Bayard, il s'agit de l'auteur dramaturge français Jean-François Bayard (1796-1853) et non du "chevalier sans peur et sans reproche".
trois-mâts barque construit en 1901 aux Chantiers nantais à Chantenay.
2200 tjb, 1969 tjn, 84,44 x 12,31 x 6,87 m, une chaudière timbrée à 6 kg.
En 1912, indicatif HLMC, immatriculé à Nantes, armateur Bureau Frères & Baillergeau, capitaine Poilvet.
Premier navire de la flotte de Bureau Frères & Baillergeau, lancé le 1er juillet 1901, parrain Monsieur CH. Le Cour et marraine Madame Baillergeau.
Premier capitaine, le capitaine au long cours Lechvien (voir le sujet Crillon).
Premier voyage rapide : Quittant Nantes le 30 août 1901, prend du charbon à Barry-dock pour San Francisco, atteint en 135 jours. Charge du blé à Mare Island et arrive en 120 jours à Queenstown (Irlande) et suit sur Newwcastle on Tyne pour décharger début juillet 1902. Seulement dix mois de voyage.
Marqué cependant au retour par un événement rare :
"le Bayard avait doublé le cap Horn le 30 mai 1902 et remontait péniblement au nord avec de gros vents de nord-ouest. Le 10 juin au matin, le navire était en cape en roulant terriblement ; la bordée de quart était au travail sur la dunette quand le lieutenant Pédron se précipita sur les hommes, menaçant de les tuer et de couper les bras des vergues sous le vent. Il avait commencé à hacher tout ce qui se trouvait à sa portée et ce ne fut qu'après une lutte longue et acharnée qu'on put le maîtriser et le ligoter. Descendu dans sa chambre, il y fut gardé à vue et surveillé étroitement. Il mourut le lendemain matin à 11 heures, dans une crise de folie furieuse.
Deuxième voyage : Une circumnavigation de trente mois :
En septembre 1902, repart de Newcastle-on-the-Tyne avec du charbon pour San Francisco, prend du blé pour Cape Town (Afrique du Sud), part sur lest pour New York, charge du pétrole en caisses pour Hakodate (Japon), escalant à Hobart du 29 février au 9 mars 1904, retourne à San Francisco avec du soufre et prend du blé pour Hull (Grande-Bretagne) où il arrive en février 1905.
Marqué par un évènement assez fréquent car on ne fait pas escale pour raison sanitaire.
Le matelot Paul François Auguste Le Rouvillois, inscrit à Cherbourg n° 46 a du être amputé d'une jambe à l'hôpital français de San Francisco, ce qui aurait pu être évité par une escale sanitaire, la blessure ayant attendu 67 jours (situation identique de 46 jours à bord de Maréchal Davout). Signalement du consul de France à la Marine marchande.
Au large des Bermudes, Bayard subit un cyclone qui arracha toutes ses voiles, même rabantées, et s'échoua dans la brume à Sandy Hook. (New York, 20 octobre-Le trois-mâts Bayard de Nantes, arrivant de Capetown s'est échoué le 17 sur Highland Beach et a pu être renfloué le lendemain.cf Ouest-éclair du 21 octobre 1903).
De Hakodate à la Californie, il fit une traversée rapide de 24 jours à 9,5 noeuds de moyenne avec 2500 t de soufre à bord et des clandestins japonais dont il dut payer le rapatriement et une amende.
Le capitaine Lechvien quitta alors le commandement, après 44 mois passé à bord sans repos, remplacé par le capitaine Poilvet.
Bayard subit d'autres évènements de mer :
janvier 1908, longue et pénible attente devant la Columbia River et passage en force et à la remorque, de la barre en talonnant deux fois et avec l'équipage réfugié dans la mâture.
novembre 1908, une vergue de petit perroquet cassée dans la mâture au large du cap Horn.
juin 1910, rupture du gouvernail, dérive pendant un mois dans l'Atlantique sud, avant d'être pris en remorque par un remorqueur venu de Montevideo, alerté par l'Oscar II qui avait tenté un remorquage.
Il fallut attendre un gouvernail venu d'Europe et mis en place par des scaphandriers. 58 776 francs d'avaries et départ le 22 septembre 1910 pour Portland, atteint le 12 décembre 1910.
La Grande guerre n'a pas affecté directement Bayard.
En janvier 1915, il charge du blé pour l'Europe et le 24, toute voiles hautes, se trouve assailli par une trombe au large de la Columbia River, des feux de Saint-Elme apparaissent partout dans le gréement, les deux mâts de perroquet s'abattent, les voiles sont déchirées. Il faut cinq jours dans le mauvais temps pour remettre de l'ordre et pour faire escale de réparations à San Francisco jusqu'au 8 mars. Il arrive à Dublin le 19 juillet 1916. Les avaries étaient de 70 000 francs.
En 1919 il fait un voyage d'Australie et revient à Nantes le 21 janvier 1920.
Désarmé au canal de La Martinière, Bayard en sort en 1925, devient Havbor en Allemagne, démoli en 1928.
Source : Registre n° 84, Bureau Veritas 1912.
Louis Lacroix, Les derniers grands voiliers, J. Peyronnet & cie, 1937.
Frédéric Grellier, Trésors cap-horniers O Large éditions, 2010, photo Brodie collection, La Trobe picture collection, state library of Victoria.
Dominique Le Strat, La santé à bord des long-courriers cap-horniers (1840-1925), tome I, Université de Rennes, 1976, page 40.
Patrick Ahern, French sailing ships at Australian ports, arrivals and departures 1898-1925. Patrich Ahern, 2010.
Cordialement.
