le drapeau du 1er RMTA

[burais]

Bonsoir

vous trouverez ci dessous le récit de la perte du drapeau du 1er RMTA
cordialement
jean françois

1er RMTA
Le drapeau trouvé par l'ennemi

Ce drapeau fut trouvé par les allemands le 22 août 1914, à l'issue du combat de Châtelet, parmi les morts et les mourants.
Débarqué en France le 14 août, le 1er RMTA franchit la frontière belge, le 15. Le 20 août, il est à Chastrées, le 21 à minuit, il part sur alerte pour Figoterie où il arrive au petit jour. A 8h35, il reçoit l'ordre de se porter, en formation de rassemblement, au delà de la Figoterie, à l'abri des bois du Châtelet. A 10h10, le colonel reçoit l'ordre suivant :
"La 75e Brigade d'infanterie va prononcer une contre-attaque pour s'emparer du faubourg du Châtelet. Le 1er Tirailleurs à pour objectif la lisière Sud, le 1er Zouaves la lisière Est."
Les ordres d'attaque sont aussitôt donnés et à midi, le régiment se porte à l'attaque. En sortant des bois, les unités ont à parcourir un vaste espace découvert où se dressent des meules de paille. L'artillerie française est peu active. Par suite d'une erreur de direction, tout l'ensemble du dispositif de la brigade avait appuyé vers la droite. Pour couvrir le flanc menacé, le colonel est obligé d'engager son 1er bataillon. Il ne reste en réserve que la Compagnie Hors Rang (CHR), la musique et le drapeau.
Alors que les compagnies arrivent au milieu de l'espace découvert, les mitrailleuses allemandes se démasquent brusquement après un silence voulu. "Par files entières les hommes tombent, si bien que l'on croit qu'ils se couchent" (témoignage du docteur Laquière). Les Allemands bien abrités, redoublent l'intensité de leur feu. Malgré les pertes subies, les unités, baïonnette au canon, progressent résolument.
Devant ce spectacle de mort et d'héroïsme, le Lieutenant Multedo, porte-drapeau, estime que sa place est à l'avant et il entraîne la CHR et la musique. Ils débouchent du bois et se portent à l'attaque, se déployant à la droite du 1er bataillon mais sans liaison avec lui. Arrivée sur la première crête, la compagnie fut arrêtée par le tir des mitrailleuses allemandes et des canons de 77.
Le Sergent Jourdain, qui porte le drapeau, est tué, le Lieutenant Multedo redresse l'emblème, mais tombe frappé à mort, le Sergent Pelletier saisit le drapeau ; il est tué presque aussitôt. Le drapeau changea plusieurs fois de porteur ; il est relevé pour la dernière fois par l'Adjudant-chef Pelletier. Il est touché mortellement et tombe (mort en captivité). Tous les tirailleurs de la CHR sont fauchés par les mitrailleuses. L'héroïque sous-officier se traîne avec le drapeau, qu'il dissimule dans des buissons avant de défaillir.
Entre temps, les compagnies du 1er RMTA s'emparent des premières tranchées allemandes, mais échouent devant une deuxième ligne. Après un corps à corps dans les tranchées et le petit bois, les survivants, privés de leurs officiers et de leurs gradés reculent enfin et regagnent la lisière des Grands Bois. Ce jour là, 32 officiers et 1002 hommes sont morts ou blessés : "Dans cette affaire, de beaucoup la plus meurtrière pour le 1er Tirailleurs jusqu'à ce jour, ce régiment s'est montré héroïque se précipitant à la mort, sur l'ordre qui lui avait été donné." (Général commandant la 38e DI).
Aucun des survivants n'a vu tombé le drapeau aux mains de l'ennemi. Ce n'est que dans la soirée qu'on apprend par les quatre musiciens rescapés (tout ce qui reste du détachement du Lieutenant Multedo) que le drapeau est resté dans les bois qui sont depuis longtemps au pouvoir de l'ennemi.
Le soir du 22 août, le Caporal Rieck et le Soldat Abeln, du 91e Régiment d'Infanterie allemand, trouvèrent l'emblème en participant au nettoyage du champ de bataille. Ces soldats faisaient partie d'un détachement des 4e et 9e compagnies sous les ordres du Capitaine Von Münchhausen, qui se heurta aux cadavres de la garde au drapeau de la CHR.
Ce drapeau ne fut donc pas pris au combat par l'ennemi, mais trouvé après une journée où il n'y avait plus de survivants pour le porter.
L'emblème fut exposé au Zeughaus de Berlin jusqu'au 23 juin 1919 où, contrairement à la clause 245 du traité de Versailles stipulant la restitution à la France des drapeaux pris en 1870 et 1914 - 1918, un groupe d'anciens cavaliers de la garde incendièrent les caisses des drapeaux en criant : "Deutchland über Alles". En 1947, la pique du drapeau fut retrouvée et déposée au Musée de l'Armée.

[HXM]

Bonjour !
Récit très intéressant. Mais du point de vue allemand, selon les historiques des régiments concernés, les soldats RIEK et ABELIN de la 4e / IR N°91 (Hauptmann Freiherr von Munchausen),se sont bien emparés du drapeau, au milieu de la mêlée, en tuant un Tirailleur d'un coup de baïonnette et en en assommant un deuxième. Ces deux soldats français se tenaient cachés derrière un buisson. RIEK etson compagnon ont pu rapporter le drapeau dans leurs lignes. Pour la petite histoire, RIEK, nommé Gefreiter, fut tué le 18 mai 1915 sur la rivière San en Galicie. Quant à l'Adjudant-Chef de Musique PELLETIER, un des rescapés, il fut soigné dans une ambulance à Châtelet pour y décéder le 2 septembre. Ce sont les obusiers de .105 postés sur les hauteurs de Chatelineau qui ont décimé la CHR avec leurs shrapnells : un témoin allemand (du FAR N°26° - Oberst von Gostowski) les a vus tous étendus morts lors de la conquête de la côte 170 vers 18h. Le Lieutenant MULTEDO ( les Allemands le nommait MUTELOS) fut inhumé au Cimetière du Chateau d'eau à Châtelet dans la fosse commune n°35 sous le n°194 (numérotation allemande) qui ne comportait que des officiers français ainsi qu'une grande quantité de caisses de balles de mitrailleuses. La dépouille de MULTEDO fut rapatriée vers Paris lors des exhumations de 1922, et ce au départ de la gare d'Aiseau.
Espérant avoir ainsi complété vos documents!
HXM - Beaumont - Belgique

[garance.]

bonsoir, tout cela est passionnant, merci !