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Cet entretien n'est pas particulièrement consacré à la Grande Guerre, mais Antoine Prost ayant longuement travaillé cette période ne peut s'empêcher d'y revenir régulièrement ! Et il évoque, un moment, cette fameuse (ou fumeuse) "question" de la sexualité de nos poilus. J'avoue avoir beaucoup apprécié son point de vue sur le sujet, et, en écho à sa boutade, j'attends donc avec impatience une thèse ayant pour thème : "Peut-on être historien et vivre pleinement sa sexualité" !
Amicalement,
Stéphan
ICI > LE 74e R.I.
Actuellement : Le Gardien de la Flamme
Retranscription de ce passage (disponible également sur la même page) :
"Il y a un cas exemplaire, c’est le reproche qui est fait aux anciens combattants de la guerre 1914-18 de n’avoir rien dit sur leur sexualité. De la part des historiens qui font ce reproche j’attends qu’ils expliquent leur propre sexualité avant de prendre leur question au sérieux. Il y a quand même un respect de la vie privée, de l’intimité, et c’est également vrai pour l’histoire du « tuer à la guerre ».
Aujourd’hui il est à la mode de dire que les poilus de 1914-18 ont choisi de taire ce qui aurait été l’expérience même de la guerre, c'est-à-dire la violence extrême, et le plaisir de tuer.
Cela concernerait les malheureux poilus qui n’ont rien dit dans leur livre, et c’est l’immense majorité. Je pense même que les trois quarts des poilus n’ont même pas eu l’occasion de tuer quelqu’un face à face. Pour se donner le rôle avantageux de lever des tabous et de les violer, des historiens sont en train d’imaginer que les poilus ont tous nettoyé des tranchées avec des couteaux en gros corps à corps et qu’ils ont choisi de se taire. Je trouve ça un peu inquiétant. Il y a une sorte de fascination pour la violence extrême."
Amicalement,
Stéphan
ICI > LE 74e R.I.
Actuellement : Le Gardien de la Flamme
Bonsoir à tous, bonsoir stehan
De quand date ce reportage?
Je ne partage pas tout à fait l'avis de monsieur Prost. Je trouve plutot les historiens d'aujourd'hui essayant de se dissocier des narrations héroiques de certains témoins. Pour caricaturer on se demande plus comment l'HOMME a fait pour survivre que comment l'HOMME a fait pour tuer.
Par contre là où je suis assez d'accord avec lui concerne le domaine du témoignage. Quel historien irait raconter qu'un soir de solitude il a été payé une prostituée (encore une fois caricature, il ya bien d'autre possibilités)? Au nom de la véracité de la vie du poilu un type irait mettre en péril sa vie de couple, sa réputation???
Et là où je trouve un peu léger son argumentation meme si je ne sais rien des sources : n'en existe t il pas certaines ignorées ne résultant pas du poilu? D'autres sources??
Lundi je vais me procurer ce livre en espérant trouver certaines réponses
voici le témoignage de Léon Jouhaud dans "souvenirs de la Grande Guerre"
Léon est un médecin,il ne manie pas la langue de bois même si sa pensée est parfois révélatrice d'un certain milieu et d'une certaine époque.
dans ce livre,il évoque à plusieurs reprises l'activité amoureuse de ses contemporains,c'est étonnament proche de ce que nous pourrions avoir comme comportements.
le texte qui suit se trouve page 206 de ce livre paru aux éditions Pulim.
on remarquera qu'il les a bien regardés ces filles...
"Deux ou trois souillons encore jeunes,à la fois filles de ferme et servantes des mercantis professionnels ou improvisés du village,promenaient dans les rues leur taille carrée,leur poitrine mafflue,leurs hanches de jument,qui se dessinaient sous leurs chemisettes dégrafées et leurs jupons crasseux,naguère roses ou bleu tendre.Elles ployaient sous la charge de deux lourds baquets où clapotait la pâture des cochons;leurs visages mal lavés,leurs cheveux gras embrouillés de fétus de paille et poudrés de poussière,rendaient encore moins engageantes leurs figures hébétées d'ilotes sans pensée.
Quelles convoitises n'excitaient-elles pas ? Dès qu'elles sortaient de la porcherie ou de l'étable,cinq cents yeux de mâles les dévoraient;elles étaient entourées du désir immense de la chair inassouvie.Et ce n'était pas seulement le poilu boueux qui les saluait d'un rire niais ou d'un compliment épais,les plus élégants de nos officiers de dragons,gantés de frais,monocle à l'oeil,ne détestaient pas leur prendre le menton et leur conter des gaillardises.Ces pauvres filles avaient l'air tout abruti et,passives,subissaient inconscientes les assauts de l'instinct viril sans que j'aie pu savoir si elles y succombaient volontiers."
pour terminer,je rappelle que certains soldats se sont mariés pendant la guerre avec des filles rencontrées au hasard de leurs cantonnements.
ça a été le cas de mon grand-père,quand il a vu cette jolie blonde si différente des filles de son pays de montagne,il n'a eu de cesse de remuer ciel et terre pour la marier et ça s'est fait en Août 1917:ce n'était certes pas pour se contenter de regarder ses 16 ans...
(côté preuves,j'ai les documents officiels demandant l'autorisation de mariage au colonel,son accord,l'acte de mariage,la photo de mariage où le marié en tenue de soldat a l'air triomphant...etc..)
Le dossier de presse de l'expo qui ouvrira ses portes le 22 septembre jusqu'au 31 décembre est en ligne. Il est à consulter sur http://www.bdic.fr/page.php?id_page=693&id_rub=13. Je n el'ai pas encore lu pour ma part. Bonne soirée à tous.
Il y a en ce moment en librairie un excellent ouvrage très bien illustré sur les Indiens dans la Grande Guerre avec de larges extraits de correspondances et visiblement les femmes qui vivaient à l'arrière du front ne dédaignaient pas ces soldats "exotiques", d'où des contacts rapprochés et des commentaires assez amusants de la part des Indiens...