En réponse au msg de Nico, j'ai lu avec intérêt la critique du Général A.Bach, concernant l'ouvrage "La Grande Guerre inconnue" de F.Roux, sur l'espace scientifique du site du Collectif de Recherche International et de Débats sur la Guerre 14-18, qui cadre parfaitement avec le sujet et me semble interessant à consulter.
Bon dimanche à tous Jef
Maman, tais-toi.
-
- Messages : 4
- Inscription : dim. mars 12, 2006 1:00 am
Re: Maman, tais-toi.
du site du Collectif de Recherche International et de Débats sur la Guerre 14-18Bon dimanche à tous Jef
Adresse internet SVP? Merci.
-
- Messages : 4
- Inscription : dim. mars 12, 2006 1:00 am
Re: Maman, tais-toi.
Jef, vous venez d'obtenir la Médaille du Mérite du Forum pour votre célérité!
Re: Maman, tais-toi.
merci bcp mais pas pour l habileté des mains pour la saisie!! le dimanche les lettres se mélangent.
-
- Messages : 2
- Inscription : dim. mars 12, 2006 1:00 am
Re: Maman, tais-toi.
Bonjour
Voici ce qu'écrit dans son journal le 7 avril 1915, Auguste S.,2e classe au 152e RI, classe 1904, mort au poste de secours du Herrenfluh le 13 avril 1915
« Cela fait maintenant plus de 9 mois que nous sommes partis en guerre. Les plus jeunes, ceux qui, en août dernier, affichaient des sentiments patriotiques insensés, ont bien changé. Ils ne parlent plus de sacrifice suprême, ils font comme les plus âgés, ils essaient de sauver leur peau. Les horreurs vécues ces derniers temps leur ont rendu la raison. Tous ont fait leur devoir mais aucun ne pensait devoir payer ce prix.
Il est loin le temps où Colmar était en vue. Le Spitzemberg et Steinbach ont effacé les doutes sur les réalités de la guerre et de ses atrocités. »
Maurice
Voici ce qu'écrit dans son journal le 7 avril 1915, Auguste S.,2e classe au 152e RI, classe 1904, mort au poste de secours du Herrenfluh le 13 avril 1915
« Cela fait maintenant plus de 9 mois que nous sommes partis en guerre. Les plus jeunes, ceux qui, en août dernier, affichaient des sentiments patriotiques insensés, ont bien changé. Ils ne parlent plus de sacrifice suprême, ils font comme les plus âgés, ils essaient de sauver leur peau. Les horreurs vécues ces derniers temps leur ont rendu la raison. Tous ont fait leur devoir mais aucun ne pensait devoir payer ce prix.
Il est loin le temps où Colmar était en vue. Le Spitzemberg et Steinbach ont effacé les doutes sur les réalités de la guerre et de ses atrocités. »
Maurice
- alain chaupin
- Messages : 996
- Inscription : lun. oct. 18, 2004 2:00 am
Re: Maman, tais-toi.
Bonsoir
Pour vous donner un aperçu de l'état d'esprit dans lequel les mobilisés se trouvaient en 1914 je vous cite un extrait du livre du gradé d'infanterie:
Patrie :
"la patrie c'est l'ensemble du longue série d'efforts, de sacrifices, de dévouements. Nos ancêtres nous ont faits ce que nous sommes, ils ont conquis nos libertés et nos droits au prix de longues souffrances, de terribles persécutions.
Si profond est notre attachement au sol de la patrie que nous souffrons d’en être isolés, et que nous sommes toujours heureux de le revoir. L’homme éprouve au plus haut degré ce sentiment d’amour pour le coin de terre où il est né, où se sont écoulés son enfance et sa jeunesse, où ses pères ont vécu, et où ils se reposent.
Chaque citoyen contracte une dette sociale envers ses aïeux et ses contemporains, et pour s’en acquitter, il n’y a qu’un moyen, c’est d’aimer, servir et défendre sa patrie.
Le sacrifice est une des qualités qui ennoblit le plus l’âme du soldat. Le sacrifice comprend l’abnégation dans l’ordre matériel : c’est le désintéressement, c’est l’oubli de ses intérêts ; il comprend encore l’abnégation dans l’ordre moral ; c’est le renoncement, c’est l’oubli de sa personnalité. Tous nous devons mourir, mais pendant une campagne, chacun doit être pénétré que la vie ne compte pas, que nous mourrons tous plus tôt ou plus tard, cela ne signifie rien.
L’important n’est pas de mourir, mais il faut que cela soit bien fait. Si l’on meurt de maladie, les amis, les parents peuvent pleurer, mais si c’est d’une balle au front ou d’un coup de baïonnette, en faisant son devoir, on ne pleure pas, on admire le brave, le héros et on conserve son souvenir avec admiration. »
Avec çà dans la tête, c'est pas étonnant qu'ils étaient partis la fleur au fusil !!
Bonne soirée
Cordialement
Alain
Pour vous donner un aperçu de l'état d'esprit dans lequel les mobilisés se trouvaient en 1914 je vous cite un extrait du livre du gradé d'infanterie:
Patrie :
"la patrie c'est l'ensemble du longue série d'efforts, de sacrifices, de dévouements. Nos ancêtres nous ont faits ce que nous sommes, ils ont conquis nos libertés et nos droits au prix de longues souffrances, de terribles persécutions.
Si profond est notre attachement au sol de la patrie que nous souffrons d’en être isolés, et que nous sommes toujours heureux de le revoir. L’homme éprouve au plus haut degré ce sentiment d’amour pour le coin de terre où il est né, où se sont écoulés son enfance et sa jeunesse, où ses pères ont vécu, et où ils se reposent.
Chaque citoyen contracte une dette sociale envers ses aïeux et ses contemporains, et pour s’en acquitter, il n’y a qu’un moyen, c’est d’aimer, servir et défendre sa patrie.
Le sacrifice est une des qualités qui ennoblit le plus l’âme du soldat. Le sacrifice comprend l’abnégation dans l’ordre matériel : c’est le désintéressement, c’est l’oubli de ses intérêts ; il comprend encore l’abnégation dans l’ordre moral ; c’est le renoncement, c’est l’oubli de sa personnalité. Tous nous devons mourir, mais pendant une campagne, chacun doit être pénétré que la vie ne compte pas, que nous mourrons tous plus tôt ou plus tard, cela ne signifie rien.
L’important n’est pas de mourir, mais il faut que cela soit bien fait. Si l’on meurt de maladie, les amis, les parents peuvent pleurer, mais si c’est d’une balle au front ou d’un coup de baïonnette, en faisant son devoir, on ne pleure pas, on admire le brave, le héros et on conserve son souvenir avec admiration. »
Avec çà dans la tête, c'est pas étonnant qu'ils étaient partis la fleur au fusil !!
Bonne soirée
Cordialement
Alain
- Stephan @gosto
- Messages : 5598
- Inscription : dim. oct. 17, 2004 2:00 am
- Localisation : Paris | Chartres | Rouen
- Contact :
Re: Maman, tais-toi.
Bonsoir à tous,
Heureux de voir que ces quelques paroles de Jean ont su capter votre intérêt. Je reviendrai avec d'autres extraits.
Concernant l'état d'esprit des hommes au début des hostilités, je crois qu'il ne faut pas trop se prendre la tête et, là encore, ne pas s'enfermer dans des schémas trop cloisonnés. Il y eut de tout, dans toutes les couches de la population.
Contrainte... Consentement... Je pense que l'on ne peut réduire le comportement de millions de mobilisés en le caractérisant simplement et exclusivement par une seule de ces alternatives qui nous sont aujourd'hui proposées. Il n'y a qu'à lire : d'abord un témoignage, puis 5, puis 10, puis 100... 500. On ne peut prétendre à essayer de comprendre l'état d'esprit "du" combattant de la Grande Guerre à l'aune de la seule parole d'un Barthas ou d'un Junger, d'un Barbusse ou d'un Dorgelès, d'un Delvert ou d'un Vandrand. Il faut ajouter des paroles aux paroles. Lire et relire, les lignes et entre celles-ci : la mosaïque ainsi créée est formidable d'enseignements et révèle la variété des sentiments qu'éprouvèrent les soldats au début de la guerre. On notera souvent qu'ils étaient eux-même tiraillés entre plusieurs lignes de conduite, parfois en contradiction acceptée avec des principes qui avaient pourtant fortement marqué leur vie avant guerre.
Ils se dém... avec tout ça et tâchaient de se maintenir. Et, pour en revenir aux choses simples que j'évoquais dans un autre fil, ne pas perdre de vue que de toutes façons, il fallait faire avec.
La société d'avant guerre, il me semble, avait solidement assimilé un principe : un certain "consentement à la contrainte" !! (ou : quand Craonne et Péronne se font un gros bisou !
)
Dans ce cadre, on trouvera donc toutes une graduation de sentiments qui ne peuvent s'enfermer sous un seul vocable. De la même manière que lorsque l'on dit qu'il y a eu 1.350.000 morts durant la guerre, on a tout dit, en même temps que pas grand chose...
Amicalement,
Stéphan
Heureux de voir que ces quelques paroles de Jean ont su capter votre intérêt. Je reviendrai avec d'autres extraits.
Concernant l'état d'esprit des hommes au début des hostilités, je crois qu'il ne faut pas trop se prendre la tête et, là encore, ne pas s'enfermer dans des schémas trop cloisonnés. Il y eut de tout, dans toutes les couches de la population.
Contrainte... Consentement... Je pense que l'on ne peut réduire le comportement de millions de mobilisés en le caractérisant simplement et exclusivement par une seule de ces alternatives qui nous sont aujourd'hui proposées. Il n'y a qu'à lire : d'abord un témoignage, puis 5, puis 10, puis 100... 500. On ne peut prétendre à essayer de comprendre l'état d'esprit "du" combattant de la Grande Guerre à l'aune de la seule parole d'un Barthas ou d'un Junger, d'un Barbusse ou d'un Dorgelès, d'un Delvert ou d'un Vandrand. Il faut ajouter des paroles aux paroles. Lire et relire, les lignes et entre celles-ci : la mosaïque ainsi créée est formidable d'enseignements et révèle la variété des sentiments qu'éprouvèrent les soldats au début de la guerre. On notera souvent qu'ils étaient eux-même tiraillés entre plusieurs lignes de conduite, parfois en contradiction acceptée avec des principes qui avaient pourtant fortement marqué leur vie avant guerre.
Ils se dém... avec tout ça et tâchaient de se maintenir. Et, pour en revenir aux choses simples que j'évoquais dans un autre fil, ne pas perdre de vue que de toutes façons, il fallait faire avec.
La société d'avant guerre, il me semble, avait solidement assimilé un principe : un certain "consentement à la contrainte" !! (ou : quand Craonne et Péronne se font un gros bisou !


Dans ce cadre, on trouvera donc toutes une graduation de sentiments qui ne peuvent s'enfermer sous un seul vocable. De la même manière que lorsque l'on dit qu'il y a eu 1.350.000 morts durant la guerre, on a tout dit, en même temps que pas grand chose...
Amicalement,
Stéphan
- patrick corbon
- Messages : 277
- Inscription : mar. nov. 09, 2004 1:00 am
Re: Maman, tais-toi.
Bonjour à tous,
Je suis entièrement d'accord avec toi stephan. La vérité doit être très nuancée et je trouve que trop souvent on se réfère aux extrèmes, ce qui est des plus pratiques pour élaborer une thèse qui ne se limite pas qu'à l'intérêt porté aux combattants. Elles finissent toujours par aboutir au débat en tache de fond sur la question toujours actuelle qu'elle réaction aurions nous devant une telle cause et les moyens déployés pour la gagner. Forcément nos sentiments sont actuels et emprunts de toutes les sensibilités et les variantes propres au sens humain.
Pour Véro, j'ai lu Barthas, excellent livre d'ailleurs mais dont le témoignage est à classer dans ce que j'appellerais les extrèmes. Il a sa conviction, il la défend, il la conserve, il n'en dévie pas et pour cela je le respecte. Je noterais seulement que la guerre était si loin de chez lui.
Pour la majorité de ces jeunes, la guerre était une fatalité. Pour la grande majorité ils connaissaient l'enjeux, la guerre de 70 avec ses misères, l'occupation de la partie nord jusqu'en 73, le paiement de la dette de guerre, tout cela n'était pas si loin et cela avait été tant de fois ressassé. Le prix à payer, la mort, ils le savaient également et je suis sûr qu'au fond d'eux même ils s'inquiétaient plus pour leur famille à l'arrière que pour eux-mêmes.
Cordialement
Patrick
Je suis entièrement d'accord avec toi stephan. La vérité doit être très nuancée et je trouve que trop souvent on se réfère aux extrèmes, ce qui est des plus pratiques pour élaborer une thèse qui ne se limite pas qu'à l'intérêt porté aux combattants. Elles finissent toujours par aboutir au débat en tache de fond sur la question toujours actuelle qu'elle réaction aurions nous devant une telle cause et les moyens déployés pour la gagner. Forcément nos sentiments sont actuels et emprunts de toutes les sensibilités et les variantes propres au sens humain.
Pour Véro, j'ai lu Barthas, excellent livre d'ailleurs mais dont le témoignage est à classer dans ce que j'appellerais les extrèmes. Il a sa conviction, il la défend, il la conserve, il n'en dévie pas et pour cela je le respecte. Je noterais seulement que la guerre était si loin de chez lui.
Pour la majorité de ces jeunes, la guerre était une fatalité. Pour la grande majorité ils connaissaient l'enjeux, la guerre de 70 avec ses misères, l'occupation de la partie nord jusqu'en 73, le paiement de la dette de guerre, tout cela n'était pas si loin et cela avait été tant de fois ressassé. Le prix à payer, la mort, ils le savaient également et je suis sûr qu'au fond d'eux même ils s'inquiétaient plus pour leur famille à l'arrière que pour eux-mêmes.
Cordialement
Patrick
- Bruno Tardy
- Messages : 609
- Inscription : ven. nov. 04, 2005 1:00 am
- Localisation : Rhone
Re: Maman, tais-toi.
Bonjour à tous, bonjour Stephan
j'adhère tout à fait à ce qu'à dit Stephan, on doit pouvoir compter autant de sentiments que d'hommes appelés. Et bien sur leurs idées ont évolué au gré des évènements.
Et dans tous les cas "quand faut y aller, faut y aller!"
Cordialement
Bruno
j'adhère tout à fait à ce qu'à dit Stephan, on doit pouvoir compter autant de sentiments que d'hommes appelés. Et bien sur leurs idées ont évolué au gré des évènements.
Et dans tous les cas "quand faut y aller, faut y aller!"
Cordialement
Bruno