Bonjour à tous,
Une idée me trotte dans la tête depuis un moment. Peut-être a-t-elle déjà été soumise au forum, dans ce cas excusez-moi par avance.
Nous sommes tous dépositaires d'un savoir unique en France. Un savoir qui porte non seulement sur les grands événements de la guerre mais aussi sur tous ses petits faits intimes et quotidiens. L'idée est donc celle-ci : il s'agirait de créer tous ensemble une chronologie détaillée de la Grande Guerre qui ferait référence et dans laquelle les événements seraient présentés sans hiérarchisation. Une partie entière du forum lui serait consacrée. A partir du 1er janvier 2010, chacun serait libre d'y déposer, dans un fil ouvert pour chaque journée, les événements grands et petits qu'il souhaite partager. A la fin de l'année, nous aurions donc 366 (je compte les années bissextiles !) sujets, chacun portant sur une journée différente. Bien entendu, l'idée est d'ajouter les événements au fur et à mesure, à leur date anniversaire (les années seules variant, bien entendu). Mais il serait bien sûr toujours possible par la suite de compléter et enrichir la chronologie.
Voilà, j'attends vos réactions. Merci pour votre attention.
Cordialement,
Adal
Une idée...
- Arnaud Carobbi
- Messages : 5753
- Inscription : mer. avr. 19, 2006 2:00 am
- Localisation : Maine-et-Loire
- Contact :
Re: Une idée...
Bonjour Adal,
Bonjour à tous,
Je trouve l'idée excellente car elle permettrait un travail de mémoire différent. Sur un forum anglais, on trouve le nom de soldats morts chaque jour. Il permettrait aussi à chaque acteur de la vie du forum d'y déposer quelque chose de personnel Sachant que nous sommes nombreux à être venus à 14-18 par le biais de l'histoire familiale, je pense que de belles pages sont à écrire dans une telle rubrique. D'autant plus que les hommages postés sur le forum finissent inexorablement pas être noyés parmi les autres. là, s'il n'y avait que 366 sujets, ils reviendraient régulièrement en tête. Si tout le monde jouee bien le jeu, ce dont je ne doute pas.
Et puis je vois bien un récapitulatif de toutes les dates en début de rubrique qui permettrait de retrouver facilement la journée cherchée
.
Tu as mon soutien le plus enthousiaste !!!
Amicalement,
Arnaud
Bonjour à tous,
Je trouve l'idée excellente car elle permettrait un travail de mémoire différent. Sur un forum anglais, on trouve le nom de soldats morts chaque jour. Il permettrait aussi à chaque acteur de la vie du forum d'y déposer quelque chose de personnel Sachant que nous sommes nombreux à être venus à 14-18 par le biais de l'histoire familiale, je pense que de belles pages sont à écrire dans une telle rubrique. D'autant plus que les hommages postés sur le forum finissent inexorablement pas être noyés parmi les autres. là, s'il n'y avait que 366 sujets, ils reviendraient régulièrement en tête. Si tout le monde jouee bien le jeu, ce dont je ne doute pas.
Et puis je vois bien un récapitulatif de toutes les dates en début de rubrique qui permettrait de retrouver facilement la journée cherchée

Tu as mon soutien le plus enthousiaste !!!
Amicalement,
Arnaud
Le site du Parcours du combattant de 14-18 : Trésor d’archives n°68 – En avant la musique ! Auxerre, 1908 : présentation et écoute d'une séance de musique militaire. 21/06/2025
Re: Une idée...
Bonjour à tous,
Bonjour Adal,
Si je reformule, vous voulez faire un "Wiki 1914-1918".
Est-ce exact ?
L'idée n'est pas stupide, loin s'en faut, mais cela risque assez vite d'être un sacré "foutoir"...
Vous imaginez ?
Aujourd'hui :
- telle Armée à tel endroit, avec tel corps d'armée, telle division,
- telle offensive,
- telle mutation, changement de commandement,
- tels morts,
- tels fusillés,
- tels ...
Cordialement,
Louis.
Edité pour modifier une faute de frappe.
Bonjour Adal,
Si je reformule, vous voulez faire un "Wiki 1914-1918".
Est-ce exact ?
L'idée n'est pas stupide, loin s'en faut, mais cela risque assez vite d'être un sacré "foutoir"...
Vous imaginez ?
Aujourd'hui :
- telle Armée à tel endroit, avec tel corps d'armée, telle division,
- telle offensive,
- telle mutation, changement de commandement,
- tels morts,
- tels fusillés,
- tels ...
Cordialement,
Louis.
Edité pour modifier une faute de frappe.
- mounette_girl
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- Inscription : lun. juil. 18, 2005 2:00 am
Re: Une idée...
Et le mien aussi!Tu as mon soutien le plus enthousiaste !!!
Re-bonjour à tous.
Seulement, il faudrait d'abord savoir si "Pages 14-18" peut supporter physiquement et financièrement une telle base de données (vu la quantité de Go à prévoir) ! Alors, tournons-nous d'abord vers notre Super Administrateur pour lui poser la question.
S'il n'y a pas de problèmes sur le fond, j'en suis !
Amicalement,
Mounette
"Tes yeux brillaient moins aujourd'hui /Dis-moi, dis-moi pourquoi chère âme /Dis-moi quel chagrin, quel ennui /Mettait un voile sur leur flamme." - Sergent Ducloux Désiré, dit Gaston - 146° RI
Re: Une idée...
Bonjour Louis,
Je suis d'accord avec vous, le risque existe. L'idée n'est pas que chacun développe les événements dans cette chronologie. Simplement de le mentionner de manière un peu "journalistique", quitte à renvoyer pour les détails à d'autres sources. Il y a peut-être un moyen d'introduire un "classement" mais je ne vois pas très bien lequel. Chacun peut y réfléchir !
Cordialement,
Adal
Je suis d'accord avec vous, le risque existe. L'idée n'est pas que chacun développe les événements dans cette chronologie. Simplement de le mentionner de manière un peu "journalistique", quitte à renvoyer pour les détails à d'autres sources. Il y a peut-être un moyen d'introduire un "classement" mais je ne vois pas très bien lequel. Chacun peut y réfléchir !
Cordialement,
Adal
Adal
- Alain Dubois-Choulik
- Messages : 8743
- Inscription : lun. oct. 18, 2004 2:00 am
- Localisation : Valenciennes
- Contact :
Re: Une idée...
Bonour,
Je retrouve là l'idée qui a sous-tendu pour nos cousins d'outre-atlantique la création de "The Matrix Project" concernant le Corps Expéditionnaire Canadien (c'est intéressant car de taille réduite comparé à l'Armée française, c'est un petit laboratoire). La solution pour une homogénéité optimale est bien sur l'unicité du gestionnaire Richard Laughton, surnommé "the leech" (la sangsue).
Le lien précédent vous renvoyait à la 4° Division (celle qui m'intéresse davantage) mais en remontant à la page-racine (j'ai quelque chose équivalent sous la main à partir de l'arborescence des JMOs) on peut redescendre à des informations chronologiques ou ainsi.
Il faut bien se dire qu'en pareil projet il n'y a pas de solution prête à l'emploi, d'autant que toute information est sujette (soumise) à (re)vérifications ....
Mais qui n'essaye rien ....
Cordialement
Alain
Je retrouve là l'idée qui a sous-tendu pour nos cousins d'outre-atlantique la création de "The Matrix Project" concernant le Corps Expéditionnaire Canadien (c'est intéressant car de taille réduite comparé à l'Armée française, c'est un petit laboratoire). La solution pour une homogénéité optimale est bien sur l'unicité du gestionnaire Richard Laughton, surnommé "the leech" (la sangsue).
Le lien précédent vous renvoyait à la 4° Division (celle qui m'intéresse davantage) mais en remontant à la page-racine (j'ai quelque chose équivalent sous la main à partir de l'arborescence des JMOs) on peut redescendre à des informations chronologiques ou ainsi.
Il faut bien se dire qu'en pareil projet il n'y a pas de solution prête à l'emploi, d'autant que toute information est sujette (soumise) à (re)vérifications ....
Mais qui n'essaye rien ....
Cordialement
Alain
Les civils en zone occupée
Ma famille dans la grande guerre
Les Canadiens à Valenciennes
"Si on vous demande pourquoi nous sommes morts, répondez : parce que nos pères ont menti." R. Kipling
Ma famille dans la grande guerre
Les Canadiens à Valenciennes
"Si on vous demande pourquoi nous sommes morts, répondez : parce que nos pères ont menti." R. Kipling
Re: Une idée...
Bonjour,
La suggestion de Mic:
pages1418/QUESTIONS-SUGGESTIONS/collect ... _474_1.htm
me rappelle celle-ci que je remonte et qui n'a pas à ce jour eu de suite, ce que je regrette car je la trouvais très intéressante.
Pour éviter le grand fou...rre-tout que Louis
craignait, avec raison, je pense, je suggère que nous limitions les données que nous mettrions dans ce calendrier-souvenir à l'histoire intime qui intéresse plus particulièrement beaucoup d'entre nous; du genre "aujourd'hui 25 Février, en 1915, mon grand père a écrit à ma grand-mère: etc...; ou bien : mon grand oncle a été blessé à... -le cadre "historique" étant très largement développé par ailleurs dans nos pages.
Alors, voilà, j'espère et j'attends qui voudra bien inaugurer, un peu à retardement, ce calendrier 2010/14 18 en notant pour ce jour 9 janvier... ce qu'il/elle voudra bien nous partager... -Pour ma part je n'ai rien de précis sous la main..
Bien à vous,

La suggestion de Mic:
pages1418/QUESTIONS-SUGGESTIONS/collect ... _474_1.htm
me rappelle celle-ci que je remonte et qui n'a pas à ce jour eu de suite, ce que je regrette car je la trouvais très intéressante.
Pour éviter le grand fou...rre-tout que Louis

Alors, voilà, j'espère et j'attends qui voudra bien inaugurer, un peu à retardement, ce calendrier 2010/14 18 en notant pour ce jour 9 janvier... ce qu'il/elle voudra bien nous partager... -Pour ma part je n'ai rien de précis sous la main..
Bien à vous,

Achache
Émouvante forêt, qu'avons-nous fait de toi ?
Un funèbre charnier, hanté par des fantômes.
M. BOIGEY/LAMBERT, La Forêt d'Argonne, 1915
Émouvante forêt, qu'avons-nous fait de toi ?
Un funèbre charnier, hanté par des fantômes.
M. BOIGEY/LAMBERT, La Forêt d'Argonne, 1915
Re: Une idée...
Bonjour à tous,
Adal je te hais!!!! Les idées farfelus qui débouchent sur des trucs géniaux, normalement c'est mon truc.. Pendant des années je suis passé pour le professeur Cosinus, j'ai eu plein d'idées , très peu ont fonctionné, mais quand même .. Je suis à fond dans ce projet.. Bien sûr , on court le risque de se disperser un peu. Mais les cerbères (j'aime bien cette référence mythologique) sont là pour recadrer et pour organiser.. Achache et Mounette en sont.. j'en suis.. à plus Nono
Adal je te hais!!!! Les idées farfelus qui débouchent sur des trucs géniaux, normalement c'est mon truc.. Pendant des années je suis passé pour le professeur Cosinus, j'ai eu plein d'idées , très peu ont fonctionné, mais quand même .. Je suis à fond dans ce projet.. Bien sûr , on court le risque de se disperser un peu. Mais les cerbères (j'aime bien cette référence mythologique) sont là pour recadrer et pour organiser.. Achache et Mounette en sont.. j'en suis.. à plus Nono
Re: Une idée...
Bonsoir,
La journée s'achève, et ... toujours rien pour inaugurer ce calendrier-souvenir ?
Vraiment personne n'a rien à nous proposer ? Cela ne vous intéresse pas ? Ou vous trouvez la chose trop indiscrète ? N'hésitez pas à nous faire part de ce que vous en pensez...
Alors, je commence... pas par du vraiment intime, personnel, mais par une note que je tire du Journal de Guerre de Mgr Luçon, archevêque de Reims, et qui au moins, j'espère, intéressera tous les rémois et ceux qui s'intéressent à la GG dans ses parages. Il s'agit de 1915, soit il y a 95 ans, ooù le 9 janvier était aussi un samedi:
Samedi 9 - Nuit tranquille. Obsèques du Colonel Hébert, dans une cave Mumm. J'y ai prononcé une allocution. Office chanté par les soldats. Cérémonie très impréssionnante à 8 h.
Ce Lieutenant Colonel, "tué à la tranché" la veille, figure ici:
Tué à l'ennemihttps://forum.pages14-18.com/pages1418/forum-pages-histoire/colonels-morts-france-sujet_4003_1.htm#t22389
où il est précisé:
Lieutenant-colonel HEBERT Adalbert Jean Baptiste Joseph Marie
347e RI
8 janvier 1915 Linguet (devant Reims - mamelon du) / Marne
Voilà; j'espère que cette petite note amorcera... A demain donc, pour la suite, j'espère...
Bien à vous,

La journée s'achève, et ... toujours rien pour inaugurer ce calendrier-souvenir ?
Vraiment personne n'a rien à nous proposer ? Cela ne vous intéresse pas ? Ou vous trouvez la chose trop indiscrète ? N'hésitez pas à nous faire part de ce que vous en pensez...
Alors, je commence... pas par du vraiment intime, personnel, mais par une note que je tire du Journal de Guerre de Mgr Luçon, archevêque de Reims, et qui au moins, j'espère, intéressera tous les rémois et ceux qui s'intéressent à la GG dans ses parages. Il s'agit de 1915, soit il y a 95 ans, ooù le 9 janvier était aussi un samedi:
Samedi 9 - Nuit tranquille. Obsèques du Colonel Hébert, dans une cave Mumm. J'y ai prononcé une allocution. Office chanté par les soldats. Cérémonie très impréssionnante à 8 h.
Ce Lieutenant Colonel, "tué à la tranché" la veille, figure ici:
Tué à l'ennemihttps://forum.pages14-18.com/pages1418/forum-pages-histoire/colonels-morts-france-sujet_4003_1.htm#t22389
où il est précisé:
Lieutenant-colonel HEBERT Adalbert Jean Baptiste Joseph Marie
347e RI
8 janvier 1915 Linguet (devant Reims - mamelon du) / Marne
Voilà; j'espère que cette petite note amorcera... A demain donc, pour la suite, j'espère...
Bien à vous,

Achache
Émouvante forêt, qu'avons-nous fait de toi ?
Un funèbre charnier, hanté par des fantômes.
M. BOIGEY/LAMBERT, La Forêt d'Argonne, 1915
Émouvante forêt, qu'avons-nous fait de toi ?
Un funèbre charnier, hanté par des fantômes.
M. BOIGEY/LAMBERT, La Forêt d'Argonne, 1915
- Stephan @gosto
- Messages : 5598
- Inscription : dim. oct. 17, 2004 2:00 am
- Localisation : Paris | Chartres | Rouen
- Contact :
Re: Une idée...
Bonjour,
Je me lance pour cette date du 9 janvier. Il va de soi que pour ma part, il ne s'agira que du 74e R.I.
"Malgré la pluie, le colonel BRENOT m’invite à la promenade. Les boyaux sont si boueux que, mettant à profit l’obscurité du temps, nous errons à découvert et revenons carrément par les crêtes. Au retour, dans mon gourbi, je me sèche tandis qu’au dehors l’eau cingle et le vent souffle en tem-pête. Dominant ces bruits, le canon tonne ; c’est Chauffour qui encaisse.
La nuit, je m’éveille brusquement. Quelques éclatements de gros calibre, très proches, vers la gauche de « ma maison », me font désagréablement sauter sur ma couche ainsi que carpe en poêle."
Extraits d'une lettre d'un soldat de la 12e Cie (sera tué 5 mois plus tard, en Artois), adressée à son épouse :
"Ma petite louloute chérie,
[...] Je pense bien que ce jour de l’an a du être dur a passer pour vous, de ne pas me voir parmi vous, surtout que ce jour là l’année dernière nous étions réunis en famille, que veux tu contre la force. Moi j’y ai songé aussi, mais peut-être un peu moins que vous car ici nous vivons je ne sais trop comment. Par moment nous ne savons même pas quel jour nous sommes. Les dimanches et les jours de fête pour nous n’existe plus. Quand nous pensons que derrière nous il y en a encore qui n’ont pas encore été au feu, on en a gros sur la pomme deterre. Nos officiers ont dû s’en rendre compte car pendant les 4 jours de repos que nous avons en sortant des tranchées nous alions faire une marche en arrière. L’on a trouvé que ça nous frappait sur le moral de voir tant de monde derrière nous a rien faire. Depuis un moment notre service est amélioré tout de même, toute la cavalerie qui ne faisait rien, prend le service dans les tranchées avec nous, alors nous avons des hussards, des chasseurs dans certains endroits. Il y a même des dragons, ils laissent tous leurs chevaux à l’écurie bien entendu.
Je comprend bien que quand ma mère t’aura vu arrivé toute seule avec Riri, vous avez du encore pleurer toutes les deux, mais vous vous avez la grande consolation de me savoir bien en vie et en bonne santé. Ce n’est pas comme Lucienne dont tu me cause qui n’a aucune nouvelle de Victor. Je pense que va-t-elle devenir avec sa gosse. Oui c’est bien triste pour les familles et pour nous de ne même pas pouvoir se voir ne serait-il qu’une heure,nous qui n’avons jamais quitté le front depuis le début. Tandis que ceux de l’armée de Paris ont des permissions tous les jours de fête et qui sont mieux que nous et c’est encore ceux-là qui se plaignent le plus comme tu dis. Avec nous nous avons des territoriaux qui arrivent du camp
retranché de Paris, tu parle s’ils la trouvent mauvaise ici. Tu me dis que les journeaux ne vous disent plus rien. Que veux tu qu’ils disent, c’est toujours la même histoire, personne ne sait quand finira cette guerre. Qu’elle finisse le plutot possible sera le meilleur je crois pour tous. Il faut vivre dans l’espoir voilà tout.
[...]
Embrasse bien aussi toute la famille pour moi.
Espérons a bientot
Ton mari qui t’adore et pour toute la vie
Jules"
Ce même jour, en illustration du quotidien du régiment, un rapport du chef de corps adressé à la division :
"Thil > D. provisoire
Lieutenant-colonel commandant le 74e R.I. à Général commandant la Division provisoire :
Cet après-midi, 9 janvier, entre 14 h. 30 et 16 heures, le bois de Chauffour a été violemment bombar-dé par du 77 et du 150.
Un obus a pris une des tranchées de la lisière nord-est d’enfilade. Un homme a été mortellement blessé (le soldat JOUETTE), trois autres très grièvement blessés (ce sont le sergent RUCART, le soldat BURGAER et le soldat BRIDET). Enfin, le sergent MARDILLIER a été légèrement blessé au visage.
Les obus venaient de la direction de Courcy.
L’attitude du soldat BRIDET est digne d’éloges : bien que très grièvement blessé (cuisse brisée), il a recommandé à ses camarades de ne pas quitter la tranchée, en ajoutant : « Vous voyez bien, je suis légèrement blessé, les allemands tirent mal ! ». Il a montré beaucoup de courage au cours de son évacuation sur l’ambulance.
J’aurai l’honneur de le proposer pour une citation à l’ordre du Corps d’Armée."
Le lendemain, dans son carnet de guerre, l'officier commandant la Cie de mitrailleuse note :
Le capitaine LUCCIONI de l’Etat-major du corps d’armée, mon ex-camarade du 89e R.I., apporte la médaille militaire à un homme qui a été blessé la veille lors du bombardement de Chauffour. Trop tard… le pauvre bougre est mort dans la nuit.
« Restez dans la tranchée, avait dit le blessé à ses camarades au moment où on le transportait au poste de secours, vous voyez bien que je ne suis pas grièvement atteint et que les allemands tirent mal… »
" Je ne t'ai pas assez dit, hier, le plaisir, le bonheur que j'ai eu à te voir. Ces six heures - à peine - passées ensemble rien qu'à causer en toute liberté, ont été pour moi comme un grand repos, une joie si vive qu'elle me change et donne à tout mon esprit un ton plus joyeux. Je me suis empêché, quand j'eus cessé de t'apercevoir, de penser à la séparation. D'ailleurs, dans trois semaines... Je n'ai donc pas été triste. Je trouve que ce serait bête de gâcher une si délicieuse entrevue par des regrets. Mais j'ai peur que, tout professeur de philosophie que tu sois, tu n'aies pas été aussi philosophe. Je voudrais - dis-le-moi - que tu n'aies pas été chagriné par cette séparation qui sera si courte, et que, pour toi comme pour moi, elle ait été , au contraire, une source persistate et durable de réconfort..."
Bonne fin de soirée.
Stéphan
Je me lance pour cette date du 9 janvier. Il va de soi que pour ma part, il ne s'agira que du 74e R.I.
- 9 janvier 1915
"Malgré la pluie, le colonel BRENOT m’invite à la promenade. Les boyaux sont si boueux que, mettant à profit l’obscurité du temps, nous errons à découvert et revenons carrément par les crêtes. Au retour, dans mon gourbi, je me sèche tandis qu’au dehors l’eau cingle et le vent souffle en tem-pête. Dominant ces bruits, le canon tonne ; c’est Chauffour qui encaisse.
La nuit, je m’éveille brusquement. Quelques éclatements de gros calibre, très proches, vers la gauche de « ma maison », me font désagréablement sauter sur ma couche ainsi que carpe en poêle."
Extraits d'une lettre d'un soldat de la 12e Cie (sera tué 5 mois plus tard, en Artois), adressée à son épouse :
"Ma petite louloute chérie,
[...] Je pense bien que ce jour de l’an a du être dur a passer pour vous, de ne pas me voir parmi vous, surtout que ce jour là l’année dernière nous étions réunis en famille, que veux tu contre la force. Moi j’y ai songé aussi, mais peut-être un peu moins que vous car ici nous vivons je ne sais trop comment. Par moment nous ne savons même pas quel jour nous sommes. Les dimanches et les jours de fête pour nous n’existe plus. Quand nous pensons que derrière nous il y en a encore qui n’ont pas encore été au feu, on en a gros sur la pomme deterre. Nos officiers ont dû s’en rendre compte car pendant les 4 jours de repos que nous avons en sortant des tranchées nous alions faire une marche en arrière. L’on a trouvé que ça nous frappait sur le moral de voir tant de monde derrière nous a rien faire. Depuis un moment notre service est amélioré tout de même, toute la cavalerie qui ne faisait rien, prend le service dans les tranchées avec nous, alors nous avons des hussards, des chasseurs dans certains endroits. Il y a même des dragons, ils laissent tous leurs chevaux à l’écurie bien entendu.
Je comprend bien que quand ma mère t’aura vu arrivé toute seule avec Riri, vous avez du encore pleurer toutes les deux, mais vous vous avez la grande consolation de me savoir bien en vie et en bonne santé. Ce n’est pas comme Lucienne dont tu me cause qui n’a aucune nouvelle de Victor. Je pense que va-t-elle devenir avec sa gosse. Oui c’est bien triste pour les familles et pour nous de ne même pas pouvoir se voir ne serait-il qu’une heure,nous qui n’avons jamais quitté le front depuis le début. Tandis que ceux de l’armée de Paris ont des permissions tous les jours de fête et qui sont mieux que nous et c’est encore ceux-là qui se plaignent le plus comme tu dis. Avec nous nous avons des territoriaux qui arrivent du camp
retranché de Paris, tu parle s’ils la trouvent mauvaise ici. Tu me dis que les journeaux ne vous disent plus rien. Que veux tu qu’ils disent, c’est toujours la même histoire, personne ne sait quand finira cette guerre. Qu’elle finisse le plutot possible sera le meilleur je crois pour tous. Il faut vivre dans l’espoir voilà tout.
[...]
Embrasse bien aussi toute la famille pour moi.
Espérons a bientot
Ton mari qui t’adore et pour toute la vie
Jules"
Ce même jour, en illustration du quotidien du régiment, un rapport du chef de corps adressé à la division :
"Thil > D. provisoire
Lieutenant-colonel commandant le 74e R.I. à Général commandant la Division provisoire :
Cet après-midi, 9 janvier, entre 14 h. 30 et 16 heures, le bois de Chauffour a été violemment bombar-dé par du 77 et du 150.
Un obus a pris une des tranchées de la lisière nord-est d’enfilade. Un homme a été mortellement blessé (le soldat JOUETTE), trois autres très grièvement blessés (ce sont le sergent RUCART, le soldat BURGAER et le soldat BRIDET). Enfin, le sergent MARDILLIER a été légèrement blessé au visage.
Les obus venaient de la direction de Courcy.
L’attitude du soldat BRIDET est digne d’éloges : bien que très grièvement blessé (cuisse brisée), il a recommandé à ses camarades de ne pas quitter la tranchée, en ajoutant : « Vous voyez bien, je suis légèrement blessé, les allemands tirent mal ! ». Il a montré beaucoup de courage au cours de son évacuation sur l’ambulance.
J’aurai l’honneur de le proposer pour une citation à l’ordre du Corps d’Armée."
Le lendemain, dans son carnet de guerre, l'officier commandant la Cie de mitrailleuse note :
Le capitaine LUCCIONI de l’Etat-major du corps d’armée, mon ex-camarade du 89e R.I., apporte la médaille militaire à un homme qui a été blessé la veille lors du bombardement de Chauffour. Trop tard… le pauvre bougre est mort dans la nuit.
« Restez dans la tranchée, avait dit le blessé à ses camarades au moment où on le transportait au poste de secours, vous voyez bien que je ne suis pas grièvement atteint et que les allemands tirent mal… »
- 9 janvier 1916
" Je ne t'ai pas assez dit, hier, le plaisir, le bonheur que j'ai eu à te voir. Ces six heures - à peine - passées ensemble rien qu'à causer en toute liberté, ont été pour moi comme un grand repos, une joie si vive qu'elle me change et donne à tout mon esprit un ton plus joyeux. Je me suis empêché, quand j'eus cessé de t'apercevoir, de penser à la séparation. D'ailleurs, dans trois semaines... Je n'ai donc pas été triste. Je trouve que ce serait bête de gâcher une si délicieuse entrevue par des regrets. Mais j'ai peur que, tout professeur de philosophie que tu sois, tu n'aies pas été aussi philosophe. Je voudrais - dis-le-moi - que tu n'aies pas été chagriné par cette séparation qui sera si courte, et que, pour toi comme pour moi, elle ait été , au contraire, une source persistate et durable de réconfort..."
- 9 janvier 1967
Bonne fin de soirée.
Stéphan