ACTAEON
Vapeur américain construit en 1909 au chantier Tecklenborg de Geestemünde.
5000 t. Longueur 122,3 m. Largeur 16 m. Creux 8,6 m.
1 machine à vapeur 4 cylindres à quadruple expansion. 1 hélice 11 nœuds
1909 ADAMSTURM Deutsche Dampfs Gesellshaft Hansa Brême
1917 ACTAEON Gouvernement américain (Shipping Board) New York
L’US Shipping Board fut créé en Septembre 1916 à Washington et entra en fonction le 30 Janvier 1917. Son rôle était de réguler le trafic maritime et les échanges commerciaux. ADAMSTURM fut réquisitionné par le Gouvernement américain vers Août 1917, comme d’autres navires des empires centraux internés dans les ports américains. Le navire avait déjà effectué une traversée de l’Atlantique de New York au Havre avec un chargement de blé. Son deuxième voyage l’avait conduit de New York à Bordeaux avec un chargement de divers.
Voici ACTAEON sous le nom d’ADAMSTURM et portant le pavillon allemand.
La perte d’ACTAEON
Le navire a quitté Bordeaux pour Hampton Roads le 23 Novembre 1917 sur ballast, affrété par le Gouvernement français.
Capitaine William J. JOHNSON
84 hommes d’équipage dont 19 artilleurs et 1 signaleur. Nationalités : Espagnols, Hollandais, Britanniques, Américains, Russes, Grecs, Mexicain et Chilien.
(1 Matelot qualifié russe nommé CARLSTON inspire des doutes !)
Equipé de 2 canons de calibre 3,5 pouces
Rapport du capitaine
Le 24 Novembre 1917 à 19h00 le navire se trouve par 45° 15 N et 10°30 W et fait route au N80W à 13 nœuds. Il a cessé les zigzags à la tombée de la nuit. Beau temps. Vent de N-NW. Visibilité 1,5 à 2 milles.
Le 3e officier est de quart sur la passerelle. 2 hommes au canon avant. 2 hommes au canon arrière. 2 hommes dans le nid de pie. 6 veilleurs sur la passerelle. Le navire est dans le noir complet. Aucune lumière allumée et aucun feu de route.
Une torpille frappe le navire par le travers de la cale arrière, à 50 pieds de l’arrière et à 10 pieds sous la surface. La machine stoppe, mais le navire ne coule pas immédiatement. L’équipage l’abandonne dans 4 embarcations. Quand mon embarcation s’est éloignée du navire, l’arrière était très bas sur l’eau et la proue très haute.
Quand il est arrivé à terre, le 3e officier m’a dit que le sous-marin était venu le long de son canot et lui avait demandé de venir à son bord, puis de retourner avec des Allemands sur le vapeur, ce qu’il a fait. Il m’a dit que les Allemands avaient pris le coffre dans ma cabine et l’avait ouvert avec une barre à mine. Ils ont emporté les codes britanniques qui étaient restés à l’intérieur. Il n’y avait pas d’autres papiers importants dans ce coffre. Le navire aurait coulé à 23h55.
L’une des embarcations atterrit à Camarinas, une autre à Finisterre. Celle du 1er officier avec 19 hommes dont le TSF, a été recueillie par le vapeur espagnol SAN ISIDORO, de la Compagnie de Navigation de Carthagène, qui a débarqué les naufragés à Esteban de Pravia où ils ont été logés à l’hôtel Malet. Une embarcation avec 24 hommes était manquante.
Nota : cette embarcation pourrait être celle du 3e officier, arrivée un peu plus tard à terre. Les divers sites (uboat.net et wreck.EU) donnent 4 victimes lors de ce naufrage. On n’en trouve toutefois pas la trace dans les archives des rapports d’enquête.
Déposition du 3e officier
Celui-ci était de quart sur la passerelle. Il a pris la direction du canot 4. Il a été appelé par le commandant du sous-marin et a dû monter à bord. Puis les Allemands l’ont emmené avec eux sur le vapeur.
Ils lui ont dit qu’ils avaient entendu une conversation entre le vapeur et un destroyer. Mais l’opérateur TSF dit qu’il n’a jamais envoyé de message.
Il y avait à bord les documents secrets américains qui ont été détruits, et aussi les codes britanniques n° 3 et n° 4 qui étaient dans le coffre du capitaine.
Le commandant allemand parlait un anglais fluide. Il a demandé chargement, provenance et destination, et si le navire était auparavant un navire allemand.
Des bombes ont été installées pour accélérer l’engloutissement : 1 dans la salle des machines, et deux bâtons de dynamite de chaque côté, sur le pont, à l’arrière de la cloison machine.
Après que le navire ait disparu, le sous-marin a fait route vers le Sud.
Note de l’officier enquêteur
J’ai dit au capitaine qu’il avait stoppé ses zigzags beaucoup trop tôt. En réalité, il aurait du zigzaguer jour et nuit.
La garde des documents secrets et des codes au moment de l’attaque ne m’apparaît pas avoir été satisfaisante. Les codes anglais ont été gardés dans le coffre et les instructions confidentielles de la marine américaine à la passerelle, confiées au chef canonnier.
Le 3e officier, que je considère comme très bon observateur, a donné beaucoup d’importance à la peinture utilisée par ce sous-marin, un gris acier très clair qui le rend invisible au delà de 100 yards. La description qu’il fait du commandant correspond avec la description que je vous ai envoyée le 28 Novembre, concernant celui du sous-marin vu au large de La Corogne qui avait discuté avec le patron du chalutier WEYLER N° 5.
Il y avait deux sous-marins et le plus proche, probablement celui qui a lancé la torpille était du type U 37. (Toutefois, une note manuscrite a été rajoutée sous cette phrase « Il est peu probable qu’il y ait eu deux sous-marins ».)
Description du sous-marin
Un des officiers du sous-marin a dit au 3e officier que c’était l’U 18. Sur la base du kiosque, le 3e officier a vu l’inscription « Bayern »
300 pieds de longueur. Proue de clipper et flush deck (pont continu).
Couleur gris acier clair
Kiosque habituel. Gros câbles de l’avant au kiosque et à l’arrière. Passerelle sur l’arrière du kiosque.
Petite antenne TSF
3 canons : 2 de 3 pouces et 1 de 6 pouces.
Vu 4 officiers dont le commandant, grand, mince, très beau, environ 30 ans. Un lieutenant petit, frêle, avec barbe et moustache, officier torpilleur petit et mince, portant aussi barbe et moustache. Vu une vingtaine de marins semblant tous très jeunes.
Voici la silhouette du sous-marin dessinée par le second mécanicien.
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Le sous-marin attaquant
C’était l’U 84 du Kptlt Walter ROEHR. Ce commandant était alors âgé de 29 ans.
Voici deux photos de l’U 84.
Ce sous-marin disparaitra corps et bien, avec ses 39 hommes d’équipage, pour une raison inconnue, mi-Janvier 1918. Mais l’épave de l’U 84 a été retrouvée et formellement identifiée en 2015. Elle repose par 85 m de profondeur au large de Penmarch, à quelques milles de Saint Guénolé. Voici sa position, à l’emplacement de la petite croix, par 47°45 N et 04°26 W.
On trouvera sur ce lien de nombreuses photos de cette épave sur laquelle a été déposée une plaque commémorative en 2015.
https://www.scyllias.fr/actualite_0919_U84.php
Cdlt