En lisant le JMO de la 73° DI à la recherche de la 31° batterie du 52° RAC, dans laquelle servait mon arrière grand-père, j' ai quelques questions à poser.
1) D'abord sur la crise des munitions de 75, d'après les mémoires du Maréchal Joffre (p 425), je cite: "Dès le 14 septembre, je fus amené à prendre des mesures pour réagir contre la tendance fâcheuse qui se répandait d'employer constamment l'obus explosif en négligeant l'obus à balle". Dans le JMO, à la date du 01/10/14, il parvient un ordre de la I° armée demandant de ne plus toucher aux approvisionnement en munitions ( 5000 obus à balles). C'est plutôt en contradiction avec le constat du Maréchal Joffre. Or, du 02/08 au 25/10/14, pour les 75 de la 73°, c'est environ 15000 obus à balles pour 8800 obus explosifs qui seront utilisés, tendance qui restera jusqu'à la fin de l'année 1914. En 1915, c'est l'inverse puisque au 23 Mai 1915, c'est 10300 obus à balles et 78300 obus explosifs qui sont utilisés.
Pour moi, cela me parait assez logique vu la nature des combats dans le Bois le Prêtre en 1915 mais cela voudrait dire que la "crise d'approvisionnement en obus explosifs" à était très rapidement réglée? Est ce que des ordres de limitation stricte des consommations ont été donnés?
Pour continuer dans les munitions, dans le JMO, à la date du 26/11/14, il est noté que 50% des obus sont "non éclatés" pour le 115 court. Cela a t-il un lien avec la crise des munitions? (malfaçons). De même , le 24/03/15, il est noté un tir court sur la parallèle P3 qui serait dû à la différence de poids des obus. Est que c'est une justification pour éviter d'admettre une erreur ou est un problème de malfaçon de nouveau?
2)Le 08 octobre 1914, il est noté que la question de laisser une batterie par groupe au cantonnement (pour l'entretien des hommes et du matériel) par jour est mise à l'étude. Ce problème n'était il pas prévu pour une armée en campagne?
3)Le 23 octobre 1914 il est décrit la méthode d'installation des lignes téléphoniques dans un fossé profond de 20 cm, fil reposant sur des baguettes le soutenant au dessus du sol et protégé par des saucissons de fascines. Est ce le même type de fascines que l'on peut voir dans des jardins et la description de la pose des lignes est elle conforme?
4) Autre question, ce n'est que le 06/11/14, qu'il est fait mention d'un tir (2 obus) à 21h par la section de garde de la 22° batterie. A t-on organisé ces sections de garde dés le début de la guerre et combien de pièces cela concernait t-il?
Je n'en suis pour l'instant qu' au mois de Mai 1915 de ce JMO, mais il en ressort une impression terrible d'acharnement à prendre quelques bouts de lignes du bois de Mort Mare ou du Bois le Prêtre.
Merci d'avance.
Franck
Artillerie de la 73° Division
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Re: Artillerie de la 73° Division
Bonjour Franck,
Beaucoup de questions intéressantes (si vous pouviez les numéroter, par exemple en reprenant votre message sur l'icône "édition rapide", comme je viens de le faire pour me corriger une Fôte...);
En attendant l'intervention des spécialistes, la lecture des souvenirs du général Baquet vous donnera des pistes.
http://gallica.bnf.fr/ark/12148/bpt6k55 ... uet.langFR
De mémoire, fin 14, les "pénuries" touchent fortement la fabrication d'explosifs, ce qui amène a privilégier l'emploi des obus à balles pendant une période...
Cordialement,
Régis
Beaucoup de questions intéressantes (si vous pouviez les numéroter, par exemple en reprenant votre message sur l'icône "édition rapide", comme je viens de le faire pour me corriger une Fôte...);
En attendant l'intervention des spécialistes, la lecture des souvenirs du général Baquet vous donnera des pistes.
http://gallica.bnf.fr/ark/12148/bpt6k55 ... uet.langFR
De mémoire, fin 14, les "pénuries" touchent fortement la fabrication d'explosifs, ce qui amène a privilégier l'emploi des obus à balles pendant une période...
Cordialement,
Régis
Re: Artillerie de la 73° Division
Bonjour,
La consommation d'obus de 75 est dans la moyenne à la 73e D.R à l'été 1914 si on la compare aux chiffres moyens de consommation de l'Armée de campagne.
En effet, il existe au 2 août 1914:
5.700.000 obus de 75: 2.200.000 explosifs et 3.500.000 à balles (chiffres donnés dans le livre du général Baquet dont les chiffres sont puisés aux meilleures sources (et pour cause, puisqu'il a été Directeur de l'Artillerie).
Or, le gros cours de l'Ecole de Guerre (1932) "Les leçons d'une guerre" du lieutenant-colonel Menu (qui est en fait un vrai livre sur les productions de l'armement pendant la Grande Guerre) nous révèle qu'au 19 septembre 1914, la situation des munitions de 75 est la suivante:
-les batteries et sections de munitions ont 500 coups par pièce (approvisionnement normal).
-l'échelon sur route n'a plus que 150 coups par pièce (au lieu de 200).
-l'échelon de gare régulatrice est vide.
-l'échelon d'arsenal est vide.
-les "en-cas mobiles" ont 45 coups par pièce.
-les entrepôts de Réserve Générale sont vides.
Ce qui signifie en clair que les pièces de 75 ont tiré à l'issue de la bataille de la Marne 700 coups par pièce et qu'il ne reste alors que 695 coups par pièce à tirer.
La production des arsenaux à ce moment n'est que de 12.000 coups par jour, soit 3 à 4 coups par pièce.
Situation catastrophique car les 75 ont tiré surtout des obus explosifs dont les stocks sont au plus bas.
Les obus de nouvelle fabrication, issus de l'industrie privée, n'apparaîtront qu'en décembre 1914 et seront de surcroît la cause de multiples éclatements alors que l'excellente production des arsenaux n'augmente que très peu.
Voilà pourquoi un Groupe de 90 apparaît dans de nombreux R.A.C à partir d'octobre 1914.
La seule consolation est que l'artillerie allemande est encore plus mal lotie puisque les canons de 7,7-cm n'étaient approvisionnés qu'à 900 coups par pièce au début de la guerre.
Cordialement,
Guy François.
La consommation d'obus de 75 est dans la moyenne à la 73e D.R à l'été 1914 si on la compare aux chiffres moyens de consommation de l'Armée de campagne.
En effet, il existe au 2 août 1914:
5.700.000 obus de 75: 2.200.000 explosifs et 3.500.000 à balles (chiffres donnés dans le livre du général Baquet dont les chiffres sont puisés aux meilleures sources (et pour cause, puisqu'il a été Directeur de l'Artillerie).
Or, le gros cours de l'Ecole de Guerre (1932) "Les leçons d'une guerre" du lieutenant-colonel Menu (qui est en fait un vrai livre sur les productions de l'armement pendant la Grande Guerre) nous révèle qu'au 19 septembre 1914, la situation des munitions de 75 est la suivante:
-les batteries et sections de munitions ont 500 coups par pièce (approvisionnement normal).
-l'échelon sur route n'a plus que 150 coups par pièce (au lieu de 200).
-l'échelon de gare régulatrice est vide.
-l'échelon d'arsenal est vide.
-les "en-cas mobiles" ont 45 coups par pièce.
-les entrepôts de Réserve Générale sont vides.
Ce qui signifie en clair que les pièces de 75 ont tiré à l'issue de la bataille de la Marne 700 coups par pièce et qu'il ne reste alors que 695 coups par pièce à tirer.
La production des arsenaux à ce moment n'est que de 12.000 coups par jour, soit 3 à 4 coups par pièce.
Situation catastrophique car les 75 ont tiré surtout des obus explosifs dont les stocks sont au plus bas.
Les obus de nouvelle fabrication, issus de l'industrie privée, n'apparaîtront qu'en décembre 1914 et seront de surcroît la cause de multiples éclatements alors que l'excellente production des arsenaux n'augmente que très peu.
Voilà pourquoi un Groupe de 90 apparaît dans de nombreux R.A.C à partir d'octobre 1914.
La seule consolation est que l'artillerie allemande est encore plus mal lotie puisque les canons de 7,7-cm n'étaient approvisionnés qu'à 900 coups par pièce au début de la guerre.
Cordialement,
Guy François.
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Re: Artillerie de la 73° Division
Bonjour,
Merci pour ces informations sur le problème de la pénurie en obus de 75.
Mais si je comprend bien les canons de 90 ont donc été répartis pour pallier à la faiblesse du stock d'obus de 75?
Bonne soirée
Franck
Merci pour ces informations sur le problème de la pénurie en obus de 75.
Mais si je comprend bien les canons de 90 ont donc été répartis pour pallier à la faiblesse du stock d'obus de 75?
Bonne soirée
Franck
Franck
Re: Artillerie de la 73° Division
Bonsoir,
Oui, les 90 mm modèle 1877 sont employés pour pallier le manque d'obus de 75 et sont maintenus ensuite en service pour créer de nouvelles batteries, surtout de position.En fait l'essentiel du stock d'obus de 90 mm a été absorbé en trois mois et il a été nécessaire de construire aussi de nouveaux obus de ce calibre pour maintenir en service ces "vieux" canons.
A noter que les allemands ont fait la même chose à la même époque en remettant en service le "vieux" canon de 9-cm C/73 (calibre réel 88 mm) dont nous parlons beaucoup à la rubrique du pseudo "88 autrichien".
Cordialement,
Guy François.
Oui, les 90 mm modèle 1877 sont employés pour pallier le manque d'obus de 75 et sont maintenus ensuite en service pour créer de nouvelles batteries, surtout de position.En fait l'essentiel du stock d'obus de 90 mm a été absorbé en trois mois et il a été nécessaire de construire aussi de nouveaux obus de ce calibre pour maintenir en service ces "vieux" canons.
A noter que les allemands ont fait la même chose à la même époque en remettant en service le "vieux" canon de 9-cm C/73 (calibre réel 88 mm) dont nous parlons beaucoup à la rubrique du pseudo "88 autrichien".
Cordialement,
Guy François.
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Re: Artillerie de la 73° Division
Bonjour,
Dernière question ces 90 avaient ils des unités de servants particuliers ou a t-on formé à tour de rôle des canonniers de 75 pour pouvoir les utiliser?
Merci
Franck
Dernière question ces 90 avaient ils des unités de servants particuliers ou a t-on formé à tour de rôle des canonniers de 75 pour pouvoir les utiliser?
Merci
Franck
Franck