AURORE Voilier de Boulogne

[olivier 12]

Bonjour à tous,

AURORE

Voilier de 82 tx appartenant à l’armateur Thérézien de Boulogne – Paris
Capitaine Y. THERESIEN Paimpol n° 593

Rencontre avec un sous-marin le 13 Avril 1918

Traversée Cardiff – Granville avec escale au Trieux.
Position de la rencontre 48°54 N et 02°52 W
Beau temps. Belle mer avec vent de NNE. Visibilité très limitée.

Rapport du capitaine

Aperçu le périscope d’un sous-marin émergeant d’environ 3 m au dessus de l’eau. J’ai aussitôt fait route au Sud, vent arrière à 4 nœuds pour rallier les petits fonds et la terre. Dans les environs, il y avait beaucoup de débris, planches, bordages… Je n’ai pu télégraphier aux sémaphores à cause du brouillard. J’ai fait disposer l’embarcation de sauvetage et j’ai pris toutes les dispositions en conséquence.

Le sous-marin a fait route sur nous pendant un certain temps, puis j’ai vu le périscope qui s’abaissait et il a finalement disparu. J’ai continué ma route un certain temps, puis j’ai mis le cap sur Granville.

Interrogatoire de l’équipage

Cet équipage se compose de :

- GLOAGUEN Corentin Matelot Quimper 1685
- BODET Thomas Matelot Paimpol 522
- ALLAIN Alphonse Mousse Paimpol 9254

Le 13 Avril à 13h00, nous avons aperçu le périscope d’un sous-marin à 1,5 mille dans le NNE. Nous avons fait vent arrière, cap vers la terre, et pendant ce temps nous avons disposé l’embarcation pour débarquer rapidement en cas de besoin.
Le périscope s’est abaissé et a ensuite complètement disparu. Il y avait plein de débris d’épave à la flottaison. Nous n’avons plus vu le périscope et d’ailleurs, le brouillard ne permettait plus de voir bien loin.

Conclusion de l’officier enquêteur

J’estime que le capitaine a exécuté une bonne manœuvre en apercevant le périscope d’un sous-marin et que par cette manœuvre il a pu échapper à la capture et à la destruction de son navire.
A mon avis, il aurait pu tenter de se rapprocher d’un sémaphore afin de pouvoir signaler la position de ce sous-marin dans les parages.

Granville 14 Avril 1918. Signé EV 1 A. DENIS

Le sous-marin attaquant

N’est pas identifié.

On note toutefois qu’AURORE se trouvait juste dans l’Est de l’île de Bréhat, entre la tourelle de Nord Horaine et les Bancs de Sable, dans une zone très dangereuse, parsemée de récifs. Il n’est guère étonnant que le sous-marin ne s’y soit pas aventuré, d’autant plus qu’en fuyant vers la côte, dans le brouillard, le voilier lui-même prenait des risques énormes.

Le sous-marin le plus proche les jours précédents ou suivants fut UB 74 de l’Oblt Ernst STEINDORFF, d’ailleurs coulé le 26 Mai suivant. Le 13 Avril aucun navire n’avait été coulé à cet endroit. Les épaves pouvaient provenir d’un naufrage accidentel dans une zone mal pavée.

Cdlt