bonjour à tous
Sur bien des photos d' hommes appartenant à l'Artillerie, je les vois avec un fusil.
Je me pose la question suivante : avec leur travail pour les manoeuvres des canons, pouvaient -ils, devaient-ils encore s'encombrer d'un fusil? Ceux-ci étaient-ils rassemblés quelque part, sous la surveillance d'autres soldats. Au cas où la batterie serait prise à revers par l'ennemi, ils auraient pu être utilisables en dernier recours? dans ce cas, avaient-ils été instruits à l'art du tir au fusil? Quand je vois à quelle vitesse mon GPp a été envoyé au front au tout début de la guerre, je doute qu'il ait eu une quelconque instruction.
J'ai vu un vieux fusil chez ma GMm, bêtement, j'ai toujours cru que c'était un fusil de chasse. Je me rends maintenant compte qu'il n'y avait pas de chasseurs dans la famille, d'où ma question:
Pouvait -on ramener son fusil de soldat à la maison après la démobilisation? Je sais que les suisses ont leur attirail militaire personnel chez eux, en tout cas, dans les années 1980 j'ai vu une sorte de boîte de conserve scellée qui était supposée contenir des balles. Je ne pense pas qu'il en soit de même pour les français, donc mystère pour ce vieux fusil qui est peut-être "hors-sujet".
cordialement
Brigitte B.
concerne les artilleurs et leur matériel
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Re: concerne les artilleurs et leur matériel
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Re: concerne les artilleurs et leur matériel
Bonjour,
Tous les artilleurs reçoivent une arme individuelle de dotation car l'artillerie peut, en de multiples occasions de la guerre de mouvement, se trouver inopinément aux prises avec une infanterie ennemie agressive.
L'arme la plus répandue dans l'artillerie n'est pas le "fusil" mais le "mousqueton" qui n'est rien d'autre qu'un fusil à canon court, plus léger et maniable que le fusil d'infanterie mais tirant la même cartouche.
Le mousqueton équipant les unités d'active de l'artillerie et la plupart de celles de réserve est le mousqueton modèle 1892 équipé de son sabre-baïonnette modèle 1892:

Les unités d'artillerie territoriale, certaines de réserve et de nombreuses unités d'artillerie lourde à grande puissance créées pendant la guerre ont été équipées du mousqueton modèle 1874 M 80 équipé du sabre-baïonnette modèle 1866:


Même si l'instruction a été rapide, il est à peu près certain certain que tous les artilleurs ont reçu une instruction pratique sur l'armement individuel et effectué quelques tirs d'instruction avant leur envoi sur le front.
Autre point, dans l'Armée française de 1914-1918, les militaires (à l'exception des officiers ayant acheté leur arme personnelle) rendent leur armement à l'issue de leur temps de service dans les Armées.
Cordialement,
Guy François.
Tous les artilleurs reçoivent une arme individuelle de dotation car l'artillerie peut, en de multiples occasions de la guerre de mouvement, se trouver inopinément aux prises avec une infanterie ennemie agressive.
L'arme la plus répandue dans l'artillerie n'est pas le "fusil" mais le "mousqueton" qui n'est rien d'autre qu'un fusil à canon court, plus léger et maniable que le fusil d'infanterie mais tirant la même cartouche.
Le mousqueton équipant les unités d'active de l'artillerie et la plupart de celles de réserve est le mousqueton modèle 1892 équipé de son sabre-baïonnette modèle 1892:

Les unités d'artillerie territoriale, certaines de réserve et de nombreuses unités d'artillerie lourde à grande puissance créées pendant la guerre ont été équipées du mousqueton modèle 1874 M 80 équipé du sabre-baïonnette modèle 1866:


Même si l'instruction a été rapide, il est à peu près certain certain que tous les artilleurs ont reçu une instruction pratique sur l'armement individuel et effectué quelques tirs d'instruction avant leur envoi sur le front.
Autre point, dans l'Armée française de 1914-1918, les militaires (à l'exception des officiers ayant acheté leur arme personnelle) rendent leur armement à l'issue de leur temps de service dans les Armées.
Cordialement,
Guy François.
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Re: concerne les artilleurs et leur matériel
Bonsoir,
merci à vous Guy François pour ces explications.
En effet, le fusil que j'ai vu dans ma famille ne ressemblait en rien aux illustrations que vous avez jointes à votre réponse.
Bon, me voici... rassurée... concernant l'instruction, au moins ces soldats qui n'étaient pas des spécialistes en manipulation d'armes, ne se tiraient pas dessus accidentellement. J'avais posé cette question parce qu'un résistant du bataillon de ma mère (guerre 39/45) a blessé un camarade avec une arme qui venait d'être parachutée et dont il cherchait à comprendre le fonctionnement.
J'ai encore une question: puisque le mousqueton de l'artilleur est plus maniable et plus léger que le fusil de l'infanterie, et puisqu'il tire les mêmes balles, pourquoi a-t-on encombré les fantassins avec un matériel qui devait les gêner dans des déplacements nécessairement rapides. Je pense à leurs sorties des tranchées et à leurs courses en terrain découvert.
bien à vous
Brigitte B.
merci à vous Guy François pour ces explications.
En effet, le fusil que j'ai vu dans ma famille ne ressemblait en rien aux illustrations que vous avez jointes à votre réponse.
Bon, me voici... rassurée... concernant l'instruction, au moins ces soldats qui n'étaient pas des spécialistes en manipulation d'armes, ne se tiraient pas dessus accidentellement. J'avais posé cette question parce qu'un résistant du bataillon de ma mère (guerre 39/45) a blessé un camarade avec une arme qui venait d'être parachutée et dont il cherchait à comprendre le fonctionnement.
J'ai encore une question: puisque le mousqueton de l'artilleur est plus maniable et plus léger que le fusil de l'infanterie, et puisqu'il tire les mêmes balles, pourquoi a-t-on encombré les fantassins avec un matériel qui devait les gêner dans des déplacements nécessairement rapides. Je pense à leurs sorties des tranchées et à leurs courses en terrain découvert.
bien à vous
Brigitte B.
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Re: concerne les artilleurs et leur matériel
Bonjour,
C'est une bonne question!
En 1914, toutes les Armées d'Europe continentale sont équipées d'un fusil de grande longueur, donc lourd et encombrant, car ces fusils sont les héritiers d'une longue lignée d'armes longues et de l'histoire de l'infanterie depuis la fin du XVIIe siècle.
Pour faire simple, l'arme d'infanterie doit être longue pour les principales raisons suivantes:
-une arme longue possède une ligne de mire également longue, de ce fait les écarts angulaires de visée des tireurs médiocres (la majorité des soldats!) sont inférieurs à ceux effectués en employant une arme très courte.
-l'arme d'infanterie munie de sa baïonnette doit avoir une bonne longueur pour permettre l'escrime à la baïonnette et aussi de pouvoir contrer dans une certaine mesure les cavaliers ennemis au moment de la charge de ces derniers sur l'infanterie.
-un point capital: depuis plus de deux siècles, l'infanterie oppose à son adversaire une ligne sur deux rangs: un rang de tireurs à genoux et un rang de tireurs debouts. Une arme longue empêche les accidents et les crachements de l'arme sur la tête des soldats du rang à genoux.
Vous pouvez objecter que depuis 1870 au moins, l'infanterie a appris à se coucher pour survivre mais les habitudes sont longues à disparaître.
Quelques exemples pourtant sont dans toutes les mémoires en 1914:
-en 1870, le feu de l'infanterie française postée, équipée du Chassepot, a anéanti en 10 minutes une brigade allemande entière à Gravelotte. De même, la Garde Prussienne a subi des pertes écrasantes en progressant à découvert sur le glacis de Saint-Privat.
-plus près de la Grande Guerre, les japonais ont subi également de grandes pertes en attaquant à découvert dans la véritable guerre de tranchée qu'a été le siège le Port-Arthur.
-autre exemple: lorsque la France a adopté le fusil modèle 1886 dit "Lebel" équipé d'une très longue épée-baïonnette, les allemands, qui avaient d'abord adopté une baïonnette très courte sur leur fusil modèle 1888, sont revenus en arrière en dotant leur moderne fusil modèle 1898 d'une baïonnette très longue pour que les fantassins allemands aient une arme de même longueur totale que l'ennemi français en cas de corps à corps!
Le seul pays ayant adopté un fusil court est l'Angleterre qui possédait comme les autres pays un fusil long mais qui a jugé, après la guerre des Boers, qu'un fusil maniable et court était préférable aux "cannes à pêche" des autres Armées. Mais il faut prendre en compte que l'Armée anglaise est une Armée professionnelle à faible effectif où l'instruction du tir peut être très poussée.
En tout cas, au cours de la guerre, les troupes chargées des "coups de main" privilégieront, en France comme en Allemagne, l'usage des mousquetons ou carabines de cavalerie à canon court.
Il faudra attendre l'entre-deux guerres pour que les Armées européennes adoptent des fusils d'infanterie de longueur réduite (dans les années 1920 en Allemagne et en 1936 en France).
Quelques illustrations pour illustrer ces propos:

Le tir de l'infanterie sur deux rangs: Manuel français de tir de 1845.

Le tir de l'infanterie couchée:Règlement français du tir de 1867.

Les fusils d'infanterie français de la Grande Guerre et leur longue épée-baïonnette.

Le fusil allemand modèle 1888 à baïonnette courte et le modèle 1898 avec sa très longue baïonnette pour égaler la longueur du fusil français!
Cordialement,
Guy François.
C'est une bonne question!
En 1914, toutes les Armées d'Europe continentale sont équipées d'un fusil de grande longueur, donc lourd et encombrant, car ces fusils sont les héritiers d'une longue lignée d'armes longues et de l'histoire de l'infanterie depuis la fin du XVIIe siècle.
Pour faire simple, l'arme d'infanterie doit être longue pour les principales raisons suivantes:
-une arme longue possède une ligne de mire également longue, de ce fait les écarts angulaires de visée des tireurs médiocres (la majorité des soldats!) sont inférieurs à ceux effectués en employant une arme très courte.
-l'arme d'infanterie munie de sa baïonnette doit avoir une bonne longueur pour permettre l'escrime à la baïonnette et aussi de pouvoir contrer dans une certaine mesure les cavaliers ennemis au moment de la charge de ces derniers sur l'infanterie.
-un point capital: depuis plus de deux siècles, l'infanterie oppose à son adversaire une ligne sur deux rangs: un rang de tireurs à genoux et un rang de tireurs debouts. Une arme longue empêche les accidents et les crachements de l'arme sur la tête des soldats du rang à genoux.
Vous pouvez objecter que depuis 1870 au moins, l'infanterie a appris à se coucher pour survivre mais les habitudes sont longues à disparaître.
Quelques exemples pourtant sont dans toutes les mémoires en 1914:
-en 1870, le feu de l'infanterie française postée, équipée du Chassepot, a anéanti en 10 minutes une brigade allemande entière à Gravelotte. De même, la Garde Prussienne a subi des pertes écrasantes en progressant à découvert sur le glacis de Saint-Privat.
-plus près de la Grande Guerre, les japonais ont subi également de grandes pertes en attaquant à découvert dans la véritable guerre de tranchée qu'a été le siège le Port-Arthur.
-autre exemple: lorsque la France a adopté le fusil modèle 1886 dit "Lebel" équipé d'une très longue épée-baïonnette, les allemands, qui avaient d'abord adopté une baïonnette très courte sur leur fusil modèle 1888, sont revenus en arrière en dotant leur moderne fusil modèle 1898 d'une baïonnette très longue pour que les fantassins allemands aient une arme de même longueur totale que l'ennemi français en cas de corps à corps!
Le seul pays ayant adopté un fusil court est l'Angleterre qui possédait comme les autres pays un fusil long mais qui a jugé, après la guerre des Boers, qu'un fusil maniable et court était préférable aux "cannes à pêche" des autres Armées. Mais il faut prendre en compte que l'Armée anglaise est une Armée professionnelle à faible effectif où l'instruction du tir peut être très poussée.
En tout cas, au cours de la guerre, les troupes chargées des "coups de main" privilégieront, en France comme en Allemagne, l'usage des mousquetons ou carabines de cavalerie à canon court.
Il faudra attendre l'entre-deux guerres pour que les Armées européennes adoptent des fusils d'infanterie de longueur réduite (dans les années 1920 en Allemagne et en 1936 en France).
Quelques illustrations pour illustrer ces propos:

Le tir de l'infanterie sur deux rangs: Manuel français de tir de 1845.

Le tir de l'infanterie couchée:Règlement français du tir de 1867.

Les fusils d'infanterie français de la Grande Guerre et leur longue épée-baïonnette.

Le fusil allemand modèle 1888 à baïonnette courte et le modèle 1898 avec sa très longue baïonnette pour égaler la longueur du fusil français!
Cordialement,
Guy François.
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Re: concerne les artilleurs et leur matériel
Bonjour,
merci Guy François, vos dessins sont utiles pour comprendre comment les choses se déroulaient. La baïonnette longue... logique... mon cher Watson! Ceci étant dit : les corps à corps, quelle boucherie. J'espère qu'ils n'étaient pas généralisés.
Cordialement
Brigitte B.
merci Guy François, vos dessins sont utiles pour comprendre comment les choses se déroulaient. La baïonnette longue... logique... mon cher Watson! Ceci étant dit : les corps à corps, quelle boucherie. J'espère qu'ils n'étaient pas généralisés.
Cordialement
Brigitte B.
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