Bonjour à tous
Ceci est une parenthèse qui est un peu hors du sujet traité mais qui fait suite à l'intervention de ALVF concernant Pichot-Duclos.
Pichot-Duclos a 2 affaires à son"actif" :
1-le cas du soldat Serre passé en Conseil de Guerre Spécial (il s’agit d’ailleurs du dernier Conseil de Guerre Spécial connu ayant conduit à une exécution). Ce cas est sur Mémoire des Hommes. Ce jugement souffre d’une erreur manifeste : pièce 2 le commandant Picot-Duclos ordonne la constitution du Conseil de Guerre Spécial ; pièce 1, le rapport est signé de sa main ; pièce 3, la présidence du procès est assurée par Pichot-Duclos. Tout ceci est complètement illégal, voir ce que nous avons écrit sur cette affaire dans notre article sur l’année 1916 (cohorte du mois de mars). Comme pour le fusillé Bersot, Picot-Duclos n’avait pas le droit d’ordonner la mise en jugement et de présider le Conseil de Guerre Spécial.
https://prisme1418.blogspot.com/2016/08 ... t-les.html
Ce jugement a eu lieu le 15 mars 1916 au cours de la période de l’exceptionnalité du recours en grâce : pas de recours en révision, pas de recours en grâce sauf si un juge en a fait la demande ou si le dossier a été adressé au général de division, et que ce dernier l’a transmis au Président de la République ce qui n’a pas été le cas.
Les appréciations des chefs de Pichot-Duclos sont « diverses » :
En 1900
Officier très travailleur et très bien doué, est de nouveau cette année candidat à l’Ecole de Guerre et réussira probablement.
Manque un peu trop de modestie et ne profite pas toujours de l’ascendant qu’il a su prendre sur ses camarades du détachement de Coulommiers pour les conseiller sagement.
En 1916
Chef autoritaire, d’une autorité qui a besoin parfois d’être calmée, d’une activité inlassable.
En 1918
J’étais prévenu à l’endroit de Pichot-Duclos. Sa personnalité ne lui a pas créé que des amis.
Ces quelques commentaires donnent une vision du personnage.
2-le cas du soldat Vocanson, exécuté sommaire
Nous venons de publier un article au sujet de ces exécutés sommaires. Dans chacun de ces cas, il faut prendre bien soin de distinguer la cause et ses conséquences.
Il faut replacer ces cas dans le contexte historique, à savoir le courrier de Joffre du 1er septembre qui rappelle les mesures de répression à mettre en œuvre contre les soldats qui se débandent et qui se livrent au pillage : l’article 229 du code de justice militaire et l’article121 du règlement sur le service en campagne, fourni par l’exécutif qui autorise l’exécution d’un militaire au combat.
Le contexte de cette affaire est assez bien connue :
Un misérable fut surpris dépouillant le corps du sous lieutenant Rousset tandis que cadres et chasseurs rendaient de pieux devoirs aux morts.
Il avait déjà fait main basse sur le portefeuille, arraché en brisant la chaîne un petit médaillon rivé au cou contenant le portrait d’une fiancée… j’appris ces sinistres détails pendant qu’en manche de chemise je me rasais au bivouac, une seule joue barbouillée de savon. Le brave capitaine Temporal terminant son récit par ces mots : « Du reste le voici » ; je vis en me retournant un chasseur laissé libre de ses mouvements encadré de 4 camarades qui me présentaient les armes immobiles comme des statues. Je l’avais à peine interpellé en lui annonçant le châtiment qui l’attendait à bref délai que, pris de peur, il s’enfuit à toutes jambes. M’emparant d’une carabine de son escorte, pendant que mon ordonnance se saisissait d’une autre et le sommait de s’arrêter avant de tirer. J’ouvris le feu. Ce ne fut pas long : tombé, emporté, achevé quelques pas plus loin et enterré dans un trou d’obus, telle fut l’application du papier signé du Major Général que j’avais reçu dans mon courrier de la veille… » Le détroussage des cadavres est odieux : ces faits scandaleux se multipliant doivent être punis avec toute la rigueur des lois »
Si Vocanson avait été pris sur le fait en détroussant les cadavres par son capitaine, et que ce dernier l’avait exécuté immédiatement en application de l’article 121 par exemple, c’était dans le cadre juridique de « l’époque », certes contestable aujourd’hui, mais en vigueur au moment des faits. A partir du moment où Vocanson a été ramené à son unité, il aurait dû être traduit devant un Conseil de Guerre. Il n’aurait certainement pas échappé à une condamnation à mort en vertu de l’article 250 du Code de Justice Militaire mais il aurait pu s’expliquer.
En juillet 1916, le recours en révision est possible mais le conseil de révision ne juge que sur la forme. Le recours en grâce est également possible à condition qu’un juge le demande ou que l’officier qui a ordonné la mise en jugement fasse suivre le dossier au Président de la République (si aucun juge n’a signé de recours). Encore faut-il que la grâce soit accordée par le Président de la République. Cela fait beaucoup de conditions.
Pour Prisme, le cas Vocanson est à rattacher à un usage dévoyé de l’article 121. Comme dit ci-dessus, Vocanson aurait dû être traduit en Conseil de Guerre.
Comme pour le soldat Serre, Pichot-Duclos a outrepassé ses droits. Les appréciations de ses chefs confirment ses « dérapages » lourds de conséquences.
Cordialement
yves
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