SAADE
Voilier de Rouad n° 268
70 t
Propriétaire Mohamad SABRA de Rouad, propriétaire de plusieurs voiliers.
Capitaine Ali BARBOUR 25 ans. Originaire de Rouad. Passeport français
6 hommes d’équipage, capitaine inclus. Tous avec passeports français.
Voilier non armé
A quitté Amassoun (Chypre) le 13 Septembre 1918 pour Alexandrie sans aucune instruction de route (Ce port de Chypre dont le nom a été mal compris par l’officier enquêteur est en réalité Limassol)
Attaqué le 13/09 à 06h15 du matin à 80 milles au Nord de Damiette
Naufrage du 20 Septembre 1918
Récit du capitaine
Jusqu’à son dernier voyage d’Alexandrie à Chypre, le voilier SAADE était commandé par Ahmad SABRA, cousin du propriétaire Mohamad SABRA. Mais Ahmad Sabra tomba malade pendant le voyage et à son arrivée à Chypre, il alla voir son cousin Mohamad. Vers midi, le même jour, ce dernier fit mander Ali BARBOUR au café Awouani, en face de la douane. Là, en présence d’Ahmad, il dit à Ali, qui n’était qu’un matelot de l’équipage, qu’il le nommait capitaine à bord de son voilier à la place de son cousin Ahmad.
Ali BARBOUR accepta, mais une semaine avant le départ du voilier pour Alexandrie, il entendit plusieurs personnes affirmer qu’Ahmad SABRA était guéri et en parfaite santé.
Le voilier SAADE avait été assuré avant le départ. Le chargement se composait de 70 t de vin et de caroubes.
J’ai quitté AMASSOUN le 13 Septembre avec deux autres voiliers :
- Un appartenant à Abdel Gelil Sabra (frère d’Ahmad Sabra), capitaine El Hadj Omar Libadi
- Un nommé BOROLLOS, appartenant à Abdel Aziz Ibn Sheikh El Naggearine, de Tripoli de Syrie, capitaine Mustapha Kosta, de Rouad.
Les 3 voiliers ont fait route ensemble vers Alexandrie, mais le 16 au soir, celui commandé par Mustapha Kosta a pris le devant et on le perdit de vue. Le 17 au soir, celui de Libadi partit pareillement et disparut. SAADE continua seul sa route.
Arrivé à 80 milles de la côte égyptienne, vers 01h00 du matin, heure arabe (nota : environ 06h15 du matin) on entendit une détonation et on vit une gerbe d’eau sans pouvoir dire si c’était un obus ou une torpille. Personne ne faisait de veille sur le voilier ; il y avait seulement un homme à la barre. On se précipita aussitôt et on regarda partout, mais on ne vit pas le sous-marin. Le capitaine ordonna alors de baisser la voile et tandis qu’on la baissait, 5 minutes plus tard, on vit soudain le sous-marin qui stationnait à 10 mètres du voilier. L’équipage sauta dans l’embarcation mise à la mer. Trois officiers habillés en blanc se tenaient sur le pont du sous-marin. L’un des trois officiers qui était sur le pont du sous-marin fit signe aux marins du voilier de s’approcher et signifia par geste au capitaine de lui remettre les papiers du bord. Celui-ci s’exécuta immédiatement, ne gardant que les passeports des marins. Puis il reçut l’ordre de s’éloigner. Le sous-marin s’approcha alors du voilier. L’embarcation s’éloigna d’un mille environ et quand on regarda dans la direction du voilier et du sous-marin, tous deux avaient disparu.
L’équipage se dirigea vers la côte égyptienne. 24 heures plus tard, le 21 Septembre, il rencontra le voilier de Mustapha Kosta. Ali Barbour interpella son capitaine et lui demanda où il était. Mustapha lui répondit qu’il était entre Rachid (nota : Rosette) et Damiette. Il se dirigea alors vers cette ville où il arriva le 22 Septembre 1918 à midi.
Conclusion de l’officier enquêteur
Très troublé au moment de la rencontre, Ali Barbour n’a pas pu fournir le moindre renseignement sur le sous-marin.
Les renseignements sur les goélettes sont fournis par les capitaines de celles-ci, interrogés par l’intermédiaire d’un interprète de langue arabe. Nous les transmettons sous toutes réserves, car il est impossible d’obtenir de ces personnes des réponses précises.
Le sous-marin attaquant
N’est pas identifié et de plus le SAADE ne figure pas sur le site uboat.net.
Toutefois, à cette position, le sous-marin ne peut être que l’U 65 du Kptlt Gustav SIESS.
Voici une vue en coupe de ce sous-marin

et sa silhouette dessinée par les hommes du paquebot CALEDONIA qu'il avait coulé le 4 Décembre 1916.

Cdlt