Il s'agit du témoignage d'un enfant de combattant. Il parle de son père.
"Il fut mobilisé comme simple artilleur en 1914, fut blessé et cité au cours des opérations et termina la guerre comme lieutenant."
Extrait :
"...Et la différence avec B., qui était sérieux, trop sérieux, c’est que mon père avait fait une guerre quatorze terrible ; ayant survécu à cette tuerie il avait l’impression de vivre sur le compte d’un autre, il voyait la vie autrement. Quand on lui disait « J’ai un problème » « T’as un problème ? » et il rigolait, se tapait sur les cuisses, un problème !.
Quand tu as vu pendant la guerre des dizaines et des dizaines de copains avec les tripes sorties dans les mains en criant Maman et venant mourir à côté de toi, et que vous entendez des gens dire « J’ai un problème ! », la réponse fuse « Mais, ya pas de problème ». Pendant la guerre, mon père, était lieutenant artilleur à Lorette, près d’Arras, et après la guerre il me montrait où il avait sa batterie et me disait « Tu vois, il y avait tellement de cadavres, qu’au mois d’août, on ne voyait plus le ciel, tant il y avait de mouches ».
Sur le front, les salves d’obus partaient sans répit et un jour mon père voit arriver un gars qui le salue et lui dit « Mon lieutenant, ya plus d’obus, ya plus d’obus » Mon père a éclaté de rire. Et quand on avait des conseils d’administrations (dans lesquels mon père ne savait pas rester sérieux plus d’une demi-heure : il sortait des bêtises énormes, et tout le monde roulait sous la table) où l’on annonçait des problèmes importants, on voyait B. qui disait « Ah, c’est la catastrophe », mon père me regardait et disait « Ya plus d’obus ». Alors B. s’étonnait « Qu’est-ce qu’il dit, qu’est-ce qu’il dit ». Mon père et moi nous rigolions, personne ne comprenait. « Ya plus d’obus » bon, on va arrêter, et puis c’est tout, nous ferons autre chose."
EDIT : C'est fait par MP Alain

Cordialement
Frédéric