j'avais lu que durant la guerre, on avait vidé quelques musées de leurs pièces historiques afin de les utiliser contre l'ennemi. J'avais lu, mais n'avais jamais vu. Voici une photo qui provient d'un lot concernant le 1er RAC. Elle nous montre ici, je cite la légende, un mortier de 150mm appelé Louis-Philippe date de 1650 lance des bouteilles de 20 kgs.
Quel(s) type(s) de bouteilles pouvaient bien lancer ces engins ??? Etait-ce courant ?
La légende en rajoute un peu...
Il s'agit du mortier de 15 cm modèle 1838, un mortier "portatif" demandé par Napoléon Ier lui-même à l'issue des féroces combats de siège de ses campagnes (notamment à Saragosse). Ce mortier n'est construit toutefois que sous Louis-Philippe et encore pendant le Second Empire, il est utilisé avec succès lors du Siège de Sébastopol (gigantesque guerre de siège avec tranchées, fortification passagère, etc...).
Il est maintenu pour la Défense des Places jusqu'en 1914. Le colonel de Bange avait bien proposé un mortier portatif de 90 mm en 1882 pour la guerre de siège mais le modèle n'avait pas été retenu dans le système d'artillerie de l'époque.
Face aux Minenwerfer, les alliés n'ont rien à leur opposer et c'est pourquoi, en octobre 1914, on ressort des Parcs ces antiquités. On remplacera les bombes sphériques chargées à poudre noire par des bombes chargées en explosif (comme celle visible sur votre photo).
Bref, on fait de ce mortier de 15 cm modèle 1838 le légendaire "Crapouillot" (il porte ce nom depuis le XIXe siècle malgré les affirmations de sites mal informés). Il permet d'attendre la mise au point de nos canons de tranchée. Les projectiles chargés en explosif sont dangereux pour les servants comme pour le matériel, définitivement abandonné fin 1915.
En tout cas, les phrases courantes dans les carnets de poilus ("mortier du XVIIIe siècle", "mortier à la Gomer de l'ancien régime", etc...) sont inexactes, l'arme remonte "seulement" à Louis-Philippe....
Je me permets de rappeler un article très complet et très illustré que j'ai rédigé pour "GBM" sur ce sujet.
Cordialement,
j'en sais un peu plus maintenant pour un matériel qui en fin de compte n'est pas si rare. Dans la légende, il y avait quand même un certain anachronisme entre Louis-Philippe et 1650, à 1 ou 2 siècles près, c'était bon ! Merci Alain pour les précisions, avec ou sans cornes !
Bonjour,
Voici une photographie (BDIC - Fonds Valois) d'un "Louis-Philippe" prise au Bois d'Ailly en 1915. Je ne sais pas si l'artilleur du 37e RAC nous présente la munition propulsée par cet engin...
Cordialement,
Christian.
Christian Baroin
"Pourvu qu'ils me laissent le temps"