Obus à gaz

[alain13]

Bonjour,


Voici une grosse pièce en action lors de la bataille de l'Aisne.



L'Image novembre 17

Malgré les masques, les tirs d'obus à gaz pouvaient-ils poser des problèmes aux serveurs de la pièce ?

Cordialement,
alain

[ALVF]

Bonsoir,

Les risques encourus par les servants de cette pièce de 155 C modèle 1915 ou modèle 1917 Schneider, par ordre croissant de dangerosité:

-les fuites ou suintements des obus à gaz sont excessivement rares dans les cas normaux de stockage des projectiles.

-le risque d'atteinte par un projectile ennemi d'un stock de nos obus est évidemment important car si des obus sont brisés, leur contenu passe de l'état liquide à l'état gazeux avec tous les risques inhérents.

-le danger le plus grand vient du tir par l'ennemi d'obus à gaz sur nos positions d'artillerie. En effet, l'objectif prioritaire de l'artillerie allemande tirant des obus chargés à l'ypérite (à partir de 1917) est l'artillerie alliée. En effet, le tir de ces obus toxiques à effet persistant oblige les artilleurs à garder leur masque en permanence. Dans ces conditions, le service des pièces devient extrêmement pénible car il faut aussi n'offrir à l'ypérite aucune peau découverte, sous peine de graves brûlures et atteintes cutanées.
Votre photographie, prise évidemment posée, montre des artilleurs servant une pièce de 155 C, ce qui signifie la manipulation continue d'obus de 43 kg environ, plus les charges et le maniement de l'écouvillon et du refouloir. Transcrivez cette scène à Verdun lors de l'offensive du 20 août 1917 lorsque l'artillerie française fut soumise pour la première fois à des tirs massifs d'obus à l'ypérite et vous comprendrez que les artilleurs ont eu plus de blessés que l'infanterie. Il faut dire aussi que les effectifs des artilleurs français étaient supérieurs à ceux de l'infanterie d'attaque car il importait de remporter une nette victoire tactique, ce qui fut le cas après le tir en moins de 8 jours de 4.000.000 de projectiles (bien lire 4 millions d'obus tirés par l'artillerie française!).
Cordialement,
Guy François.

[Gardiendelombre]

Bonjour à tous.

Pour la photo il y a un blessé à l'avant plan ...

Bon.

Ils ont un masque .
Pas un masque par neutralisation,mais un masque par absorption .
En outre,ils n'ont pas de gants...
En résumé.... Ils n'ont pas intérêt à ce qu'il y ait un "problème" ....

Bonsoir à tous .

[Tanker]

Et plus simplement, si cette photo a faite en été, vers midi en pleine canicule, c'est simplement un homme évaoui,
sous l'effort et la difficulté de respirer correctement sous son masque à gaz . . . .
Et rien n'indique qu'il ne s'agit pas d'une photo de copains d'une pièce, jouant pour une pose photo . . . .

[demex400]

Bonsoir
Désolé mais c'est une photo posée . Pour qui connait les effets de l'Ypérite le fait de porter les manches relevée et sans gants c'est aller au devant de graves problèmes , de plus deux des servants portent des appareils ARI isolant (sans filtration de l'air) . Pour notre technicien belge je voudrais bien connaître la différence entre un masque par neutralisation et un masque par absorption.
De plus la grande majorité des photos et des films pris pendant le conflit sont des photos posées
Cordialement
Jean-Paul

[Gardiendelombre]

BonsoirJean-Paul

Bonsoir,

Un masque par absorption se contente de retenir l'arrivée du gaz .
La plupart du temps le gaz est retenu par une masse de charbon actif ou autre .

L'avantage est qu'il retient tous les gaz .
L'inconvénient est qu'il est très vite saturé .

Les masques fonctionnant par neutralisation sont spécifiques d'un type de gaz donné.
Ils neutralisent le gaz via une réaction chimique .
Cela nécessite un récipient distinct contenant le réactif ,et dans les systèmes plus perfectionnés,le remplacement de la cartouche filtrante .

Ici nous n'avons qu'un masque type "tampon" .

De toutes façons,avec les mains nues... si ça tourne mal... Ca va tourner très mal ....

Bonsoir

[alain13]

Bonsoir à tous,

Merci Guy pour vos explications très instructives.

Je pense moi aussi que c'est une photo posée. Un homme réellement évanoui aurait sans doute suscité plus d'intérêt de la part de tous ses camarades.
C'est néanmoins ce qui est à l'origine de ma question.
Toujours est-il, les servants d'un telle batterie devaient-ils dans chaque cas s'équiper de cette manière, ou si j'en crois les réactions, d'une manière encore plus rigoureuse, même en été ?


Cordialement,
alain

[Tanker]

Ici nous n'avons qu'un masque type "tampon".

Désolé, mais vous avez tout faux ! Il y a bien les deux types de masque !



Et concernant les masques à tampon, leur temps de saturation était connu et les personnels changeaient de masque,
si la durée d'attaque dépassait la durée d'efficaicté du masque . . . . .
Voir le 3° bis de Zouaves à Cantigny, avant qu'il ne soit relevé par les Américains en Avril 1918.

[Gardiendelombre]

concernant les masques à tampon, leur temps de saturation était connu et les personnels changeaient de masque,
si la durée d'attaque dépassait la durée d'efficaicté du masque . .

Bonjour,

Il n'y avait pas je crois de durée type de vie d'un masque (et subséquemment de vie "avec" le masque... ) .
Tout était fonction de la concentration dans le milieu .
Un masque pouvait être saturé virtuellement instantanément dans le cas de très importantes saturations.
Ce qu'il y avait parfois (pas toujours) c'était un indicateur incorporé : si le masque laissait passer du gaz toxique,
il se créait une réaction chimique qui généralement colorait le tissus en rouge .
(L'indicateur était généralement un indicateur de changement de Ph et la réaction en question faisait intervenir le Ph .
Ce n'était en rien spécifique,mais ça marchait relativement bien ).
On trouve généralement des masques ainsi colorés dans les musées .
Voilà pour les gaz,
Mais la question était pour la photo et pour les masques,donc je repasse la main.

Un dernier point toutes fois : je reviens à une remarque que j'avais faites : manipuler des obus à gaz sans gants ,ce n'est guerre prudent...

Bonsoir