Bonjour à tous,
Un extrait des "Carnets Secrets" d'Abel Ferry, Conseil des Ministres du 29 juin 1915.
Abel Ferry était alors à la fois, Sous secrétaire d'Etat aux Affaires Etrangères et Lieutenant à l'EM de la 38ème DI .
" L'horrible journée ! J'arrive du front,où le vent de la mer et les souffrances purifient tout; Je trouve la laide et rampante politique. Avant hier la tranchée dans le sable, la tranchée dans le polder : gaîté des zouaves, sans-souci des marins, estime réciproque, vous n'êtes pas ici !
Je trouve au Conseil une situation plus hideuseque que les champs de cadavres pourissants.
Le ministre de la Guerre est en conflit avec la Chambre. Il est détesté du Sénat et mal avec les autres ministres.
Il est à une commission et son siège est vide. Chacun parle et l'accable. Il le mérite et c'est le plus pénible.
Aucune des décisions prises au Conseil n'est exécutée.
Le général B...., directeur de l'Artillerie, par son insuffisance jointe à sa suffisance, s'est acquis une juste impopularité. Il n'a pas fabriqué de munitions. Les canons éclatent. C'est un polytecnicien à système.
Les Commissions de la Chambre et du Sénat soulevées, le Président de la République irrité demandaient sa tête. Millerand le couvait de son mutisme.
Viviani, et ce sera l'un des services de sa carrière, le remplaça par le diligent Albert Thomas.
Millerand bravant l'opinion, décerna la croix au général B... Il avait été entendu au Conseil qu'elle ne lui serait pas remise; Mais hier, solennellement on l'a décoré.
Tout à l'heure Millerand reviendra.
Doucement, Viviani l'interrogera à ce sujet. Il répondra "que c'était une fournée de décorations, que celà s'est toujours fait, que ne pas récompenser B... serait d'ailleurs une injustice".
- Il n'en est pas moins vrai qu'il y a une décision du conseil refusant la croix au général B..., dira Poincaré. A la fin de la guerre, je dois ratifier toutes les croix. Fidèle exécuteur de la Constitution, celle-là, je ne la ratifierai pas."
Cordialement,
alain
Le general Baquet et Louis Loucheur.
- Ben El Mehli
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Re: Le general Baquet et Louis Loucheur.
Bonjour alain 13
Merci pour cet extrait qui pourrait aussi, d'après certains points de vue que je ne suis pas capable d'estimer justes ou non, s'intituler: " Ferry a trouvé le fusible " ; mais pouvez-vous me dire quel rôle tient Louis Loucheur dans cette affaire car d'aucuns le présentent comme " adjoint " de ce général, sans autres précisions, lorsque A.Citroën présente, début 1915, son projet d'usine ? Autrement dit, quelle est la position de Loucheur début 1915: militaire ? ou rendu à la vie civile ?
Et bien sûr pas un mot sur le sujet dans la biographie de Loucheur par Stephen D. Carls ce qui me désoriente un peu .
Cordialement.
Ben El Mehli
Merci pour cet extrait qui pourrait aussi, d'après certains points de vue que je ne suis pas capable d'estimer justes ou non, s'intituler: " Ferry a trouvé le fusible " ; mais pouvez-vous me dire quel rôle tient Louis Loucheur dans cette affaire car d'aucuns le présentent comme " adjoint " de ce général, sans autres précisions, lorsque A.Citroën présente, début 1915, son projet d'usine ? Autrement dit, quelle est la position de Loucheur début 1915: militaire ? ou rendu à la vie civile ?
Et bien sûr pas un mot sur le sujet dans la biographie de Loucheur par Stephen D. Carls ce qui me désoriente un peu .
Cordialement.
Ben El Mehli
Re: Le general Baquet et Louis Loucheur.
Bonsoir Boutros, bonsoir à tous,
Aucune allusion dans les notes d'Abel Ferry à Louis Loucheur.
Mais quand celui-ci devient sous-secrétaire d'état chargé des fabrications de guerre, il a déjà une bonne expérience en la matière.
Si pour ses bénéfices de guerre acquis à partir de 1917 dont une partie était reversée à l'Etat et pour lesquels il se justifiera plus tard, il laissera dans l'ombre ceux acquis entre le commencement de la guerre et fin 1915 lorsqu'associé avec Giros il fonda la société Girolou, dont le chiffre fut estimé à plus de 6 millions de francs.
Celà lui vaudra le qualificatif de "plus célèbre profiteur de guerre" qui le suivra toute sa vie, mais qui ne semble pas avoir nui à sa carrière politique.
Quant au général Baquet qui lui n'était pas entrepreneur ???
Cordialement,
alain
Aucune allusion dans les notes d'Abel Ferry à Louis Loucheur.
Mais quand celui-ci devient sous-secrétaire d'état chargé des fabrications de guerre, il a déjà une bonne expérience en la matière.
Si pour ses bénéfices de guerre acquis à partir de 1917 dont une partie était reversée à l'Etat et pour lesquels il se justifiera plus tard, il laissera dans l'ombre ceux acquis entre le commencement de la guerre et fin 1915 lorsqu'associé avec Giros il fonda la société Girolou, dont le chiffre fut estimé à plus de 6 millions de francs.
Celà lui vaudra le qualificatif de "plus célèbre profiteur de guerre" qui le suivra toute sa vie, mais qui ne semble pas avoir nui à sa carrière politique.
Quant au général Baquet qui lui n'était pas entrepreneur ???
Cordialement,
alain
- Ben El Mehli
- Messages : 419
- Inscription : lun. nov. 25, 2013 1:00 am
Re: Le general Baquet et Louis Loucheur.
Bonjoiur à tous.
C'est un peu plus clair sur le site de l'Assemblée nationale ( j'aurai dû y penser avant bien sûr ), aussi je vous livre ce qu'on peut y lire sur la petite mais importante partie de la vie de cet homme , période qui m'intéresse :
"Passant du ciment armé aux chutes d'eau, le groupe Loucheur jouit d'une renommée mondiale quand éclate la Première Guerre mondiale. Louis Loucheur est mobilisé comme officier d'artillerie. Il a vite fait de réaliser les besoins considérables de matériel qu'exige la guerre moderne et prévoit, après la première bataille de la Marne, que les arsenaux vont bientôt être vides si l'on ne dote pas immédiatement la France d'usines susceptibles de produire des munitions en grande quantité dans les plus brefs délais.
Sur l'invitation de son colonel il se rend à Bordeaux et expose ses idées au ministre de la Guerre de l'époque, Alexandre Millerand. Celui-ci est vite convaincu et charge la Société générale d'entreprises de construire les usines d'où sortiront les armes nécessaires à la poursuite de la guerre ; mais Loucheur ne veut pas profiter de la situation, le travail est réalisé sans bénéfice d'entreprise et l'Etat a le droit de préemption sur toutes les usines, à leur prix de revient.
Le 14 décembre 1916, Briand nomme L. Loucheur sous-secrétaire à l'Armement et le charge, en tant que tel de la fabrication du matériel de guerre. C'est le début d'une longue carrière ministérielle ; Loucheur sera en effet 14 fois ministre ou sous-secrétaire d'Etat entre 1916 et 1930. Dès sa nomination au ministère de l'Armement, il juge ses occupations privées incompatibles avec ses nouvelles responsabilités et démissionne de nombreux conseils d'administration.
Il conserve son poste de sous-secrétaire à l'Armement dans le cabinet d'Alexandre Ribot qui succède à Aristide Briand le 20 mars 1917 et dirige les services de l'importation des combustibles jusqu'au 12 septembre 1917, date à laquelle il est nommé ministre de l'Armement et des fabrications de guerre dans le premier cabinet Painlevé. Il quitte ce poste pour celui de la Reconstitution industrielle dans le deuxième cabinet Clemenceau le 16 novembre 1917.
Il fait partie du comité de guerre et assiste à Doullens, aux côtés de Clemenceau, aux pourparlers difficiles qui aboutissent à la nomination de Foch comme généralissime. Il écrit, sous la dictée de Clemenceau, la note historique qui consacre l'unité de commandement.
Il participe ensuite à la négociation du traité de paix notamment en ce qui concerne ses clauses économiques ":
Mais j'y vois, grâce à vous tous, un peu plus clair alors merci.
Ben El Mehli.
PS: il faut lire sur le sujet " les souvenirs d'un directeur de l'artillerie " disponible dans Gallica , les pages 67 et suivantes en particulier sur le sujet, mais tout le reste vaut le coup pour mieux comprendre ces problèmes, très complexes et difficile à résoudre, de passage à une industrie de guerre.
C'est un peu plus clair sur le site de l'Assemblée nationale ( j'aurai dû y penser avant bien sûr ), aussi je vous livre ce qu'on peut y lire sur la petite mais importante partie de la vie de cet homme , période qui m'intéresse :
"Passant du ciment armé aux chutes d'eau, le groupe Loucheur jouit d'une renommée mondiale quand éclate la Première Guerre mondiale. Louis Loucheur est mobilisé comme officier d'artillerie. Il a vite fait de réaliser les besoins considérables de matériel qu'exige la guerre moderne et prévoit, après la première bataille de la Marne, que les arsenaux vont bientôt être vides si l'on ne dote pas immédiatement la France d'usines susceptibles de produire des munitions en grande quantité dans les plus brefs délais.
Sur l'invitation de son colonel il se rend à Bordeaux et expose ses idées au ministre de la Guerre de l'époque, Alexandre Millerand. Celui-ci est vite convaincu et charge la Société générale d'entreprises de construire les usines d'où sortiront les armes nécessaires à la poursuite de la guerre ; mais Loucheur ne veut pas profiter de la situation, le travail est réalisé sans bénéfice d'entreprise et l'Etat a le droit de préemption sur toutes les usines, à leur prix de revient.
Le 14 décembre 1916, Briand nomme L. Loucheur sous-secrétaire à l'Armement et le charge, en tant que tel de la fabrication du matériel de guerre. C'est le début d'une longue carrière ministérielle ; Loucheur sera en effet 14 fois ministre ou sous-secrétaire d'Etat entre 1916 et 1930. Dès sa nomination au ministère de l'Armement, il juge ses occupations privées incompatibles avec ses nouvelles responsabilités et démissionne de nombreux conseils d'administration.
Il conserve son poste de sous-secrétaire à l'Armement dans le cabinet d'Alexandre Ribot qui succède à Aristide Briand le 20 mars 1917 et dirige les services de l'importation des combustibles jusqu'au 12 septembre 1917, date à laquelle il est nommé ministre de l'Armement et des fabrications de guerre dans le premier cabinet Painlevé. Il quitte ce poste pour celui de la Reconstitution industrielle dans le deuxième cabinet Clemenceau le 16 novembre 1917.
Il fait partie du comité de guerre et assiste à Doullens, aux côtés de Clemenceau, aux pourparlers difficiles qui aboutissent à la nomination de Foch comme généralissime. Il écrit, sous la dictée de Clemenceau, la note historique qui consacre l'unité de commandement.
Il participe ensuite à la négociation du traité de paix notamment en ce qui concerne ses clauses économiques ":
Mais j'y vois, grâce à vous tous, un peu plus clair alors merci.
Ben El Mehli.
PS: il faut lire sur le sujet " les souvenirs d'un directeur de l'artillerie " disponible dans Gallica , les pages 67 et suivantes en particulier sur le sujet, mais tout le reste vaut le coup pour mieux comprendre ces problèmes, très complexes et difficile à résoudre, de passage à une industrie de guerre.
Re: Le general Baquet et Louis Loucheur.
Bonjour,
Le general Louis Baquet a ecrit "souvenirs d'un directeure de l'artillerie de novembre 1914 - mai 1915, editions Lavauzelle, mai 1921. Vous le savez sans doute....
il y a un exemplaire à la bibliothèque de l'ecole d'artillerie de Draguignan. Il y a d'ailleurs, même si c'est un peu hors sujet. Un cadeau d'obus produits par Citroën sur présentoir offer au general Baquet (avec plaque nominative) au musée de l'artillerie de Draguignan.
Bonne journée
Le general Louis Baquet a ecrit "souvenirs d'un directeure de l'artillerie de novembre 1914 - mai 1915, editions Lavauzelle, mai 1921. Vous le savez sans doute....
il y a un exemplaire à la bibliothèque de l'ecole d'artillerie de Draguignan. Il y a d'ailleurs, même si c'est un peu hors sujet. Un cadeau d'obus produits par Citroën sur présentoir offer au general Baquet (avec plaque nominative) au musée de l'artillerie de Draguignan.
Bonne journée
Olivier