Désertion comment s’y prendre?

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patrick mestdag
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Re: Désertion comment s’y prendre?

Message par patrick mestdag »

Bonjour ,

Comment désertait le soldat français ?
Mise à part les mutilations volontaires,
qui n’avaient que peux de chance d’aboutir en succès

Si je prends les formes de désertion dans l’armée allemande comme point de départ

( Pris d’une étude que je lis :
Desertion und deserteure in deutschen und britischen heer – de Christoph Jahr )

-Avoir perdue son unité et errer d’une unité a l’autre , et gagner ainsi du temps .
-S’écrire de faux billets de transport /train et errer dans les villes étapes
Et Viles de cantonnement.
-Passer vers l’ennemie et se rendre (très dangereux en premières lignes)
-Ne plus retourner de perme et se cacher au pays – (danger d être vite dénonce)
-S’enfuir vers un pays neutre L’Hollande ou la Suisse –
le soldat français s’évadait t’il vers la Suisse ou l’Espagne ?

je connais le cas extraordinaire du soldat Vincent Moulia qui s’expatria en Espagne
mais était ce une destination fortement utilisée comme l’Hollande ou la Suisse chez les Allemands ?

les motifs de désertion sont multiples et bizarrement,
pas comme on pourrait le croire
la peur d’un nouvelle attaque, ou le combat mais plutôt
-des problèmes avec les camarades – ou avec les officiers – vouloir changer d’unité
parce que les copains y sont mutées – peur d’une punition pour un méfait- problèmes multiples dans le service .
le cafard le mal du pays ou la peur ne sont pas les raison prédominantes chez le déserteur allemand.

les lieux de désertions , chez les allemands et en ordre d’importance
ne plus remonter en première ligne
du village de cantonnement /repos
du lieux de permission
de la premier ligne

Il me semble que le soldat allemand avait plus d’options
pour réussir une désertion que le soldat Français ou Anglais .

qu’en pensez vous ?
le sujet est toujours d'actualité- voir les soldats americains qui se refugent au canada
pour ne plus retourner ou aller en Iraq .

@+
Patrick
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p Lamy
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Re: Désertion comment s’y prendre?

Message par p Lamy »

Bonjour,
pour mettre mon "grain de sel" dans votre demande, du côté allemand, désertions de malgré-nous que j'ai rencontrés :
- un ancien du JR 92, lors d'une attaque française en janvier 1915, s'est fait oublier dans un abri enterré, avec 2 camarades de même condition, lors d'un repli allemand consécutif à un bombardement Français et prélude à une attaque. Fut ensuite interné au camp de Lourdes.
- un ancien du IR 354, lors de la confusion suite à l'attaque américaine sur le saillant de St-Mihiel, en transférant des blessés vers Novéant sur Moselle, tente de rejoindre sa famille près de Metz, pour s'y cacher...mais tombe nez à nez avec son lieutenant et doit retourner à son poste.
- un ancien du IR 136, lors de l'attaque imminente des américains (Romagne-Montfaucon), se fait oublier avec un camarade dans le brouillard d'octobre 1918, et l'attaque n'arrivant pas, ils rampent vers les lignes américaines pour se faire prendre, avec de grands risques. Communiquant par bribes d'Allemand, de Français et d'Anglais..et même d'Italien, et beaucoup de gestes, ils réusissent à se constituer prisonniers. Internés ensuite au camp de Saint-Rambert.
- un ancien du KGR n°7 cite un camarade qui veut déserter en "faisant le mort" lors d'une attaque française. A côté de lui se trouve un lieutenant allemand, blessé au bras, qui se fait tuer à la baïonnette par des troupes françaises d'Afrique. Il continue à faire le mort et retrouve son régiment lors de la conte-attaque allemande.

- d'autres se sont "promenés" suite à une évacuation sanitaire, pour éviter de retourner trop vite au front.

Comme vous indiquez si bien, la désertion en premières lignes était très périlleuse pour les malgré-nous, car il fallait arriver à faire comprendre aux troupes françaises, anglaises ou U.S. son statut, et surtout éviter de se faire tuer par les guetteurs.

Bien cordialement.
P. Lamy
"C'est le Vin qui a fait gagner la Guerre"
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Chasseur
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Re: Désertion comment s’y prendre?

Message par Chasseur »

Bonjour,
Vincent MOULIA n'a pas déserté au sens strict du terme, car, condamné à mort après l'affaire de VINGRE, il a pu s'achapper après un concours de circonstances (explosions d'obus sur son lieu de détention) et s'enfuir, se cacher et rejoindre l'espagne.Peut-être aurait-il dù se endre mais son sort était scellé.
Il fut réhabilité plus tard.
Cor dialement
L'alpin
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e-Storial
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Re: Désertion comment s’y prendre?

Message par e-Storial »

Cet homme est un déserteur ! Kaspard Meyer servait dans l'armée allemande et a combattu au Bois-le-Prêtre. Après le gros des combats, il était caserné à Pagny-sur-Moselle et depuis 1917 il fréquentait Madelaine Marx, jeune fille de Pagny qui rapidement se retrouva enceinte.
Il déserta l'armée allemande illico et d'après ce qu'on m'a dit, fut caché par des habitants de Pagny (d'ailleurs, je ne vois pas par qui d'autres il aurait pu l'être). L'enfant naquit en janvier 1918 et fut prénommé Odette. Après l'armistice, Kaspard resta sur place comme prévu et épousa Madelaine en janvier 1919. Il s'établit dans la localité comme tailleur et y décéda en 1938 d'une maladie des reins. D'après Odette Meyer, fille de ce soldat allemand et depuis devenue ma belle-mère, il ne subit jamais aucune vexation et était très estimé par les habitants de Pagny. Il avait un autre talent, celui d'être photographe et nombre de portraits funéraires de la cité sont de lui.

Evidemment, il n'est jamais retourné en Allemagne. Ma belle-mère se souvenait seulement de la soeur de Kaspard, "tante Fine" qui est venu lui rendre visite quelques fois. Aucun papier n'a jamais été retrouvé (probablement détruits) ce qui fait que j'ignore ses états de service.
Clin d'oeil: ma belle mère fit partie d'un réseau de résistant pendant la dernière guerre et logeait chez elle, la maison familiale, des évadés de guerre au nez et à la barbe des allemands qui occupaient des chambres de l'habitation.

Cordialement
JF Genet

Madelaine et Kaspard
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«La loi n'y entend rien, c'est affaire de coeur». André Bellard, initiateur en 1921 de l'association dites des "Malgré-nous" et destinée aux soldats lorrains.
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LABARBE Bernard
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Re: Désertion comment s’y prendre?

Message par LABARBE Bernard »

Bonjour,

e-storial, très belle image, vraiment un beau couple.
Le moyen de déserter à l'ennemi, assez aisé je pense selon les circonstances et lieux.
- Guerre de mouvement, rien de plus facile, on traine, on se cache, et hop, voilà les casques à pointe (ou d'acier plus tard). L'avantage pour certains c'est qu'ils seront déclarés disparus puis prisonniers, ça arrive...
- Guerre de positions, les témoignages sont nombreux concernant les fraternisations. Jean de La Ville de Mirmont sergent au 57ème R.I. (écrivain et poète bordelais) écrit à sa mère le 21/11/1914 (une semaine après cette lettre il est tué par une marmite), tranchées du secteur Beaulne, Verneuil, Aisne :
...Hier dans la tranchée, nous étions tout près des allemands, à 8 ou 10 mètres au plus. Nous nous sommes rendus visite réciproquement. Ils nous ont offert des cigares et de la bière, nous leur avons donné du tabac de cantine en échange. Il y avait un étudiant prussien ayant vécu plusieurs années à Lyon, en outre un de mes soldats a été professeur de français à Munich. C'était très amusant et très inattendu, et cela ne nous empêchera pas de faire notre devoir en temps voulu de part et d'autre...
Alors quoi de plus facile dans ces circonstances de rester avec ceux d'en face ? C'était assurément le moyen le plus sûr, car franchir les lignes seul, attention aux coups de fusils, ennemis ou...amis ! (J'ai vu une fiche n-mpf d'un tirailleur algérien: "abattu par ses camarades alors qu'il tentait de déserter".

Cordialement,
Bernard
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claude gian
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Re: Désertion comment s’y prendre?

Message par claude gian »

Je crois me souvenir avoir lu une etude sur le theme des désertions dans le site du service historique de la Gendarmerie.mais je n'arrve pas a retrouver la referece...
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Titeuil
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Re: Désertion comment s’y prendre?

Message par Titeuil »

Bonjour à tous, bonjour Patrick,

Pour répondre à votre première question de ce post "Comment désertaient les soldats français", voici une illustration d'une désertion "temporaire" issue d'un témoignage de soldat, pour mettre en évidence de manière concrète ces types d'action. Il faut noter que ces faits se passent en juin 17, lorsque les Etats-Majors lâchèrent du lest en pleine période de mutineries. Je doute en effet que de tels procédés aient pu passé inaperçu et soient demeurés impunis auparavant :

Vendredi, 15 juin 1917

(…) Je viens d’arriver au bureau de ma compagnie à présent avec D. et un autre qui était parti le même jour que nous. Nous sommes rentrés les trois derniers sur 300 qu’on était parti ensemble. Il y en a qui sont rentrés depuis une semaine. On nous a encore rien dit pour notre retard, nous allons monter aller trouver notre compagnie qui se trouve aux avant-postes depuis 7 jours et ils sont relevé demain soir, cela fera moins qu’une journée à y rester. (…)

Lundi, 18 juin 1917

(…) Tout s’est bien passé en arrivant, notre régiment a été relevé hier matin des avant-postes, nous n’y avons pas monter. On a voulu nous y faire monter mais au lieu d’aller aux avant-postes nous nous sommes couchés toute la journée dans un bois et quand notre compagnie a descendu la nuit suivante on les a rejoint. Nous étions trois pas bileux, personne en a rien dit. La prochaine fois qu’on retourne en permission, D. et moi nous voulons prendre au moins 15 ou 16 jours, il vaudrait bien mieux que cela finisse avant. (…)


Bien à vous tous,

Christophe
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Cuchlainn
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Re: Désertion comment s’y prendre?

Message par Cuchlainn »

Bonsoir,
Il faut noter que ces faits se passent en juin 17, lorsque les Etats-Majors lâchèrent du lest en pleine période de mutineries. Je doute en effet que de tels procédés aient pu passé inaperçu et soient demeurés impunis auparavant
Je ne sais pas : Genevoix parle bien d'un soldat retrouvé dans une grange lorsque son unité redescend après avoir attaqué et terriblement souffert aux Eparges, rudoyé par les autres aux cris de "On avait bien dit qu'il se planquerait !", qui proteste et affirme qu'il s'est retrouvé dans le feu des combats mêlé à une autre unité... mais finalement, sur le plan officiel, "personne ne lui dit rien", alors qu'il est soupçonné de s'être caché au lieu d'attaquer.

Cdlt
Cyrille
"Sur un banc étaient rangés quinze ou vingt bonshommes qui avaient bien une douzaine de jambes à eux tous." (Duhamel)
WillBen539
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Re: Désertion comment s’y prendre?

Message par WillBen539 »

e-Storial a écrit : mer. août 04, 2010 11:32 pm Cet homme est un déserteur ! Kaspard Meyer servait dans l'armée allemande et a combattu au Bois-le-Prêtre. Après le gros des combats, il était caserné à Pagny-sur-Moselle et depuis 1917 il fréquentait Madelaine Marx, jeune fille de Pagny qui rapidement se retrouva enceinte.
Il déserta l'armée allemande illico et d'après ce qu'on m'a dit, fut caché par des habitants de Pagny (d'ailleurs, je ne vois pas par qui d'autres il aurait pu l'être). L'enfant naquit en janvier 1918 et fut prénommé Odette. Après l'armistice, Kaspard resta sur place comme prévu et épousa Madelaine en janvier 1919. Il s'établit dans la localité comme tailleur et y décéda en 1938 d'une maladie des reins. D'après Odette Meyer, fille de ce soldat allemand et depuis devenue ma belle-mère, il ne subit jamais aucune vexation et était très estimé par les habitants de Pagny. Il avait un autre talent, celui d'être photographe et nombre de portraits funéraires de la cité sont de lui.

Evidemment, il n'est jamais retourné en Allemagne. Ma belle-mère se souvenait seulement de la soeur de Kaspard, "tante Fine" qui est venu lui rendre visite quelques fois. Aucun papier n'a jamais été retrouvé (probablement détruits) ce qui fait que j'ignore ses états de service.
Clin d'oeil: ma belle mère fit partie d'un réseau de résistant pendant la dernière guerre et logeait chez elle, la maison familiale, des évadés de guerre au nez et à la barbe des allemands qui occupaient des chambres de l'habitation.

Cordialement
JF Genet

Madelaine et Kaspard
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Bonjour,

Magnifique témoignage que vous avez livré là.
Merci à vous
William
Ma fierté: Ta femme qui T'aime, Edhisto, 2022 https://guerre-14-18.webador.fr/
Site autour des Combats du Bois-le-Prêtre https://www.facebook.com/groups/403376118206231
Bois-le-Prêtre en vidéo:https://www.youtube.com/watch?v=ZKCLIIiVRQ8
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