Bonjour,
Cette question est un peu hors sujet dans ce forum, puisqu'elle concerne l'organisation des régiments lors de la guerre de 1870. Si quelqu'un connait des forums plus appropriés merci de me le signaler.
Je recherche les soldats décédés lors de la guerre de 1870 et je relève dans les actes de décès des régiments de ligne, des régiments d'infanterie et des régiments de marche. Etait-ce des régiments différents ou y aurait il confusion ?
Merci
Cordialement
Jean-Claude
Régiments d'infanterie 1870
- b sonneck
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Re: Régiments d'infanterie 1870
Bonjour,
Le terme "régiment d'infanterie" était générique. A la déclaration de guerre, en 1870, il n'y avait plus de régiments d'infanterie légère (remplacés par des bataillons de chasseurs à pied) et tous les régiments d'infanterie étaient du type " de ligne " ; il y en avait exactement 100. On parlait donc indifféremment du Nième de ligne ou du Nième d'infanterie. C'était la même chose.
Un peu avant la mi août 1870, il est apparu nécessaire de former des régiments d'infanterie supplémentaires, pour combler les pertes des premières batailles (Wissembourg, Froeschwiller, Forbach). On a donc créé des régiments de marche, en réunissant classiquement des éléments constitués prélevés dans les dépôts des régiments de ligne. Cela s'est fait en deux temps.
Au mois d'août, il a été formé dans chaque dépôt un 4e bataillon (les régiments de ligne étaient partis en guerre à 3 bataillons). Ces bataillons ont été dirigés sur Paris, puis de là sur le camp de Châlons, où ils ont été groupés trois par trois pour former les premiers régiments de marche d'infanterie. Le premier a pris la dénomination de 1er régiment de marche d'infanterie et les autres ont été numérotés à la suite. Ces régiments ont contribué à former trois corps d'armée nouveaux, numérotés 12, 13 et 14 au lieu de 8, 9 et 10, pour tromper l'ennemi. Le 12e a disparu à Sedan ; les 13e et 14e se sont repliés sur Paris et ont été intégrés dans l'une des trois armées de Paris.
Une fois les 4e bataillons partis, il restait beaucoup de monde dans les dépôts, où la classe 1869 a été incorporée par anticipation entre le 8 et le 12 août (au lieu du mois d'octobre ou de novembre). On a commencé à y créer des compagnies de dépôt, qui ont été dirigées au fur et à mesure qu'elles étaient constituées, sur Paris d'abord, puis sur les nouveaux corps d'armée qui se mettaient sur pied en province. Ces compagnies sont entrées dans la composition de régiments de marche supplémentaires, et ce pratiquement jusqu'à la fin de la guerre. Ces régiments étaient de véritables mosaïques de compagnies provenant de multiples dépôts. J'ai dénombré jusqu'à 26 dépôts parmi les contributeurs au 86e de marche !
Un détail : il n'existait que 100 régiments de ligne à l'entrée en guerre. Or, on trouve, pendant la guerre, des régiments de ligne portant des numéros supérieurs à 100. Il s'agit des régiments de marche de l'armée de Paris, initialement désignés par les numéros à partir de 1, qui ont été érigés en régiments de ligne pendant le siège (au mois de novembre, de mémoire) et ont été renumérotés en prenant la suite de ceux existant. Le 1er régiment de marche est devenu le 101e de ligne, etc.
Cordialement
Bernard
Le terme "régiment d'infanterie" était générique. A la déclaration de guerre, en 1870, il n'y avait plus de régiments d'infanterie légère (remplacés par des bataillons de chasseurs à pied) et tous les régiments d'infanterie étaient du type " de ligne " ; il y en avait exactement 100. On parlait donc indifféremment du Nième de ligne ou du Nième d'infanterie. C'était la même chose.
Un peu avant la mi août 1870, il est apparu nécessaire de former des régiments d'infanterie supplémentaires, pour combler les pertes des premières batailles (Wissembourg, Froeschwiller, Forbach). On a donc créé des régiments de marche, en réunissant classiquement des éléments constitués prélevés dans les dépôts des régiments de ligne. Cela s'est fait en deux temps.
Au mois d'août, il a été formé dans chaque dépôt un 4e bataillon (les régiments de ligne étaient partis en guerre à 3 bataillons). Ces bataillons ont été dirigés sur Paris, puis de là sur le camp de Châlons, où ils ont été groupés trois par trois pour former les premiers régiments de marche d'infanterie. Le premier a pris la dénomination de 1er régiment de marche d'infanterie et les autres ont été numérotés à la suite. Ces régiments ont contribué à former trois corps d'armée nouveaux, numérotés 12, 13 et 14 au lieu de 8, 9 et 10, pour tromper l'ennemi. Le 12e a disparu à Sedan ; les 13e et 14e se sont repliés sur Paris et ont été intégrés dans l'une des trois armées de Paris.
Une fois les 4e bataillons partis, il restait beaucoup de monde dans les dépôts, où la classe 1869 a été incorporée par anticipation entre le 8 et le 12 août (au lieu du mois d'octobre ou de novembre). On a commencé à y créer des compagnies de dépôt, qui ont été dirigées au fur et à mesure qu'elles étaient constituées, sur Paris d'abord, puis sur les nouveaux corps d'armée qui se mettaient sur pied en province. Ces compagnies sont entrées dans la composition de régiments de marche supplémentaires, et ce pratiquement jusqu'à la fin de la guerre. Ces régiments étaient de véritables mosaïques de compagnies provenant de multiples dépôts. J'ai dénombré jusqu'à 26 dépôts parmi les contributeurs au 86e de marche !
Un détail : il n'existait que 100 régiments de ligne à l'entrée en guerre. Or, on trouve, pendant la guerre, des régiments de ligne portant des numéros supérieurs à 100. Il s'agit des régiments de marche de l'armée de Paris, initialement désignés par les numéros à partir de 1, qui ont été érigés en régiments de ligne pendant le siège (au mois de novembre, de mémoire) et ont été renumérotés en prenant la suite de ceux existant. Le 1er régiment de marche est devenu le 101e de ligne, etc.
Cordialement
Bernard
Re: Régiments d'infanterie 1870
Merci Bernard pour ces explications très complètes et claires.
En résumé si j'ai bien compris:
Régiments d'Infanterie ou Ligne ce sont les mêmes.
Il peut y avoir 2 régiments portant le même numéro et distincts, l'un de ligne l'autre de marche (?)
Pour les soldats tarnais j'en trouve 3 du 38ème de Ligne et 2 au 38ème de Marche; 26 au 39ème de Ligne et 1 au 39ème de Marche; 3 au 42ème de Ligne et 2 au 42ème de Marche; etc
J'ai comme l'impression que dans les transcriptions des actes de décès dans les mairies ils ont confondu et mélangé les 2 appellations.
En résumé si j'ai bien compris:
Régiments d'Infanterie ou Ligne ce sont les mêmes.
Il peut y avoir 2 régiments portant le même numéro et distincts, l'un de ligne l'autre de marche (?)
Pour les soldats tarnais j'en trouve 3 du 38ème de Ligne et 2 au 38ème de Marche; 26 au 39ème de Ligne et 1 au 39ème de Marche; 3 au 42ème de Ligne et 2 au 42ème de Marche; etc
J'ai comme l'impression que dans les transcriptions des actes de décès dans les mairies ils ont confondu et mélangé les 2 appellations.
- b sonneck
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Re: Régiments d'infanterie 1870
Bonjour,
C'est sûr qu'il y a parfois eu des confusions. Ayant à peu près achevé la première phase du recensement des soldats, mobiles et mobilisés de la Mayenne morts du fait de cette guerre, j'en ai rencontré quelques cas. Si on veut pousser les recherches, on peut s'appuyer sur le lieu du décès et voir si c'est cohérent avec le numéro du régiment. Mais cela ne fonctionne pas si le décès a eu lieu dans l'un des hôpitaux de l'intérieur où le blessé (ou le malade) avait été évacué.
Dans votre cas :
Le 38e de ligne (dépôt à Issoudun) a été affecté à la 1ère division d'infanterie du 15e CA. Ce corps d'armée a été l'embryon de la première armée de la Loire, puis est passé au sud de la Loire près la perte d'Orléans, le 5 décembre, et a fait ensuite partie de l'armée de l'Est (Bourbaki).
Le 39e de ligne (dépôt Albi, je ne vous apprends rien), a été affecté à la 2e division du 15e CA.
Le 42e de ligne a été affecté au 13e corps d'armée et a fait toute la guerre avec les armées de Paris.
Le 38e de marche a été affecté à la 2e division du 16e corps d'armée (général Chanzy, puis amiral Jauréguibéry) et a fait les campagnes des deux armées de la Loire. Pour l'anecdote, il formait brigade avec le 66e mobiles, régiment de la Mayenne.
Le 39e de marche a été affecté à la 1ère division du même 16e corps d'armée.
Le 42e de marche a été affecté à la 1ère division du 18e CA, qui a suivi le même parcours que le 15e CA.
Complication supplémentaire, s'il en était besoin : les compagnies réunies dans un régiment de marche continuaient à être administrées par leur régiment d'origine, comme c'est la règle. Mais lorsque les régiments de marche ont été dissous, à la fin de l'état de guerre (le 7 mars 1871), leurs archives ont été reprises par les régiments d'infanterie portant le même numéro. De ce fait, des avis de décès ont pu être transmis à des mairies dans les mois, voire années (on en relève encore en 1873) suivantes par l'officier d'état civil du 38e de ligne, pour prendre cet exemple, alors que le décès était celui d'un soldat du 38e de marche…
Pas toujours facile de s'y retrouver !...
Cordialement
Bernard
C'est sûr qu'il y a parfois eu des confusions. Ayant à peu près achevé la première phase du recensement des soldats, mobiles et mobilisés de la Mayenne morts du fait de cette guerre, j'en ai rencontré quelques cas. Si on veut pousser les recherches, on peut s'appuyer sur le lieu du décès et voir si c'est cohérent avec le numéro du régiment. Mais cela ne fonctionne pas si le décès a eu lieu dans l'un des hôpitaux de l'intérieur où le blessé (ou le malade) avait été évacué.
Dans votre cas :
Le 38e de ligne (dépôt à Issoudun) a été affecté à la 1ère division d'infanterie du 15e CA. Ce corps d'armée a été l'embryon de la première armée de la Loire, puis est passé au sud de la Loire près la perte d'Orléans, le 5 décembre, et a fait ensuite partie de l'armée de l'Est (Bourbaki).
Le 39e de ligne (dépôt Albi, je ne vous apprends rien), a été affecté à la 2e division du 15e CA.
Le 42e de ligne a été affecté au 13e corps d'armée et a fait toute la guerre avec les armées de Paris.
Le 38e de marche a été affecté à la 2e division du 16e corps d'armée (général Chanzy, puis amiral Jauréguibéry) et a fait les campagnes des deux armées de la Loire. Pour l'anecdote, il formait brigade avec le 66e mobiles, régiment de la Mayenne.
Le 39e de marche a été affecté à la 1ère division du même 16e corps d'armée.
Le 42e de marche a été affecté à la 1ère division du 18e CA, qui a suivi le même parcours que le 15e CA.
Complication supplémentaire, s'il en était besoin : les compagnies réunies dans un régiment de marche continuaient à être administrées par leur régiment d'origine, comme c'est la règle. Mais lorsque les régiments de marche ont été dissous, à la fin de l'état de guerre (le 7 mars 1871), leurs archives ont été reprises par les régiments d'infanterie portant le même numéro. De ce fait, des avis de décès ont pu être transmis à des mairies dans les mois, voire années (on en relève encore en 1873) suivantes par l'officier d'état civil du 38e de ligne, pour prendre cet exemple, alors que le décès était celui d'un soldat du 38e de marche…
Pas toujours facile de s'y retrouver !...
Cordialement
Bernard