Bonjour à tous,
En ce moment, chez l’excellent Philippe Meyer, sur France Inter, encore quelques pépites, dont La Garde de nuit à l’Yser :
Un rien de lumière, lueur éphémère,
Rampe encore sur terre au long des boyaux ;
La nuit tombe, tombe, après dans la tombe,
Et la mort en trombe pour bien des héros.
C’est l’heure indicible où l’humaine cible
Frissonne impassible au fond de son cœur,
Et c’est l’heure obscure où sous notre armure
S’insinue, sûre, la main de la peur.
Va, légers mes contes, l’angoisse se dompte
Et le sang remonte orgueilleux et vif
Un doigt sur la gâchette, le soldat furète
Et par la nuit guette d’un œil attentif.
Les canons rugissent, Les balles ratissent
Les abris gémissent sous les coups du fer,
Et plus cela barde, et plus on bombarde
Plus belle est la garde au bord de l’Yser.
Clarté fulgurante, fleur éblouissante,
Traînée sanglante dans le ciel tout noir,
C’est une fusée qui monte irisée,
De l’enfer lâchée comme un feu d’espoir.
Alors tout se fige, alors Ô prodige,
Par le seul prestige de cet œil ouvert,
Tous les nerfs se tendent, les armes se bandent,
Et les cœurs attendent l’holocauste offert.
Mais le vent se lève, là-bas vers la grève
Il assaille et crève le manteau des cieux,
Des nues s’affaissent, fuient, se dépècent,
Des étoiles naissent en clignant des yeux.
Et soudain, très belles, de lugubres ailes,
Des ailes mortelles, passent en vrombissant
Quelques gothas passent, ils passent voraces,
Jalonnant sa trace de flaques de sang.
Et le temps s’enrouille et la mort se saoûle
Du sang qui s’écoule en flots monstrueux,
Grisée de tumulte, la camarde exulte,
Et son geste insulte aux plus valeureux.
Elle arrive, lente, lâche, patiente,
Immonde, démente, implacable et lasse,
Et sa main fantasque, dédaignant le casque,
Glisse sous le masque le poison des gaz.
Enfin l’accalmie, une voix ranime,
Une voix bénie s’élève soudain,
Le gars taciturne sent dans l’air nocturne
Le clocher de Furnes qui s’émeut lointain.
Il s’émeut, et chante la chanson vivante,
Pleure de détente du prochain éveil,
La nuit se lézarde, l’aube les blafarde,
Finie la garde, voici le soleil.
Bien cordialement,
Eric Mansuy
La Garde de nuit à l'Yser
- Eric Mansuy
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Re: La Garde de nuit à l'Yser
"Un pauvre diable a toujours eu pitié de son semblable, et rien ne ressemble plus à un soldat allemand dans sa tranchée que le soldat français dans la sienne. Ce sont deux pauvres bougres, voilà tout." Capitaine Paul Rimbault.
- Arnaud Carobbi
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Re: La Garde de nuit à l'Yser
Bonjour Eric,
Bonjour à tous,
En chanson par Damia : http://www.deezer.com/music/track/5519298
Amicalement,
Arnaud
Bonjour à tous,
En chanson par Damia : http://www.deezer.com/music/track/5519298
Amicalement,
Arnaud
Le site du Parcours du combattant de 14-18 : Trésor d’archives n°68 – En avant la musique ! Auxerre, 1908 : présentation et écoute d'une séance de musique militaire. 21/06/2025
- Eric Mansuy
- Messages : 4290
- Inscription : mer. oct. 27, 2004 2:00 am
Re: La Garde de nuit à l'Yser
Merci Arnaud,
Ce très bon programme nous a également gratifié du Mon Mari est parti, d’Anne Sylvestre, interprété par Elsa Lepoivre.
Mon mari est parti
Mon mari est parti un beau matin d'automne,
Parti je ne sais où,
Je me rappelle bien, la vendange était bonne,
Et le vin était doux.
La veille nous avions ramassé des girolles
Au bois de Viremont.
Les enfants venaient juste d'entrer à école
Et le temps était bon.
Mon mari est parti un beau matin d'automne,
Le printemps est ici,
Mais que voulez-vous bien que le printemps me donne ?
Je suis seule au logis.
Mon mari est parti, avec lui tous les autres maris
Des environs
Le tien, Eléonore, et vous, Marie, le vôtre,
Et le tien Marion.
Je ne sais pas pourquoi, et vous non plus sans doute.
Tout ce que nous savons,
C'est qu'un matin d'octobre ils ont suivi la route
Et qu'il faisait très bon.
Des tambours sont venus nous jouer une aubade,
J'aime bien les tambours.
Il m'a dit : "Je m'en vais faire une promenade",
Moi, je compte les jours.
Mon mari est parti, je n'ai de ses nouvelles
Que par le vent du soir.
Je ne comprends pas bien toutes ces péronnelles
Qui me parlent d'espoir.
Un monsieur est venu m'apporter son costume,
Il n'était pas râpé.
Sans doute qu'en chemin il aura fait fortune
Et se sera nippé.
Les fleurs dans son jardin recommencent à poindre,
J'y ai mis des iris.
Il le désherbera en venant me rejoindre,
Lorsque naîtra son fils.
Mon mari est parti quand déjà la nature
Etait toute roussie ;
Et plus je m'en défends et plus le temps me dure,
Et plus je l'aime aussi.
Marion, m'a-t-on dit, vient de se trouver veuve,
Elle pleure beaucoup.
Éléonore s'est fait une robe neuve
Et noire jusqu'au cou.
Pour moi, en attendant que mon amour revienne,
Je vais près de l'étang.
Je reste près du bord, je joue et me promène,
Je parle à mon enfant.
Mon mari est parti un beau matin d'automne,
Parti je ne sais quand.
Si les bords de l'étang me semblent monotones,
J'irai jouer dedans.
Amicalement,
Eric
Ce très bon programme nous a également gratifié du Mon Mari est parti, d’Anne Sylvestre, interprété par Elsa Lepoivre.
Mon mari est parti
Mon mari est parti un beau matin d'automne,
Parti je ne sais où,
Je me rappelle bien, la vendange était bonne,
Et le vin était doux.
La veille nous avions ramassé des girolles
Au bois de Viremont.
Les enfants venaient juste d'entrer à école
Et le temps était bon.
Mon mari est parti un beau matin d'automne,
Le printemps est ici,
Mais que voulez-vous bien que le printemps me donne ?
Je suis seule au logis.
Mon mari est parti, avec lui tous les autres maris
Des environs
Le tien, Eléonore, et vous, Marie, le vôtre,
Et le tien Marion.
Je ne sais pas pourquoi, et vous non plus sans doute.
Tout ce que nous savons,
C'est qu'un matin d'octobre ils ont suivi la route
Et qu'il faisait très bon.
Des tambours sont venus nous jouer une aubade,
J'aime bien les tambours.
Il m'a dit : "Je m'en vais faire une promenade",
Moi, je compte les jours.
Mon mari est parti, je n'ai de ses nouvelles
Que par le vent du soir.
Je ne comprends pas bien toutes ces péronnelles
Qui me parlent d'espoir.
Un monsieur est venu m'apporter son costume,
Il n'était pas râpé.
Sans doute qu'en chemin il aura fait fortune
Et se sera nippé.
Les fleurs dans son jardin recommencent à poindre,
J'y ai mis des iris.
Il le désherbera en venant me rejoindre,
Lorsque naîtra son fils.
Mon mari est parti quand déjà la nature
Etait toute roussie ;
Et plus je m'en défends et plus le temps me dure,
Et plus je l'aime aussi.
Marion, m'a-t-on dit, vient de se trouver veuve,
Elle pleure beaucoup.
Éléonore s'est fait une robe neuve
Et noire jusqu'au cou.
Pour moi, en attendant que mon amour revienne,
Je vais près de l'étang.
Je reste près du bord, je joue et me promène,
Je parle à mon enfant.
Mon mari est parti un beau matin d'automne,
Parti je ne sais quand.
Si les bords de l'étang me semblent monotones,
J'irai jouer dedans.
Amicalement,
Eric
"Un pauvre diable a toujours eu pitié de son semblable, et rien ne ressemble plus à un soldat allemand dans sa tranchée que le soldat français dans la sienne. Ce sont deux pauvres bougres, voilà tout." Capitaine Paul Rimbault.
- Arnaud Carobbi
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- Contact :
Re: La Garde de nuit à l'Yser
Bonjour à nouveau à tous,
Interprétation de sa chanson par Anne Sylvestre précédée par la lecture d'un court texte :
http://www.telerama.fr/musique/exclusiv ... ,34319.php
Amicalement,
Arnaud
Interprétation de sa chanson par Anne Sylvestre précédée par la lecture d'un court texte :
http://www.telerama.fr/musique/exclusiv ... ,34319.php
Amicalement,
Arnaud
Le site du Parcours du combattant de 14-18 : Trésor d’archives n°68 – En avant la musique ! Auxerre, 1908 : présentation et écoute d'une séance de musique militaire. 21/06/2025
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Re: La Garde de nuit à l'Yser
Bonsoir à toutes et à tous,
Ce programme radiophonique est téléchargeable en vue d'une ballllllllado-diffusion à cette adresse (avec les titres et les auteurs des chansons) :
http://radiofrance-podcast.net/podcast09/rss_10387.xml
Ah que si le lien, qu'il fonctionne !
Ce programme radiophonique est téléchargeable en vue d'une ballllllllado-diffusion à cette adresse (avec les titres et les auteurs des chansons) :
http://radiofrance-podcast.net/podcast09/rss_10387.xml
Ah que si le lien, qu'il fonctionne !
Christian Baroin
"Pourvu qu'ils me laissent le temps"
"Pourvu qu'ils me laissent le temps"
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- Messages : 349
- Inscription : lun. juin 01, 2009 2:00 am
Re: La Garde de nuit à l'Yser
Bonsoir à toutes et à tous,
Peut-être le texte le plus poignant de cette collection :
Tu n'en reviendras pas
Tu n'en reviendras pas toi qui courais les filles
Jeune homme dont j'ai vu battre le coeur à nu
Quand j'ai déchiré ta chemise et toi non plus
Tu n'en reviendras pas vieux joueur de manille
Qu'un obus a coupé par le travers en deux
Pour une fois qu'il avait un jeu du tonnerre
Et toi le tatoué l'ancien légionnaire
Tu survivras longtemps sans visage sans yeux
On part Dieu sait pour où ça tient du mauvais rêve
On glissera le long de la ligne de feu
Quelque part ça commence à n'être plus du jeu
Les bonshommes là-bas attendent la relève
Roule au loin roule train des dernières lueurs
Les soldats assoupis que ta danse secoue
Laissent pencher leur front et fléchissent le cou
Cela sent le tabac l'haleine la sueur
Comment vous regarder sans voir vos destinées
Fiancés de la terre et promis des douleurs
La veilleuse vous fait de la couleur des pleurs
Vous bougez vaguement vos jambes condamnées
Déjà la pierre pense où votre nom s'inscrit
Déjà vous n'êtes plus qu'un mot d'or sur nos places
Déjà le souvenir de vos amours s'efface
Déjà vous n'êtes plus que pour avoir péri
Louis Aragon
L'interprétation de Léo Férré, qui a mis ce texte en musique :
http://www.youtube.com/watch?v=TkGvm6iGvOQ
Cordialement
Peut-être le texte le plus poignant de cette collection :
Tu n'en reviendras pas
Tu n'en reviendras pas toi qui courais les filles
Jeune homme dont j'ai vu battre le coeur à nu
Quand j'ai déchiré ta chemise et toi non plus
Tu n'en reviendras pas vieux joueur de manille
Qu'un obus a coupé par le travers en deux
Pour une fois qu'il avait un jeu du tonnerre
Et toi le tatoué l'ancien légionnaire
Tu survivras longtemps sans visage sans yeux
On part Dieu sait pour où ça tient du mauvais rêve
On glissera le long de la ligne de feu
Quelque part ça commence à n'être plus du jeu
Les bonshommes là-bas attendent la relève
Roule au loin roule train des dernières lueurs
Les soldats assoupis que ta danse secoue
Laissent pencher leur front et fléchissent le cou
Cela sent le tabac l'haleine la sueur
Comment vous regarder sans voir vos destinées
Fiancés de la terre et promis des douleurs
La veilleuse vous fait de la couleur des pleurs
Vous bougez vaguement vos jambes condamnées
Déjà la pierre pense où votre nom s'inscrit
Déjà vous n'êtes plus qu'un mot d'or sur nos places
Déjà le souvenir de vos amours s'efface
Déjà vous n'êtes plus que pour avoir péri
Louis Aragon
L'interprétation de Léo Férré, qui a mis ce texte en musique :
http://www.youtube.com/watch?v=TkGvm6iGvOQ
Cordialement
Christian Baroin
"Pourvu qu'ils me laissent le temps"
"Pourvu qu'ils me laissent le temps"