Et c'est parti...

[Charraud Jerome]

Dis- moi Jérôme...

... à cette heure, tu travailles à la bougie ou au groupe électrogène ?
Amicalement, Patrice.

Bonjour
Il est évident (pour moi) qu'il s'agissait bien évidemment d'une métaphore. Le Charraud n'est pas un grand jardinier, mais s'il peut avec ses moyens propres participer à la Mémoire, il le fait. Le travail que l'on effectue au jour le jour est comme l'indique Stephan pour les enfants de l'an 2400.
C'est toujours un plaisir, quand une famille me contacte, de transmettre par-ci une photo de sépulture, par là un extrait de JMO. Il est important que les citoyens se réapproprient leur mémoire, par eux-mêmes et non par des grands messes.

Permettez moi d'être solidaire de mon collègue Eric Mansuy. Ne mélangeons pas tout, c'est si facile de faire des raccourcis dans l'air du temps.

Avant-hier à Vierzon, rien. Pas de sirènes, d'appels à une minute de silence. A croire qu'il ne s'était rien passé. D'ailleurs aucune directive ne semble avoir été envoyée.
Je me suis fais chambré lorsque j'ai abordé le sujet.
Hé bien, j'ai alors improvisé une discussion libre sur le sujet avec les élèves, après leur séance de TP d'atelier. Quelques élèves se sont montrés réceptifs, c'est déjà çà.

Cordialement
Jérôme Charraud

[Eric Mansuy]

Rebonjour à tous,
Monsieur Mercadal, je suis en possession de la note envoyée par les recteurs aux chefs d'établissement, en date du vendredi 14 mars. C'est donc avec plaisir que je la retranscrirai dans l'après-midi, une fois chez moi (je vous écris du lycée), et vous dirai comment, en effet, point très important, son contenu a été relayé.

Bien cordialement,
Eric Mansuy

[Charraud Jerome]

Rebonjour à tous,
Monsieur Mercadal, je suis en possession de la note envoyée par les recteurs aux chefs d'établissement, en date du vendredi 14 mars. C'est donc avec plaisir que je la retranscrirai dans l'après-midi, une fois chez moi (je vous écris du lycée), et vous dirai comment, en effet, point très important, son contenu a été relayé.

Bien cordialement,
Eric Mansuy

Bonjour
Merci Eric d'effectuer cette transcription. S'il n'y a rien eu dans mon établissement, cela vient donc du chef d'établissement.

Cordialement
Jérôme Charraud

[moick]

Bonjour à Tous.
Prof à la retraite,il y a les notes et circulaires et il y a la sensibilité de chacun,et il existe un nombre majoritaire d'enseignants qui fait très bien son travail,et je suis sûr que beaucoup d'entre eux ne sont pas passé à côte de "l'évènement",certes loin des médias,mais simplement et humainement.
Nos élèves sont toujours demandeurs
Bien cordialement
Moick

[mireille salvini]

bonjour à tous,

je reviens sur les propos de Patrice que je salue

moi aussi j'ai relevé les mêmes propos de mr Audouin-Rouzeau,propos qui m'avaient laissée bien perplexe;
déjà,la semaine précédente,dans un reportage du JT de France 2,il avait dit quelque chose,qui sur le coup,m'avait beaucoup contrariée:
http://jt.france2.fr/20h/index-fr.php?jt=6
(à la 6è minute et 10 secondes)..."qui étaient les Poilus"

je le cite mot pour mot car demain le reportage ne sera plus visible
"ces soldats au fond par certains côtés ressemblent plus aux combattants du 1er empire des guerres napoléoniennes qu'ils nous ressemblent à nous.
ce sont des soldats paysans, 70 % , de petite taille,habitués à une vie beaucoup plus dure que la nôtre,8 jours de tranchées,15 jours de tranchées,c'est une épreuve absolument épuisante pour ceux qui doivent la subir"

mon opinion personnelle?
d'abord les soldats de Napoléon étaient en très très grande majorité illettrés;leur recrutement n'était pas du tout le même que pour ceux de 14-18,d'ailleurs ceux-ci ont été mobilisés...enfin,bref.
ensuite ces soldats du 1er empire n'avaient pas connu la Révolution Industrielle,et ils ne connaissaient ni aéroplanes,ni télégraphe,ni téléphone,ni....enfin,bref.
enfin,soldats-paysans oui,mais la France était à 70% paysanne,habitués à une vie beaucoup plus dure,certes,mais pas tous! (quid des sous-officiers et officiers de 1er ligne?)

pour terminer "de petite taille".....les z'amis,dans 100 ans,on dira que c'était des Hobbits.
(quand j'entends ces propos,ça me rappelle les descriptifs de race de chien ou de chat.)

conclusion: pour mettre des années-lumières entre les soldats de 14-18 et nous,pas besoin de grand discours.

moi,ce que je pense,c'est qu'ils sont à l'identique de nous,la preuve étant tout simplement combien leurs témoignages résonnent encore:leur détresse comme leur humour ont autant d'impact sur nous qu'à l'époque.

ce qu'ils ont vécu est un témoignage de ce que des hommes peuvent vivre et subir dans les mêmes circonstances;
l'être humain est capable de beaucoup d'endurance et de ressources devant l'inconcevable.
je ne vois pas pourquoi cela serait réservé à une catégorie spécifique,disparue de nos jours:un homme reste un homme,et dire les choses comme ça revient à dire finalement
-qu'ils n'étaient pas comme nous puisqu'ils ont supporté tout ça
-que ça ne risque plus d'arriver puisqu'on n'est pas comme eux.

j'aimerais bien y croire....


ceci est mon avis perso,je suis déçue par les propos des historiens que j'entends ça et là.
et pour finir,ça me rend triste.

bonne journée à tous
Mireille

[Eric Mansuy]

Rebonjour à tous,
Chose promise, chose due.

Tout d’abord, la « version théorique », affichée à proximité de la salle des professeurs.

« Mesdames, messieurs,

Hommage national à tous ceux qui ont combattu pour la France durant la Première Guerre Mondiale :

Conformément à la demande du Président de la République et du Premier Ministre, une minute de silence sera observée le lundi 17 mars à 11 h 00, en hommage à tous ceux qui ont combattu pour la France durant la Première Guerre Mondiale.

Les inspecteurs d'académie, directeurs des services départementaux de l'éducation nationale et les chefs d'établissements veilleront à ce qu'un moment de recueillement permette aux agents des services publics de s'associer à cet hommage national.

Les drapeaux seront mis en berne sur tous les bâtiments et édifices publics durant la journée du 17 mars.

Les établissements sont invités à évoquer la figure de Lazare Ponticelli, dernier des combattants français de la Première Guerre Mondiale, disparu mercredi 12 mars 2008. Les classes pour lesquelles la Première Guerre Mondiale figure au programme d’histoire, pourront être particulièrement sensibilisées au sacrifice des combattants ainsi qu’aux souffrances endurées pendant cette période.

Il appartient à chaque responsable de fixer les modalités d'organisation les plus appropriées. »

A présent, la « version pratique » telle qu’elle a été vécue par quelques-uns de mes collègues et moi-même, lundi matin à 7 h 50.
Le chef d’établissement pénètre en salle des professeurs et réunit autour de lui les enseignants présents, puis demande leur attention :
« A 11 heures, vous ferez une minute de silence ; vous savez, pour la mort du poilu. On ne va pas faire descendre tout le monde dans la cour. »
Une collègue l’interroge :
« Je fais ça à la fin de mon cours de 10 à 11, ou au début de mon cours de 11 à 12 ? Parce qu’à 11 heures pile, évidemment… [une séance s’arrête à 10 h 55, la séance suivante débute à 11 h]
- Comme vous voulez, arrangez-vous. »

C’est donc de cette manière que les choses se sont déroulées sous mes yeux. Je laisse à votre libre appréciation la façon dont ont été interprétées et transmises, ne serait-ce que dans l’esprit, les phrases suivantes :
1) « … les chefs d'établissements veilleront à ce qu'un moment de recueillement permette aux agents des services publics de s'associer à cet hommage national »
2) « Il appartient à chaque responsable de fixer les modalités d'organisation les plus appropriées »

La première, dans sa formulation, ne me semble pas très comminatoire. La seconde me paraît encore plus douteuse : ledit « responsable » est-il le chef d’établissement, ou l’enseignant ayant la classe en responsabilité -comme le dit notre jargon- à l’heure H ?

J’ajoute que l’établissement dans lequel j’enseigne réunit rituellement, chaque 10 novembre à 16 heures, nos 1600 élèves environ, qui écoutent un discours, voient deux de leurs camarades déposer une gerbe devant la plaque rappelant le souvenir de nos anciens élèves et collègues morts pour la France, et respectent une minute de silence.

Quant à ce que j’ai fait, pour ma part, puisque j’imagine que la question va m’être posée : n’étant pas en classe à 11 heures, j’étais au centre ville, près du monument aux morts où se déroulait une cérémonie alors que sonnait le glas de la basilique.

Bien cordialement,
Eric Mansuy

[alain chaupin]

Bonjour à toutes et à tous
Mireille comme je le disais sur un autre fil pour relayer Patrice, il nous faut défendre cette idée que la mémoire des poilus de la guerre 14/18 est une chose trop sérieuse pour être confiée à des historiens.
C'est à nous d'y veiller et de relayer les témoignages que nous ont laissés nos parents et grands parents.
Bien amicalement
Alain

[croc-5962]

Bonsoir

Je reprends quelques mots de mireille salvini

Parlant de Audouin-Rouzeau
"

ces soldats au fond par certains côtés ressemblent plus aux combattants du 1er empire des guerres napoléoniennes qu'ils nous ressemblent à nous.
ce sont des soldats paysans, 70 % , de petite taille,habitués à une vie beaucoup plus dure que la nôtre,8 jours de tranchées,15 jours de tranchées,c'est une épreuve absolument épuisante pour ceux qui doivent la subir"

Ces hommes, et femmes, faisaient des kilomètres à pieds tous les jours, pour aller aux champs, au travail dans le bourg d'à coté, aller à la "ville" parfois, aller rendre visite à des proches, tout se faisait à pied. Parfois, il est vrai, ils allaient sur des tombereaux ou charrettes. Pas si souvent, ça fatiguait les bêtes pour les travaux des champs.
Des étapes de 20, 30 km et plus étaient choses courantes en 14 durant les premières semaines d'août et de la bataille de la Marne. Après 4 années de tranchées, ces mêmes hommes n'avaient plus l'endurance, ce fut assez dur lors de l'offensive de mars 1918, sur la Marne encore

d'abord les soldats de Napoléon étaient en très très grande majorité illettrés;leur recrutement n'était pas du tout le même que pour ceux de 14-18,d'ailleurs ceux-ci ont été mobilisés...enfin,bref.

Combien de Poilus ne parlaient pas, ou alors trés mal, le français? Beaucoup plus qu'on ne le croit. Je crois que certains ont même été fusillés (corse, breton)

ensuite ces soldats du 1er empire n'avaient pas connu la Révolution Industrielle,et ils ne connaissaient ni aéroplanes,ni télégraphe,ni téléphone,ni....enfin,bref.

Et combien avait vu des aéroplanes, un téléphone.... Ils avaient parfois entendu parler de ça, mais de les voir ou s'en servir...

enfin,soldats-paysans oui,mais la France était à 70% paysanne,habitués à une vie beaucoup plus dure,certes,mais pas tous! (quid des sous-officiers et officiers de 1er ligne?)

Les 30% ne seraient-il pas des citadins? Et ceci ont souvent été réemployé dans les industries. A la campagnes il y avait les femmes, les enfants, les vieillards

pour terminer "de petite taille".....les z'amis,dans 100 ans,on dira que c'était des Hobbits.

Souvenez-vous de ces vieilles et vieux, c'est vrai qu'ils n'étaient pas grands, quelques uns peut-être mais pas la majorité.

Alors si Audouin-Rouzeau a dit quelques erreurs... mais je ne suis pas assez connaisseur.

Je me souvient surtout de mon père, pas très grand, parlant le patois plutôt que le français, sauf avec ses enfants, nous racontant ses pérégrinations, comme ma maman, sur les routes blanches du Périgord...

croc

[Eric15]

Bonjour à tous,

"Il ne faut pas se plaindre , les profs en question ne leur ont pas fait chanter le déserteur...
Et puis ne vous inquiéter aujourd'hui ils ont bien du respecter les consignes de leur syndicat"

Il y avait longtemps que l'on n'avait pas cassé du prof. De toute évidence, ça défoule (certains).
Puisque vous m'avez l'air bien renseigné, savez-vous comment les consignes ont été transmises dans les établissements du second degré au sujet de cette "commémoration" ? A lire vos propos, vous me permettrez d'en douter.

Salutations,
Eric Mansuy, sur le point d'aller en cours, sans consignes d'aucun syndicat.

Oui vous avez raison , peut être aurais je du dire certains profs...
Ce que je sais c'est que apparemment il y a de gros soucis de communication au sein de votre administration, car chaque commune de FRance , même la plus petite a reçu les consignes du ministère de l'intérieur via les préfectures...

[mireille salvini]

bonjour à tous,bonjour Croc,

bien sûr,je ne suis pas historienne mais j'ai voulu donner mon avis sur ces propos que j'ai trouvé très réducteurs.

-quand je disais "illettré" c'était par rapport à savoir lire,écrire et compter.
les soldats de Napoléon n'allaient pas à l'école,ne savaient pas lire et écrire dans leur grande majorité...bien au contraire des soldats de 14-18.
(quant au patois,je sais bien qu'il était fort utlisé en 1914,mais le Français n'était pas inconnu,d'abord avec l'école,puis au service militaire.)

-par rapport à la Révolution industrielle:j'aurais dû me contenter de citer le train et les automobiles
qui,en 1914,ne les connaissait pas? rien que pour aller à la caserne au moment du service militaire,il y avait un train à prendre.
par contre,au temps de Napoléon...

-au niveau du recrutement (tirage au sort/mobilisation générale):je vous renvoie à ce lien
http://genealogievonflie.free.fr/histoires/hist03.htm

-concernant les guerres napoléonniennes:elles étaient plutôt des guerres de conquête,avec une armée qui marchait beaucoup et toute l'intendance et les femmes etc...qui suivaient,non?
(cf,lien précédent)

-par rapport à l'endurance:bien sûr qu'ils étaient plus durs au mal que nous actuellement
mais était-ce parce qu'ils étaient réellement plus forts physiquement?
ou parce qu'il ne fallait pas se plaindre,que c'était la mentalité de l'époque?
pour parler de la douleur par exemple:à l'époque elle faisait partie de la vie tout simplement,on était sur terre "pour souffrir"
de nos jours,cette vision des choses est inconcevable,d'ailleurs on n'accepte plus de souffrir sans être calmé,c'est normal,la douleur,une fois son rôle d'alerte rempli,ne sert plus à rien.
mais à cette époque,on n'avait pas d'autre choix que d'attendre que ça passe.
là,ok,les soldats de 14-18 sont plus proches de ceux de Napoléon que de nous.
mais cela n'empêche pas que la douleur existait et pouvait faire de la vie un enfer.

-enfin,par rapport à "la petite taille"
cette expression est employée pour désigner des personnes affectées de nanisme.
ce n'est pas parce que la moyenne de la taille était de 1,65m qu'on doit dire qu'ils étaient de "petite taille"
en plus,je trouve ça assez péjoratif,je ne vois pas en quoi cela influe sur les caractéristiques du Poilu..?
mon grand-père faisait 1m68,et ce n'était pas le plus grand.

pour terminer,je dirais juste que tout ça est bien réducteur et que j'ai trouvé ça dommage de la part d'un historien;
parce que ceux qui l'ont écouté et qui n'y connaissent rien à 14-18 auront probablement gardé une image faussée du soldat de 14-18,bien confortable dans le sens qu'ils n'étaient pas comme nous.
alors comment s'en trouver touché?
comment ensuite continuer à entretenir la mémoire?


voilà,c'est fini.
ce n'est sans doute que des broutilles.
mais c'est mon opinion.


amicalement et bonne journée
Mireille