Il y a quelques années, j'ai acheté une revue d'histoire locale très bien faite : "le pays de Douarnenez de 1914 à 1918" éditée par l'association mémoire de la ville de Douarnenez en 2000;
Plusieurs articles y traitent de destins de combattants originaire de cette ville côtière du finistère, capitale de la pêche et de la conserverie de sardines . On y trouve aussi la liste complète des 700 Douarnenistes morts pour la France.
Un article présente les lettres très émouvantes de Joseph Gourmelen, un marin pêcheur né en 1875 et tué en mai 1915 au sein du 1er régiment colonial de marche en Belgique.
Au début, je me suis demandé comment ce père de 4 enfants, inscrit maritime, qui avait l'age d'être affecté dans un RIT s'il avait été un « terrien » a pu être versé dans un régiment de Marsouin ???
L'explication en est donnée par l' article qui a a le mérite de présenter un phénomène peu connu, (enfin à ma connaissance) : celui du décision prise par les autorités militaires de reversement début 1915 des inscrits maritimes pratiquant la petite pêche du Finistère Sud des classes 1892 à 1903 dans l'infanterie coloniale.
Il apparait donc que ces professionels de la mer déjà âgés (entre 32 ans et 43 ans en 1915) qui n'avaient pas fait de service militaire avant guerre dans l'infanterie et qui en tant marins et inscrits maritimes auraient du théoriquement servir dans la Royale ou dans la marine marchande ont donc été reversés début 1915 dans l'Infanterie Coloniale et donc dans des troupes de choc........D'abord, mis de côté à la mobilisation, ces vieux marins qui n'intéressaient plus la Marine (?) ont donc servi à combler les rangs des RIC déjà bien décimés début 1915. On peut alors vraiment parler de « chair à canon.... »
Le destin tragique de GOURMELEN n'est pas isolé et quand on regarde la liste des tués de Douarnenez, on remarque plusieurs dizaines de ces hommes de 35/43 ans, tués en 1915 au sein du 2e RIC, du 3e RIC ou d'autres unités d'infanterie coloniale......... On remarque sur leur fiche Mémoire des hommes que leur n° de matricule au recrutement est précédé d'un M qui doit signifier leur origine maritime.
Ainsi, Douarnenez déplore plus de 60 tués lors des offensives de Chamapgne en septembre 1915 dont rien que 31 soldats tués le 25 septembre.
Citons par exemple au 2e RIC le 25/9/15 : Jacques ANSQUER, 40 ans – Henri CELTON, 37 ans -
Jean LE GALL, 34 ans - françois L'HERROU, 35 ans – Isidore JACQUIN , 32 ans
au 6e RIC le 25/9/15: Prosper BERNARD 35 ans – Louis KEREVEL 35 ans – Auguste KERLOCH 38 ans – Yves-Marie GUENNEC, 38 ans
au 52e RIC le 25/9/15 : Pierre KERAUDREN 39 ans - Jospeh CASTREC , 35 ans - henri JAUREGUY , 37 ans etc............
Ces hommes qui auraient pu être « relativement » préservés s'ils avaient été dans la Marine ou affectés comme « pépére » dans des RIT se sont ainsi retrouvé dans des regiments de choc et ont du connaître des taux de survie très faibles,,,,,,,,,
Connaissiez vous ce phénomène ? Est-il commun à tous les quartiers maritimes ou ne concerne -t-il que le Finistère-Sud (l'article qui cite ce reversement ne parle que de ce quartier maritime....)
merci pour vos commentaires.......
Cordialement
yann LE FLOC'H
PS/ cet été, à proximité de Douarnenez, j'ai pu chiner une belle carte photo d'un marsouin du 2e RIC âgé qui pourrait être un de ces infortunés marins marsouins de 1915. La coiffe de son épouse est typique des « Penn Sardines » surnom des habitants du pays de Douarnenez.....
