"Attaques baïonnettes hautes"

ANTONA Antoine
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Re: "Attaques baïonnettes hautes"

Message par ANTONA Antoine »

Bonjour le forum, cette formule était elle une simple appellation extraite du fameux manuel d'infanterie ou a t elle été appliquée ,à l'encontre de toute logique, face à des nids de mitrailleuses.Cordialement? Antoine ANTONA
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Laurent59
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Re: "Attaques baïonnettes hautes"

Message par Laurent59 »

Bonjour le forum, cette formule était elle une simple appellation extraite du fameux manuel d'infanterie ou a t elle été appliquée ,à l'encontre de toute logique, face à des nids de mitrailleuses.Cordialement? Antoine ANTONA
Aussi ridicule que cela puis paraitre et en dehors de toute logique militaire cette "formule" a bien été appliquée lors des attaques.
"Les lauriers de la victoire flottent à la pointe des baïonnettes ennemies. C'est là qu'il faut aller les prendre, les conquérir par une lutte corps à corps, si on les veut. (...) Fuir ou se ruer, tel est l'inéluctable dilemme qui se pose. Se ruer, mais se ruer en nombre et en masse, là est le salut. Car le nombre, si nous savons nous en servir, nous permet, par la supériorité des moyens matériels qu'il met à notre disposition, d'avoir raison de ces feux violents de l'adversaire. Avec plus de canons nous éteindrons les siens, et de même des fusils, et de même des baïonnettes, si nous savons tous les employer.
"Le nombre, c'est la supériorité morale à notre profit par le sentiment de la force qu'il porte en lui et que nous développerons par la formation.
"Le nombre, c'est la surprise chez l'adversaire, la conviction qu'il ne peut résister, causée par l'apparition brusque du danger ; par la rapidité et les proportions d'une attaque qu'il n'a ni le temps ni les moyens de parer. " (Foch, Des principes de la guerre, p 322.)
"

je suis toujours médusé par ce manque de lucidité !!!

laurent :hello:
Histoire du soldat François Louchart 72ème RI .
Pages du 72e et 272e RI [https://www.facebook.com/laurentsoyer59[/url].
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ANTONA Antoine
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Re: "Attaques baïonnettes hautes"

Message par ANTONA Antoine »

Bonjour Laurent et merci pour ta réponse rapide , sidérante effectivement.J'ose esperer que ce texte date d'avant ou de 1914.Je me penche en ce moment sur les attaques d'Artois et de Champagne de 1915,et que l'entrée en dotation progressive des grenades à main a rendue caduque l'application de cette absurde doctrine de Foch .Amitiés ,Antoine.
garance.
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Re: "Attaques baïonnettes hautes"

Message par garance. »

bonjour,

GAY utilise cette expression dans son bouquin sur la bataille de Charleroi, en particulier pour l'inoubliable charge de la brigade Schwartz (1er RTA et 1er Zouaves, je crois) sur le hameau de Chatelet le 22 août 1914.

de mémoire : "les hommes franchissent le barrage de mitraille la baïonnette haute..."
"Il pleuvait en cette nuit de Noël 1914, où les Rois Mages portaient des Minenwerfer."
garance.
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Re: "Attaques baïonnettes hautes"

Message par garance. »

Bonjour à tous,
Bonjour Antoine,
Des moments de folie à l'état pur. Des corps à corps d'une cruautés incroyables avec des gestes qu'il n'est même pas possible de retranscrire ici.
Cordialement, Patrice.
Bonjour,

tout-à-fait d'accord avec vous, et cela me rappelle un ancien combattant interviewé par JM Cavada vers 94 qui disait que depuis cette guerre, il ne pouvait regarder ses mains qu'avec dégoût...

Ardant du Picq avait beau déclamer qu'à la guerre "le choc n'existe pas", certains témoignages prouvent le contraire !
"Il pleuvait en cette nuit de Noël 1914, où les Rois Mages portaient des Minenwerfer."
pierreth1
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Re: "Attaques baïonnettes hautes"

Message par pierreth1 »

bonjour ,
les principes de la guerre datent de 1903.
Les ruees a la baionnette il y a tant a dire, et nous n'etions pas les seuls, les allemands aussi: la garde prussienne dans les marais de Saint Gond face à Foch d'ailleurs s'est comportee de la meme facon, les jeunes recrues allemandes a Langemark firent de meme avec le meme resultat: le massacre inutile de nombre d'etudiants allemands
La baionette est une arme obsolete depuis longtemps malgre tout a ma connaissance toutes les armees l'ont maintenue et pour celles qui l'avaient supprimee reintroduite.
cordialement
Pierre
pierre
ANTONA Antoine
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Re: "Attaques baïonnettes hautes"

Message par ANTONA Antoine »

Bonsoir à tous, entièrement d'accord avec vous sur le fait que les attaques à la baïonnette furent bien plus nombreuses que ne le laisse entendre Mr CRU. Mon interrogation porte sur le fait que des hommes soient montés à l'assaut, baïonnette pointée vers le ciel, face à des nids de mitrailleuses au lieu de concentrer leurs feux d'infanterie.Qu'en pensez vous ?, Cordialement , Antoine
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Arnaud Carobbi
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Re: "Attaques baïonnettes hautes"

Message par Arnaud Carobbi »

Bonsoir à tous,

Simplement pour illustrer ce type d'attaque, voici ce qu'a écrit Galtier-Boissière à ce sujet. J'avais déjà mis ce texte dans un autre sujet, mais il est tellement explicite :
Jean GALTIER-BOISSIERE, La fleur au fusil (première édition 1917, extraits de la version non censurée de 1980).
Cordialement,
Arnaud


LA GRANDE BAGARRE (chapitre VI)
25 août 1914 (...)
Nous avançons dans l'herbe, au pas, l'arme haute. Les balles chantonnent au-dessus de nos têtes. Arrivés à la lisière du petit bois, le commandant, qui marche à pied dans la première ligne de tirailleurs, crie d'une voix formidable
- Troisième bataillon, à mon commandement !... Baïonnette au canon !
Juste à cet instant, comme par miracle, le soleil perce les nuages, resplendit et nous baigne de ses rayons. Les officiers tirent leurs sabres; nous ajustons nos baïonnettes en marchant. Un frisson parcourt les rangs. Mon coeur bat à se rompre; mais je n'ai plus l'anxiété de tout à l'heure, alors qu'il fallait sans bouger attendre la bonne volonté d'un obus. Je bous d'impatience. Mes camarades goûtent la même ivresse que moi. Tous les yeux brillent d'une joie féroce. Nous sentons intensément que rien ne peut nous résister. Tout doit plier devant nous. Frémissant d'une jouissance adorable, je jette un coup d'oeil en arrière; bravo ! d'autres lignes de tirailleurs apparaissent, prêtes à nous renforcer pour l'assaut final c'est une forêt mouvante de baïonnettes, étincelantes sous les rayons du soleil !
- Ah ! bath ! fait un homme, on va y aller à la fourchette ! Faut avoir vu ça !
Depuis deux jours, nous combattons sans apercevoir l'ennemi. Ces cochons-là nous écrasent à distance avec leurs gros obus. De nos camarades ont été tués et mutilés, et nous n'avons pas encore eu l'occasion de nous défendre, les armes à la main ! Mais aujourd'hui, Dieu merci ! c'est homme à homme qu'il va falloir se mesurer ! Le coeur battant, les mains crispées nerveusement au bois du fusil, la baïonnette haute, prêts à bondir en avant, nous activons l'allure, nous allons prendre le pas de charge en poussant d'effroyables hurlements... Et soudain, comme nous avons contourné le petit bois, un ordre passe soudain
- Remettez la baïonnette !
Remettre la baïonnette au fourreau, sans avoir embroché un seul Prussien, quelle déception ! L'élan est brisé, l'enthousiasme douché à froid ! Alors, quoi ? on s'était trompé ? L'ennemi n'occupait pas le bois ?
- V'là les c... qui recommencent ! me souffle Grimace.
Devant nous se dresse un coteau dénudé : pas un arbre, pas un mur, pas un repli de terrain; l'ennemi serait-il retranché là-haut?
Nous remontons à l'assaut du coteau, en tirailleurs, à quelques pas les uns des autres. Les balles sifflent dru; les shrapnells fusent au-dessus de nos têtes avec un ricanement rageur, nous arrosant de billes qui cinglent l'air entre nous; de gros obus éclatent avec un fracas de tonnerre, soulevant des geysers de terre qui retombent en grêlons sur nos têtes.
Assourdi par les éclatements, les oreilles bourdonnantes, je n'entends pas les ordres qu'on crie; j'essaie de ne pas perdre de vue l'adjudant, mon chef de section. Sourd, muet, saoul de poudre et de bruit, incapable de penser, je marche automatiquement, comme en état d'hypnose. Une seule idée, une seule volonté occupe tout le champ rétréci de ma conscience En avant ! en avant ! en avant !
Je vois confusément des hommes s'écrouler à ma droite, à ma gauche. Le capitaine bondit dans la fumée. Un clairon, debout, sonne la charge à pleins poumons :
Y a la goutte à boire, là-haut ! Y a la goutte à boire !
puis s'abat. Les rangs s'éclaircissent. Nous avançons toujours, sans regarder en arrière.
Maintenant, nous progressons par bonds; au signal de l'adjudant, on se dresse, on bondit en avant, on court, droit devant soi, alourdi par le sac, gêné par les cartouchières, le bidon, la musette qui bringuebalent au côté; puis on se jette à plat ventre, haletant; ma ceinture bourrée de louis s'est desserrée et me tombe dans les jambes. Autre emmerdement. Des hommes butent pendant la course, d'autres sont frappés à la tête en se relevant. Nul ne fait attention à son voisin, quel qu'il soit ! Une seule pensée : avancer !
Les balles arrivent par rafales, très bas, fouettant la terre à quelques pas devant nous.
- Ils nous fauchent avec des mitrailleuses, dit mon voisin, qui, l'instant d'après, ne se relève pas.
Encore un bond ! Nous sommes à quarante mètres de la crête, et l'ennemi qui nous mitraille est toujours invisible. Nous n'avons pas encore tiré un seul coup de fusil ! L'adjudant s'en tient au règlement, qui interdit au chef de section de commander des feux s'il ne distingue pas d'objectif. Je lui crie qu'on pourrait peut-être tirer un petit peu. Il se décide enfin à commander quelques feux de salve, pour reprendre sa troupe en main. Nous ne sommes plus qu'une dizaine qui tiraillons au hasard : tués ou blessés, les autres hommes de la section sont restés au flanc de la colline.

(...)
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jef52
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Re: "Attaques baïonnettes hautes"

Message par jef52 »

Bonsoir à toutes et tous,
bonsoir Antoine,
un petit extrait de l historique du 232e RI(bataille de Flirey 21/10/1914):
"L'attaque a lieu à 4h45 et le régiment s'élance hors des parapets avec un élan magnifique, baionnettes hautes.Mais l'ennemi, alerté sans doute par notre préparation met aussitot en action ses canons et ses mitrailleuses et c'est sous une averse de projectiles que la 18è Cie malgré ses pertes, atteint la tranchée ennemie..."
Cette sortie baionnettes au canon aura couté environ 250hommes au régiment.
Amicalement,

Jef
"Désormais je sais enfin que tous ces morts, ces Français et ces Allemands, étaient des frères, que je suis leur frère" Ernst Toller
Le blog du 232e RI http://232emeri.canalblog.com/
ANTONA Antoine
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Re: "Attaques baïonnettes hautes"

Message par ANTONA Antoine »

Bonsoir le forum, bonsoir Jef et Arnaud, vos témoignages confirment , hélas, les errances d'un réglement obsoléte comme l'atteste cet adjudant.La généralisation de grenades non artisanales comme le furent celles de 1914, a, je l'espére, mis fin a ce genre d'absurdité.Cordialement, Antoine.
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