Ce sous officier a été tué début novembre 1914 en Argonne, enseignant dans le civil et fervant antimilitariste Ulysse R. a consigné dans ses carnets dès les premiers jours de la guerre les déplacements de son régiment (272e RI), le moral des soldats, les premières désillutions de la guerre, la peur, l'angoisse avant les combats mais c'est surtout avec une très grande lucidité qu'il se rend compte que sa mort est inévitable. A la date du 7 aout il livre un témoignage poignant et d'une réalité cruelle face à un destin inévitable:
Extrait "On s'ennuie assez, peu d'hommes se doutent que la mort les guette. Pour l'homme conscient le sacrifice de sa vie est terrible à faire. Pour moi je suis mort depuis mardi pour tous ceux qui m'ont connu (...) puissé je après avoir accompli tout mon devoir de soldat, revoir la vie, revivre comme par le passé, quelle resurrection ! je ne suis ni triste ni gai, je vis dans la mort et je meurs dans la vie. Que notre sacrifice soit fécond, que cette guerre affreuse qui unie les peuples les uns contre les autres engendre la paix universelle et le désarmement.".
Tout le long des deux carnets, ce sous officier laisse transparaitre son angoiste à propos de sa responsabilité à envoyer vers une mort certaine son escouade. Son patriostisme reste inébranlable mais l'issue de cette guerre lui semble très vite incertaine.
Quelques notes témoignages également de son grand étonnement face à l'illétrisme de la troupe, ainsi qu'à l'alcoolisme de certains hommes grandement facilité par les rations plus que généreuses (dans le texte !).
Poignant de vérité...

Prochainement sur mon site un portrait plus complet de ce sous officier du 272ème RI.
Laurent
