Impossible de remettre la main sur le fil concernant les écrivains MPLF

La venue de Guillaume
Qu'est-ce qu'il y a donc dans l'air ce matin
Qu'on entend corner les autocars et siffler les trains
Ambassadeurs et rois en roulent qu'en carrosse
Q'e'st-ce que c'est que cette formidable noce
A des lieues de Paris la terre en est secouée
J'étais au lit et me voici soudain tout habillé
Et marchant d'un bon pas sur la route sans ombre
Vers une impossible et merveilleuse rencontre
Tu es vêtu de ta tenue bleu horizon
Avec un peu de plâtre de la tombe sur tes galons
Et tu t'en viens d'un bord sur l'autre comme un homme ivre
A cause de tes poches qui sont bourrées de livres
Ah! Guillaume est-ce possible que tu sois
Seulement un fantôme de nuées quand je te vois
Les bras ouverts me disant : "Mon fils
J'arrive pour le dernier feu d'artifice
Je suis un peu en retard sur la saison
A cause de l'histoire et à cause des gens
Mais dans la liberté complète de tes membres
Accueille-moi du moins comme un Onze Novembre
René Guy Cadou
Allez, un deuxième pour la route, pas prévu au programme celui-ci, mais puisqu'il fait écho au premier, partageons-le aussi. Mon idée première était en fait de construire un fil recensant les poèmes que chacun connaît sur la première guerre mondiale, mais je crains que la tâche ne soit titanesque

"J'ai passé ma vie à t'attendre!"
Geignait la Muse d'un air narquois.
Attendre qui, attendre quoi ?
Mais la voix se faisait plus tendre
Elle disait : "O matelots!"
Avec un accent monégasque
Mêlé de rires et de sanglots
Et je croyais voir sous son casque
De cuir qui lui bandait le front
Sous son uniforme à chevrons
Les yeux pétillants de malice
Guillaume dont l'enterrement
Coîncida, lugubrement,
Avec le jour de l'Armistice.
"O matelots!"clamait la voix.
"O matelots! O femmes sombres!"
Et plus sourdement : "Ouvrez-moi!"
Ombre errante au pays des Ombres,
pourquoi gémir et nous crier :
"Et toi, tu m'avais oublié !"
Tu sais bien que c'est le contraire,
Mais hélas ! nous ne pouvons pas
Forcer la dalle Apollinaire
Sous laquelle tu te débats !
Francis Carco
Cordialement,
Violette