Bonjour,
Voici mon petit blog en hommage à Julien, qui aimait se retrouver avec ses amis où il avait combattu.
Voici son témoignage/testament.
http://jgoutier.canalblog.com/
Ric
Blog pour Julien du 103°
- Arnaud Carobbi
- Messages : 5753
- Inscription : mer. avr. 19, 2006 2:00 am
- Localisation : Maine-et-Loire
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Re: Blog pour Julien du 103°
Bonjour Ric,
Témoignage très intéressant à double titre sur les combats menés par les Français en Belgique en août 1914 : le témoignage sonore de 11 minutes est tellement vivant mais avec en conclusion cette même interrogation sur ce que sera le souvenir après la disparition des derniers combattants ; la lettre est un bel exemple de description de ces premières semaines de campagne. Mais c'est sa conclusion qui est la plus marquante : il avait vécu et vu le résultat des batailles de la frontière.
La lettre est-elle toujours visible dans le musée dont-il est question dans le discours de Julien ?
Bien cordialement,
Arnaud
Témoignage très intéressant à double titre sur les combats menés par les Français en Belgique en août 1914 : le témoignage sonore de 11 minutes est tellement vivant mais avec en conclusion cette même interrogation sur ce que sera le souvenir après la disparition des derniers combattants ; la lettre est un bel exemple de description de ces premières semaines de campagne. Mais c'est sa conclusion qui est la plus marquante : il avait vécu et vu le résultat des batailles de la frontière.
La lettre est-elle toujours visible dans le musée dont-il est question dans le discours de Julien ?
Bien cordialement,
Arnaud
Re: Blog pour Julien du 103°
Bonjour à tous,
Bonjour Arnaud,
Nous avons perdu en moins de 3 mois le cinquième de ce que nous perdrons en 4 ans...
Verdun, Chemin des Dames, Vimy, Notre Dame de Lorette, La Gruerie, Berry au bac, Tahure, Perthes les Hurlus...et tous les autres champs de bataille bien sûr, tout cela...QUATRE FOIS moins mortel que la seule bataille des frontières...et ce, malgré les progrés de l'artillerie, l'apparition des gaz, l'aviation, les chars...C'est l'équivalent des pertes de 1916...
Les chiffres défient mon imagination...
Bonne soirée à tous,
Bernard
Bonjour Arnaud,
C'est une chose qui me laisse toujours sans réponse...On peut retourner les chiffres en tous sens...il avait vécu et vu le résultat des batailles de la frontière.
Nous avons perdu en moins de 3 mois le cinquième de ce que nous perdrons en 4 ans...
Verdun, Chemin des Dames, Vimy, Notre Dame de Lorette, La Gruerie, Berry au bac, Tahure, Perthes les Hurlus...et tous les autres champs de bataille bien sûr, tout cela...QUATRE FOIS moins mortel que la seule bataille des frontières...et ce, malgré les progrés de l'artillerie, l'apparition des gaz, l'aviation, les chars...C'est l'équivalent des pertes de 1916...
Les chiffres défient mon imagination...
Bonne soirée à tous,
Bernard
Re: Blog pour Julien du 103°
Bonjour à Toutes & Tous
Bonjour Ric, Arnaud, Bernard
Enfin, une apparition du 103ème RI sur le Forum!
Merci, RIC, pour le sympathique blog dédié au sergent Julien GOUTIER de la 12ème compagnie du 3ème bataillon du 103e RI. Je connaissais un fragment de cette lettre, publié en 1985 par Jean DAUPHIN et Patrice DUMONT dans leur plaquette " 22 août 1914". Maintenant, nous l'avons complète.
Jean DAUPHIN est le conservateur et le gardien de la mémoire du petit musée local "Baillet-Latour" à Latour (Belgique) près de Virton (tf 063/57 77 58). Normalement la lettre du sergent GOUTIER doit s'y trouver comme tant d'autres souvenirs sur les combats d'Ethe, de Virton en août 1914.
Dès que j'en aurai la possibilité technique, je vous adresserai un "scan" d'une carte-vue ancienne représentant le "Gymnasium" de Virton (qui existe toujours). En attendant, voici un extrait des souvenirs du sergent-fourrier THORY qui était à la 9ème compagnie du 3ème bataillon du 103e RI :
"22 août 1914. Le 3ème bataillon du 103e RI a reçu l'ordre de marcher en dispositif d'avant-garde sur Saint-Léger, petit village au nord de Ethe en Belgique.
La première section de la 9e compagnie doit couvrir le flanc gauche du bataillon. La liaison est difficile dans un brouillard épais et nous dépassons le régiment d'au moins 2 km. A St-Léger, les habitants nous préviennent que les Allemands sont en grand nombre dans le village. Nous sommes trop en avant et il faut rebrousser chemin.
Nous nous replions donc dans la forêt tandis que des uhlans débouchent des plaines environnantes avec l'intention de nous cerner. Le sous-lieutenant BEULAYGUES (1ère section) donne l'ordre de rejoindre Ethe par un chemin creux. Mais il est trop tard. Les Allemands profitant du brouillard ont progressé et nous ont tourné. Brusquement, le brouillard se lève. Les fusils crépitent. La bataille est engagée. Cernés.
Nous tâtons partout mais il est impossible de passer et les patrouilles ennemies tirent sur nous à courte distance. Nous sommes remplis de foi, de courage, d'abnégation. Ce sont les premiers combats.
Pendant toute la journée du 22 août, nous restons sous bois. En tête de notre petit groupe marchent les éclaireurs, le sergent DESERT, le caporal LEROY et les fantassins DESMOT et MARCHAND. Aucun obstacle ne nous arrête mais nous avons le ventre creux. Les éclaireurs ont fait des prisonniers, 5 soldats allemands qu'ils ont capturés dans une maison forestière. En même temps, ils nous ramènent du pain et du jambon.
Le 23 au soir, toujours à la lisière du bois et avec un peloton de hussards (14e RH), nous regardons défiler des dragons allemands puis un régiment d'infanterie. Les chevaux des deux camps se mettent à hennir mais les éclaireurs allemands ne comprennent pas.
Au petit jour, il faut partir pour rejoindre nos lignes. Malgré nos précautions, l'ennemi tire sur nous à plusieurs reprises. Des hussards sont tués. Le lieutenant RANSON est parmi les morts. Nous emmenons toujours nos cinq prisonniers. Nous marchons depuis trois jours, la faim nous tenaille. Nous avaons mangé des feuilles, de l'herbe!
Le sixième jour, nous rencontrons un garde-chasse qui nous aide à franchir les lignes allemandes. Sauvés. A quelques kilomètres, nous apercevons un village. On distingue des uniformes français. Hélas! les Chasseurs d'Afrique nous prennent pour des Allemands déguisés! Ils ouvrent un feu violent, une vingtaine de chevaux tombent ..." .
Une bonne journée de Belgique
Bonjour Ric, Arnaud, Bernard
Enfin, une apparition du 103ème RI sur le Forum!
Merci, RIC, pour le sympathique blog dédié au sergent Julien GOUTIER de la 12ème compagnie du 3ème bataillon du 103e RI. Je connaissais un fragment de cette lettre, publié en 1985 par Jean DAUPHIN et Patrice DUMONT dans leur plaquette " 22 août 1914". Maintenant, nous l'avons complète.
Jean DAUPHIN est le conservateur et le gardien de la mémoire du petit musée local "Baillet-Latour" à Latour (Belgique) près de Virton (tf 063/57 77 58). Normalement la lettre du sergent GOUTIER doit s'y trouver comme tant d'autres souvenirs sur les combats d'Ethe, de Virton en août 1914.
Dès que j'en aurai la possibilité technique, je vous adresserai un "scan" d'une carte-vue ancienne représentant le "Gymnasium" de Virton (qui existe toujours). En attendant, voici un extrait des souvenirs du sergent-fourrier THORY qui était à la 9ème compagnie du 3ème bataillon du 103e RI :
"22 août 1914. Le 3ème bataillon du 103e RI a reçu l'ordre de marcher en dispositif d'avant-garde sur Saint-Léger, petit village au nord de Ethe en Belgique.
La première section de la 9e compagnie doit couvrir le flanc gauche du bataillon. La liaison est difficile dans un brouillard épais et nous dépassons le régiment d'au moins 2 km. A St-Léger, les habitants nous préviennent que les Allemands sont en grand nombre dans le village. Nous sommes trop en avant et il faut rebrousser chemin.
Nous nous replions donc dans la forêt tandis que des uhlans débouchent des plaines environnantes avec l'intention de nous cerner. Le sous-lieutenant BEULAYGUES (1ère section) donne l'ordre de rejoindre Ethe par un chemin creux. Mais il est trop tard. Les Allemands profitant du brouillard ont progressé et nous ont tourné. Brusquement, le brouillard se lève. Les fusils crépitent. La bataille est engagée. Cernés.
Nous tâtons partout mais il est impossible de passer et les patrouilles ennemies tirent sur nous à courte distance. Nous sommes remplis de foi, de courage, d'abnégation. Ce sont les premiers combats.
Pendant toute la journée du 22 août, nous restons sous bois. En tête de notre petit groupe marchent les éclaireurs, le sergent DESERT, le caporal LEROY et les fantassins DESMOT et MARCHAND. Aucun obstacle ne nous arrête mais nous avons le ventre creux. Les éclaireurs ont fait des prisonniers, 5 soldats allemands qu'ils ont capturés dans une maison forestière. En même temps, ils nous ramènent du pain et du jambon.
Le 23 au soir, toujours à la lisière du bois et avec un peloton de hussards (14e RH), nous regardons défiler des dragons allemands puis un régiment d'infanterie. Les chevaux des deux camps se mettent à hennir mais les éclaireurs allemands ne comprennent pas.
Au petit jour, il faut partir pour rejoindre nos lignes. Malgré nos précautions, l'ennemi tire sur nous à plusieurs reprises. Des hussards sont tués. Le lieutenant RANSON est parmi les morts. Nous emmenons toujours nos cinq prisonniers. Nous marchons depuis trois jours, la faim nous tenaille. Nous avaons mangé des feuilles, de l'herbe!
Le sixième jour, nous rencontrons un garde-chasse qui nous aide à franchir les lignes allemandes. Sauvés. A quelques kilomètres, nous apercevons un village. On distingue des uniformes français. Hélas! les Chasseurs d'Afrique nous prennent pour des Allemands déguisés! Ils ouvrent un feu violent, une vingtaine de chevaux tombent ..." .
Une bonne journée de Belgique
Bien cordialement
Paul Pastiels
Paul Pastiels
Re: Blog pour Julien du 103°
Bonjour à tous,
Pour répondre à Arnaud, cette lettre se trouve dans les archives du musée gaumais, l'originale aurait été "égarée" dans les cartons du musée. Toutefois, la copie est disponible chez mon cher ami Jean, un homme formidable, une "encyclopédie" de la bataille de Virton.
Le témoignage oral complète le tout, c'est un souvenir, du début des magnétophones à cassettes, on trouvait cela formidable.
Merci, Popol, de votre témoignage intéressant.
Le 103 c'est le régiment de Grasset, qui nous a laissé une mine d'informations.Son ouvrage sur Ethe est certainement celui qui nous nous a le plus marqués, tant l'émotion qu'il fait transparaître, est perceptible, quand il parle de ses amis, et de tous ceux qui y étaient.
Moi aussi, je vous réserve une copie d'une plaquette sur la bataille de Virton de l'abbé Dubois, 1919.
Dernièrement je me trouvais dans les salles du collège de Virton,ambulance bombardée par l'artillerie allemande. Rien n'a changé, la salle au dôme vitré possède toujours ses carrelages d'époque, ses piliers de fonte,on imagine aisément le nombre de blessés,tués par la chute des épaisses plaques de verre.
en très cordial souvenir,
Ric

Pour répondre à Arnaud, cette lettre se trouve dans les archives du musée gaumais, l'originale aurait été "égarée" dans les cartons du musée. Toutefois, la copie est disponible chez mon cher ami Jean, un homme formidable, une "encyclopédie" de la bataille de Virton.
Le témoignage oral complète le tout, c'est un souvenir, du début des magnétophones à cassettes, on trouvait cela formidable.
Merci, Popol, de votre témoignage intéressant.
Le 103 c'est le régiment de Grasset, qui nous a laissé une mine d'informations.Son ouvrage sur Ethe est certainement celui qui nous nous a le plus marqués, tant l'émotion qu'il fait transparaître, est perceptible, quand il parle de ses amis, et de tous ceux qui y étaient.
Moi aussi, je vous réserve une copie d'une plaquette sur la bataille de Virton de l'abbé Dubois, 1919.
Dernièrement je me trouvais dans les salles du collège de Virton,ambulance bombardée par l'artillerie allemande. Rien n'a changé, la salle au dôme vitré possède toujours ses carrelages d'époque, ses piliers de fonte,on imagine aisément le nombre de blessés,tués par la chute des épaisses plaques de verre.
en très cordial souvenir,
Ric

Re: Blog pour Julien du 103°
Bonsoir à Toutes & Tous
Bonsoir Ric
- Merci d'avance pour une copie de la plaquette de l'abbé Dubois qui doit certainement évoquer les combats de Virton!
- J'ai également un faible pour les ouvrages du commandant Grasset. En 1914, il était capitaine. Il commandait alors la 5ème compagnie du 2ème bataillon du 103e RI. Il a été blessé à Ethe le 22/08/1914.
Nous lui devons ainsi:
1) "Vingt Jours de Guerre aux Temps héroïques" (son carnet de route) ;
2) "La Guerre en Action / Le 22 août 1914 au 4e Corps d'Armée / Ethe" (Ed Berger-Levrault) ;
- Puisque le 103e RI est une fois à l'honneur, je ne résiste pas au plaisir de vous transmettre un autre témoignage extrait de l'ouvrage précité de Jean DAUPHIN. Raphaël TOUCHARD était également soldat à la 12ème compagnie du 3ème bataillon du 103e RI. Il devait certainement connaître le sergent Julien GOUTIER!
" (...) J'ai donc été blessé le jour de mon baptème du feu: une balle de fusant dans la jambe. J'étais à la 12e compagnie, capitaine MOLEUX, 3e bataillon du 103e. Notre bataillon était en avant-garde de la division (7e DI) en soutien du 14e Hussards. C'est-à-dire si je fus aux premières loges!
La veille, nous avions couché à Latour évacué précipitamment par les Boches. La nuit fut vite passée et chacun de nous pressentais la bataille. Réveil puis départ à cinq heures du matin. Un brouillard formidable recouvrait tout. Nous descendîmes vers Ethe. Devant nous, les hussards.
Des coups de feu. Mon coeur battait, je vous prie de me croire. Je serrais mon fusil. A l'entrée du village, deux ou trois uhlans et leurs montures à terre, morts ou blessés. Un Boche remuait. L'un d'entre-nous voulut l'achever, mais notre sergent l'empêcha en disant: Laissez-le tranquille, il a son compte! On traversa le village et les habitants inquiets disaient que l'ennemi était proche et nombreux, mais il fallait marcher.
En arrivant devant la gare, nous avons lu le nom du village sur la façade et nous avons su ainsi que nous étions à Ethe. Les hussards se démenaient contre des uhlans retranchés dans un moulin situé à 1 km, à Hamawé. Nous sommes partis au pas de course dans cette direction en longeant la rivière. Le brouillard nous empêchait de voir à 20m devant nous. Des balles sifflèrent et tout de suite firent des blessés. Je ne songeais à rien car tout se passait trop vite. Je ne pensais qu'à courir. Notre section occupa une crête où les balles pleuvaient.
Le sous-lieutenant MOUSSEAUX fut tué à côté de moi d'une balle dans l'oreille. Vers 8h, la brume se leva. Devant nous, des prés et un bois sur une crête au loin. On a dû creuser des trous individuels pour s'abriter et faire un rempart avec des sacs car les balles nous arrivaient de face, de derrière et de côté. Vers Ethe, on entendait une vraie bataille avec des coups de canon, de fusil et de mitrailleuse. Ca tapait de tous les côtés. Nous avions beaucoup de blessés et de tués et pas encore vu un seul allemand sur qui tirer. Nous tirions au jugé vers les bois.
Des obus fusants éclataient au-dessus de nous et j'ai reçu une balle de plomb dans la jambe. Evanoui, j'ai été abandonné avec les morts et d'autres blessés lors de la retraite des nôtres. Le lendemain, je fus ramassé par des Belges et hissé dans une charrette (1). Sur la route menant à St-Léger, nous avons rencontré des Allemands qui étaient comme fous. Ils ont tué le cheval puis tiré sur un blessé à côté de moi. J'ai reçu alors une balle dans l'épaule et un coup de crosse dans la figure. J'ai fais le mort. Je me voyais achevé si je bougeais. Les Boches me crurent mort car ils partirent. Je fus emmené à l'église de St-Léger et soigné plusieurs jours par une bénévole, Mademoiselle Mathilde PICARD (...)";
(1) Il fut descendu de la butte "Sur Rogène" où il se trouvait vers Hamawé et, d'après lui, la prairie actuellement à droite de la scierie était pleine de cadavres allemands. C'est exact car là une attaque du 123e IR échoua sous le tir de deux mitrailleuses françaises (ndlr)".
- Selon l'ouvrage de Grasset, les pertes de la 7ème DI sont énormes. Elle a perdu 124 officiers et 5200 hommes tués, blessés ou disparus, c'est-à-dire environ la moitié de l'effectif combattant. En particulier, le bataillon Laplace (I/101) du 101e était anéanti à Bleid. Il manquait au 103e RI, 29 officiers et 1760 hommes; au 104e RI, 25 officiers et 1689 hommes ...!
Bonne soirée de Belgique
Bonsoir Ric
- Merci d'avance pour une copie de la plaquette de l'abbé Dubois qui doit certainement évoquer les combats de Virton!
- J'ai également un faible pour les ouvrages du commandant Grasset. En 1914, il était capitaine. Il commandait alors la 5ème compagnie du 2ème bataillon du 103e RI. Il a été blessé à Ethe le 22/08/1914.
Nous lui devons ainsi:
1) "Vingt Jours de Guerre aux Temps héroïques" (son carnet de route) ;
2) "La Guerre en Action / Le 22 août 1914 au 4e Corps d'Armée / Ethe" (Ed Berger-Levrault) ;
- Puisque le 103e RI est une fois à l'honneur, je ne résiste pas au plaisir de vous transmettre un autre témoignage extrait de l'ouvrage précité de Jean DAUPHIN. Raphaël TOUCHARD était également soldat à la 12ème compagnie du 3ème bataillon du 103e RI. Il devait certainement connaître le sergent Julien GOUTIER!
" (...) J'ai donc été blessé le jour de mon baptème du feu: une balle de fusant dans la jambe. J'étais à la 12e compagnie, capitaine MOLEUX, 3e bataillon du 103e. Notre bataillon était en avant-garde de la division (7e DI) en soutien du 14e Hussards. C'est-à-dire si je fus aux premières loges!
La veille, nous avions couché à Latour évacué précipitamment par les Boches. La nuit fut vite passée et chacun de nous pressentais la bataille. Réveil puis départ à cinq heures du matin. Un brouillard formidable recouvrait tout. Nous descendîmes vers Ethe. Devant nous, les hussards.
Des coups de feu. Mon coeur battait, je vous prie de me croire. Je serrais mon fusil. A l'entrée du village, deux ou trois uhlans et leurs montures à terre, morts ou blessés. Un Boche remuait. L'un d'entre-nous voulut l'achever, mais notre sergent l'empêcha en disant: Laissez-le tranquille, il a son compte! On traversa le village et les habitants inquiets disaient que l'ennemi était proche et nombreux, mais il fallait marcher.
En arrivant devant la gare, nous avons lu le nom du village sur la façade et nous avons su ainsi que nous étions à Ethe. Les hussards se démenaient contre des uhlans retranchés dans un moulin situé à 1 km, à Hamawé. Nous sommes partis au pas de course dans cette direction en longeant la rivière. Le brouillard nous empêchait de voir à 20m devant nous. Des balles sifflèrent et tout de suite firent des blessés. Je ne songeais à rien car tout se passait trop vite. Je ne pensais qu'à courir. Notre section occupa une crête où les balles pleuvaient.
Le sous-lieutenant MOUSSEAUX fut tué à côté de moi d'une balle dans l'oreille. Vers 8h, la brume se leva. Devant nous, des prés et un bois sur une crête au loin. On a dû creuser des trous individuels pour s'abriter et faire un rempart avec des sacs car les balles nous arrivaient de face, de derrière et de côté. Vers Ethe, on entendait une vraie bataille avec des coups de canon, de fusil et de mitrailleuse. Ca tapait de tous les côtés. Nous avions beaucoup de blessés et de tués et pas encore vu un seul allemand sur qui tirer. Nous tirions au jugé vers les bois.
Des obus fusants éclataient au-dessus de nous et j'ai reçu une balle de plomb dans la jambe. Evanoui, j'ai été abandonné avec les morts et d'autres blessés lors de la retraite des nôtres. Le lendemain, je fus ramassé par des Belges et hissé dans une charrette (1). Sur la route menant à St-Léger, nous avons rencontré des Allemands qui étaient comme fous. Ils ont tué le cheval puis tiré sur un blessé à côté de moi. J'ai reçu alors une balle dans l'épaule et un coup de crosse dans la figure. J'ai fais le mort. Je me voyais achevé si je bougeais. Les Boches me crurent mort car ils partirent. Je fus emmené à l'église de St-Léger et soigné plusieurs jours par une bénévole, Mademoiselle Mathilde PICARD (...)";
(1) Il fut descendu de la butte "Sur Rogène" où il se trouvait vers Hamawé et, d'après lui, la prairie actuellement à droite de la scierie était pleine de cadavres allemands. C'est exact car là une attaque du 123e IR échoua sous le tir de deux mitrailleuses françaises (ndlr)".
- Selon l'ouvrage de Grasset, les pertes de la 7ème DI sont énormes. Elle a perdu 124 officiers et 5200 hommes tués, blessés ou disparus, c'est-à-dire environ la moitié de l'effectif combattant. En particulier, le bataillon Laplace (I/101) du 101e était anéanti à Bleid. Il manquait au 103e RI, 29 officiers et 1760 hommes; au 104e RI, 25 officiers et 1689 hommes ...!
Bonne soirée de Belgique
Bien cordialement
Paul Pastiels
Paul Pastiels
Re: Blog pour Julien du 103°
Bonjour à tous, bonjour popol,
Voilà ce qu'on peut lire dans l'ouvrage allemand de Bircher "die schlacht bei ethe"
- Une partie du régiment (123) alla vers Gévimont, attiré par le feu de "Sur Rogène", l'aile gauche du régiment sous le commandement des majors Lupin et Bader trouva un abri dans la forêt du "Mât" de cette façon, le régiment fut clairement séparé. Mais la raison principale de l'échec, fut que le 5° corps d'artillerie prussienne tirait sur tout le front de Hamawé jusqu'au bord nord du Mât. Ce qui empira le désastre fût la présence des unités Kammler et du hpt Gneiss. Des événement de ce genre se passent toujours dans les guerres.Quand la compagnie Lutz sauta dans le fond de Gévimont, elle eut de nouveau des pertes importantes.
Hptm Lutz et Leutn Keppler tombèrent, les pelotons des Leut. Stramm, Hartmann et Eisenach subirent des fortes pertes (...)
bien cordialement,
Ric
Voilà ce qu'on peut lire dans l'ouvrage allemand de Bircher "die schlacht bei ethe"
- Une partie du régiment (123) alla vers Gévimont, attiré par le feu de "Sur Rogène", l'aile gauche du régiment sous le commandement des majors Lupin et Bader trouva un abri dans la forêt du "Mât" de cette façon, le régiment fut clairement séparé. Mais la raison principale de l'échec, fut que le 5° corps d'artillerie prussienne tirait sur tout le front de Hamawé jusqu'au bord nord du Mât. Ce qui empira le désastre fût la présence des unités Kammler et du hpt Gneiss. Des événement de ce genre se passent toujours dans les guerres.Quand la compagnie Lutz sauta dans le fond de Gévimont, elle eut de nouveau des pertes importantes.
Hptm Lutz et Leutn Keppler tombèrent, les pelotons des Leut. Stramm, Hartmann et Eisenach subirent des fortes pertes (...)
bien cordialement,
Ric
Re: Blog pour Julien du 103°
Bonjour Ric,
En chinant, j'ai trouvé un petit ouvrage sur un capitaine du 103e :
Henri, prince de Polignac
écrit par Dom André Basquin
Ce soldat fut tué le 25 septembre 1915 à Aubérive (Marne)
le bouquin est broché, son dos est défraichi, il est en vente à 10 €
Je l'ai fait mettre de coté par le bouquiniste
si il vous interesse, je peux l'acheter et vous l'envoyer.
Cordialement
François
En chinant, j'ai trouvé un petit ouvrage sur un capitaine du 103e :
Henri, prince de Polignac
écrit par Dom André Basquin
Ce soldat fut tué le 25 septembre 1915 à Aubérive (Marne)
le bouquin est broché, son dos est défraichi, il est en vente à 10 €
Je l'ai fait mettre de coté par le bouquiniste
si il vous interesse, je peux l'acheter et vous l'envoyer.
Cordialement
François
"le passé est la mémoire du futur" P.Valéry
Re: Blog pour Julien du 103°
Bonsoir à Toutes & Tous
Bonsoir Ric
Décidément, notre Forum est enrichissant ...!
Merci Ric pour cette nouvelle référence bibliographique : à part le témoignage du lt E. Rommel Zugführer à la 7e compagnie du 2e bataillon du 124 IR sur les combats à Bleid, ... je ne connaissais pas l'ouvrage allemand de Bircher. J'en prends donc bonne note. Le vendredi 21/08/1914, une avant-garde du 123e IR était déjà arrivée à Virton (jour du marché) ... mais pas pour longtemps ...!
Une bonne soirée de Belgique
Bonsoir Ric
Décidément, notre Forum est enrichissant ...!
Merci Ric pour cette nouvelle référence bibliographique : à part le témoignage du lt E. Rommel Zugführer à la 7e compagnie du 2e bataillon du 124 IR sur les combats à Bleid, ... je ne connaissais pas l'ouvrage allemand de Bircher. J'en prends donc bonne note. Le vendredi 21/08/1914, une avant-garde du 123e IR était déjà arrivée à Virton (jour du marché) ... mais pas pour longtemps ...!
Une bonne soirée de Belgique
Bien cordialement
Paul Pastiels
Paul Pastiels
Re: Blog pour Julien du 103°
Bonjour à tous, Bonjour popol,
En effet l'ouvrage de Bircher est intéressant, mais très difficile à déchiffrer en gothique et un genre de patois wurtembergeois. J'ai aussi le témoignage de Rommel dans ce livre, atteint d'une diharrée au soir des combats...
A bientôt parmi vous dès que possible...
Ric
En effet l'ouvrage de Bircher est intéressant, mais très difficile à déchiffrer en gothique et un genre de patois wurtembergeois. J'ai aussi le témoignage de Rommel dans ce livre, atteint d'une diharrée au soir des combats...
A bientôt parmi vous dès que possible...
Ric