Linéaire de tranchée tenu par une unité

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Cuchlainn
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Re: Linéaire de tranchée tenu par une unité

Message par Cuchlainn »

Bonsoir à tous,
Grâce à plusieurs contributeurs de ce forum que je remercie encore, je suis à la tête d'une belle liasse de documents et de cartes sur les combats dans l'Artois en septembre-octobre 1915.
Un coup de Géoportail et une moulinette informatique plus tard, et j'ai pu mesurer la longueur de tranchée assignée à chacune des compagnies d'un bataillon postées en première ligne.
Dans la mesure où la carte rend compte des indentations du tracé de la tranchée, j'arrive à environ 170 mètres par compagnie. Ce qui donne de l'ordre d'un homme par mètre.
Cela vous paraît-il réaliste ? confirmé par quelque source ? si tant est que quelqu'un se soit déjà amusé à traiter ce genre de question ?

Cordialement,
Cuchlainn, le nez sur le bois en hache
"Sur un banc étaient rangés quinze ou vingt bonshommes qui avaient bien une douzaine de jambes à eux tous." (Duhamel)
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patrick corbon
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Re: Linéaire de tranchée tenu par une unité

Message par patrick corbon »

Bonsoir à tous, bonsoir Cuchlainn,

Ton chiffre correspond à la norme de la fortification permanente allemande (1 homme par mètre de tranchée)
A première vue il semble excessif mais cela a du être bien pire pendant les périodes d'attaque.

Extrait du livre "Les étapes de guerre d'une division d'infanterie (13ème DI) du Lcl Laure et du Cdt Jacottet :

Front moyen de la Division :
- du 14 au 11/12/14 : 11km,
- 17/12/14 : 4km (pour 17 830 hommes et 17.94% de pertes);
- à partir de mai 15 : 1000 m (Le 9/5 pour 22 020 hommes et 61% de pertes, le 16/06 pour 13540 hommes et 34.7% de pertes, le 25/09 pour 14 790 hommes et 41% de pertes).

Engagement des hommes et des matériels par km et par jour.
- 17/12/14 - 1403 fusils, 4 mit, 17.4 canons de 75, 2.4 canons lourds et 240 travailleurs;
- 9/05/14 - 3579 fusils, 26 mit, 10 engins de tranchée 39 canons de 75, 16 canons lourds, 900 travailleurs;
- 16/06/15 – 2834 fusils, 36 mit, 5 canons de tranchée, 32 de 75, 8 lourds, 690 travailleurs ;
- 25/09/15 – 4290 fusils, 61 mit, 8 canons de tranchée,46 de 75, 1260 travailleurs.

Dixit les auteurs :
Cette période se caractérise par l’usure de l’infanterie sur les premières lignes d’où un pourcentage de pertes très élevé dont la presque totalité pour l’infanterie.
On relève, « fâcheuse habitude de se télescoper sur les premières lignes », « la méconnaissance de l’échelonnement en profondeur », « le combat est transporté sur la ligne des avants postes », « obstination à coller à l’ennemi ».
Je résumerais cela par : l’effort se porte sur la première ligne pour ne plus perdre de terrain et surtout pour en gagner.
A mon sens dans la plupart des cas, les fortes pertes du début de la guerre ne sont pas dues aux charges épiques à la baïonnette telles qu’elles sont décriées. Où le bas blesse, c’est que l’on nourrit en permanence la marche en avant. Compte tenu des effectifs de nos unités et des largeurs de front qui leurs sont allouées il finit par y avoir du monde au m2. Autant de belles cibles à la merci de la première balle ou du premier obus venu.

Le livre sur la 13ème DI est très instructif de par ses statistiques. La réduction des effectifs des formations a entraîné moins de pertes pour des résultats meilleurs grâce à l’augmentation de la puissance de feu. L’échelonnement en profondeur va réduire également les pertes d’autant que sur la fin de la guerre la première ligne n’est tenue que par des avants postes et la ligne principale de défense se retrouve reportée en deuxième ligne.

Cordialement
patrick
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