Bonjour à tous,
Un extrait du livre d'Ewan Butler, Goering tel qu'il fut. Ou comment un triste individu donna dans le burlesque avant de sombrer dans le pire...
Bien cordialement,
Eric Mansuy
"Le 112e régiment d’infanterie stationnait sur la rive droite du Rhin. Les armées françaises et allemandes venaient à peine de se mettre en marche que la compagnie où Gœring commandait un peloton reçut l’ordre de prendre place dans un train blindé et de se diriger vers Mulhouse même. Le train atteignit les faubourgs de la ville et fit halte, tandis que Gœring, à la tête de son peloton, partait en reconnaissance. Ses ordres étaient formels : obtenir des renseignements sur les mouvements de l’ennemi, sans toutefois s’absenter longtemps ni s’éloigner du gros de la compagnie, la locomotive du train blindé devant bientôt faire demi-tour pour aller se ravitailler en eau.
Le chef de peloton obtint rapidement les renseignements demandés. Des civils affolés lui apprirent que la cavalerie française était déjà entrée dans Mulhouse, qu’elle avait occupé l’hôtel de ville et placardé des affiches annonçant que la loi martiale était proclamée dans la cité. La patrouille allemande avait rempli sa mission et il ne restait plus à son chef qu’à repartir aussi vite que possible et à aller faire son rapport au P.C. de la compagnie. Mais, en dépit des ordres reçus, Gœring fit exactement le contraire. Se frayant un passage à travers la foule des civils effrayés, il conduisit sa petite unité droit sur l’hôtel de ville. La cavalerie française avait poursuivi sa route. Ne s’attardant qu’un instant pour déchirer les affiches collées au mur, le jeune officier s’élança à la poursuite des cavaliers.
Il rejoignit les Français près de Dornach, dans les faubourgs sud de la ville. Sans être aperçu des guetteurs, et donnant l’ordre à ses hommes de s’étaler sur le plus large front possible, il ouvrit le feu. Convaincu que d’importantes forces allemandes avaient occupé Mulhouse et qu’ils avaient affaire à un fort contingent avancé, les patrouilles françaises se retirèrent et, ainsi qu’on ne devait pas tarder à l’apprendre, les plans des chefs, en vue d’une offensive générale contre la ville, furent modifiés en conséquence.
Au cours de sa première action, le sous-lieutenant Gœring s’empara de son premier butin de guerre (quatre chevaux français) et, triomphant, rejoignit sa compagnie. Ces chevaux permirent-ils à Gœring de se racheter aux yeux du commandant de compagnie dont il avait enfreint les ordres d’une manière si flagrante ? Toujours est-il qu’il repartit en reconnaissance dès le lendemain.
A cette occasion, il commandait un groupe de six hommes à bicyclette. Quoique les patrouilles françaises fussent très actives aux abords de Mulhouse, les cyclistes allemands réussirent à les éviter ; ils entrèrent dans la ville et furent stupéfaits d’apercevoir devant eux le général Pau, commandant les forces françaises dans ce secteur, debout dans la rue, entouré par ses officiers d’état-major. Au cours de son avance vers la cité, le détachement de Gœring avait été rejoint par un cavalier allemand isolé, séparé de son escadron. Gœring donna au soldat l’ordre de mettre pied à terre et, lâchant sa bicyclette, il se proposa, ainsi qu’il le dit plus tard, de se ruer sur les Français sans méfiance, de s’emparer du général, de le coucher en travers de la selle et de le ramener captif à sa compagnie.
Mais un des cyclistes fit échouer cet ambitieux projet en ouvrant le feu un peu prématurément. Les Français ripostèrent si vivement que toute idée d’enlèvement fut abandonnée et que le groupe de Gœring regagna ses lignes, pédalant aussi vite que possible.
Cette première expérience de la guerre fut, pour Gœring, captivante et amusante, et son chef apprécia chez lui les qualités d’audace et d’initiative qui font un excellent officier de renseignements, au sens le plus strictement tactique du mot. Les opérations de reconnaissance devinrent donc la spécialité de Gœring. Sa méthode habituelle consistait à utiliser tout ce qu’il rencontrait pour se mettre à couvert, à avancer aussi près qu’il le pouvait des lignes ennemies et, d’un point où il avait vue sur l’adversaire, il traçait sur une carte la position des Français. Ces sorties l’exposaient au danger d’être atteint non seulement par l’artillerie française mais davantage encore par les artilleurs allemands. Il eut toutefois la chance de n’être atteint par aucun projectile, allemand ou français."
Mulhouse, août 1914 : Goering fait le malin
- Eric Mansuy
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Re: Mulhouse, août 1914 : Goering fait le malin
"Un pauvre diable a toujours eu pitié de son semblable, et rien ne ressemble plus à un soldat allemand dans sa tranchée que le soldat français dans la sienne. Ce sont deux pauvres bougres, voilà tout." Capitaine Paul Rimbault.
Re: Mulhouse, août 1914 : Goering fait le malin
Bonjour Eric
Un grand merci pour ce rappel de la prise, perte et reprise de Mulhouse en aout 1914, évènement montrant assez la médiocrité de la vision stratégique francaise.
Je suis néanmoins un peu troublé par le récit : il me semble correspondre à la fois aux journées des 8-10 aout (train blindé, détachement de cavalerie sur l'hotel de ville,...) et aux journées du 19-20 aout (général Pau n'a été nommé que le 10 aout à la tête de l'armée d'Alsace, combat à Dornach, ...).
Bref, ce n'est pas clair.
Adrien
Un grand merci pour ce rappel de la prise, perte et reprise de Mulhouse en aout 1914, évènement montrant assez la médiocrité de la vision stratégique francaise.
Je suis néanmoins un peu troublé par le récit : il me semble correspondre à la fois aux journées des 8-10 aout (train blindé, détachement de cavalerie sur l'hotel de ville,...) et aux journées du 19-20 aout (général Pau n'a été nommé que le 10 aout à la tête de l'armée d'Alsace, combat à Dornach, ...).
Bref, ce n'est pas clair.
Adrien
- Eric Mansuy
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Re: Mulhouse, août 1914 : Goering fait le malin
Bonsoir Adrien,
Ravi de te retrouver sur ce forum !
En effet, ce n'est pas clair, sans doute parce que la "version originale" dont s'est inspiré Butler, Hermann Goering de Martin Sommerfeld, publié en 1932... ne donne pas de dates non plus !!!
Amicalement,
Eric
Ravi de te retrouver sur ce forum !
En effet, ce n'est pas clair, sans doute parce que la "version originale" dont s'est inspiré Butler, Hermann Goering de Martin Sommerfeld, publié en 1932... ne donne pas de dates non plus !!!

Amicalement,
Eric
"Un pauvre diable a toujours eu pitié de son semblable, et rien ne ressemble plus à un soldat allemand dans sa tranchée que le soldat français dans la sienne. Ce sont deux pauvres bougres, voilà tout." Capitaine Paul Rimbault.
Re: Mulhouse, août 1914 : Goering fait le malin
Bonjour Eric,
Ce n'est pas parce que je n'interviens pas que je ne lis pas ce qui est publié ! Et sur un sujet comme celui là, Mulhouse 1914, tu penses bien !
J'ai regardé l'historique du 4. Badische Inf. Reg. "Prinz Wilhelm" Nr. 112 et l'ouvrage d'Hanoteaux (pour les images)
Au 3 aout 1914, Goering apparait bien comme lieutenant à la 8e compagnie (Hauptm. Steltzer), IIe Bataillon (Major Otto) (c'est facile le nom est souligné en rouge dans ma copie)
Quant aux dates, éliminons d'emblée les 19-20 aout, le régiment a été retiré le 14 du front d'Alsace pour la Lorraine. Ce que confirme d'ailleurs le tableau d'honneur pour la 8e Compagnie pour le 9/8 à Mulhouse
J'ai quelques doutes quant à l'authenticité du récit et je plaiderais l'exagération agiographique.
Pour moi, les français sont entrés le 8 aout vers 6-7h dans Mulhouse, l'on occupée le 9 avant de se replier le 10 sous le coup des attaques d'une division du XVe Corps d'Armée allemand vers Cernay et du XIVe Corps d'Armée (dont le régiment de Goering) depuis la forêt de la Hardt.
La poursuite jusqu'à Dornach me parait pouvoir correspondre à la phase de repli et de concentration vers l'Ile Napoléon du IIe Bataillon du 112e IR le 8 aout. Je note ainsi (pages 13 et 105 de l'historique) que le deuxième bataillon du 112e était vers l'Ile Napoléon le 9 au matin. On notera que ce régiment dont la garnison était à Mulhouse se repliait de la frontière et n'était donc pas dans le train blindé mentionné (cf http://www.chtimiste.com/batailles1418/alsace1914.htm ) qui aurait fait 8 aller-retour... Cela étant les cavaliers à l’hôtel de ville pourraient bien être les dragons du 18e régiment (quelqu’un a l’historique ?). Je doute quand même que la présence de Goering ai fait changer les plans de l'Etat major car ce sont plutot les concentrations de troupes venant de Strasbourg et de la forêt de la Hardt qui ont dicté les positions francaise le 9 au matin.
Le 9 au matin, je doute de la possibilité de passer de l'Ile Napoléon à Dornach alors que l'ensemble de la ligne était tenue par l'infanterie française (dont le 35e RI sur la ligne Modeheim/Riedisheim) qui creusaient des tranchées. Il ne s'agissait pas de la seule cavalerie. C’est un sujet de famille puisque mon AGO, ss lt au 35e RI, est tombé le 9 au soir à Riedisheim et a été enterré une première fois au pont de Modeheim.
Enfin, le seul général identifié pendant cette période était le général Curé qui passait les troupes en revue le 8 au soir http://digicoll.library.wisc.edu/cgi-bi ... 79&isize=M
Pas forcément incompatible avec mes sources, le récit me parait donc assez romancé à la gloire de Goering.
Adrien
Ce n'est pas parce que je n'interviens pas que je ne lis pas ce qui est publié ! Et sur un sujet comme celui là, Mulhouse 1914, tu penses bien !
J'ai regardé l'historique du 4. Badische Inf. Reg. "Prinz Wilhelm" Nr. 112 et l'ouvrage d'Hanoteaux (pour les images)
Au 3 aout 1914, Goering apparait bien comme lieutenant à la 8e compagnie (Hauptm. Steltzer), IIe Bataillon (Major Otto) (c'est facile le nom est souligné en rouge dans ma copie)
Quant aux dates, éliminons d'emblée les 19-20 aout, le régiment a été retiré le 14 du front d'Alsace pour la Lorraine. Ce que confirme d'ailleurs le tableau d'honneur pour la 8e Compagnie pour le 9/8 à Mulhouse
- Christian Staib
- Hermann Kiene

J'ai quelques doutes quant à l'authenticité du récit et je plaiderais l'exagération agiographique.
Pour moi, les français sont entrés le 8 aout vers 6-7h dans Mulhouse, l'on occupée le 9 avant de se replier le 10 sous le coup des attaques d'une division du XVe Corps d'Armée allemand vers Cernay et du XIVe Corps d'Armée (dont le régiment de Goering) depuis la forêt de la Hardt.
La poursuite jusqu'à Dornach me parait pouvoir correspondre à la phase de repli et de concentration vers l'Ile Napoléon du IIe Bataillon du 112e IR le 8 aout. Je note ainsi (pages 13 et 105 de l'historique) que le deuxième bataillon du 112e était vers l'Ile Napoléon le 9 au matin. On notera que ce régiment dont la garnison était à Mulhouse se repliait de la frontière et n'était donc pas dans le train blindé mentionné (cf http://www.chtimiste.com/batailles1418/alsace1914.htm ) qui aurait fait 8 aller-retour... Cela étant les cavaliers à l’hôtel de ville pourraient bien être les dragons du 18e régiment (quelqu’un a l’historique ?). Je doute quand même que la présence de Goering ai fait changer les plans de l'Etat major car ce sont plutot les concentrations de troupes venant de Strasbourg et de la forêt de la Hardt qui ont dicté les positions francaise le 9 au matin.
Le 9 au matin, je doute de la possibilité de passer de l'Ile Napoléon à Dornach alors que l'ensemble de la ligne était tenue par l'infanterie française (dont le 35e RI sur la ligne Modeheim/Riedisheim) qui creusaient des tranchées. Il ne s'agissait pas de la seule cavalerie. C’est un sujet de famille puisque mon AGO, ss lt au 35e RI, est tombé le 9 au soir à Riedisheim et a été enterré une première fois au pont de Modeheim.
Enfin, le seul général identifié pendant cette période était le général Curé qui passait les troupes en revue le 8 au soir http://digicoll.library.wisc.edu/cgi-bi ... 79&isize=M
Pas forcément incompatible avec mes sources, le récit me parait donc assez romancé à la gloire de Goering.
Adrien
- Eric Mansuy
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Re: Mulhouse, août 1914 : Goering fait le malin
Bonjour Adrien,
Je reprends les points de ton message – très pointu, comme à ton habitude
– et vais tenter d’y ajouter le peu que j’ai sous la main. Voici mes sources :
Bulletin du Musée Historique de Mulhouse, 1978 : Philippe BRANDT, « La campagne d’Alsace en août 1914 » (pages 109 à 132)
Carnet de la Sabretache, n°423, décembre 1961 : Général Jacques HUMBERT, « La droite de l’Armée d’Alsace à la seconde bataille de Mulhouse (19 août 1914) » (pages 553 à 573)
MEININGER (Ernest), Histoire de Mulhouse, Mulhouse, Imprimerie Ernest Meininger, 1923, 221 pages.
ZUNDEL (Auguste), 1914-1918, Journal de la Grande Guerre vécue à Mulhouse, Colmar, Jérôme Do Bentzinger Editeur, 2004, 214 pages.
« Pour moi, les français sont entrés le 8 août vers 6-7h. dans Mulhouse » :
« Samedi 8 août. A peine rentré à 12 h ½ les enfants sur le toit m’annoncent l’arrivée d’une patrouille de dragons français descendant la route de Folgensbourg. En effet un sous-lieutenant et 4 cavaliers descendent la Berggasse, presque en promenade, des fleurs à la main, ils se rendent à la Mairie. […] A 6 heures, … les Français entrent en ville par la chaussée de Dornach, la rue Franklin et la rue du Sauvage. » (Zundel)
« 8 août. Un peloton de cinq dragons français vient en ville vers 1 heure, et se présente à la mairie. Après leur départ, une patrouille allemande monte dans le tramway de Brunstatt, en expulse les passagers, en casse les vitres, et force le wattmann, revolver au poing, à la conduire à la poursuite des dragons français, qu’elle ne rejoignit pas. A 6 h. 1/4, entrée des troupes françaises par le faubourg de Colmar et celui d’Altkirch. » (Meininger)
« Cela étant les cavaliers à l’hôtel de ville pourraient bien être les dragons du 18e régiment » :
là, j’ai un doute. A en croire Henri DUCHÊNE-MARULLAZ, dans son article « La 8ème Division de Cavalerie française dans le Sundgau (Août 1914) » (pages 95 à 107 de l’Annuaire de la Société d’Histoire du Sundgau, 1984), le 7 août au soir la 8e D.C. a installé son Q.G. à Seppois-le-Haut, la matinée du 8 août étant consacrée aux soins des chevaux et au repos dans les bivouacs et cantonnements de la veille. Mais je suis sûr que tu ne tarderas pas à trouver l’unité de Dragons concernée !
« le récit me paraît donc assez romancé à la gloire de Goering » : oui, ça, ça ne fait aucun doute (quoique… la suite, que je n’ai pas reproduite, est assez peu élogieuse sur ses capacités à mener la vie d’un officier d’infanterie en campagne, d’où son départ du 112e relativement peu de temps après les violents combats des environs de Baccarat…). En outre, au vu de ce que l’on sait du caractère fantasque de l’individu, sa volonté de « kidnapper » un général français dans le feu de l’action ne me surprendrais pas ; je la comparerais alors au côté assez « chevaleresque » de la poursuite allemande en tramway, qui est également croustillante si elle est avérée (Zundel, en tout cas, écrit lui aussi : « rentrant en ville, je rencontre une patrouille d’une vingtaine d’hommes dans un wagon de tramway se dirigeant sur le faubourg d’Altkirch. »).
Amicalement, et à suivre…
Eric
Je reprends les points de ton message – très pointu, comme à ton habitude

Bulletin du Musée Historique de Mulhouse, 1978 : Philippe BRANDT, « La campagne d’Alsace en août 1914 » (pages 109 à 132)
Carnet de la Sabretache, n°423, décembre 1961 : Général Jacques HUMBERT, « La droite de l’Armée d’Alsace à la seconde bataille de Mulhouse (19 août 1914) » (pages 553 à 573)
MEININGER (Ernest), Histoire de Mulhouse, Mulhouse, Imprimerie Ernest Meininger, 1923, 221 pages.
ZUNDEL (Auguste), 1914-1918, Journal de la Grande Guerre vécue à Mulhouse, Colmar, Jérôme Do Bentzinger Editeur, 2004, 214 pages.
« Pour moi, les français sont entrés le 8 août vers 6-7h. dans Mulhouse » :
« Samedi 8 août. A peine rentré à 12 h ½ les enfants sur le toit m’annoncent l’arrivée d’une patrouille de dragons français descendant la route de Folgensbourg. En effet un sous-lieutenant et 4 cavaliers descendent la Berggasse, presque en promenade, des fleurs à la main, ils se rendent à la Mairie. […] A 6 heures, … les Français entrent en ville par la chaussée de Dornach, la rue Franklin et la rue du Sauvage. » (Zundel)
« 8 août. Un peloton de cinq dragons français vient en ville vers 1 heure, et se présente à la mairie. Après leur départ, une patrouille allemande monte dans le tramway de Brunstatt, en expulse les passagers, en casse les vitres, et force le wattmann, revolver au poing, à la conduire à la poursuite des dragons français, qu’elle ne rejoignit pas. A 6 h. 1/4, entrée des troupes françaises par le faubourg de Colmar et celui d’Altkirch. » (Meininger)
« Cela étant les cavaliers à l’hôtel de ville pourraient bien être les dragons du 18e régiment » :
là, j’ai un doute. A en croire Henri DUCHÊNE-MARULLAZ, dans son article « La 8ème Division de Cavalerie française dans le Sundgau (Août 1914) » (pages 95 à 107 de l’Annuaire de la Société d’Histoire du Sundgau, 1984), le 7 août au soir la 8e D.C. a installé son Q.G. à Seppois-le-Haut, la matinée du 8 août étant consacrée aux soins des chevaux et au repos dans les bivouacs et cantonnements de la veille. Mais je suis sûr que tu ne tarderas pas à trouver l’unité de Dragons concernée !
« le récit me paraît donc assez romancé à la gloire de Goering » : oui, ça, ça ne fait aucun doute (quoique… la suite, que je n’ai pas reproduite, est assez peu élogieuse sur ses capacités à mener la vie d’un officier d’infanterie en campagne, d’où son départ du 112e relativement peu de temps après les violents combats des environs de Baccarat…). En outre, au vu de ce que l’on sait du caractère fantasque de l’individu, sa volonté de « kidnapper » un général français dans le feu de l’action ne me surprendrais pas ; je la comparerais alors au côté assez « chevaleresque » de la poursuite allemande en tramway, qui est également croustillante si elle est avérée (Zundel, en tout cas, écrit lui aussi : « rentrant en ville, je rencontre une patrouille d’une vingtaine d’hommes dans un wagon de tramway se dirigeant sur le faubourg d’Altkirch. »).
Amicalement, et à suivre…

Eric
"Un pauvre diable a toujours eu pitié de son semblable, et rien ne ressemble plus à un soldat allemand dans sa tranchée que le soldat français dans la sienne. Ce sont deux pauvres bougres, voilà tout." Capitaine Paul Rimbault.
Re: Mulhouse, août 1914 : Goering fait le malin
Passionant tes trésors Eric
Ma source pour le 18e dragons est Hannoteaux, page 180 http://images.library.wisc.edu/History/ ... H03179.jpg
Il serait assez cocasse que la patrouille du tramway ait été commandée par Goering. Je m'étonnes que ce fait d'arme
n'ait pas fait l'objet de développement dans l'historique, qui, il est vrai, date de 1927.
Je continue à creuser.
Encore merci de m'avoir fait remarquer que Goering était dans le bataillon en face de mon AGO le 9 aout 1914.
Amicalement
Adrien
Ma source pour le 18e dragons est Hannoteaux, page 180 http://images.library.wisc.edu/History/ ... H03179.jpg
Cette version est confirmée - mais est-ce vraiment une confirmation - par l'histoire de la grande guerre par ses combattants http://www.chtimiste.com/batailles1418/alsace1914.htm. Le 11e dragons (historique sur 1914-18.org), n'indique aucune action ce jour là, mais ils ont été particulièrement exposés la veille à Altkirch.Un officier Francais du 18e dragons, descendant d'une vieille famille de fabricants mulhousiens, pénètre en ville à cheval à la tête d'une patrouille de six hommes et se rend sans coup férir à l'hôtel de ville.
Le maire, M. Cossmann, et un notable, M. Schlumberger, viennent au devant de lui, le préviennent que les troupes allemandes sont parties et, qu'à leur connaissance, la ville ne sera pas défendue. En fait, il y eut une courte résistance aussitôt brisée. Les derniers soldats allemands quittèrent la ville vers 5 heures du soir et les Français firent leur entrée entre 6 et 7 heures, entrée émouvante, colonne par quatre, défilé impeccable, tête haute... La cavalerie traversant la ville au galop poursuivit l'arrière garde allemande. Nos avant poste furent installés au nord de Mulhouse, à Illzach.
Le défilé des troupes françaises entrant dans la ville dura deux heures. Le général Curé les passa en revue sur la place du Quartier-Neuf.
Il serait assez cocasse que la patrouille du tramway ait été commandée par Goering. Je m'étonnes que ce fait d'arme

Je continue à creuser.
Encore merci de m'avoir fait remarquer que Goering était dans le bataillon en face de mon AGO le 9 aout 1914.
Amicalement
Adrien
- Eric Mansuy
- Messages : 4290
- Inscription : mer. oct. 27, 2004 2:00 am
Re: Mulhouse, août 1914 : Goering fait le malin
Bonsoir Adrien,
Je déduis des éléments que tu cites que seule cette patrouille semble avoir été détachée du 18e Dragons pour entrer à Mulhouse, car je viens de retrouver une autre source, non négligeable : De l'Alsace à la Somme, du commandant Bréant, du 18e Dragons, justement. Ce 8 août 1914, il se rend avec son régiment de Bisel à Tagsdorf via Heimersdorf, Hirsingue, Altkirch. Dommage qu'Hanotaux ne nous donne pas le nom du Dragon dont il parle.
Amicalement,
Eric
Je déduis des éléments que tu cites que seule cette patrouille semble avoir été détachée du 18e Dragons pour entrer à Mulhouse, car je viens de retrouver une autre source, non négligeable : De l'Alsace à la Somme, du commandant Bréant, du 18e Dragons, justement. Ce 8 août 1914, il se rend avec son régiment de Bisel à Tagsdorf via Heimersdorf, Hirsingue, Altkirch. Dommage qu'Hanotaux ne nous donne pas le nom du Dragon dont il parle.
Amicalement,
Eric
"Un pauvre diable a toujours eu pitié de son semblable, et rien ne ressemble plus à un soldat allemand dans sa tranchée que le soldat français dans la sienne. Ce sont deux pauvres bougres, voilà tout." Capitaine Paul Rimbault.
Re: Mulhouse, août 1914 : Goering fait le malin
Bonsoir Eric,
Je me suis replongé dans le livre du commandant Joguet (de la trouée de Belfort à Mulhouse) et je lis, page 70, dans la citation du récit d'E. Riss :
Encore un élément du puzzle
Amicalement
Adrien
Je me suis replongé dans le livre du commandant Joguet (de la trouée de Belfort à Mulhouse) et je lis, page 70, dans la citation du récit d'E. Riss :
Rien de plus (pas de tramway, ni d'affiches, etc.), et le même passage fait plus loin référence à un escadrons de chasseurs précédant les colonnes d'infanterie.A midi exactement arrive ventre à terre, au pont d'Altkirch, à Mulhouse, un peloton de quatre cavaliers, à la tête desquels galope le Lieutenant d'Amécourt. Nous lui faisons signe de s'arrêter... "Pouvez vous me dire, nous demande le jeune officier, le chemin le plus direct qui conduit à l'hotel de ville?"
Et voilà derrière notre auto, le petit groupe de Français reprend le galop; deux minutes plus tard, nous sommes devant la mairie"
Encore un élément du puzzle
Amicalement
Adrien
- Eric Mansuy
- Messages : 4290
- Inscription : mer. oct. 27, 2004 2:00 am
Re: Mulhouse, août 1914 : Goering fait le malin
Bonsoir Adrien,
Merci de m'avoir mis sur la bonne piste !!! J'ai "la source de ta source" en main, La Guerre et l'Alsace en 1914, d'Edouard Riss. Il est donc écrit, page 20 : "A midi 20 exactement, arrive ventre à terre, au pont d'Altkirch, à Mulhouse, un peloton de quatre cavaliers, à la tête desquels galope le lieutenant d'Amécourt, du 26e Dragons. Nous lui faisons signe d'arrêter..." Et en effet, dans le passage de Joguet que tu cites, l'unité a disparu !
Il existe au moins deux autres sources sur le 26e Dragons à cette période :
Carnet de la Sabretache n° 137 (nouvelle série), 3e trimestre 1998 : Félix CONRAD, « Cavalier en 1914 et en 1918 » (pages 92 à 94)
Revue d'Alsace n°68 : « La Chevauchée du 26e Dragons en Alsace, 1er août 1914 – 15 septembre 1915 (d’après des documents officiels et des témoins oculaires) » (pages 133 à 152)
Je vais voir ce que je peux trouver... ça devient de plus en plus passionnant (au moins pour nous deux...).
Amicalement,
Eric
Merci de m'avoir mis sur la bonne piste !!! J'ai "la source de ta source" en main, La Guerre et l'Alsace en 1914, d'Edouard Riss. Il est donc écrit, page 20 : "A midi 20 exactement, arrive ventre à terre, au pont d'Altkirch, à Mulhouse, un peloton de quatre cavaliers, à la tête desquels galope le lieutenant d'Amécourt, du 26e Dragons. Nous lui faisons signe d'arrêter..." Et en effet, dans le passage de Joguet que tu cites, l'unité a disparu !
Il existe au moins deux autres sources sur le 26e Dragons à cette période :
Carnet de la Sabretache n° 137 (nouvelle série), 3e trimestre 1998 : Félix CONRAD, « Cavalier en 1914 et en 1918 » (pages 92 à 94)
Revue d'Alsace n°68 : « La Chevauchée du 26e Dragons en Alsace, 1er août 1914 – 15 septembre 1915 (d’après des documents officiels et des témoins oculaires) » (pages 133 à 152)
Je vais voir ce que je peux trouver... ça devient de plus en plus passionnant (au moins pour nous deux...).
Amicalement,
Eric
"Un pauvre diable a toujours eu pitié de son semblable, et rien ne ressemble plus à un soldat allemand dans sa tranchée que le soldat français dans la sienne. Ce sont deux pauvres bougres, voilà tout." Capitaine Paul Rimbault.
Re: Mulhouse, août 1914 : Goering fait le malin
Bonsoir Eric,
Je constate une chose affreuse dans l'historique du 26e dragons [url]http://cecile_meunier.club.fr/historiques/historiques/RD-026.pdf[/url], une confusion entre le 8 et le 20...
Adrien
Je constate une chose affreuse dans l'historique du 26e dragons [url]http://cecile_meunier.club.fr/historiques/historiques/RD-026.pdf[/url], une confusion entre le 8 et le 20...
Des chasseurs alors ?Le 20 août, le sous-lieutenant D’AMECOURT pénètre le premier dans Mulhouse, à la tête de quelques cavaliers. (Cit.)
La population l’accueille avec enthousiasme. La division de cavalerie tout entière le suit
Adrien