Verdun?
Re: Verdun?
discutons,svp,sur les objectifs allemands de la bataille de verdun. Une saignée de l'armée francaise ou prendre la place?Ou alors un changement suivant les peripecies des opérations? J'aimerais que nous en discutions car ce n'est pas toujours très clair. Chaleureusement-Azor.
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Re: Verdun?
Bonjour,
Je me permets de poursuivre sur votre lancée et d’exprimer mes propres interrogations. L’objectif de Falkenhayn de « saigner à blanc » l’armée française ne m’a en effet jamais paru correspondre avec la gestion allemande de la bataille.
Le plan de Falkenhayn semble avoir été de placer la France face à deux choix perdants pour elle : perdre Verdun ou perdre son armée, compte tenu de la situation du champ de bataille très avantageuse pour l’Allemand.
Or la France fit le second choix, incarné par Pétain, ce qui revenait à tomber dans le piège tendu par Falkenhayn. Mais au final, il n’y a pas de destruction de l’armée française mais une saignée effroyable des deux armées. Et c’est là que je suis perplexe : comment Falkenhayn envisageait-il d’obtenir la destruction de l’ennemi et surtout pourquoi se laissa-t-il finalement entraîner dans une bataille d’usure contraire à sa stratégie initiale ?
Je pense obtenir prochainement des éléments de réponse après lecture de la biographie de Falkenhayn par Robert T. Foley (German Strategy and the Path to Verdun: Erich Von Falkenhayn and the Development of Attrition, 1870-1916), mais d’ici là, je reste un peu confus face à cette bataille.
Etant nouveau sur cet espace, j'en profite pour en saluer la communauté !
Je me permets de poursuivre sur votre lancée et d’exprimer mes propres interrogations. L’objectif de Falkenhayn de « saigner à blanc » l’armée française ne m’a en effet jamais paru correspondre avec la gestion allemande de la bataille.
Le plan de Falkenhayn semble avoir été de placer la France face à deux choix perdants pour elle : perdre Verdun ou perdre son armée, compte tenu de la situation du champ de bataille très avantageuse pour l’Allemand.
Or la France fit le second choix, incarné par Pétain, ce qui revenait à tomber dans le piège tendu par Falkenhayn. Mais au final, il n’y a pas de destruction de l’armée française mais une saignée effroyable des deux armées. Et c’est là que je suis perplexe : comment Falkenhayn envisageait-il d’obtenir la destruction de l’ennemi et surtout pourquoi se laissa-t-il finalement entraîner dans une bataille d’usure contraire à sa stratégie initiale ?
Je pense obtenir prochainement des éléments de réponse après lecture de la biographie de Falkenhayn par Robert T. Foley (German Strategy and the Path to Verdun: Erich Von Falkenhayn and the Development of Attrition, 1870-1916), mais d’ici là, je reste un peu confus face à cette bataille.
Etant nouveau sur cet espace, j'en profite pour en saluer la communauté !

Re: Verdun?
Bonsoir, Je vous remercie pour votre réponse.Excusez moi pour la faute d'orthographe(péripéties).Espérant vous lire bientot,cordiales salutations.Azor.
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Re: Verdun?
Je relance ce sujet, peut-être un peu pointu pour ce forum.
Dans son ouvrage "The eastern front", Norman Stone apporte un éclairage intéressant concernant Falkenhayn. Stone estime que Falkenhayn a joué un rôle essentiel dans le succès des Centraux à Gorlice-Tarnow en 1915, une victoire majeure qui ébranla l'armée russe et permit aux austro-allemands de conquérir la Pologne russe et de parvenir aux portes de Riga. La prudence de Falkenhayn s'opposa aux ambitions de Ludendorff et Hötzendorff qui méditaient de grandioses manoeuvres ayant peu de chances d'aboutir. Falkenhayn estimait préférable de limiter ses objectifs et de se concentrer sur une attaque de moindre ampleur mais puissamment soutenue en matériel afin de fixer l'armée russe et de l'user. C'est déjà la stratégie d'usure de Verdun, et elle aboutit à un succès impressionant puisque le front russe fut percé, entraînant la retraite de l'ensemble des forces en Pologne. Ce succès ne fut par contre pas trop coûteux à l'armée allemande.
A Verdun, Falkenhayn aurait donc chercher à obtenir le même résultat qu'en Russie: une attaque reposant sur une concentration exceptionnelle d'artillerie permettant d'économiser ses forces tout en usant celles de l'ennemi. Mais l'armée française montra alors des capacités de résistances que n'avait pas montré l'armée russe. Falkenhayn se laissa alors entraîner dans une escalade le conduisant à investir davantage de forces pour prendre Verdun, ce qui transforma son succès tactique initial (les pertes françaises furent au début bien plus lourdes que celles des Allemands, donnant raison à Falkenhayn) en une impasse qui coûta autant à l'armée allemande qu'à celle de son adversaire.
Dans son ouvrage "The eastern front", Norman Stone apporte un éclairage intéressant concernant Falkenhayn. Stone estime que Falkenhayn a joué un rôle essentiel dans le succès des Centraux à Gorlice-Tarnow en 1915, une victoire majeure qui ébranla l'armée russe et permit aux austro-allemands de conquérir la Pologne russe et de parvenir aux portes de Riga. La prudence de Falkenhayn s'opposa aux ambitions de Ludendorff et Hötzendorff qui méditaient de grandioses manoeuvres ayant peu de chances d'aboutir. Falkenhayn estimait préférable de limiter ses objectifs et de se concentrer sur une attaque de moindre ampleur mais puissamment soutenue en matériel afin de fixer l'armée russe et de l'user. C'est déjà la stratégie d'usure de Verdun, et elle aboutit à un succès impressionant puisque le front russe fut percé, entraînant la retraite de l'ensemble des forces en Pologne. Ce succès ne fut par contre pas trop coûteux à l'armée allemande.
A Verdun, Falkenhayn aurait donc chercher à obtenir le même résultat qu'en Russie: une attaque reposant sur une concentration exceptionnelle d'artillerie permettant d'économiser ses forces tout en usant celles de l'ennemi. Mais l'armée française montra alors des capacités de résistances que n'avait pas montré l'armée russe. Falkenhayn se laissa alors entraîner dans une escalade le conduisant à investir davantage de forces pour prendre Verdun, ce qui transforma son succès tactique initial (les pertes françaises furent au début bien plus lourdes que celles des Allemands, donnant raison à Falkenhayn) en une impasse qui coûta autant à l'armée allemande qu'à celle de son adversaire.
Re: Verdun?
Mais peut être qu'à l'aide de vos précieuses explications, nous pourrons un petit peu progresser ...Je relance ce sujet, peut-être un peu pointu pour ce forum.
Un Homme n'est jamais tout à fait mort tant qu'il y a quelqu'un pour prononcer son nom.
Re: Verdun?
Alain Denizot,dans son livre"Verdun" edité en 1996 ,ecrit dans la conclusion: " le hachoir fonctionne bien jusqu'au
25 février,mais peu à peu les pertes s'équilibrent malgré une supériorité écrasante en artillerie lourde pour les
Allemands. Les prestiges sont engagés et meme si Falkenhayn ne voulait pas prendre Verdun,il se condamne à le faire.La bataille suit sa propre dynamique,devient un Enfer de dix mois.
cordialement,Azor.
25 février,mais peu à peu les pertes s'équilibrent malgré une supériorité écrasante en artillerie lourde pour les
Allemands. Les prestiges sont engagés et meme si Falkenhayn ne voulait pas prendre Verdun,il se condamne à le faire.La bataille suit sa propre dynamique,devient un Enfer de dix mois.
cordialement,Azor.
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Re: Verdun?
Oui, en effet, il semble qu'une question de prestige, ou plutôt de moral ait joué. Loin d'ébranler l'armée française, l'offensive de Falkenhayn a donné à celle-ci, et plus encore à l'opinion publique, le sentiment d'une victoire. La prise de Verdun semble alors s'être imposée dans les esprits allemands afin d'infliger à l'adversaire le coup moral escompté. Mais, ce faisant, c'est le principe même d'une offensive brutale mais peu coûteuse pour l'attaquant qui était remis en cause.
Une bataille vraiment étonnante...
Une bataille vraiment étonnante...
Re: Verdun?
merci à tous pour ces explications.
Le general Pétain avait-il prévu un retrait défensif sur la rive gauche de la Meuse?Si oui,quelqu'un peut-il m'en donner les détails? Merci.
cordialement,Azor.
Le general Pétain avait-il prévu un retrait défensif sur la rive gauche de la Meuse?Si oui,quelqu'un peut-il m'en donner les détails? Merci.
cordialement,Azor.
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Re: Verdun?
Bonsoir,
merci Patrice pour vos renseignements.
Le general Pétain avait compris depuis longtemps qu'on ne luttait pas avec des hommes contre des machines et que "le feu tuait".Pétain, grand tacticien appliqua ses directives avec succès aVerdun en 1916 et en1917 ainsi qu'au Chemin des Dames ,après les mutineries,lors de la reprise du fort de la Malmaison en octobre 1917.
N'oublions pas non plus que la grande offensive finale de 1918 fut dirigée par le fougueux stratège Foch en tandem avec le réaliste Pétain.
La combinaison de ces 2 idéologies incarnées par ces deux grands chefs mena la France à la victoire.
merci Patrice pour vos renseignements.
Le general Pétain avait compris depuis longtemps qu'on ne luttait pas avec des hommes contre des machines et que "le feu tuait".Pétain, grand tacticien appliqua ses directives avec succès aVerdun en 1916 et en1917 ainsi qu'au Chemin des Dames ,après les mutineries,lors de la reprise du fort de la Malmaison en octobre 1917.
N'oublions pas non plus que la grande offensive finale de 1918 fut dirigée par le fougueux stratège Foch en tandem avec le réaliste Pétain.
La combinaison de ces 2 idéologies incarnées par ces deux grands chefs mena la France à la victoire.
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