J'espère placer ce sujet dans la bonne rubrique, je pense qu'il peut intéresser à la fois pour l'anecdote contemporaine et pour la mémoire de la guerre.
Mon métier me conduisant à visiter pas mal de maisons ancienne, j'ai tendance à avoir toujours l'oeil un peu à l'affût des souvenirs de guerre (peut-être la frustration de ne pas avoir pu retrouver ceux de mon grand père!) et à toujours insister auprès des propriétaires pour éviter que ce patrimoine ne finisse à la déchetterie, ce qui arrive encore parfois, hélas.
En faisant une visite dans une ferme près de Grenoble en vue de faire un devis pour des travaux de maçonnerie, je suis tombé par hasard sur un casque d'artilleur oublié dans un grenier. J'ai immédiatement dit aux propriétaires de bien penser à le conserver avec soin au moment de vider la maison, puis, au fil du chantier, en discutant avec les propriétaires, ceux-ci ont très aimablement proposé de me prêter les quelques souvenirs qu'ils avaient de la participation de leur grand père (et arrière grand père) à la Première Guerre mondiale dans l'artillerie pour que je puisse les scanner et en tirer ce que je pouvais en matière d'information :
- Un livret militaire malheureusement presque vide.
- Un carnet d'artilleur courant de Mai à Octobre 1918.
- Divers papiers officiels (citation, certificat de blessure, avis de démobilisation etc).
- Quelques photocartes témoignant de sa carrière.
- Un cadre présentant ses médailles.
Cela permet de retracer un peu le parcours d'un de ces hommes de 14/18 et je trouve que cela constitue un témoignage assez symbolique de la mémoire qui est restée dans les familles françaises après guerre à mésure que le temps faisait disparaître la génération des combattants puis celle qui avait pu recevoir leur témoignage direct.
le héros de ces documents est Alphonse Marillat, agriculteur propriétaire à Moirans dans l'Isère, qui appartienait à la classe 1907.
Je n'ai aucune information directe sur son début de guerre.
En 1918, il est Maréchal des Logis et chef de pièce au 88 RAL, 25ème batterie du groupeB et commande un 155 GPF (n° de tube 160, n° d'affût 168), pièce qui a déjà tiré 773 coups au 21 Mai 1918. Il est blessé le 18/01/18 sur un retour de manivelle de cric au moment du levage de sa pièce, il est cité pour sa conduite le 25juin 1918 puis libéré le 13/03/19 au 2èmeRAC à Grenoble.
Les photos conservées ne sont hélas pas toutes datées, et je peine à les mettre exactement dans un ordre chronologique crédible.
Je poste naturellement ces documents ici avec l'autorisation de leurs propriétaires que je remercie vivement au passage.
Souvenir de la guerre avec les décorations :


Photocarte Francheville le Haut 11/03/1915 :

Photocarte non localisée ni datée : devant une pièce que j'identifie comme un 100TR De Bange avec roues élastiques Delamare-Maze. L'inscription mentionne "première pièce, pièce des as".

Le détail permet de bien lire l'inscription, ainsi que l'insigne de grade et le 88 sur le col.

Photo personnelle non localisée ni datée, le numéro de col est toujours 88, le tracteur paraît être un Renauld EG.

Photocarte non localisée Octobre 1917, le numéro sur le col est cette fois 81.


Photocarte non localisée ni datée, le numéro de col est toujours 81.

Photocarte non localisée ni datée d'ambiance hivernale : les cols sont illisbles, un tracteur Renaud ou Latil paraît visible à l'arrière plan.

Voilà, je suis en train de scanner le carnet d'artilleur ainsi que les avis de citation et de blessure dont je pourrai poster quelques pages si cela peut-être intéressant. Je livre ces quelques documents à votre sagacité.
Bien cordialement.
Gilles Thomas