Questions de tirages d'édition - Dorgeles - Belle femme

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Charraud Jerome
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Re: Questions de tirages d'édition - Dorgeles - Belle femme

Message par Charraud Jerome »

Bonjour

J'ai en ma possession de nombreux ouvrages dont je ne trouve pas systématiquement l'année d'édition, ou du moins, j'essaye de remettre en ordre, les divers tirages existants.
Pour exemple, j'ai trois exemplaires du "cabaret de la belle femme" de Roland Dorgeles:

- édition augmentée avec un copyright de 1922 (154 pages)
- 37e mille copyright 1928- édition définitive (318 pages), achevée d'imprimer le 15 décembre 1928.
- 130e mille copyright 1928 (318 pages), achevé d'imprimer en décembre 1932

A quoi correspond le 37e Mille, le 130e mille? faut il comprendre le tirage du 37e millier d'exemplaires et le 130e millier?

Quelles sont les différences avec la version 1919 de l'Edition Française Illustrée?

Merci d'avance pour vos réponses
Cordialement
Jérôme Charraud
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Achache
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Re: Questions de tirages d'édition - Dorgeles - Belle femme

Message par Achache »

Bonsoir,
Oui, le nombre de milles est bien le nombre cumulé des exemplaires tiré par l'éditeur (le même, évidemment; s'il y a des reprises par d'autres éditions, chacun ne tient que son propre compte), autrement dit dans l'exemple que vous citez, de 1928 à 1932 près de 100 000 exemplaires ont été re-tirés. Donc un beau succès.
L'édition originale, ou tirage de tête n'étant jamais que de quelques milliers d'exemplaire, l'éditeur procède plus ou moins rapidement à des re-tirages, en fonction du succès du livre, donc de la demande, et aussi en fonction de sa trésorerie, et de la disponibiité de son imprimeur... Au moins à cette époque; maintenant les choses sont plus rapides.
Le copyright change lorsqu'il y a des mofications du texte, en l'occurrence une grosse augmentation, puisqu'on passe de 154 à 318 pages -à moins que la mise en page ait aussi varié, ce qui peut augmenter beaucoup le nombre des pages, mais pas la longeur du texte...
Pour un bon classement, il vous faudrait répérer aussi la date du "dépôt légal". Normalement, il donne la date de l'édition originale.
Quant aux différences avec l'éd. 1919, je ne puis rien vous en dire: je ne dispose pas de ces textes pour comparere les contenus. Puisqu'il y a un copyright 1922, et qu'il est précisé "ed. augmentée, c'est, normalement, qu'il y a eu des ajouts par rapport à l'éd. 1919.
Si vous avez d'autres questions, n'hésitez pas... ça me rappelle le temps où je travaillais en librairie...
Bien à vous,
Achache.
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Charraud Jerome
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Re: Questions de tirages d'édition - Dorgeles - Belle femme

Message par Charraud Jerome »

Bonjour
Merci pour ces explications, je me doutais de cela, mais je cherchais une confirmation.
En regardant la table des matières de chaque ouvrage, on note effectivement des rajouts ou modifications d'ordre des châpitres:

Table des matières 1922:
- Pour la durée de la guerre
- Le cabaret de la belle femme
- Mon capitaine, monsieur le curé et l'homme à la tête de veau
- Une nuit sous bois
- Un débrouillard
- Le prisonnier bénévole
- Le poète sous le pot de fleurs
- Les poissons rouges
- Chez les anges

Table des matières 1928:
- Pour la durée de la guerre
- Le cabaret de la belle femme
- Mon capitaine, monsieur le curé et l'homme à la tête de veau
- Une nuit sous bois
- Les poissons rouges
- Ici repose Cadinot
- Un débrouillard
- Le prisonnier bénévole
- Gousse d'ail
- Le poète sous le pot de fleurs
- Chez les anges
3 châpitres inédits des "Croix de bois"
- La boule de gui
- L'ennemi des Vieux
- Permissionnaires

Si quelqu'un a la version première, je serais curieux de connaitre le contenu original, avant la version augmentée de 1922.

Cordialement
Jérôme Charraud
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Stephan @gosto
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Re: Questions de tirages d'édition - Dorgeles - Belle femme

Message par Stephan @gosto »

Bonjour,

"Les Croix de bois" et "Le Cabaret...", dans l'esprit et même dans le projet littéraire initial de Dorgelès, ne devaient faire qu'un seul et même livre. Mais il redoutait de se pointer chez les éditeurs avec un pavé de 600 pages. Aussi, il décida d'en faire deux ouvrages.

La première édition du "Cabaret" paraît en 1919 dans la collection des "Romans Fantaisistes" de l'Edition Française Illustrée.

Albin Michel, en 1922, sort une nouvelle édition augmentée du conte "Le prisonnier bénévole".

C'est en 1928 que l'édition définitive paraît : le volume est augmenté de deux contes ("Ici repose Cadinot" et "Gousse d'ail") ainsi que des trois chapitres "inédits" qui devaient, initialement, paraître dans les "Croix de Bois".

En fait, deux de ces trois chapitres ( "La boule de gui" et "Permissionnaires") avaient fait l'objet d'une première publication, en 1920, aux Editions de la Banderole, en tirage de luxe, avec des illustrations de Dunoyer de Segonzac.

Bonne journée.

Stéphan
ICI > LE 74e R.I.
Actuellement : Le Gardien de la Flamme

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Achache
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Re: Questions de tirages d'édition - Dorgeles - Belle femme

Message par Achache »

Boujour,
Sans doute l'augmentation conséquente de tirage entre 1928 et 1932 s'explique-t-elle, au moins en partie, par un "effet Goncourt"; non pas l'obtention du fameux Prix, mais par l'élection de R. Dorgelès à l'Académie du même nom, qui a lieu précisément en 1929. En effet, ensuite, "les choses se calment", puisque l'édition que je possède de ce Cabaret... date de 1947, et "n"appartient qu'au" 135e mille, toujours dans l'édit. ne variatur et bien "définitive" de 1928.
Pour le classement chronologique, "l'achevé d'imprimer" est le plus simple à repérer.
Bien à vous,
Achache.
Achache
Émouvante forêt, qu'avons-nous fait de toi ?
Un funèbre charnier, hanté par des fantômes.
M. BOIGEY/LAMBERT, La Forêt d'Argonne, 1915
Rutilius
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Re: Questions de tirages d'édition - Dorgeles - Belle femme

Message par Rutilius »

Bonsoir à tous,

Bref éclairage sur la genèse du Cabaret de la belle femme, dû à Roland Dorgelès lui-même :

Roland DORGELÈS, de l’Académie Goncourt, « Le cabaret de la belle femme », lithographie originales de Edmond LAJOUX, GHUILHOT, éditeur, 52 boulevard Malesherbes, Paris, 1947 (Mentions finales d’édition : « La présente édition a été achevée d’imprimer le trente septembre mil neuf cent quarante-sept. La typographie sur les presses de l’imprimerie G. DESGRANDCHAMPS. - Les lithographies, mises en couleur par l’artiste, sur les presses de VIALE et LHOTELIER, suivant leur procédé de tirage de crayons originaux.» (Exemplaire d’artiste, sous emboîtage). (*)

PRÉFACE

IL Y A PLUS DE TRENTE ANS - août 1914 - dans ma chambre de Montmartre, je commençais ce livre, ne sachant pas s’il aurait une suite. Surtout une fin…Pendant huit jours, j’avais couru les bureaux militaires pour contracter un engagement. Dans mon impatience, je m’étais même fait recommander par Clémenceau, mon patron de l’
Homme Libre ; cela ne servit à rien. « Vous n’êtes pas plus pressé que les autres », me répondit sèchement le colonel de la Place de Paris pour qui j’avais une lettre d’introduction. Je me résignai donc à faire la queue avec quelques camarades de la Butte et après une semaine de piétinements, d’ordres et de contre-ordres, de rebuffades, nous fûmes reconnus bons. Toutefois, d’après les règlements, les engagés ne devaient rejoindre que le vingt-deuxième jour de la mobilisation. Alors, je me rassis à ma table et notai, toutes vives, mes impressions d’engagé. Je ne les ai jamais retouchées. Ce sont les premières pages du CABARET DE LA BELLE FEMME.
Des journées brûlantes que je venais de vivre, je n’avais retenu que les trait comiques. C’était déjà une tournure de mon esprit que de remarquer d’abord la drôlerie des êtres et des évènements : la guerre même ne pouvait y échapper. Je l’imaginais comme une grande farce sanglante. Je constatai bientôt que je ne m’étais pas tellement trompé.
Dans les tranchées, menant la vie pénible du fantassin, je n’eus pas le loisir de tenir un journal de guerre, mais tout en trimant, piochant, rampant dans la plaine les nuits de patrouille, enjambant le parapet les matins d’attaque, j’élaborais le livre que je projetais d’écrire si j’en ramenais mes os. La guerre fut longue : au lieu d’un livre, il y en eu deux. La plupart des épisodes qui composent celui-ci auraient pu aussi bien figurer dans LES CROIX DE BOIS mais emporté par le récit, je ne m’étais pas attardé à choisir et, arrivé à la fin, je m’aperçus que je n’avais pas tout dit. Voulant peut-être étouffer mon rire aux côtés de ce Gilbert Demachy que je savais voué à la mort, j’avais inconsciemment tu mes anecdotes les plus drôles. Alors, sans lâcher ma plume, dans la fièvre de la Victoire, je composai ces contes où reparaissaient, sous d’autre noms, les personnages des CROIX DE BOIS, à commencer par Sulphart, devenu Lousteau.
Certaines de ces aventures sont tellement bouffonnes qu’elles risquent de paraître outrées à ceux qui n’ont pas fait la guerre - celle-ci ou l’autre - or les détails les plus extravagants sont précisément ceux que je n’ai pas imaginés. La réalité, en effet, ne s’embarrasse pas de vraisemblance et se permet tout sans craindre de démenti. Mes camarades du 39e étouffaient de rire quand je leur contais, sous le gourbi, ces histoires où se mêlaient mes inventions et leurs souvenirs. Elles sont, sous leurs franches couleurs, l’image même de la vie du fantassin.
Souvent, dédicaçant LE CABARET DE LA BELLE FEMME, j’ai écrit sur la page de garde :
« En souvenir du temps où l’on riait sous les obus. », ce n’était pas une vantardise. Si des hommes ont tenu quatre ans, fusil au poing, sur la terre gorgée de cadavres, c’est qu’ils portaient en eux un trésor d’espérance, une réserve de gaîté qui les rendait invulnérables. Je l’ai dit aux premières pages des CROIX DE BOIS : « Devant la mort même, je vous ai entendu rire, jamais pleurer. »
Pour ce que rire est le propre du soldat. Comme obéir, souffrir.
Et se faire tuer.

Roland DORGELÈS.
Juillet 1947.

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(*) Cette édition ne comporte pas les trois chapitres inédits des Croix de bois.

******
Bien amicalement à vous,
Daniel.
Rutilius
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Re: Questions de tirages d'édition - Dorgeles - Belle femme

Message par Rutilius »


Bonjour à tous,

Les Croix de bois de Roland Dorgelès : l'origine du choix du titre.

Bulletin des écrivains, n° 8, Juin 1915, rubrique « Pour lire dans les tranchées », p. 3 :

« Un de nos confrères, qui est dans les tranchées à Berry-au-Bac et qui ne veut pas qu’on prononce son nom (" Tout ce qui sent la réclame, en ce moment plus que jamais, me lève le cœur "), nous écrit-il, retient pour un livre futur ce titre : Les Croix de bois.
" Ceux qui reviendront de la guerre oublieront bien des choses, mais jamais ces centaines de croix de bois perdues dans les champs râpés, plantées le long des routes encombrées de caissons, abandonnées dans les marécages et dans ces doux cimetières de village où les tombes verdoyantes de ceux qui restent se donnent des airs de charmille pour rassurer ceux qui s’en vont." »

Bien amicalement à vous,
Daniel.
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