Voici l'enveloppe de la lettre d'un 'tanker" de l'Artillerie Spéciale qui, sur Delcampe, a fort judicieusement attiré l'attention d'Hervé Toulotte.

Tout en permettant d'identifier un nouveau membre de l'AS (Le Brigadier Benjamin Beringuet), cette enveloppe, grâce au tampon du vaguemestre de l'unité,
montre que le 4 Juillet 1917, notre Brigadier était affecté à la 81° Batterie du 81° RALT.
Il était donc alors, en tout logique, à l'instruction au Camp de cercottes

Appartenant à une garnison de l'intérieur, le 81° RALT n'utilisait visiblement pas de secteur postal, et l'adresse du Brigadier, inscrite au coin gauche de l'enveloppe,
fournit deux indications complémentaires très intéressantes :
- Benajamin Beringuet appartenait au Groupe AS 20 de chars Schneider, Groupe d'AS théoriquement basé au camp de Cercottes.
- L'adresse réelle était "Les Aydes" (et non le camp de Cercottes . . . .).

Dans une note de Juin 1917, le Général en Chef proposait au Ministre de l'Armement la dissolution des trois Groupes Schneider (AS 18, AS 19 et AS 20).
(note n° 18091/GQG/1° Bureau du 20 Juin 1917)
Après les combats de Juvincourt et de Laffaux (Avril et Mai 17) le Commandement avait une idée plus précise de la consommation et de l'usure rapide
du matériel char. Ces trois Groupes attendaient à Cercottes d'être équipés en chars Schneider.
La même note proposait d'utiliser les personnels de ces trois Groupes pour servir de base aux premiers BCL en Renault FT.
Cette note avalisait le fait que seulement 4 Groupements Schneider à 4 Groupes de chars et 4 Groupements St Chamond
à 3 Groupes de chars seraient finalement constitués.
Visiblement, au 4 Juillet 1917 cette note n'avait pas encore été mise en application puisque le Groupe AS 20 existait encore.
Le camp de Cercottes était déjà, avant 1914, un terrain d'exercice.
Il recevait principalement des troupes installées sous tente, et ne pouvait alors accueillir que de l'ordre de 1500 hommes.
Le choix de Cercottes comme camp des chars est lié à la présence du dépôt du Service Automobile du Camp des Tourelles.
C'est au camp des Tourelles que le Service Automobile avait décider de former à la conduite les personnels de l'AS.
Sa proximité de la voie ferrée Paris/Orléans permettait la livraison direct des chars sortant d'usine, et un embarquement facile
des unités constituées se rendant au Front.
Si le camp de Cercottes, initialement camp de toile pour troupes de passage, a été équipé pour l'AS en baraques Adrian, il semble bien qu'il ne suffisait pas à accueillir la totalité des personnels.
Avec la dissolution du Camp de Marly et son déménagement à Cercottes, des annexes aux camp ont donc du être utilisées.
C'est dans ces conditions, et sans doute pour décongestionner Cercottes que le Groupe AS 20 s'est retrouvé "aux Aydes".
Visiblement il existait aussi, déjà avant-guerre, sur ce lieu-dit au Nord d'Orléans un terrain militaire de la Garnison d'Orléans (il existe des cartes postales citant ce lieu).
Placé aussi non loin de la voie ferrée il permettait probablement de loger un Groupe formé ou en phase finale de formation.
Il ne semble pas exister de photos de cette période d'occupation par l'AS et aucune indication ne semble avoir été conservée sur l'organisation de ce camp annexe.
En plus des Aydes et du Camp des Tourelles, un autre lieu est cité régulièrement dans des messages d'unités AS remontant vers le front.
Il s'agit de "La Foulonnerie". Situé aussi non loin de la voie ferrée, La Foulonnerie semble avait été principalement utilisé par les unités de Renault.
Quand le rythme de création des Bataillons de Chars Légers a été lançé, c'est une Compagnie d'AS qui était créé chaque semaine.
Les Aydes et La Foulonnerie sont maintenant totalement intégrés dans Orléans.
La Foulonnerie et une zone industrielle et il existe toujours une rue des Aydes à l'emplacement de ce lieu-dit.
Les quelques photos du camp des Tourelles ne permettent malheureusement pas de le situer avec précision sur Orléans.
Il reste à savoir si notre Brigadier a bien rejoint un BCL ou s'il a été affecté individuellement dans un des Groupes de Schneider,
en recomplétement des pertes subies.
Il peut aussi très bien avoir été gardé à Cercottes dans un fonction administrative ou d'instruction.
finalement une simple enveloppe qui ouvre donc des pistes intéressantes, et il y a probablement beaucoup d'informations de cet ordre
à recueillir dans le monde de la philatélie.
Très bonne semaine - Michel