texte sur le 15ème Ca un petit livre vraiment gratuit

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chanteloube
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Re: texte sur le 15ème Ca un petit livre vraiment gratuit

Message par chanteloube »

Bonjour à tous, bonjour à toutes,

Je viens de mettre en ligne un texte sur l'affaire du 15ème Ca
gratuit, ça nous changera de tout ce qui se vend autour des commémorations l
Je vous en souhaite bonne lecture et reste ouvert à toutes critiques constructives.

il commence ainsi :
Cette nouvelle étude de l'Affaire du 15ème CA est basée sur les sources auxquelles chacun, historien expérimenté ou Amateur d'Histoire, peut accéder. Il s'agit principalement des documents disponibles depuis internet sur le site Mémoire des Hommes.

ça devrait faire plaisir au moins à un de nous!



http://www.provence14-18.org/[u][/u]

A bientôt.
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IM Louis Jean
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Re: texte sur le 15ème Ca un petit livre vraiment gratuit

Message par IM Louis Jean »

Bonjour à toutes et à tous,
ça devrait faire plaisir au moins à un de nous!
A ce sujet :D quelle est votre source en ce qui concerne la dotation en mitrailleuses de l'armée française ?

<<.../... peu de chose sur les mitrailleuses dont nos armées furent beaucoup moins pourvues que celles de l’Allemagne. >>

En effet, je lis souvent que les régiments d'infanterie, allemands comme français, possédaient le même nombre de mitrailleuses, 6 en 1914.

Cordialement
Étienne
<< On peut critiquer les parlements comme les rois, parce que tout ce qui est humain est plein de fautes.
Nous épuiserions notre vie à faire le procès des choses. >> Clemenceau
PROCHET
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Re: texte sur le 15ème Ca un petit livre vraiment gratuit

Message par PROCHET »

Bonjour.
La supériorité allemande en mitrailleuses en août 1914 est une légende (parmi d'autres). Dotation organique : 1 section de 2 par bataillon français soit 6 par régiment d'active et 1 cie de 6 (+ 1 de rechange) par régiment allemand. A la bataille des frontières 1003 bataillons alliés et 922 bataillons allemands vont s'affronter. Sur le front ouest les allemands alignent 2069 mitrailleuses (pièces de rechange comprises) les français alignent 2192 mitrailleuses. Donc légère infériorité allemande (sans compter celles des belges et des anglais). Notre emploi tactique, indigent et nettement défensif de cette arme a certainement contribué à l'impression (bien réélle) ressentie par nos poilus, de la supériorité allemande dans ce domaine - même si localement cela pouvait être vrai.
Ce gonflement des matériels en faveur des allemands permettra d'expliquer notamment, nos premiers revers sans mettre en cause le... G.Q.G.
Réf : L'Armée allemande de 1914-1918 d'après des sources allemandes de M.A. Golaz. Revue Historique de l'Armée n° 2 juin 1948.
Cordialement P.ROCHET
chanteloube
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Re: texte sur le 15ème Ca un petit livre vraiment gratuit

Message par chanteloube »

Bonjour,

je vous entends bien et vous avez probablement raison tous les deux........ mais quelles sont vos sources?

Mon information (ou ma désinformation) vient des commissions des parlementaires français, de Mermeix et des comptes-rendus des commissions.

Je suis d'accord pour la dotation française.... quid de la dotation allemande..

Quelle était la dotation en mitrailleuses des nos régiments de réserve?

Pour en finir avec cette discussion ne faudrait-il, pas une bonne fois pour toute mettre les choses à plat avec des sources incontestables et vérifiables!

et tenter de mieux comprendre pour quelles raisons les Poilus avaient le sentiment que les mitrailleuses allemandes étaient plus nombreuses?


A bientôt
CC

Ce gonflement des matériels en faveur des allemands permettra d'expliquer notamment, nos premiers revers sans mettre en cause le... G.Q.G.
Réf : L'Armée allemande de 1914-1918 d'après des sources allemandes de M.A. Golaz. Revue Historique de l'Armée n° 2 juin 1948.



Vous sous-entendez quoi?
chanteloube
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Re: texte sur le 15ème Ca un petit livre vraiment gratuit

Message par chanteloube »

Bonjour,

Pour en finir avec ces approximations je propose que l'on mette "en face à face " les dotations en mitrailleuses des régiments français, celles des régiments allemands, autrement qu'en grandes masses mathématiquement calculées, sur des opérations bien délimitées ( au début du conflit) par exemple.

A bientôt
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IM Louis Jean
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Re: texte sur le 15ème Ca un petit livre vraiment gratuit

Message par IM Louis Jean »

Bonsoir à toutes et à tous,
Votre site, très bien fait, tord un peu plus le cou à cette "légende noire" du 15e CA.
Cette légende, son cou lui a été tordu depuis bien longtemps! Pendant la guerre et entre les deux mondiales, parmi de multiples exemples :

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Séance de la Chambre du 18 octobre 1919 dans le Parisien sur Gallica.

Georges Leygues, ministre de la Marine, le dit clairement : <<un crime, parce qu'elle pourrait morceler la patrie >>

Elle continue par contre à faire souffrir encore puisqu'elle est régulièrement, dans de nombreux ouvrages, pièces, articles, sites gratuits, conférences, ravivée et entretenue (1) dans des termes parfois plus vindicatifs qu'historiques.

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CYCLE DE CONFERENCES ET SPECTACLES
"La faute au Midi - soldats Héroïques et diffamés"
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MARSEILLE (13) LE JEUDI 10 NOVEMBRE à 18H30
Auditorium des AD 13
Jean-Marie GUILLON et Jean-Yves LE NAOUR
"La légende noire des soldats du Midi"
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http://cdoc.fr/soldat.html
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Le bien sous-titré :
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Cordialement
Étienne

(1) Edité au fil de l'eau pour mettre en ligne des exemples.
<< On peut critiquer les parlements comme les rois, parce que tout ce qui est humain est plein de fautes.
Nous épuiserions notre vie à faire le procès des choses. >> Clemenceau
chanteloube
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Re: texte sur le 15ème Ca un petit livre vraiment gratuit

Message par chanteloube »

Bonjour et merci Jean Louis,

Il semble, qu'en effet, une petite piqûre de rappel ne fasse pas de mal et le "vindicatif" que vous ajoutez, probablement par hasard,
montre bien que le travail de mémoire est loin d'être terminé.
Le rôle majeur de Joffre dans cette affaire est loin d'être admis surtout par les milieux qui souffrent lorsqu'on touche à la hiérarchie militaire,
le rôle non moins important des milieux de droite , Maurras en tête, est loin d'être reconnu par tous,
le fait que TOUS les CA engagés ont plié à peu prés en même temps, le 20ème comme les autres fait encore débat,
le fait que la mémoire de cet épisode a été faussée par les officiers du 20 ème ( Colin comme les autres) pour se donner le beau rôle et protéger Foch ne fait pas l'unanimité...
on est loin du consensus....
A bientôt.
CC
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IM Louis Jean
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Re: texte sur le 15ème Ca un petit livre vraiment gratuit

Message par IM Louis Jean »

Bonsoir à toutes et à tous,
Le rôle majeur de Joffre dans cette affaire est loin d'être admis surtout par les milieux qui souffrent lorsqu'on touche à la hiérarchie militaire
C'est vous qui le dites.
le rôle non moins important des milieux de droite , Maurras en tête, est loin d'être reconnu par tous
Pourtant vous avez posté un article de l'Action Française (celle de Maurras, non ?) dans ce fil. Je ne résiste pas à la tentation de le copier ici :

<<DEUIL PROVENCAL
ACTION FRANCAISE DU 25 AOUT 1914

Quelques journaux de diverses couleurs s'étaient mis d'accord ces jours ci pour déclarer que le silence des bureaux militaires était ce qu'il y a de pire au monde et qu'un bon petit bavardage serait inoffensif. Nous n'étions pas de leur avis. On a bavardé, le résultat ne s'est pas fait attendre. Plus direct et plus douloureux que tout raisonnement, il nous a donné trop raison.
Un hurluberlu du nom de Gerçais qui est sénateur de la Seine et Rédacteur au Matin, ayant découvert que « son inébranlable confiance dans la valeur de nos troupes » lui donnait « toute liberté d'esprit nécessaire »pour faire des sottises, il s'est fourré dans la tête de livrer au public les causes de « notre recul en Lorraine », et il a publié « qu'une division du 15°CA composée de contingents d'Antibes, de Toulon, de Marseille, et d'Aix a lâché pieds devant l'ennemi ». On trouvera plus loin la note rectificative et la juste protestation du Ministre de la guerre. Les troupes criminelles ont été châtiées, le journal coupable blâmé....Et le parlementaire? L'homme ou le corps qui lâche pied devant l’ennemi mérite le peloton d'exécution, mais un homme d’État qui lâche le secret dont il a le dépôt, mérite le fouet. Je dis peu!
Fouetté ou non, M. Gervais peut se dire que le mal est fait et qu'il ne dépend même plus de lui de le réparer. Seul, un beau coup, une action d’héroïsme hardi et sauveur réussie en pleine lumière par les Provençaux du 15°CA lavera le nom Provençal du crime collectif qui leur est imputé. D'ici là, quoi qu'on rectifie et quelque explication que l'on donne de vive voix ou par écrit, «le vieux peuple fier et libre» se croira en deuil de l'honneur.
Ceux des nôtres qui sont aux frontières ne mentiront heureusement pas, puisque la bataille charme toute inquiétude et qu'ils peuvent montrer, en le versant, à nous, que leur bon sang n'a pas dégénéré encore. « Le vieillard de Maillane » eut frémi de l’opprobre du 21 août. Il est vrai qu'il se fut redressé l'autre jour, au bruit des applaudissements qui saluaient l'intrépide traversée de la Lorraine dirigée au milieu des croiseurs allemands par mon éminent homonymes, le Commandant Maurras que je n'ai pas l'honneur de connaître mais qui est né quelque part autour de la Ciotat.
Comme dans les pays de plaine restés quelques temps à l'abri des incursions de l'étranger, les Provençaux n'ont pas toujours fourni un peuple très aguerri. Walter Scott n’apparaît pas mauvais historien quand il nous les montre à la fin du quinzième siècle presque perdus par les délices de la Paix. Or, cinquante ans après la réunion à la France il se lève en Provence des générations singulièrement dévouées jusqu'à l'héroïsme dans la défense contre les armées de Charles Quint.
Cela s'est retrouvé pendant les guerres religieuses et les guerres de la Révolution.
Mais de tout temps ce fut sur mer que le Provençal donna sa mesure -il suffit d'avoir de bons chefs- de combattre sous leurs yeux-, sa frugalité, sa sobriété, sa sensibilité prodigieuse aux points d'honneurs et enfin cette ténacité de race, si éloignée de la prétendue « impressionnabilité des méridionaux » dont parle M. Clemenceau ce matin, ténacité qui fait dire à la Vieille France : « têtu comme un provençal », le rendait redoutable sur tous les océans. C'est avec lui que Suffren a fait des miracles et que quelques-uns de nos matelots enfermés à Montrouge en 1870 n'ont pas laissé pâlir cette réputation.
La mer est une éducatrice mais les Provençaux ont connu depuis une corruptrice : la politique.
On ne saura jamais les torts que la politique fait à notre race. Les facilités croissantes de la naturalisation commencèrent par introduire ces derniers cinquante ans un flot d'étrangers trop divers. Ensuite le régime électif surprenant le pays dans une heure de dépression fit jouer de mauvais ressorts. Une représentation politique désastreuse fonctionnant au rebours de l’organisation sociale et s’occupant même de la combattre méthodiquement y réalisa peu à peu mais de plus en plus, et à la lettre, ce que Jules Lemaitre nomma « le gouvernement des pires ».
Nous avons expliqué en de vieilles études ( Le mauvais Midi - le Midi esclaves) comment le régime fut dans cette région plus complet que partout ailleurs et pu aller jusqu'au bout de la malfaisance; Opportuniste, radicaux, socialistes, anarchistes, formèrent dans le midi une chaîne continue, commençant aux Rouvier, continuant par les Clemenceau ou les Pelletan et se terminant par les fauteurs de l'antimilitarisme avoué, n'ayant que trop infesté nos parages, et qui n'ont que trop chanté dans le voisinage des troupes « Salut à vous nobles soldats du dix-septième » .
Dans un port de mer (qui le mettait d'ailleurs volontiers en minorité) j'ai vu pendant vingt ans un député de la circonscription, agitateur et doctrinal, rallier les moins bons éléments du pays contre tous les honorables fonctionnaires de la Marine. La vingt et unième années il reparaît avec sa cour des miracles habituelle mais cette fois, pour récompense, il était ministre de la Marine et les habits brodés d'argent se tenaient inclinés devant lui sur le débarcadère. La prime ainsi donné à un certain esprit de révolution relève forcément la côte de l'esprit d'anarchie. Enchérir sur le radical paraît la voie normale des honneurs, des triomphes, d'ailleurs suivis d'agissements fructueux. La conscience d'aucun peuple ne tiendrait contre cette immoralité en action. Et la fibre morale une fois relâchée , la fibre physique est malade. Mais, encore une fois devant l'ennemi tout change, tout se reforme, quand les énergies du passé veulent refleurir. La mobilisation en Provence s'est faite avec un enthousiasme un élan auquel nul ne s’attendait, les régiments ont quitté nos villes comme une promenade à la campagne. Le mauvais esprit ne s'y faisant pas sentir et les renseignements qui circulent s'accordent à montrer que les défaillances partielles si durement payées par la France ont causé une vive horreur parmi les compagnons d'arme des criminels. De cette horreur sacrée jaillira bientôt la revanche de ces coupables. Peut être déjà est elle obtenue ! Nous ne demandons d'ailleurs pas à la connaître non plus que nous n'avons demandé à savoir le crime. En de si cruelles rencontres un seul parti est sage, le parti pris, bien pris, de ne point gêner l’action par la critique.
On ne me fera jamais prendre les bureaux officiels pour un organisme infaillible. Ils peuvent et doivent se tromper, mais ils doivent aussi paraître se tromper en ne se trompa pas ou en se trompant moins qu'il ne semble et dés lors, leur position de gens qui savent n'est elle pas supérieure à la notre qui sommes aussi faillibles qu'eux et qui ne savons pas. Les silences de ces messieurs peuvent avoir leurs défauts et tous le inconvénients énumérés par Clemenceau ou par Pichon.
Mais voici qui va tout régler: dans l’excès de parole qu'on réclame d'eux ou celui que l'on se permet sans leur permission il peut se cacher tel péril incomparablement supérieur inconnu de nous et qu'ils savent. >>



Pour ce qui est du général Colin (discours de l'entre deux guerres...) je n'ai pas trouvé votre démonstration convaincante (voir le fil L'histoire, revue et corrigée par le général Colin dont le texte n'a d'ailleurs pas été modifié malgré les éléments nouveaux apportés sur l'attaque des chasseurs bavarois et la maison Laurent). D'autant plus que vous le classez dans la mouvance Maurras et de l'Action Française (dont le texte ci-dessus montre bien qu'il défend le Midi).

Je n'ai pas trouvé de brèche dans le consensus contemporain qui se fait sur le caractère diffamatoire des propos du sénateur Gervais. Ce n'est donc pas le rappel qui pique.

Cordialement
Étienne
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chanteloube
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Re: texte sur le 15ème Ca un petit livre vraiment gratuit

Message par chanteloube »

Rebonjour,

Vous n'avez pas résité à l'envie de démontrer vous -même que le consensus était loin d'être général...donc piqure de rappel non militante ( le coup du militant ne marche plus.... il est trop utilisé par certains politiques ) mais analyse historique fondée QUE VOUS POUVEZ CONTREDIRE avec des arguments autres "que c'est vous qui le dites.....".

Qu'elle ne vous convienne pas ne surprendra personne ...j'ajoute pour être tout à fait complet que Belleudy comme le ministre que vous citez ne mettaient personne en cause..... sauf Messimy ....commode......non! et consensuel......

Pour ce qui est de Colin..... je vais publier le nouveau texte ici, tout à l'heure pour que chacun puisse en profiter.

A bientôt
chanteloube
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Re: texte sur le 15ème Ca un petit livre vraiment gratuit

Message par chanteloube »

Bonjour,

je ne peux pour l'instant faire mieux côté présentation:


L'histoire, revue et corrigée par le général Colin
ou
comment la légende noire a perduré


Le futur général Colin, commandait le ler bataillon du 26ème RI à la déclaration de guerre. Il prit le commandant du régiment en octobre 1914 à la place du colonel d'Armau de Pouydagrin blessé le 25 août 1914, à la tête de son régiment et nommé ensuite général de brigade le 20 juin 1922, puis général commandant la 11ème Division d'Infanterie, une des deux " division de fer ", le 19 septembre 1928.
Lors d'une conférence faite en l'honneur du général Balfourier au "déjeuner de la Sabretache du 15 décembre 1933", il a prononcé un discours, par la suite imprimé, évoquant les événements des 19 et 20 août 1914.
Venant d'un officier de ce rang, et 20 ans après les faits, on aurait pu s'attendre à un peu plus de recul, un peu plus d'impartialité, un peu plus de connaissance des faits. Il n'en a rien été.
Nous allons montrer comment le récit historique a été déformé pour perpétuer les accusations contre le 15ème Ca.
Revenant aux sources, confrontons, point par point, le texte du général Colin et les documents déjà disponibles à l'époque.
Pour plus de clarté nous avons usé de polices différentes. Le texte du général Colin est en cratère Courrier, les documents puisés dans les JMO sont en Garamond, nos observations en Times.
Voici d'abord le texte du général Colin que nous nous proposons de contester:

[...] le 19 août l'offensive est reprise. La 11ème division d'infanterie reçoit l'ordre de se porter vers le nord en direction de Château-Voué-Morhange. A 17 heures elle arrive devant Morhange et occupe Pévange avec le 4ème B.C.P, Riche et Conthil avec le 37ème R.I, le Haut de Koéking avec le 79ème R.I sous un tir d'artillerie de tous calibres d'une intensité croissante. Le soir le 20ème Ca qui occupe également le signal de Marthil et le signal de Baronville, est fortement en avance sur ses voisins.
Le 20 août à l'aube, les Allemands se ruent à l'assaut de nos positions. Le 4ème B.C.P sous les ordres du commandant Lacapel résiste au nord de Pévange et contre-attaque à la baïonnette, l'ennemi suit et s'avance sur Riche.
Entre Pévange et Riche, les troisième et deuxième bataillons du 37ème R.I, bien soutenus par nos 75 arrêtent la progression de l'ennemi.
Le 1er bataillon du 37ème R.I lutte avec le même héroïsme. Il a une compagnie 1/2 dans Conthil qui finit par succomber écrasée par le nombre. Une poignée de braves se barricadent avec le capitaine de Fabry dans une villa à l'issue ouest du village et en font "la maison des dernières cartouches", où ils résistent jusqu'à la mort, infligeant à l'ennemi de lourdes pertes.
Mais les Allemands ne vont pas plus loin : ils s'arrêtent devant le 1er bataillon du 26ème R.I établi au nord du ruisseau de Bonvoix. Sur la droite la lutte n'est pas moins ardente. Le bataillon Craman du 79ème R.I est écrasé dans Lidrezing. Son chef est tué son revolver à la main dans une lutte corps à corps. Le détachement Aime (deux bataillon du 79ème, un bataillon du 26ème, un groupe d'artillerie du 8ème) attaqué sur les Hauts de Koéking et à 343 par des forces très supérieures fait une résistance désespérée. Il se maintient dans la Tuilerie et la Ferme mais perd la cote 343. Là se limite l'avance allemande. L'ennemi qui a subi de très grosses pertes n'avancera plus de tout le reste de la journée sur le front de la 11ème D.I.
Nos voisins de droite ont malheureusement reculé. Angoissante situation qui décide le commandement à lancer une contre-attaque pour rejeter les allemands de la cote 343 et enrayer l'offensive ennemi qui presse fortement le 15ème corps. Le général Delbousquet, commandant la 21ème brigade est chargé de cette opération. Il dispose du détachement Aime et de deux bataillons réservés du 69ème R.I. La contre-attaque sera flanquée à droite sur la route de Wuisse par une bataillon réservé du 26ème R.I qui recherchera la liaison avec le 15ème corps. Les deux bataillons du 69ème R.I gagnent allègrement la lisière nord de la forêt de Koéking.
Le détachement Aime (deux bataillon du 79ème, un bataillon du 26ème, un groupe d'artillerie du 8ème) attaqué sur les Hauts de Koéking et à 343 par des forces très supérieures fait une résistance désespérée. Mais le 15ème corps continue son repli et a perdu Dieuze.
Ordre est donné à 11h45 au le général Delbousquet de ne pas déclencher son attaque.
Malheureusement ce contre-ordre n'arrive pas en temps utile et les bataillons Pettelat et Segond du 69ème R.I exécutent la mission de sacrifice qui leur est demandée. Le commandant Segond est tué.
Pendant ce temps le 3ème bataillon du 26ème R.I, flanc-garde de droite, en recherchant la liaison avec le 15ème Ca dans la forêt de Bride tombe dans le flanc d'une force ennemie et s'empare de 17 voitures de munitions avec leurs attelages, des bagages du 130ème régiment allemand et fait cent quinze prisonniers dont trois officiers. Il est 13heures, la 11ème division a tenu partout et elle aperçoit toujours de ses positions les rouges casernes de Morhange qui resteront pour elle comme un mirage !
En effet la situation ne fait qu'empirer au nord et surtout au sud, le 20ème Ca et la 11ème D.I en particulier sont complètement en flèches aussi l'ordre de retraite est-il donné. Le décrochage se fait vers 14heures, d'ailleurs sans difficulté, l'ennemi a appris à respecter la division de fer et pas un casque à pointe ne bouge [...]


Au terme de cette lecture, on est dans une ambiance héroïque, propre à impressionner un groupe de militaires en banquet, peu enclins à critiquer, voire à mettre en doute la parole d'un général.
Nous allons voir de quelle façon il prend des libertés avec les faits, à tout le moins moins des liberté avec ce que disent les JMO dont il avait forcément connaissance.
Le général Colin commence ainsi:

[...] le 19 août l'offensive est reprise. La 11ème division d'infanterie reçoit l'ordre de se porter vers le nord en direction de Château-Voué-Morhange. A 17 heures elle arrive devant Morhange et occupe Pévange avec le 4ème B.C.P, Riche et Conthil avec le 37ème R.I, le Haut de Koéking avec le 79ème R.I sous un tir d'artillerie de tous calibres d'une intensité croissante. Le soir, le 20ème Ca qui occupe également le signal de Marthil et le signal de Baronville, est fortement en avance sur ses voisins.

Or, on sait par plusieurs JMO que le signal de Baronville n'a pas pu être tenu. On peut aussi discuter sur ce que signifie le soir! Il est néanmoins vrai que le Signal a été un moment occupé, un moment seulement!
Que dit le JMO de la 27ème DI ?

" pertes sérieuses pour le régiment " et " que le colonel de Grandmaison avait été blessé à la tête. Le 160ème RI, sans pouvoir prendre définitivement la crête du Signal de Marthille et de Baronville, avait du s'engager en entier et avait subi de fortes pertes ".

précisions confirmées par le JMO du 153ème RI et par le JMO de la 39ème DI , à la date 20 août, qui dit:
" les combats avait duré, la veille, jusqu'à 21 heures, les pertes étaient: sérieuses pour le régiment " et " [que] le colonel de Grandmaison avait été blessé à la tête. Le 160ème RI, sans pouvoir prendre définitivement la crête du Signal de Marthille et de Baronville, avait du s'engager en entier et avait subi de fortes pertes ".



Le JMO de la IIème armée énonce bien, lui aussi, que le 20 au matin :

[...]Tandis que ce contre-temps a pour conséquence de retarder l'offensive de notre droite, le 20ème CA qui aux termes de l'ordre n°27 précité devait s' asseoir sur ses positions dans une situation d'attente, se dispose au contraire à reprendre l'attaque pour s'emparer des hauteurs de Baronville et de Morhange

Si l'on veut prendre le signal de Baronville c'est évidemment que l'on ne le tient pas. Il y a, déjà sur ce point, plus qu'une approximation d'autant plus que le 160ème est impliqué dans l'affaire autant que le 26ème, mais le 160 n'appartient pas à la 11ème DI, il appartient à la 39ème, ce qu'il omet de dire....Notons que les JMO des deux régiments ont disparu (ou ne sont pas consultables au 25 février 2014)
Il y a aussi oubli volontaire des lourdes pertes consenties pour prendre Conthil.
Voyons maintenant comment la bataille de Morhange, (côté 11ème DI) est racontée par le général Colin.

Le 20 août à l'aube, les allemands se ruent à l'assaut de nos positions. Le 4ème B.C.P sous les ordres du commandant Lacapel résiste au nord de Pévange et contre-attaque à la baïonnette, l'ennemi [ suit ? ] et s'avance sur Riche.
Entre Pévange et Riche, les troisième et deuxième bataillons du 37ème R.I, bien soutenus par nos 75 arrêtent la progression de l'ennemi.
Le 1er bataillon du 37ème R.I lutte avec le même héroïsme.
Il a une compagnie 1/2 dans Conthil qui finit par succomber, écrasée par le monde. Une poignée de braves se barricadent avec le capitaine de Fabry dans une villa à l'issue ouest du village et en font "la maison des dernières cartouches", où ils résistent jusqu'à la mort, infligeant à l'ennemi de lourdes pertes.


Sur cet épisode glorieux revoyons les sources, et d'abord cet extrait du JMO du 37ème RI

20 août à 3 heures du matin, les 2ème et 10ème compagnies vont réoccuper la crête à l'est de Pévange.
A 4 heures l'infanterie allemande soutenue par une nombreuse artillerie attaque concentriquement le village de Conthil.
A 5 heures les 2ème et 10ème compagnies sous les ordres du commandant de Fontainieu sont également attaquées par une infanterie nombreuse venant de Morange et se trouve en butte aux coups de l'artillerie établie au sud-ouest de Morange et au sud de Marthyl.
Le village de Metzing est mis en état de défense par les 9ème et 12ème compagnies tandis que le 2ème bataillon est appelé d'Haboudange au sud de Metzing.
Les 7ème, 8ème et 5ème compagnies sont successivement envoyées pour renforcer les 10ème et 2ème compagnie.
Le feu d'infanterie et d'artillerie est excessivement violent. Des fantassins allemands tirent des fenêtres de la caserne de Morange. Les capitaines Humbert et Bruguières, le lieutenant Vandey sont tués. Les capitaines Sérot, Rumpler, Chasles, les lieutenants Bertrand, le lieutenant de réserve Imhaus sont blessés. Les compagnies sont décimées. Le commandant de Fontainieu malgré sa blessure conserve le commandement de son bataillon pendant 3 heures.
D'après des renseignements obtenus ultérieurement concernant les officiers, il résulte que le lieutenant Bertrand porté ci-contre comme blessé fut tué ainsi que le capitaine de Fabry et les lieutenants Toussaint et Laffitte, non portés. Furent également blessés, les lieutenants Piéri, Paitro, Lienhard.


Cette version du JMO de l'épisode, confirme bien les pertes et montre des soldats tombant sous des tirs venus de fort loin.
" la maison de la dernière cartouche" est tout à fait dans " le style division de fer" mais, à notre connaissance, n'est confirmée, en ces termes, dans aucun JMO, ce dont on a le droit d'être surpris. La véracité de cet épisode ne peut cependant être mise en doute, nous verrons plus loin pour quelles raisons.
Le général Colin, en plein verve hagiographique poursuit:

Mais les Allemands ne vont pas plus loin : ils s'arrêtent devant le 1er bataillon du 26ème R.I établi au nord du ruisseau de Bonvoix. Sur la droite la lutte n'est pas moins ardente. Le bataillon Craman du 79ème R.I est écrasé dans Lidrezing. Son chef est tué son revolver à la main dans une lutte corps à corps. Le détachement Aime (deux bataillon du 79ème, un bataillon du 26ème, un groupe d'artillerie du 8ème) attaqué sur les Hauts de Koéking et à 343 par des forces très supérieures fait une résistance désespérée. Il se maintient dans la Tuilerie et la Ferme mais perd la côté 343. Là se limite l'avance allemande. L'ennemi qui a subi de très grosses pertes n'avancera plus de tout le reste de la journée sur le front de la 11ème D.I.

Revenons en détails sur les affirmations du général Colin, et d'abord avec cet extrait du JMO du 37ème RI

A 11 heures, le colonel donne l'ordre aux compagnies de 1ère ligne établies à l'est de Pévange de se replier sur les hauteurs au sud de Riche. Le mouvement est protégé par les 9ème et 12ème compagnies établies à Metzing et par la 6ème compagnie qui va tenir Riche et les hauteurs au sud de Riche. Pendant ce temps les éléments qui défendaient Conthil avaient été obligé de l'évacuer et s'étaient reformés sur la croupe nord de Lidrequin.

La résistance des troupes est certaine, elles tiennent bien jusqu'à 11 heures, ce que fera aussi le 16ème Ca ailleurs. Mais ensuite.....Le général Colin va habilement se laisser aller au discours stigmatisant le 15ème Ca, mais sans se dévoiler véritablement

Nos voisins de droite ont malheureusement reculé. Angoissante situation qui décide le commandement à lancer une contre-attaque pour rejeter les allemands de la cote 343 et enrayer l'offensive ennemi qui presse fortement le 15ème corps. Le général Delbousquet, commandant la 21ème brigade est chargé de cette opération. Il dispose du détachement Aime et de deux bataillons réservés du 69ème R.I. La contre-attaque sera flanquée à droite sur la route de Wuisse par une bataillon réservé du 26ème R.I qui recherchera la liaison avec le 15ème corps. Les deux bataillons du 69ème R.I gagnent allègrement la lisière nord de la forêt de Koéking.

Il y a là une habile confusion, on nous parle des ordres, le sera est clair, mais on sait qu'ils ne seront pas suivis d'exécution. Le détachement Aime est dans une position qui le lui interdit! l

Le JMO de la IIème armée dit clairement :

Bien que le 20ème CA ne fut nullement entamé par les pertes qu'il subit dans ses différentes affaires, il se trouve, de l'initiative de son chef, engagé dans une opération particulière, les troupes complètement employées ne pourront plus, dans le courant de la journée que fixer les forces ennemies qu'elles auront attirées sur elles. En particulier le 20ème CA ne sera plus en mesure d'exécuter l'ordre que lui donnera à 7 h 15 l'armée d'attaquer vers Lidrezing pour enrayer l'offensive ennemi débouchant de la Forêt de Kœcking dans le flanc de la 30ème Division.


Le général Colin dit lui même, 10 lignes plus tôt, que:

Le détachement Aime (deux bataillon du 79ème, un bataillon du 26ème, un groupe d'artillerie du 8ème) attaqué sur les Hauts de Koéking et à 343 par des forces très supérieures fait une résistance désespérée.

On voit mal, dans ces conditions, comment une troupe, dans la situation évoquée ici, se lancerait en même temps dans une contre-attaque. Ce qu’annonce la JMO de la IIème Armée semble donc fondé : les troupes complètement employées ne pourront plus, dans le courant de la journée que fixer....Le général Colin poursuit :

Mais le 15ème corps continue son repli et a perdu Dieuze.
Ordre est donné à 11h45 au le général Delbousquet de ne pas déclencher son attaque.
Malheureusement ce contre-ordre n'arrive pas en temps utile et les bataillons Pettelat et Segond du 69ème R.I exécutent la mission de sacrifice qui leur est demandée. Le commandant Segond est tué.


On peut avancer l'idée que si l'ordre a été lancé à 7 h 15 et que le détachement Aime fait une résistance désespérée c'est qu'il n'est pas dans une action de contre-attaque comme on le lui a demandé, (il a probablement tenté d'attaquer sur ordre du 20ème Ca mais a été immédiatement bloqué). Il n'est donc pas dans une mission de sacrifice, il lutte héroïquement pour sa propre survie!
De fait, il y a là une entorse à la vérité, faite par le général Colin1. Le JMO de la 11ème DI dit, de façon on ne peut plus claire, que l'ordre de prendre une attitude défensive est arrivé, venant du Ca, à 8h45 ( il y a 7 km entre la division et l'unité! Ce qui correspond à une demi-heure de cheval!)

Pendant ce temps le 3ème bataillon du 26ème R.I, flanc-garde de droite, en recherchant la liaison avec le 15ème Ca dans la forêt de Bride tombe dans le flanc d'une force ennemie et s'empare de 17 voitures de munitions avec leurs attelages, des bagages du 136ème régiment allemand et fait cent quinze prisonniers dont trois officiers.

Ceci est tout a fait possible. Nous n'avons cependant pu repérer aucune source, dans les JMO, qui permet de confirmer cet épisode glorieux qui aurait du y laisser des traces! ( il se peut que nous ayons laissé passer l’information, il est vrai aussi que des JMO manquent). Disons tout net et que des sources privées confirment l'épisode.

Revenons au 26ème Ri et à Conthil avec le JMO du 37ème RI.

20 août à 3 heures du matin, les 2ème et 10ème compagnies vont réoccuper la crête à l'est de Pévange.
A 4 heures l'infanterie allemande soutenue par une nombreuse artillerie attaque concentriquement le village de Conthil.
A 5 heures les 2ème et 10ème compagnies sous les ordres du commandant de Fontainieu sont également attaquées par une infanterie nombreuse venant de Morange et se trouve en butte aux coups de l'artillerie établie au sud-ouest de Morange et au sud de Marthyl.
Le village de Metzing est mis en état de défense par les 9ème et 12ème compagnies tandis que le 2ème bataillon est appelé d'Haboudange au sud de Metzing.
Les 7ème, 8ème et 5ème compagnies sont successivement envoyées pour renforcer les 10ème et 2ème compagnie.
Le feu d'infanterie et d'artillerie est excessivement violent. Des fantassins allemands tirent des fenêtres de la caserne de Morange. Les capitaines Humbert et Bruguières, le lieutenant Vandey sont tués. Les capitaines Sérot, Rumpler, Chasles, les lieutenants Bertrand, le lieutenant de réserve Imhaus sont blessés. Les compagnies sont décimées. Le commandant de Fontainieu malgré sa blessure conserve le commandement de son bataillon pendant 3 heures.

Il est noté en marge :
d'après des renseignements obtenus ultérieurement concernant les officiers, il résulte que le lieutenant Bertrand porté ci-contre comme blessé fut tué ainsi que le capitaine de Fabry et les lieutenants Toussaint et Laffitte, non portés. Furent également blessés, les lieutenants Pieri, Paitro, Lienhard.
A 11 heures, le colonel donne l'ordre aux compagnies de 1ère ligne établies à l'est de Pévange de se replier sur les hauteurs au sud de Riche. Le mouvement est protégé par les 9ème et 12ème compagnies établies à Metzing et par la 6ème compagnie qui va tenir Riche et les hauteurs au sud de Riche.
Pendant ce temps les éléments qui défendaient Conthil avaient été obligé de l'évacuer et s'étaient reformés sur la croupe nord de Lidrequin.


On a là une vision moins héroïque des événements. Le 37ème essaie de tenir en appelant à la rescousse, en vain, tous les renforts possibles. Il est contraint de quitter Conthil sous la pression et "les balles venant des casernes de Morhange " sur lesquelles l'artillerie, en retard, tire tardivement. Notons quand même au passage que les casernes sont à 4 kilomètres à vol d'oiseau et que les fusils allemands ne portent heureusement pas aussi loin. Le régiment se replie, en se couvrant habilement, fraction par fraction. Dans cet extrait, l'épisode de "la dernière cartouche" est un peu oublié mais nous ne pouvons pas ignorer qu'un document photographique allemand disponible à la Mairie de Conthil et daté d'août 14 montre une maison ravagée par les impacts de balles et un tir d'obus. Les noms de 36 soldats sont portés sur un monument commémoratif ce qui témoigne de l’acharnement des combats à cet endroit. Nous ne pouvons pas oublier non plus de citer une source non confirmée, crédible et probablement allemande, qui décrit le combat de la façon suivante: 
La 2ème compagnie déloge rapidement les tireurs ennemis en plein champ au sud du village situé à l’ouest de Lidrequin. Pendant ce temps, les 1ère et 3ème compagnies gagnent la bordure ouest de Conthil. Alors qu’ils se concentrent dans la rue du village, à environ 100 m à l’extérieur de la localité, une fusillade parvient depuis des fenêtres et des lucarnes au sous-sol d’une maison entourée d’un grillage en fer de 2 m. de haut.
Toutes les tentatives pour prendre d’assaut la forteresse échouent et coûtent de lourdes pertes aux bavarois. Finalement, le commandant du bataillon interdit toute nouvelle attaque et regroupe des fragments des deux compagnies pour les employer à nettoyer l’intérieur des maisons à l’extrémité du village.
A 9 h, la 4ème compagnie est maintenant arrivée en bordure nord et les tireurs ennemis qui s’approchent à 1000 m de l’ouest, sont forcés de faire marche arrière.
A 10 h, les 1ère et 3ème compagnies s’installent en bordure ouest pour la défense du village. Une partie de la 2ème compagnie qui se trouve au sud vient en renfort pour les aider.
Depuis le Haut de Koeking, l’artillerie ennemie envoie maintenant ses projectiles. C’est seulement à midi, que le commandant du bataillon de chasseurs demande au 5ème groupe du 5ème régiment d’artillerie de réserve bavarois de prévoir une brèche dans la sinistre maison en bordure ouest. 20 minutes plus tard, 90 hommes de troupe entraient en force.


Voyons maintenant ce qu'il en est de la résistance particulière de la 11ème DI:

Il est 13heures, la 11ème division a tenu partout et elle aperçoit toujours de ses positions les rouges casernes de Morhange qui resteront pour elle comme un mirage !

On ne peut qu'être perplexe devant un tel texte. D'abord parce que la 11ème Di n'a tenu ni plus que les autres, ni beaucoup plus longtemps, par contre elle se replie très habilement. On peut aussi penser que les soldats qui se retirent ont certainement d'autres sentiments moins romantiques à propos de "rouges casernes de Morhange" qui les ont arrosés d'obus et de balles et ont tué beaucoup de leurs camarades.

En effet la situation ne fait qu'empirer au nord et surtout au sud, le 20ème Ca et la 11ème D.I en particulier sont complètement en flèches aussi l'ordre de retraite est-il donné. Le décrochage se fait vers 14heures, d'ailleurs sans difficulté, l'ennemi a appris à respecter la division de fer et pas un casque à pointe ne bouge.

On lit dans le JMO de la 7ème compagnie du 160ème RI:

Nos compagnies de premières lignes forcées de se replier sous le feu terrible des obusiers et de l'infanterie commencent leur mouvement de repli...

On sourirait de ce "cocorico de la division de fer" si la désinformation n'était pas aussi patente. Le décrochage a commencé avant 13 heures, vers 11 heures (voir JMO 37ème RI). Par ailleurs, les Allemands n'ont rien appris à respecter, la suite le montrera, ils ont pris les Français à leur jeu d'orgueil et les ont amenés là où ils voulaient, à cause de cet orgueil, 11ème DI comprise. Tous les JMO notent qu'ils poursuivent mollement.
Si nous essayons d'aller un peu plus loin dans la recherche des faits, et voir d'encore un peu plus prés ce que la narration du général Colin a de fautif....nous revenons au Journal de marche de la 7ème compagnie du 160ème RI. ( Nous avons déjà dit combien ces journaux étaient précieux pour le chercheur car s'y cachent souvent des informations importantes)

[...] 19 août : (mercredi)
6h30: départ de Vic
objectif Baronville. Marche pénible. Régiment avant-garde 1er et 3ème, 2ème bataillon en tête du gros avec 156°
13 heures:
A partir de Dalheim marche sous le feu de l'artillerie ennemie et amie, formation appropriée, pas de pertes, les Allemands tirent avec 105 explosifs plusieurs rafales tombant à 20 30 m des sections de la compagnie, bonne tenue des hommes.
16 heures:
Arrivée à Escher; les 1 et 3ème bataillon engagés sur tout le front ennemi. 2ème bataillon engagé: 6 et 8 à droite de la ligne, 5 et 7 restant disponibles dans le village. Les obus lourds pleuvent de part et d'autre du village Aucune perte pour la compagnie qui s'est abritée dans les maisons.
19 heures:
Garde des rues du village à partir de 22h fusillade sur le front, la compagnie prend les armes.
23 heures:
Vers 23 h, ordre d'aller faire une contre-attaque sur le front, 5 et 7 y vont. Arrivée à l'emplacement: contre-attaque inutile.
La compagnie bivouaque sur place et reste à la disposition du colonel, au cours de la nuit la fusillade reprend sur le front à plusieurs reprises.
20 aôut: jeudi.
Le combat reprend au lever du jour, la compagnie est toujours au même emplacement, de nombreuses balles sifflent sur nos têtes.
5 h 15:
Notre artillerie lourde s'entend à notre droite (11ème DI)
Position ennemie extrêmement forte devant nous, retranchements, blindages, pertes très sensibles, on voit défiler les blessés.
8 h 30:
Nos compagnies de premières lignes forcées de se replier sous le feu terrible des obusiers et de l'infanterie commencent leur mouvement de repli, la 7ème compagnie s'engage: mission , protéger la retraite, 3 sections en ligne pour le soutien. Feu ouvert sur l'ennemi à 600 m, tir bien conduit, meurtrier pour les Allemands qui ne peuvent déboucher sur le front de la compagnie, par contre leur tir est mal ajusté et ne cause pour ainsi dire aucunes pertes. La compagnie se maintien 1 heure environ sur sa position.


Donc jusqu'à 9h30, pas plus!

Traversée du village d'Esher très meurtrière pour nous, toutes les voies du village sont enfilées par le feu ennemi chaque section laisse des blessés en arrière le lieutenant Colliette gagne l'ambulance
Débouché du village et repli vers le sud, c'est le moment le plus critique de la journée notre repli n'étant pas soutenu par le feu. A partir de la lisière du village il s'exécute en désordre presque individuellement. Le terrain a parcourir et une suite de petites cuvettes sont battues de flanc par le feu ennemi et les mitrailleuses et l'artillerie ennemie. Les Allemands nous infligent des pertes énormes.
Tentative de réorganisation. Quelques officiers de différents régiments ( 153, 156, 160 ) reforment en ordre 3 ou 4 groupes de 80 à 100 hommes et les font reposer à l'abri du feu. Chaque fois que des isolés arrivent à proximité des ces groupes le feu reprend et l'artillerie ennemi nous envoie des rafales meurtrières. Ayant reconnu des cheminements défilés des officiers emmènent les groupes ainsi reformés.
Rassemblement du régiment.
S'effectue successivement au village de Burliaucourt ou arrivent sans cesse de groupes plus ou moins forts qu'on reconstitue.
Marche en retraite vers Château Salins ce qui reste du régiment se rend au N de Château-Salins en vue d'une attaque possible de la cavalerie ennemie. Cette marche est suivie par l'artillerie qui tire à courte distance de l'arrière de la colonne. Encombrement de la route, sections de munitions, artillerie, ambulances, convois de blessés etc..) Ravitaillement en vivres impossible depuis le 19 août )


On n'est pas tout à fait dans tableau quasi idyllique de retraite sur ordre d'unités bien organisées accrochées au terrain que nous livre le général Colin.....On est dans un climat de retraite parfaitement conduite, ce qui est déjà beaucoup.
On peut voir alors le JMO du 69ème RI à la date du 20 août 1914.

[…] Le régiment prend part à la continuation de l'action offensive prescrite pour la journée du 19 au 20ème Ca dans les conditions suivantes:
les 1 et 2ème bataillons vont prendre d'abord une position d'attente sur la route de Hampon à Wuisse à l'E de Château-Voué. Ils font partie des troupes réservées à la disposition du commandant du Ca et sont commandés par le général commandant la 21ème Brigade.
A 9 h 15, l'ordre est donné par le général commandant la 21ème Brigade de faire attaquer immédiatement par ces deux bataillons dans la direction générale Lidrezing et ferme Sainte Suzanne, cote 330, ferme Dordal point qu'il ne devra pas dépasser. Les deux bataillons doivent être couverts à droite par un bataillon du 26ème qui se portera à la bifurcation de la route Lidrequin-Dieuze avec la Route Faitière de la forêt; en outre l'escadron divisionnaire se portera sur la ligne 330-630 pour couvrir sur son flanc droit l'attaque du 69ème RI.
En exécution de cet ordre les deux bataillons 4ème et 2ème se portent de Wuisse sur la lisière N de la forêt au sud du haut de Koeking, en suivant la route de Wuisse -Tuilerie de Koecking puis le chemin forestier orienté S E-N E au sud de laTuilerie
Vers 10h 30, les 2 bataillons sont rassemblés face au N au S de la ferme du Haut de Koecking en liaison avec l'artillerie qui doit appuyer son attaque et une partie du Bataillon du 79ème qui occupait déjà la lisière au S E de la ferme.
Le colonel apprend alors que la cote 343 est occupée par l'ennemi. Il se décide en conséquence à l'attaquer pour pour, de là, pousser sur Lidrezing en cherchant à éviter le plus possible le feu d'une batterie d'obusiers installée vers l'E de la cote 330 et au sud du bois de Renardvignes. Dans ce but le bataillon ( Pettelat) était amené face à son objectif et à la cote 343, la 5ème et 6ème Compagnies en 1éres lignes, 7ème en 2ème ligne, la 8ème compagnie déployée à l'est pour s'assurer du flanc droit de l'attaque du côté du bois.
Les 4 compagnies du 1er bataillon étaient destinées en arrière à soutenir le 2ème bataillon. Le commandant du groupe d'artillerie installé à Koeking était prévenu par écrit que l’attaque déboucherait à 11 h 40 après une préparation sérieuse par le feu de son artillerie. Après une préparation qui semble avoir été efficace, les 5ème et 6ème compagnies débouchaient des bois en lignes de tirailleurs, sections largement espacées dans les champs d'avoines aux tiges assez serrées. La 6ème était échelonnée à gauche et en arrière; la 5ème appuyée par la section de mitrailleuses installées à la lisière du bois en arrière de sa droite. A peine arrivée à la crête, les compagnies engagées tombaient sous un feu violent d'infanterie et de mitrailleuses. Le 6ème compagnie se trouvait en outre en butte au feu d'artillerie d'obusiers de 105 (sans doute). Ces feux terribles non contre-battues efficacement par notre artillerie qui n'avaient sans doute pas, et contrairement à ce que l'on croyait, bien effectué son réglage, clouaient au sol les sections déployées.
Le chef de bataillon engageait alors la 7ème à la droite de la 5ème. La 7ème tombaient à son tour sous les feux violents de mitrailleuses et d'infanterie et d'artillerie et était obligée de s'installer dans des tranchées construites la veille par la 79ème RI
Le colonel juge alors nécessaire de faire appuyer les 2 et 3ème bataillon par le premier ( Commandant Segond) et donne l'ordre d'engager les 4ème et 1ére compagnies, à la droite du 2ème bataillon en progressant d'abord par les bois pour se jeter ensuite sur le flanc gauche ennemi. Les 4ème et 1ére attaquent avec vigueur, mais tombent à leur tour, à leur sortie du bois sous le feu de mitrailleuse établies à la corne du Bois de Kerprich; la 1ére section de mitrailleuse essaie vainement de d'éteindre le feu de l'adversaire. Le colonel allait engager les deux dernières compagnies disponibles pour atteindre le but qui lui avait été fixé lorsque lui parvient l'ordre du général commandant la 21èmeBI de ne pas pousser l'attaque plus loin et de se replier sur Château-Voué sous la protection de replis installés par le 26èmeRI.
13h 5
Ordre était alors donné au Commandant Petellat et Segond de se replier à l'intérieur des bois couverts par la 3ème compagnie déployées à la lisière.
16 heures Les compagnies du 2ème bataillon étaient regroupées sur la route Wuisson Hampon et celles du 1er bataillon à Château-Voué dont la 2ème compagnie occupait la lisière E pour permettre aux éléments du 26ème Ri de se replier à leur tout;[…]
Suit une énumération des pertes où l'on retrouve le Commandant Segond du premier bataillon " tué d'une balle en pleine poitrine au moment où il entraînait ses hommes par son sang froid et son intrépidité..."
pertes notées: 695 hommes

Voila, encore une fois, un son bien différent de ce que le général Colin raconte aux convives du repas de la Sabretache. Il y a là l'exposé minutieux et même maniaque de ce qui a été fait pour obéir, dans le respect absolu des règles de l'art militaire, à un ordre d'attaque et un compte rendu, tout aussi minutieux, des dispositions prises pour limiter la casse pendant le repli.
Ajoutons que dans ce long extrait il n'est nullement question de soutenir le 15ème Ca mais de se conformer à l'ordre d'attaque de la veille:

Le régiment prend part à la continuation de l'action offensive prescrite pour la journée du 19 au 20ème Ca
Le travail d'analyse des sources militaires pour cette période est compliqué par le fait que les JMO concernant la 11ème DI ne sont pas tous consultables ou ont disparu ou sont lacunaires. Il est assez troublant de constater que celui du 26ème RI commence le 26 février 1915 alors que le lieutenant-colonel Colin en assurait le commandement depuis plusieurs mois.

Le résultat final de ce discours de restaurant prononcé par un général sera que tout un aréopage de militaires va prendre absolument à la lettre tout ce qu'il dit et retenir le message subtilement glissé : c'est la faute au 15ème Ca.
On conviendra quand même, après cet exemple, qu'il faut se méfier, un peu, des déclarations officielles, fussent-elles de généraux.
Il est d'ailleurs tout à fait remarquable de noter que dans une notice préparée par le général commandant le 20ème Ca et vendue plus tard au profit de la souscription destinée à ériger le monument aux soldats tombées à Morhange, le rédacteur se montre beaucoup plus prudent et ne met en cause le 15ème Ca en aucune façon.
Il n'est probablement pas inutile de noter ici que le général Colin, général du cadre de réserve, remit, en 1935, le fanion de la section Croix-de-feu de Meurthe-et-Moselle à Nancy, en présence de La Rocque, qu'il est aussi l'un des premiers signataires de l'appel à la création du R.N.L. (Rassemblement national lorrain) à Nancy à l'été 1936, qu'il fut proche du Parti social français, collaborant au périodique de ce parti en Meurthe-et-Moselle en 1939, le Flambeau de Lorraine.
Ses sympathies politiques le classent donc ouvertement à droite, du même côté de l’échiquier que Maurras et Daudet, deux politiciens qui ne qui ne font pas mystère de leur haine de tout ce qui vient du Midi et ont largement contribué à la calomnie.

Voir aussi http://documents.irevues.inist.fr/bitst ... sequence=1


Je suis ouvert à toutes propositions qui infirmeraient dans le détail et avec des arguments solides ce qui est avancé ici.

A bientôt
CC


Documents communiqués par José Bourguignon









































Bibliographie sommaire

Jules Belleudy,
La légende du 15ème CA, Avignon, François Seguin, 1916;
Que faut-il penser du 15ème Corps?, Menton, Imprimerie coopérative, 1921.
Georges Liens,
Le stéréotype du Méridional vu par les Français du Nord de 1815 à 1914,
Provence Historique, t XXVII, octobre décembre 1977, p 413-431.
Jean Yves Le Naour,
La Faute aux “ Midis ”. La légende de la lâcheté des Méridionaux au feu, 
Annales du Midi, octobre-décembre 2000, p 499-515.
Désunion nationale. La légende noire des soldats du Midi
Éditions Vendémiaire, 2011, 188 pages
Maurice Mistre-Rimbaud,
Des républicains diffamés pour l’exemple.
La légende noire du 15ème corps d’armée, Paris, Éditions maçonniques de France, 2004.
La Légende noire du 15ème corps. L’honneur volé des Provençaux par le feu et l’insulte,
Saint-Michel l’Observatoire, C’est-à-dire éditions, 2009.

Nous renvoyons enfin à divers textes que nous avons publiés sur internet.
On les retrouvera sur le site provence14-18.org
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