917 par le sous-marin UC 42 du Kptlt Hans Abrecht MULLER au cours de la traversée Archangelsk-Le Havre. UC 42 disparaîtra d’ailleurs le 10 Septembre suivant au large de Cork, avec tout son équipage, victime d’une explosion de ses propres mines).
Voici une photo du CAYO GITANO, probablement sister ship du CAYO SOTO, construit la même année, au même chantier et de même tonnage.

Télégramme du 29 Septembre 1917 envoyé à l’Attaché Naval à Londres
« Prière faire savoir si dans la nuit du 18 au 19 Juin 1917 postes de TSF britanniques ont enregistré un SOS du vapeur français TUNISIE présumé perdu corps et biens à cette date, probablement après torpillage à 300 milles dans l’Ouest de Skelligs. »
Lettre de l’Amiral de BON au Commissaire à la Marine Marchande Mars 1918
Vous m’avez demandé si la perte du vapeur TUNISIE, qui n’a plus donné de ses nouvelles depuis le 18 Juin 1917 doit être attribuée à un risque de guerre.
J’ai l’honneur de vous faire connaître que malgré l’absence d’informations relatives aux causes de la perte de ce navire, je crois pouvoir émettre l’avis que cette perte doit être attribuée à l’attaque d’un sous-marin ennemi vers 01h30 du matin le 19 Juin 1917. Ceci concorde avec les faits relatés dans un rapport de mer du capitaine du vapeur anglais BAYSOTO qui avait quitté Brest en même temps que TUNISIE.
Lettre de l’avocat de la Cie des Bateaux à Vapeur du Nord au Sous-secrétaire d’Etat à la Marine
Concernant TUNISIE deux jugements ont eut lieu dont un admet le fait de guerre et l’autre pas. Pourriez-vous me documenter sur les circonstances du fait et en particulier sur les points suivants :
- Le capitaine de TUNISIE était-il expert en navigation et connaissait-il la route suivie par son navire
(Nota : une question particulièrement étonnante, mais bien d’un avocat !)
- Où était le navire dans la nuit du 18 au 19 Juin au moment où du BAYSOTO on aurait soit disant entendu un coup de canon ? Est-ce que la mer est dangereuse à cet endroit, et y a-t-il des récifs ?
- Quel était l’état de la mer le dit-jour ?
- L’ennemi a-t-il torpillé d’autres navires dans ces parages à une époque concomitante ?
- Dans des cas semblables, des publications étrangères (nota : allemandes) mentionnent comme torpillé le vapeur litigieux. En l’espèce je ne trouve rien de tel et je pense que le torpillage du vapeur TUNISIE n’a pas été annoncé par l’ennemi.
Réponse du Sous-secrétaire d’Etat
1) En ce qui concerne le capitaine de TUNISIE et ses capacités de navigateur, la Compagnie peut seule être à même de vous éclairer.
2) D’après le rapport du capitaine du BAYSOTO qui naviguait de conserve avec TUNISIE, ce dernier se trouvait alors par 51°40 N et 18°30 W. Ce point correspond à l’un de ceux signalé comme appartenant à la croisière d’un sous-marin ennemi et il n’y a aucun récif dans les parages.
3) La mer était certainement agitée dans la nuit du 18 au 19, le bulletin météorologique indiquant une dépression de route WSW – NNE à mi chemin entre l’Islande et l’Ecosse. Pression 756 mb. Vent force 6 à 7.
4) Oui, l’ennemi a torpillé et coulé d’autres navires dans les parages.
5) Le communiqué de Nauen du 10 Juillet (nota : station TSF allemande) cite plusieurs navires coulés par ce sous-marin, entre autre deux grands vapeurs inconnus, dont l’un avec un chargement de munitions qui pourrait bien être le TUNISIE. L’ennemi en ignorait le nom.
Lettre de l’Armateur au Ministre de la Marine
J’ai l’honneur de vous exposer respectueusement ce qui suit :
TUNISIE a disparu lors d’un voyage entre Brest et Arkangelsk. La contre-valeur de ce navire, estimée par le gouvernement français à 5 340 000 f doit nous être remboursée
- Par le gouvernement russe d’accord pour 3 560 000 f
- Par le gouvernement français pour 1 780 000 (Commission des risques de guerre du Ministère des Finances)
Nous avons cru comprendre que ce remboursement ne nous serait fait que sur jugement d’un tribunal, la commission ne sachant si la perte est due à un évènement de mer ou de guerre.
J’ai recours à votre bienveillante intervention pour la transmission à Monsieur le Ministre de la Marine des pièces ci-jointes. Si nous devions aller devant un tribunal, ce serait un nouveau délai et des pertes qui s’ajouteront à celles que nous subissons par la disparition de cette unité presque neuve, très moderne, dont la valeur est aujourd’hui de plus de 10 millions de francs.
J’attire votre attention sur le fait que TUNISIE avait la TSF et qu’aucun appel n’a été entendu.
J’ajoute aussi pour mémoire que de notre brillante flotte d’avant guerre, il ne nous reste plus que PRESIDENT LEROY LALLIER, CAMBRAI et VILLE DE DUNKERQUE.
NORD, AFRIQUE, VILLE DE CETTE et ALGERIE sont immobilisés pour plusieurs mois après torpillage.
Nous avons lieu de considérer qu’après les services rendus par notre Compagnie à la Défense Nationale, votre appui ne nous manquera pas dans cette modeste circonstance.
Veuillez agréer, Monsieur le Ministre, l’assurance de notre profond respect.
Le sous-marin attaquant
C'était donc l' U 43 du Kptlt Waldemar BENDER
Cdlt
olivier
Re: TUNISIE — Cargo — Compagnie des bateaux à vapeur du Nord, Dunkerque.
.
Bonsoir à tous,
■ Au nombre des victimes du torpillage du cargo charbonnier auxiliaire Tunisie.
― GAREL François Clément Charles, né le 26 octobre 1888 à Dunkerque (Nord) et y domicilié, au 19, rue de la Marine (Jug. Trib. civ. Nantes, 28 mai 1919, transcrit à Dunkerque, le 7 juill. 1919 : Registre des actes de décès de la ville de Dunkerque, Année 1919, f° 94, acte n° 360). Matelot, inscrit au quartier de Gravelines, n° 779. [Judiciairement déclaré « Mort pour la France »].
Fils de Charles François GAREL, né vers 1846 à Dunkerque, marin, et de Joséphine Marie Pauline GUÉRIN, née vers 1853 à Dunkerque, sans profession, avec laquelle il avait contracté mariage à Dunkerque (Registre des actes de naissance de la ville de Dunkerque, Année 1888, f° 228, acte n° 1.123).
Époux de Marie Louise CASTEUR, née le 8 avril 1892 à Dunkerque, avec laquelle il avait contracté mariage à Dunkerque, le 10 mars 1913 (Registre des actes de mariage de la ville de Dunkerque, Année 1913, f° 26, acte n° 48).
― LANOYE Albert Louis, né le 30 mars 1874 à Dunkerque (Nord) et y domicilié, au 12, rue Saint-Gilles (Jug. Trib. civ. Nantes, 28 mai 1919, transcrit à Dunkerque, le 7 juill. 1919 : Registre des actes de décès de la ville de Dunkerque, Année 1919, f° 93, acte n° 357). Chef mécanicien, inscrit au quartier de Dunkerque, f° et n° 2.910. [Judiciairement déclaré « Mort pour la France »].
Fils d’Arthur Pierre LANOYE, né vers 1846 à Dunkerque, employé des chemins de fer, et de Françoise Marie COUVREUR, née vers 1849 à Dunkerque, sans profession, avec laquelle il avait contracté mariage à Dunkerque, le ... (Registre des actes de naissance de la ville de Dunkerque, Année 1874, f° 53, acte n° 298).
Époux de Marie Jeanne Aline ESCALLIER-DURONT, avec laquelle il avait contracté mariage à Dunkerque, le 22 juillet 1905.
Bonsoir à tous,
■ Au nombre des victimes du torpillage du cargo charbonnier auxiliaire Tunisie.
― GAREL François Clément Charles, né le 26 octobre 1888 à Dunkerque (Nord) et y domicilié, au 19, rue de la Marine (Jug. Trib. civ. Nantes, 28 mai 1919, transcrit à Dunkerque, le 7 juill. 1919 : Registre des actes de décès de la ville de Dunkerque, Année 1919, f° 94, acte n° 360). Matelot, inscrit au quartier de Gravelines, n° 779. [Judiciairement déclaré « Mort pour la France »].
Fils de Charles François GAREL, né vers 1846 à Dunkerque, marin, et de Joséphine Marie Pauline GUÉRIN, née vers 1853 à Dunkerque, sans profession, avec laquelle il avait contracté mariage à Dunkerque (Registre des actes de naissance de la ville de Dunkerque, Année 1888, f° 228, acte n° 1.123).
Époux de Marie Louise CASTEUR, née le 8 avril 1892 à Dunkerque, avec laquelle il avait contracté mariage à Dunkerque, le 10 mars 1913 (Registre des actes de mariage de la ville de Dunkerque, Année 1913, f° 26, acte n° 48).
― LANOYE Albert Louis, né le 30 mars 1874 à Dunkerque (Nord) et y domicilié, au 12, rue Saint-Gilles (Jug. Trib. civ. Nantes, 28 mai 1919, transcrit à Dunkerque, le 7 juill. 1919 : Registre des actes de décès de la ville de Dunkerque, Année 1919, f° 93, acte n° 357). Chef mécanicien, inscrit au quartier de Dunkerque, f° et n° 2.910. [Judiciairement déclaré « Mort pour la France »].
Fils d’Arthur Pierre LANOYE, né vers 1846 à Dunkerque, employé des chemins de fer, et de Françoise Marie COUVREUR, née vers 1849 à Dunkerque, sans profession, avec laquelle il avait contracté mariage à Dunkerque, le ... (Registre des actes de naissance de la ville de Dunkerque, Année 1874, f° 53, acte n° 298).
Époux de Marie Jeanne Aline ESCALLIER-DURONT, avec laquelle il avait contracté mariage à Dunkerque, le 22 juillet 1905.
Bien amicalement à vous,
Daniel.
Daniel.
Re: TUNISIE — Cargo — Compagnie des bateaux à vapeur du Nord, Dunkerque.
Bonjour à tous,
Voici ce que j'ai comme biographie pour:
Arthur Émile CLAEYSSEN , capitaine de marine marchande
Né à Rosendaël (59) le 07/07/1875 , décédé le 14 06 1917, Mort pour la France .
acte tenant lieu d'acte de décès dans le registre de Rosendaël de 1919 p: 103 acte 396 : retransmission du jugement du tribunal de Nantes du 20 5 1919
marié à Dunkerque le 01 04 1902 à DECOUTTER Gabrielle Marie Victoire (Dunkerque 1881-1962)
trois enfants ( pupille de la nation en 1920) : Noël ( 1902- 1964 ) Émile ( Dunkerque 1905- 1971) Kléber (Dunkerque 1911- ?)
Les noms de A. CLAEYSSEN et de GIROU F sont indiqués sur le monument aux mort de Rosendaël
Émile et Kléber ont tous les deux fait carrière dans la marine
Cordialement
Geneviève
Voici ce que j'ai comme biographie pour:
Arthur Émile CLAEYSSEN , capitaine de marine marchande
Né à Rosendaël (59) le 07/07/1875 , décédé le 14 06 1917, Mort pour la France .
acte tenant lieu d'acte de décès dans le registre de Rosendaël de 1919 p: 103 acte 396 : retransmission du jugement du tribunal de Nantes du 20 5 1919
marié à Dunkerque le 01 04 1902 à DECOUTTER Gabrielle Marie Victoire (Dunkerque 1881-1962)
trois enfants ( pupille de la nation en 1920) : Noël ( 1902- 1964 ) Émile ( Dunkerque 1905- 1971) Kléber (Dunkerque 1911- ?)
Les noms de A. CLAEYSSEN et de GIROU F sont indiqués sur le monument aux mort de Rosendaël
Émile et Kléber ont tous les deux fait carrière dans la marine
Cordialement
Geneviève
- francois-alexandre
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Re: TUNISIE — Cargo — Compagnie des bateaux à vapeur du Nord, Dunkerque.
Une rare plaque de verre photographique montrant le charbonnier TUNISIE vu par sa poupe, mouillant au port de Bougie, sans doute vers 1910-1913 à la veille de sa réquisition.
Le cliché a été inversé permettant d'identifier le cargo (le cartouche aussi pour permettre de le lire car sur la plaque originelle avec l'image incorrectement inversée, le cartouche était lisible à droite)
Le cliché a été inversé permettant d'identifier le cargo (le cartouche aussi pour permettre de le lire car sur la plaque originelle avec l'image incorrectement inversée, le cartouche était lisible à droite)
Intégrale de la vie de François Alexandre https://gw.geneanet.org/bartle13?lang=f ... ravis&oc=0 Amitié aux marins et leurs proches rappelant la vie de ceux qui trimèrent/laissèrent la peau dans les guerres impérialistes
Re: TUNISIE — Cargo — Compagnie des bateaux à vapeur du Nord, Dunkerque.
Bonjour François Alexandre, bonjour à tous,
Voici une autre (mauvaise) photographie du vapeur TUNISIE à Brest en 1916 (chargement de matériel de guerre pour la Russie)
A bientôt.
Voici une autre (mauvaise) photographie du vapeur TUNISIE à Brest en 1916 (chargement de matériel de guerre pour la Russie)
A bientôt.
Cordialement / Best regards
Marc.
A la recherche des navires et des marins disparus durant la Grande Guerre.
Marc.
A la recherche des navires et des marins disparus durant la Grande Guerre.
Re: TUNISIE — Cargo — Compagnie des bateaux à vapeur du Nord, Dunkerque.
Voici la photo précédente améliorée, derriére le Tunisie on reconnait le croiseur cuirassé Jeanne d'Arc.
Cordialement
Alain
Alain