Peut-être que quelqu'un pourrait me renseigner sur le calibre et modèle de ce canon Allemand ?
Il était apparemment encore utilisé fin 1915 et début 1916.
Une question intéressante à de poser concernant ce 15-cm s.F.H adopté par l'Allemagne en 1893 (A.K.O vom 24.5.1893):
Comment l'artillerie allemande a pu adopter aussi tardivement qu'en 1893 un obusier sans aucun frein, "sautant" comme un cabri à chaque coup tiré, long à être remis en batterie et tirant un obus médiocre en ce qui concerne sa capacité en explosif?
A la même époque (1890), l'Artillerie française mettait en service un canon court (qu'on appellerait obusier dans un autre pays) qui était loin d'être parfait, le 155 C modèle 1890 Baquet mais qui possédait les caractéristiques suivantes:
-tire aussi loin que le 15-cm s.F.H.
-mais tire 3 fois plus vite.
-possède un obus allongé qui a une capacité en explosif plus que double de celle de l'obusier alemand.
-possède une meileure mobilité et une plus grande rapidité de mise en batterie.
Répondre à cette question, c'est se poser un problème plus général:
Comment la France dont la supériorité technique en artillerie est notable à la fin de la décennie 1890 a pu tomber aussi bas à la fin de la décennie suivante puisqu'en 1910-1914, en dehors du "75", l'artillerie française est durement surclassée.
Voilà une intéressante question, rarement posée, tant les réponses objectives remettraient en question bien des analyses de la politique française à l'égard des budgets de la défense entre 1900 et 1912.
Cordialement,
Guy François.
cette période de confinement pour cause de coronavirus me donne l'occasion de trier et relire mes documents. C'est ainsi que sur les numéros hebdomadaires d'octobre, novembre et décembre 1915 de "Sur le Vif", je vois de nombreuses photos de ce 15-cm s.F.H pris lors de l'offensive de Champagne commencée le 25/09/1915:
Ce mauvais obusier me semble être bien représenté en Champagne?
Cordialement BB
- Août 1914 dans le département des Ardennes : du début août avec l'arrivée et le passage des troupes se concentrant en se dirigeant vers la Belgique, au repli de fin août vers la Marne en résistant sur la Semoy, La Chiers, la Meuse, l'Aisne, la Retourne.
En fait, l'examen des pièces prises à l'ennemi de 1914 à 1916 inclus montre une forte proportion de pièces lourdes anciennes pour une raison purement technique. Les allemands "poussent" très près du front des pièces anciennes, généralement de faible portée tandis que les pièces lourdes modernes, dont la portée est plus grande (et de surcroît de plus grande valeur militaire), se trouvent bien en deçà des premières lignes.
Il faut bien sûr nuancer tout ceci:
-en 1914, les pièces capturées surtout au moment de la bataille de la Marne sont des pièces légères de campagne modernes (canons de 7,7 FK.96 n/A et obusiers de 10,5 cm l.F.H).
-lors des offensives de 1915, on trouve beaucoup de pièces légères modernes et de pièces lourdes anciennes. Il y a bien sûr des exceptions, tels un canon de 10 cm K.04 et des obusiers de 15 cm modernes capturés en Champagne.
-en 1916, on retrouve le même phénomène sur la Somme où les pièces légères modernes de campagne côtoient des vieux 9 cm C/73 tandis que beaucoup de canons lourds anciens sont capturés (de tous calibres y compris des obusiers lourds russes de prise de 8 pouces) alors que les canons lourds modernes sont assez rares dans les prises.
J'ai déjà un peu développé une partie de ces affirmations dans mon sujet sur le "mythe du 88 autrichien" où j'essaie de démontrer que le trop fameux "88 autrichien" n'est rien d'autre qu'un "vrai" 9 cm C/73 (de calibre réel de 88 mm), ancienne pièce allemande de campagne construite à des milliers d'exemplaires que les allemands n'ont pas hésité à pousser derrière les toutes premières lignes et responsables de tirs de surprise sur nos lignes justement redoutés par nos soldats et de nos alliés.
La situation ne change vraiment qu'en 1917 où les offensives à objectifs limités produisent une large moisson de matériels modernes lourds allemands, à Verdun le 20 août 1917 et encore plus à l'attaque de La Malmaison où l'action de l'artillerie française a empêché le repli de l'artillerie allemande au nord de l'Ailette. Là, on trouve pour la première fois une abondance de matériels lourds modernes et même d'artillerie Contre-Avions ce qui était rare auparavant.
Bien sûr, en 1918, les offensives alliées verront la capture de très nombreuses pièces lourdes modernes, y compris de matériels jamais vus de près jusque là.
Cordialement,
Guy François.
Bonjour Guy François,
quel agréable plaisir d'avoir de si bons renseignements bien développés permettant de mieux comprendre à la fois la technique militaire allemande et le pourquoi de ces pièces récupérées.
Ces pièces allemandes pouvant se retrouver devant des MaM:
Et à Machault, en juin 1940, Les Allemands les retrouvèrent et les emmenèrent:
Cordialement BB
- Août 1914 dans le département des Ardennes : du début août avec l'arrivée et le passage des troupes se concentrant en se dirigeant vers la Belgique, au repli de fin août vers la Marne en résistant sur la Semoy, La Chiers, la Meuse, l'Aisne, la Retourne.
Vos dernières photographies illustrent un point peu connu de l'armistice du 11 novembre 1918. Il est bien prescrit aux allemands d'abandonner sur place dans les régions évacuées 5.000 canons dont 2.500 lourds "en bon état".
Si les clauses aériennes prévoient la livraison de "tous les D 7", le meilleur avion allemand, rien ne précise les types de canons à livrer. Dans ces conditions, les allemands ont laissé sur place tous leurs vieux matériels, leurs canons modernes usés, etc... en repliant tout ce qui demeurait excellent!
Il faudra attendre la signature du Traité de Versailles et l'envoi des commissions interalliées de contrôle en Allemagne (qui ne pénètrent en Allemagne qu'au début de 1920 seulement), pour que le ferraillage de l'immense parc d'artillerie subsistant en Allemagne commence enfin.
Je publierai demain la liste des matériels capturés par les français au premier jour de la Bataille de la Somme pour bien illustrer la variété des matériels capturés ce jour là, car les anglais n'en ont capturé aucun malgré des pertes écrasantes (supérieures sur un front de 20 km aux pertes françaises de la plus sanglante des journées d'août 1914 sur un front de plus de 200 km!).
Cordialement,
Guy François.
Ayant enfin retrouvé mes notes anciennes, voici les matériels capturés le premier jour de la bataille de la Somme le 1er juillet 1916, ils seront suivis d'un nombre plus important de canons retirés du champ de bataille les jours suivants (notamment des 7,7 cm FK 96, des 9 cm C/73 et d'autres canons lourds):
-matériels modernes:
...3 obusiers de 10,5 cm l.F.H: n° 2492, 2718 et 3270 fabriqués en 1915.
...2 obusiers de 15 cm s.F.H 02: n° 387 de 1905 et 511 de 1906.
-matériels anciens:
...1 canon Cockerill Nordenfelt de 57 mm: n° 51 de 1894.
...4 canons belges de 120: n° 82, 93, 114, 143 Liège 1891.
...2 obusiers russes de 9 pouces (228 mm) modèle 1892 : dont le n° 1637.
-Minenwerfer:
...1 de 17 cm n° 857 Rheinmetall 1916.
...5 de 75 mm: n° 1524, 1703, 1709, 1714, 1720 tous de 1915.
...3 Erdmörser de 25 cm.
-mitrailleuses:
...11: 1 de 1914,n° 1339, 6 de 1915 (n° entre 2820 et 7.223), 3 de 1916 n° 9187, 9197, 9243 et 1 mitrailleuse russe n° 1423 de 1905.