Yves-Marie Adeline - 1914, une tragédie Européenne

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Mondiion
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Inscription : ven. sept. 09, 2011 2:00 am

Re: Yves-Marie Adeline - 1914, une tragédie Européenne

Message par Mondiion »

Bonjour à tous,

Yves-Marie Adeline vient de publier un ouvrage remarquable consacré au déclenchement de la Grande Guerre.
1914, une tragédie Européenne


A propos de ce livre deux vidéos passionnantes sont disponibles sur le web.


http://www.dailymotion.com/video/xkgzd2 ... mbediframe
http://www.dailymotion.com/video/xkwfir ... artie_news

OPINION SUR LE LIVRE
Je crois que ce livre est un livre « européen », au sens où il expose les événements en toute objectivité, donc en-dehors de tout esprit cocardier, non pas pour déprécier les Français, mais seulement pour restaurer quelques vérités, notamment sur l’Allemagne, sur laquelle les Alliés ont fait peser la responsabilité de cette guerre, ce qui est de mauvaise foi. Beaucoup de légendes y sont mises en miettes, et beaucoup de vérités ignorées seront exposées.
La prétendue culpabilité de Guillaume II et plus généralement de l’Allemagne dans le déclenchement de la guerre, alors que le pays le plus intéressé à cette guerre était la France, et qu’en outre Guillaume II va essayer à 3 reprises de sauver la paix, sans être écouté.

La mise en évidence de plus d’une quinzaine de raisons de conflit sur le continent, ce qui modifie l’idée d’une Europe de la Belle époque précipitée sans raison dans la guerre.
Le mythe d’une Amérique innocente qui viendra moraliser l’Europe belliqueuse.
La supériorité déjà écrasante des USA, même s’ils sont alors une puissance diplomatique secondaire.
La faiblesse sous-estimée de la France, qui n’a pas les moyens d’affronter l’Allemagne, et ne sera sauvée en 14 que grâce à la Russie : quand il lui manquera de cette alliance franco-russe en 40, elle sera vaincue en 3 semaines.
L’apogée de l’Allemagne à tous points de vue, et son avance sur les législations sociales de tous les autres pays.
Le mythe d’une Russie arriérée en 1914 alors qu’elle connaît une croissance économique fulgurante.
Le mythe d’une croisade démocratique, qui sera post-fabriqué pour les besoins de la propagande, alors que l’Angleterre, la Belgique, la Suède, les Pays-Bas… pratiquent le suffrage censitaire autant que la Prusse et la Hongrie, mais que le reste de l’Empire allemand et la Russie depuis 1905 pratiquent le suffrage universel comme la France.
La réalité des situations sociales : il est plus avantageux d’être un aristocrate anglais qu’un aristocrate de partout ailleurs, Rockefeller est 2 fois plus riche que Youssoupov…
Etc., etc., etc.


Pour la première fois dans un ouvrage consacré au déclenchement de ce confflit, le lecteur peut bénéficier d’une véritable vision panoramique. Tous les pays d’Europe, absolument tous,, ainsi que les Etats-Unis et le Japon, ont droit dans une première partie à une présentation générale.
En particulier, l’auteur ne se contente pas d’évoquer les seuls grands acteurs (France, Allemagne, Angleterre, Autriche etc.) mais il passe en revue tous les pays concernés, ajoutant de surcroit d’ autres pays non-belligérants, pour mieux cerner leur état d’esprit .
Par exemple analyser la mentalité japonaise permet de comprendre leur attitude… dans cette crise comme 20 ans plus tard. De même il est important de comprendre que la Suisse a été déchirée entre les Alémaniques et les Francophones et uue beaucoup de pays étaient a priori favorables à l’Allemagne. L’auteur va même jusqu’à analyser les opérations outre-mer.
Les derniers jours de paix sont présentés heure par heure dans un climat de suspense. Enfin, les deux derniers chapitres présentent les opérations militaires jusqu’à l’enterrement dans les tranchées, du 4 août à la mi-novembre, passant en revue tous les fronts, y compris ultra-marins, ce qui n’a jamais été fait

Cordialement
Mondion
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IM Louis Jean
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Re: Yves-Marie Adeline - 1914, une tragédie Européenne

Message par IM Louis Jean »

Bonjour à toutes et à tous,
Bonjour Mondiion et bienvenu sur le forum,
Je crois que ce livre est un livre « européen », au sens où il expose les événements en toute objectivité, .../...
Après avoir lu quelques textes d'Yves-Marie Adeline Soret de Boisbrunet (1) j'ai quelques doutes sur l’objectivité de l'auteur... mais peut-être partagez-vous ses convictions ?



(1) Né Adeline, il a obtenu du ministère de la Justice de reprendre le nom d'un ancêtre Soret de Boisbrunet, anobli par Louis XVIII par lettres patentes du 9 décembre 1815 (source wikipedia)

Cordialement
IM Louis Jean
sesouvenir
<< On peut critiquer les parlements comme les rois, parce que tout ce qui est humain est plein de fautes.
Nous épuiserions notre vie à faire le procès des choses. >> Clemenceau
Mondiion
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Re: Yves-Marie Adeline - 1914, une tragédie Européenne

Message par Mondiion »

Bonjour Monsieur,
Merci de votre gentil mot d'accueil.

Avez-vous regardé les vidéo que je crois assez remarquables?

Effectivement , Yves-Marie Adeline Soret de Boisbrunet, porte dans son prénom et dans son nom des marques profondes de la grande guerre.

Son prénom lui a été donné en l'honneur de son grand oncle Yves de Veillechèze de la Mardière,
Sous-lieutenant au 325ème Régiment d'Infanterie
Né le 26 mai 1892 - Bourges (Cher)
Tué au champ d'honneur le 5 avril 1918 - Aubervillers (Somme)
Son nom est inscrit sur un mur du Panthéon comme poète mort à la guerre et dans la salle des pas perdus du palais de justice de Poitiers comme avocat mort au champ d'honneur.

Quand à la deuxième partie de son nom relevé comme vous le signalez par décret du 27 juillet 2000, c'est le nom d'un autre de ses grands oncles
Gérard Soret de Boisbrunet,
lieutenant au 22e bataillon de chasseurs alpins
Né le 7 novembre 1895 - Paris 7e
Mort au champ d'honneur le 14 janvier 1916 - Halsenfirst (Haute-Alsace)

Quand le dernier porteur du nom est mort pour la France, la république prévoit que pour honorer sa mémoire le plus proche parent par ordre de primogéniture puisse relever ce nom.

Cette identité patronymique, sans parler des très nombreux autres parents morts dans cette guerre (son arrière grand-père, un autre grand oncle qui a donné son nom à une promotion de Saint-Cyr Jean Allard-Mééus) ou simples participants,(ses deux grands-pères qui furent tous les deux blessés et dont l'un est resté invalide) doit expliquer la proximité qu'il doit avoir avec la guerre de 1914, au point d'y consacrer des recherches très importantes, puisqu'il envisage je crois de publier un tome par année de guerre, prenant soin d'analyser tous les belligérants.

Pouvez vous me dire s'il vous plait quel texte précis vous fait douter de l'objectivité de l'auteur ?
Avez-vous des sources permettant d'invalider ces textes ?

Merci d'avance de bien vouloir m'éclairer.

Cordialement
Mondion

"Un siècle a passé. Il est devenu possible de raconter ces événements, entre la présentation du contexte général à la veille de Sarajevo et la fin de la guerre de mouvement à l'automne 1914 — et avec elle la fin des dernières illusions — avec objectivité.



L'histoire postérieure : communisme, fascisme, guerre d'Espagne, en tout ce qui a suivi jusqu'à ce début du XXIe siècle, offre des sujets possibles et nombreux de divergences politiques. La Grande Guerre appartient vraiment, aujourd'hui, à l'histoire. Hérodote raconte que lorsque le tragédien grec Phrynichos (v. 540-v. 470 av. J.-C.) fit jouer sa tragédie La Prise de Milet, racontant l'histoire de la conquête de cette ville par les Perses en 493 av. J.-C., il lui fut reproché d'avoir fait pleurer son auditoire ; on le condamna à payer une lourde amende "pour avoir rappelé les malheurs du peuple" (Histoires VI, 21). Mais la tragédie de 1914 est différente: elle concerne plusieurs nations, qui se sont alors jetées les unes contre les autres et le regrettent aujourd'hui. L'auteur de ces lignes respecte la mémoire de ses aïeux dans cette guerre : trois grands-oncles et un arrière-grand-père y sont morts, son grand-père en est revenu invalide. Ces mots pourraient d'ailleurs sortir de la bouche de quasiment tous les Français et tous les Allemands : il suffit de les interroger. Mais, malgré les traditions patriotiques et familiales pieusement transmises, l'émotion la plus forte, il l'a éprouvée une certaine nuit de 1994, devant l'ossuaire de Douaumont, sur les hauteurs de Verdun.
Là, un phare jaillissant de l'ossuaire, un phare comme au bord de l'océan, mais sombre et gris, planté au milieu des terres, tourne silencieusement, son faisceau lumineux balayant tout autour de lui, veillant la paix des morts, retrouvés ou disparus, sans distinction de nationalité.
Cent ans ont passé. C'est cette histoire commune, c'est une tragédie européenne, qu'il est devenu possible de raconter aujourd'hui."

lieutenant z
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Re: Yves-Marie Adeline - 1914, une tragédie Européenne

Message par lieutenant z »

Bonjour Mondiion,

Ja n'ai pas lu ce livre, ne connais pas son auteur, et me garde donc de toute appérciation.

Je crains toutefois reconnaître, d'après ce que vous en dites, un peu de cet arrière-fonds caratéristique de l'air du temps de notre époque : un mélange de repentance nationale, d'anti-américanisme primaire et de sociologie mal digérée.
Remarquez, pour une fois, on a pas droit aux fusillés, c'est déjà ça.

Cela dit, je vais tâcher de me procurer le livre car le sujet me passionne et il reste à la science historique, c'est évident, bien des points à développer si ce n'est à repenser.

Il me semble, pour ma part, que les premiers responsables de cette guerre sont Moltke, Bethmann Hollweg et Jagow et à travers eux l'ensemble de la caste militaire prussienne. A un moindre niveau mais bien réel tout de même, le comte Berchtold, ministre des affaires étrangères autrichien et Conrad, chef des Armées.
Guillaume II était une baderne. Il a été manoeuvré.
L'Autriche voulait sa guerre contre la Serbie pour faire reculer la Russie dans les Balkans et ensuite récupérer à son profit les restes de l'empire Ottoman.
La caste prussienne voulait sa guerre eropéenne, pour maintenir son rang, par haine des Slaves, par volonté hégémonique.

Je me permets de vous recommander sur le sujet (entre autres) très vivement l'ouvrage de David Fromkin, traduit en Français sous le titre "Le dernier été de l'Europe" aux Edition Grasset.


Bien à vous.
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TURPINITE
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Re: Yves-Marie Adeline - 1914, une tragédie Européenne

Message par TURPINITE »

Bonjour M. Mondion,

Je crois savoir que "Mondion" est un village du département de la Vienne, et que M. Yves-Marie Adeline Soret de Boisbrunet habite Poitiers, je crois.

Charles Adalbert de Mondion 1852-1923 a également un lien de parenté il me semble avec Yves-Marie Adeline Soret de Boisbrunet.

Yves-Marie Adeline Soret de Boisbrunet est le fondateur en 2001 du parti "alliance royaliste".

Est-ce que je me trompe ?

Avez vous un lien de parenté avec M. Yves-Marie Adeline Soret de Boisbrunet, car vous semblez assez documenté sur l'histoire de sa famille.

A moins que vous soyez vous même Yves-Marie Adeline Soret de Boisbrunet.

Cordialement

Florian
S'ensevelir sous les ruines du fort, plutôt que de se rendre.
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armand
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Re: Yves-Marie Adeline - 1914, une tragédie Européenne

Message par armand »

Bonjour Mr Mondiion

Bienvenue sur le forum

Une présentation dans la rubrique "qui est qui" pourrait être utile donc!
Votre profil est passionnant. Internet permet de discuter d’une passion commune avec des participants de tous les continents, origines, cultures et métiers. Nous vous encourageons à vous présenter dans la rubrique ‘Qui est Qui’, donnez à vos contacts le tournis de voir se rétrécir le monde…

• Vous présenter dans cette rubrique n'est pas obligatoire, mais en savoir plus sur vous, vos passions et vos motivations à rejoindre notre Forum permettra aux membres de vous aider au mieux, ou de s'adresser à vous pour les sujets les plus pertinents.


Pourquoi n'utilisez vous pas les formules de politesse en usage sur ce forum et dans les "bonnes familles" (bonjour, cordialement,...) ?
Vos messages seront d’autant plus lus et appréciés qu’ils débuteront par un ‘bonjour’, et finiront par un ‘amicalement’. Toute autre formule de politesse est la bienvenue ! *

*Extrait de la Charte de ce forum

Cordialement
Armand
Sur les traces du 132ème RI " Un contre Huit " et du 294ème RI (le "29-4")
Mondiion
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Re: Yves-Marie Adeline - 1914, une tragédie Européenne

Message par Mondiion »

Bonjour à tous,
Bonjour à mes interlocuteurs précédents (M. Turpinité et Lieutenant Z.),

Merci de vous intéresser à mes messages.

Mondion est bien un village de la Vienne, qui se situe tout près de l'endroit d'où est originaire ma famille, apparentée à celle d'Yves-Marie Adeline, ce qui explique ce pseudonyme.

Comme vous avez pu le lire avec justesse sur sa notice wikipedia, Yves-Marie Adeline a été en 2001 fondateur du parti "l'Alliance Royale". Mais depuis 2008, il a complètement arrêté la politique pour se consacrer à son écriture et en particulier à son travail sur la Grande Guerre, dont il vient de publier le premier volume.

Comme vous l'avez compris, bien que n'ayant pas moi-même la prétention de me prétendre historien, je pense que ce travail représente un point de vue nouveau basé sur une analyse des fait extrêmement documentée, et que par conséquent il mérite vraiment d'être connu, ce qui explique ma propension à y faire référence ou à en parler.

Je lis la critique du message précédent,dont je remercie son émetteur le lieutenant Z, qui ne me semble pas tout à fait correspondre à ce livre.

En effet, je ne crois pas qu'il s'agisse d'un arrière-fonds caractéristique de l'air du temps de notre époque : un mélange de repentance nationale, d'anti-américanisme primaire et de sociologie mal digérée.
Je crois au contraire que la démarche de l'auteur a été celle d'un véritable historien, qui après avoir été bercé toute son enfance par le culte de la mémoire familiale ( 3 grand-oncles et un arrière grand-père morts à la guerre et 2 grands-pères grièvement blessés) qui restait imprégnée d'une certaine propagande de guerre, qui de surcroît n'avait pas été contredite (bien au contraire) par la guerre suivante où son père, bien qu'assez jeune a fait partie de Forces Françaises de l'Intérieur, décide d'essayer de comprendre en profondeur le contexte et les circonstances qui ont provoqué ce conflit qui après avoir fait 20 Millions de morts et a préparé les conditions d'un conflit encore plus dramatique.

Pour une personne qui a été élevée dans l'amour de la Patrie comme beaucoup d'entre nous, la thèse de la Prusse et de l'Autriche pleinement responsables, étayée par de nombreux travaux et ouvrages en tout genre, peut paraître assez tentante. Outre certaines contradictions gênantes qui méritent d'être expliquées, elle a malheureusement permis de justifier les décisions du congrès de Versailles qui comme personne ne le conteste aujourd'hui ont été à l'origine des désastres de la seconde guerre mondiale.

Dans cette guerre là, les allemands ont véritablement adopté et même accentué encore, la présentation terrible qu'avait fait d'eux la propagande de la guerre précédente, et on a pu en mesurer les conséquences. Aujourd'hui encore, alors que la paix règne en Europe depuis 66 ans, la politique allemande est encore très souvent interprétée par ses partenaires comme imprégnée de pangermanisme dont le peuple allemand est "irrémédiablement" coupable.


Cent ans après, il est donc légitime de se poser la question de savoir si vraiment la Prusse et l'Autriche sont les seuls responsables de ce massacre ou si cette responsabilité est largement partagée.

Parmi les questions qui se posent, n'a t'il pas lieu de s'interroger sur;
- la nature de l'élément déclencheur, l'attentat de Sarajevo dont la responsabilité ne peut-être attribuée ni à l'Autriche, ni à la Prusse ...
- le fait que cet attentat ne pouvait pas rester sans réponse alors que l'héritier de la couronne venait d'être assassiné et que beaucoup d'éléments semblait accorder à la Serbie une part de responsabilité...
- N'y a-t'il pas une responsabilité collective dans l'échec de la tentative du ministre anglais Grey qui a pour but d'éviter l'engrenage conduisant inexorablement'à une guerre généralisée ? Le ministre allemand Jagow n'a t'il pas accepté le principe d'une mobilisation de la Russie contre l'Autriche sans riposte de sa part tant qu'aucune troupe ne serait mobilisée contre elle ? Certes, une partie de cette responsabilité est imputable au ministre autrichien Berchtold, qui aurait trompé son maître l'empereur après avoir pris peur lors des premiers coups de feus du 28 juillet entre les troupes autrichiennes et l'armée serbe le poussant ainsi à la déclaration de guerre contre la Serbie déclenchant mécaniquement une mobilisation russe.
- Mais, lorsque l'empereur Guillaume II, écrit à son cousin le tsar Nicolas II, pour le conjurer de bien vouloir négocier avec l'Autriche pour stopper l'engrenage, celui ci ne lui répond-il pas que partageant l'indignation de son opinion publique, il se voit contraint de prendre des mesures qui conduiront à la guerre tout en lui demandant d'empêcher ses alliés d'aller trop loin?
- Aussi le degré de la riposte russe déclenchant un plan de mobilisation générale, (le seul techniquement possible), ne met-elle pas la Prusse dans la situation d'agressée, d'autant plus qu'une maladresse énorme consiste à vouloir garder secret la mobilisation sur la frontière allemande.....?

C'est alors que tout désir de paix qu'il ait émané d'un côté ou de l'autre même si il était sincère est devenu inopérant, d'autant plus que de part et d'autre les sources de tension avaient été largement cultivées. A titre d'exemple, depuis 1871, la France n'avait t'elle pas élevé toute une génération dans l'esprit de revanche enseignant depuis le plus jeune age la haine du boche...

Cent années ont maintenant passé, et il est peut-être plus facile d'analyser de manière plus objective les responsabilités des uns et des autres...C'est je crois la lourde tâche à laquelle s'est attelé Yves-Marie Adeline dans son dernier livre. Cet effort mérite d'être salué et je conseille la lecture de cet essai historique à toute personne qui s'intéresse à cette période.

Les critiques seront les bienvenues.

Merci d'avance.
Cordialement à tous.

Bertrand
alias Mondion
Mondiion
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Inscription : ven. sept. 09, 2011 2:00 am

Re: Yves-Marie Adeline - 1914, une tragédie Européenne

Message par Mondiion »

Bonjour à tous,

Voici, pour ceux que cela intéresse, une partie de l'introduction du livre dont je parlais "1914, une tragédie Européenne" !


Quand on parle de la "Grande Guerre", l'expression renvoie spontanément à la Première Guerre mondiale, alors que, sous bien des aspects, la Deuxième a une ampleur beaucoup plus grande. La première a provoqué plus de dix millions de morts, certes, et ce chiffre était alors inouï dans l'histoire, mais vingt-cinq ans plus tard la seconde en aura fait cinq fois plus, cinquante millions.

La première est une guerre mondiale, essentiellement parce qu'elle est européenne, et que l'Europe domine alors le monde, mais l'essentiel de cette guerre se déroule en Europe de l'Ouest, de l'est et du sud. Le front du Proche-Orient, la conquête du faible empire colonial allemand, les opérations navales du Japon ne pèsent d'aucun poids dans l'ensemble, tant la guerre aura été violente en Europe, en particulier sur le sol français. En revanche, la seconde est une guerre plus réellement mondiale, ou plus exactement un emboîtement de guerres qui, prises chacune en tant que telle, auraient pu être distinctes : à l'ouest de l'Europe (1939-1945), germano-russe (1941-1945), guerre du Pacifique (1941-1945), guerre sino-japonaise (1937-1945) ; autant de théâtres où l'on a vu se déployer d'immenses moyens. De surcroît, la Deuxième Guerre mondiale a entraîné des destructions fantastiques, des pertes civiles supérieures encore aux pertes militaires, et plus généralement une rage haineuse et même génocidaire, supérieure à ce qu'on avait connu durant la Première Guerre, où la cruauté a d'abord été celle des conditions de combat dans les tranchées.


À vrai dire, il est probable que si les hommes avaient disposé, de 1914 à 1918, des mêmes moyens — notamment aériens — qu'à la génération suivante, ils n'auraient pas hésité à les employer. Dans tous les camps, dès qu'une occasion, assez rare il est vrai, s'est présentée, des avions — fragiles et légers bi-plans ou tri-plans — se sont efforcés de jeter à la main des bombes sur des populations civiles sans défense. C'est seulement parce qu'ils étaient rudimentaires que ces moyens aériens n'ont pas pu provoquer autant de destructions et de morts que les bombardements massifs de la Deuxième Guerre mondiale au-dessus du Japon ou de l'Allemagne. Les canons géants allemands qui ont tiré sur Paris des obus à plus de cent kilomètres de distance évoquent les V-1 et V-2 de la guerre suivante tombés sur Londres. L'invention du gaz de combat, applicable sur un front fixe à la condition que le vent ne le retourne pas contre soi, dénote un niveau de conscience morale pas beaucoup plus élevé qu'à la génération suivante, et laisse supposer que, si les hommes d'alors avaient su maîtriser la technique de la bombe atomique, ils l'auraient utilisée.

Et pourtant, le sentiment qui domine toujours aujourd'hui, même un siècle après les événements, est que quelque chose de particulier caractérise la Grande Guerre. Encore une fois, ne cherchons pas cette caractéristique dans les chiffres. Sans doute les hommes de ce temps ont-ils été abasourdis par l'ampleur de la catastrophe. Qu'au tout début de la guerre, dans l'armée française par exemple, en trois semaines, 150.000 hommes soient tués, et cent mille blessés, a paru à juste titre incroyable. Qu'à la fin de l'année 1914, après quatre mois et demi de guerre, cette même armée française doive déplorer autant de pertes en tués, blessés et prisonniers, que d'effectifs à la veille de la mobilisation : 900.000 hommes, dont 300.000 morts, paraît encore hallucinant. Que, le 1er juillet 1916, dès les six premières minutes de l'offensive franco-anglaise sur la Somme, 30.000 hommes tombent la face contre terre, on se demande encore comment cela a pu être possible. Mais la Deuxième Guerre mondiale en impose aussi, en particulier par ses bombardements : 40.000 morts à Hambourg en juillet 1943, au moins 135.000 à Dresde en février 1945, 100.000 à Tokyo en mars, 70.000 à Hiroshima et 40.000 à Nagasaki en août. Même s'ils ont été d'une gravité inédite, mais pourtant surpassée vingt ans après, ce n'est pas dans les chiffres qu'il faut chercher la spécificité de la Première Guerre mondiale.


Il y a, par-delà les chiffres, les conditions du combat. Malgré toutes ses horreurs, la Deuxième Guerre mondiale n'a pas imposé au combattant, ni partout ni longtemps, et probablement jamais avec une telle intensité, des conditions aussi dures, tant par l'extrême morbidité de la vie dans les tranchées que par les combats d'une tranchée à l'autre, les assauts ou les défenses autour de forteresses écrasées sous les obus, ou sur des cotes topographiques que l'intensité des bombardements a parfois carrément fait modifier à la baisse. Patauger dans la boue mêlée de sang, dormir ou se battre au milieu de cadavres en putréfaction qui empuantissent l'atmosphère, observer les milliers d'asticots qui dévorent le corps de son camarade mort en grimaçant : les témoignages d'une guerre à l'autre montrent que la première a été, sur ce point, la plus terrible. C'est le premier élément de la fascination que l'on éprouve pour la Première Guerre mondiale, celle que l'on a continué d'appeler la "Grande Guerre", elle plutôt que la seconde. Mais cette raison suffit-elle ?


Une deuxième raison pourrait militer dans le sens d'une particularité de la Grande Guerre : le sentiment, universellement partagé, que l'année 1914 marque le passage d'une époque à l'autre. Chacun sait qu'il y a un "avant" et un "après" août 1914. La Grande Guerre a ouvert le XXe siècle dans la douleur, elle a ruiné les grandes nations d'Europe, provoquant leur affaiblissement face aux États-Unis et au Japon ; elle a menacé à terme leur prépondérance mondiale. Par les dépenses et l'endettement qu'elle a entraînés, affaiblissant les plus fortes économies et leurs monnaies, elle a ruiné au passage toute une élite qui donnait le ton à la vie publique, à la culture, à la philosophie générale du système occidental. Elle a fait s'effondrer des empires entiers, fragilisant les grands équilibres historiques traditionnels. Le cas de l'Empire austro-hongrois est le plus éloquent : son éclatement a conduit les nations qui le composaient à devenir des proies faciles pour les grandes nations voisines, allemande et russe. L'effondrement des institutions séculaires russes a permis au communisme de s'emparer d'un grand pays, de répandre son idéologie dans le monde, d'y faire des émules, de causer en soixante-dix ans (de 1917 à 1991, sans compter des États encore communistes aujourd'hui comme la Chine, Cuba, le Vietnam, la Corée du Nord, mais qui n'ont plus la fureur homicide d'autrefois) des souffrances inimaginables et la mort de cent millions d'hommes. Sans la Grande Guerre, il est probable que le socialisme n'aurait pas vu gonfler à ce point le marxisme-léninisme ; que, malgré l'habileté de Lénine, la majorité social-démocrate aurait partout triomphé de la minorité extrémiste; et qu'il se serait ainsi intégré à la vie politique européenne sans que l'une de ses branches ne tourne au cauchemar universel. De même, sans la Grande Guerre, jamais un modeste artiste-peintre aigri, Adolf Hitler, n'aurait été en mesure de tourner son agressivité contre l'Europe; restant ce qu'il était, il eût ressemblé à ces marginaux qui dérangent quelque fois les passants dans nos rues d'aujourd'hui ; améliorant sa condition sociale, il eût connu l'existence anonyme d'un homme aux ressources intérieures inexploitées, ressassant des obsessions demeurées trop personnelles pour que quiconque prenne la peine de l'écouter. La substitution précipitée d'une république à la monarchie allemande a provoqué une fragilité institutionnelle au moment même où l'Allemagne aurait eu besoin de solidité dans ce domaine pour traverser sans drame affreux deux crises économiques, celle des années vingt (crise du mark) et celle des années trente (crise mondiale). Au contraire, on sait que la deuxième crise (et non pas la première, comme on le croit souvent) aura ouvert la voie à Hitler dont la politique répandra la terreur pendant douze ans, de 1933 à 1945. Et plus généralement, dans la mesure où la Deuxième Guerre mondiale est l'héritière directe de la première, celle-ci est un véritable passage d'un moment de l'histoire à un autre.

Pourtant, cette deuxième raison ne suffit pas encore à expliquer le sentiment selon lequel la Grande Guerre présente une caractéristique unique. Bien sûr, cette guerre a permis que se répandent les idéologies totalitaires, mais elle ne les a pas créées. À défaut d'une guerre mondiale, il y aurait eu quand même des guerres, car la guerre fait partie des tentations des hommes. Le socialisme est arrivé au pouvoir, fût-ce temporairement, en 1871 dans Paris, bien avant la Grande Guerre. On peut imaginer qu'il aurait triomphé quelque part en Europe ; la Russie par exemple avait connu des troubles graves en 1905 après sa défaite contre le Japon. Quant au fascisme, on a trop pris l'habitude de l'expliquer par la Grande Guerre ; par la frustration des Italiens qui n'ont pas obtenu tout ce qu'ils auraient souhaité retirer du partage des dépouilles des empires centraux ; par l'épreuve du feu également, qui aurait donné une âme violente à ses promoteurs. En réalité, nous verrons dans ce livre que si la Grande Guerre a accéléré les choses, le fascisme est déjà en germe dans la spécificité du nationalisme italien, un patriotisme athée car l'unité italienne s'est faite contre le pape, et un patriotisme déjà impatient, dans cette Italie berceau de Rome, de prendre modèle sur l'Antiquité romaine, supposée virile et dure par opposition à la douceur chrétienne, à son égalitarisme et son universalisme. On remarque en outre que le fascisme a pu triompher en Italie malgré la permanence institutionnelle qui a manqué à la République allemande — encore que la monarchie unitaire italienne ait été de facture trop récente pour s'imposer contre Mussolini. La Grande Guerre n'a pas non plus créé les tensions nationalistes en général, ni le pangermanisme, ni le panslavisme, ce sont ces tensions au contraire qui sont en partie responsables de son déclenchement.


Il existe cependant une troisième raison, pleine et entière celle-là, sans partage ni hésitation, d'expliquer pourquoi les hommes de notre temps ont le sentiment que la Grande Guerre présente une caractéristique véritablement unique. C'est qu'elle peut être qualifiée fondamentalement de tragédie. Ou plus exactement, que son déclenchement obéit au principe même de la tragédie grecque antique, comme aucune autre guerre probablement dans l'histoire de l'Europe. Et ce qui est fascinant sans doute, c'est que cette tragédie, contrairement au genre littéraire, a été vécue dans la réalité.



Le principe de la tragédie, c'est que tous les éléments du dénouement sont présents dès le commencement du récit. Il est écrit, on sait à l'avance, dès le début, qu'Œdipe tuera son père et épousera sa mère. Quoi qu'il fasse, quoi qu'il tente, il n'échappera pas à son destin. Une voix extérieure à l'action, le chœur par exemple, commente l'enchaînement fatal des causes et des effets. Il est évocateur que le mot "tragédie" vienne du grec tragos, le bouc, et aïdos, chanter : le chant du bouc, celui que l'on égorgeait peut-être en sacrifice à l'occasion d'une représentation théâtrale dans la Grèce antique. Les Grecs étaient fascinés par le destin, la destinée, une puissance contre laquelle aucune action n'est possible, aucune liberté ne peut être opposée, aucun effort de modifier le cours des choses ne pourra porter de fruit. Même les dieux, même le plus puissant des dieux : Zeus, ne peut fléchir le destin. On retrouve une hantise comparable dans la mythologie germanique avec Odin qui ne peut pas empêcher qu'un jour se produise le "crépuscule des dieux". Et au-dessous de ces régions célestes, il y a les hommes, qui se persuadent que les dieux se jouent d'eux : la fatalité, c'est cela, c'est quand il n'y avait de toute façon rien à faire pour empêcher le destin de s'accomplir. Tout au long de leur histoire, les Européens ont été nourris de récits imaginaires destinés à leur exposer cette croyance en la fatalité. Mais jamais ils n'avaient vécu réellement une tragédie. Ils ont vécu des drames, des catastrophes, dont une demeure aujourd'hui pire encore que la Grande Guerre: la Peste noire, qui au milieu du XIVe siècle a décimé en trois ans le tiers de la population du continent; ils ont vécu des haines durables, des cruautés indignes, des révolutions affreuses ; mais jamais, à proprement parler, une tragédie.

C'est-à-dire un événement dont personne ne voulait vraiment, et qui s'est produit. Un événement que l'on a voulu éviter, sans pouvoir l'éviter. Un événement où, par un phénomène de "technocratie absolue", c'est-à-dire une technocratie sans technocrates, les hommes d'État se sont vus privés de toute marge de décision. Un événement aussi où tout se brouille, où les acteurs ne sont même plus maîtres de leur propre apparence, où ceux qui ont été agressés se sont vus soudainement revêtus du costume de l'agresseur. Un événement encore où toutes les supputations, toutes les espérances ont été déçues, tout ce que l'on avait cru devoir se réaliser ne s'est pas produit. Un événement, enfin, où la dignité de mourir au moins en combattant, quitte à mourir vaincu, mais comme un héros épique, cette dignité a été retirée à des guerriers qui se voulaient les successeurs des preux d'autrefois.

Cela, cette spécificité, les Européens en ont conscience, même s'ils ne la formulent pas toujours clairement. Ils savent bien que la Deuxième Guerre mondiale a été pire que la précédente, en nombre de morts, en destructions, en atrocités. Mais c'était un drame, pas une tragédie. Un drame peut être évité. Pas une tragédie. D'ailleurs, la Deuxième Guerre mondiale est à bien des égards une conséquence de la précédente. Et le constat est d'autant plus amer que l'Europe aura perdu dans cette tragédie un rang qu'elle n'a pas retrouvé depuis.
(Yves-Marie Adeline- '1914, une tragédie Européenne' Ellipses 2011)

Bonne journée à tous

Bertrand
Mondiion
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Re: Yves-Marie Adeline - 1914, une tragédie Européenne

Message par Mondiion »

Bonjour à tous,

Voici une critique particulièrement élogieuse de ce livre trouvée dans 'Plaisir de Lire':
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rubrique Patrimoine 2011

Yves-Marie Adeline : 1914. Une tragédie européenne. Essai historique,----éditions Ellipses, mars 2011, 368 p..


Sur un sujet rebattu, voici un excellent ouvrage, neuf par ses perspectives. Le plan est clair, divisé en trois parties : « L’apogée européen », puis « Une Europe en proie aux tensions », enfin « La grande faucheuse d’hommes ». Les chapitres sont concis, intelligemment titrés, tels « La suprématie sous-estimée des Etats-Unis », « La France attend sa revanche », « Les tensions culturelles », « L’engrenage technocratique ». Les rappels historiques sont opportuns, ainsi pour « La grande idée des Grecs » ou « Deux nations historiques privées d’Etat : la Pologne et l’Irlande ». Netteté d’écriture, indépendance de vues, clarté didactique : le lecteur appréciera la marque d’un professeur de haute volée dans ce livre promis à devenir un manuel pour tout honnête homme soucieux de saisir les enjeux de cette course à l’abîme qui engloutit l’Europe.

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Cordialement
Bertrand
Mondiion
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Re: Yves-Marie Adeline - 1914, une tragédie Européenne

Message par Mondiion »

Bonjour à tous,

Voici pour ceux que "1914, une tragédie Européenne" peut intéresser, voici ce qu'en dit Philippe Conrad dans la préface:

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En 1914, l’Europe gouverne le monde; un habitant sur quatre est un Européen ou de souche européenne. Mais cette civilisation est la proie de tensions idéologiques, culturelles et territoriales graves, et pour remédier à ces tensions, elle ne dispose que de valeurs qu’elle croit fortes mais qui se révéleront superficielles.

Ce livre raconte le déclenchement de la Grande Guerre de 1914 comme une tragédie, au sens que lui donnaient les Grecs antiques: dès le commencement de l’histoire, toutes les conditions sont réunies pour que les événements tournent au pire. Il n’y a donc rien à faire pour l’éviter. D’autant qu’aux tensions habituelles va s’ajouter un engrenage technique imprévu qui emporte tous les acteurs vers la catastrophe.

Après une présentation générale complète du théâtre du drame et des puissances d’alors, aussi bien mineures que majeures, ce récit raconte les événements depuis la fin juin à Sarajevo jusqu’au milieu du mois de novembre (quand le piège se referme tout à fait), mettant au jour des vérités ignorées, analysant les événements sans parti pris, offrant une vision panoramique jamais atteinte, et créant peu à peu un climat de suspense qui tient le lecteur en haleine. Plutôt qu’un requiem pour une Europe défunte, il est écrit dans un esprit équitable, réconciliateur, résolument européen.



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Cordialement à tous

Bertrand
Verrouillé

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