photos du capitaine Mounicot, 23è Batterie 7è RAC AD60

[grandchamps]

Mon photographe vient de terminer le tirage de mes dernières plaques.
Voici quelques instantanés illustrant notre attaque générale du 25 septembre.
Nos 75 étaient voisins d'une batterie de mortiers de 270.
L'officier responsable est attentif aux manoeuvres.
photo74 , mouni 307 bis Protège-toi sérieusement les tympans...
mouni 258 bis

Nous n'avons pas le privilège de la puissance. Sur cette photo c'est nous qui dégustons .
"Position de batterie (22è) à la "villa" . entonnoirs produits par des obus de 210 à fusée avec retard. 12 octobre."
Quand je te racontais que nos ennemis gardent intactes leurs capacités de nuisance...
photo75 , mouni 324 bis

[grandchamps]

Enfin, le Patron semble content dans le journal.
les objectifs primaires sont atteints:
le 28 septembre les tranchées allemandes de Dresde et de Breslau sont conquises.

Les morts, les nôtres sont rassemblés...
76

et les autres......sont évacués... manu militari...
"la relève des cadavres boches après les affaires du 25 septembre en Champagne. 22 octobre 1915."
77 mouni 276 bis
la tranchée ennemie est dégagée et retournée.
78 mouni 379 bis
Il y reste bien quelques souvenirs boueux et bientôt rouillés,
79 [mouni 379 ter
seuls témoins de la fureur de ces trois jours passés.
80

[ALVF]

Bonsoir,

Le hasard (?) fait bien les choses!
En effet, la photographie du mortier de 270 de côte modèle 1889 montre une des pièces où sert le lieutenant Longuet du 3ème R.A.P qui a aussi pris d'admirables photographies à ce même emplacement.Son petit-fils, membre du Forum, sera très intéressé par ces photographies.
Un point de détail, la photographie du 270, comme d'ailleurs les photos n° 1 et 59 de l'album du Docteur de Saint Marc, publiées dans la rubrique "Santé" du Forum , montrent des obus de forme étrange:
Il s'agit d'obus "P" modèle 1899 à grande capacité d'explosif (66 kg) pour mortier de côte de 270 mm.Ces obus ont été appelés "P" en l'honneur à leur créateur, le futur général Perruchon.Leur forme a été étudiée pour que l'obus ne ricoche pas sur l'eau, il a donc une trajectoire sous-marine permettant sa détonation en profondeur sous la ceinture cuirassée des grands navires de guerre.En effet, les "fonds" de la coque ne sont pas protégés et ces obus peuvent provoquer des brèches profondes entraînant des dommages irréparables aux grands navires.Ces obus ont été essayés avec succès sur des cuirassés promis à la démolition avant guerre.
Sur terre, la très forte charge d'explosif a des effets dévastateurs sur la fortification passagère.
Cordialement,
Guy François.

[grandchamps]

mes respects, mon Général.

J'ai sûrement dû croiser le lieutenant Longuet et lui rendre amicalement son salut.
J'ai admiré la puissance de feu rassurante de son équipe.
Je lis le journal de marche de son régiment. Le plan des liaisons téléphoniques entre le PC et les batteries y est détaillé.
Et nous sommes leurs proches voisins autour du carrefour visible sur ce plan , localisé dans mes envois précédents.

J'ai le plaisir de remettre mes Amitiés Centenaires au petit-fils de monsieur Longuet .

De la part d'

Alexandre,
et de son grand-père, le lieutenant Longuet...
...maintenant compagnons d' Eternité.

[joel guyonneau]

bonsoir
MOUNICOT Alexandre Marie né en 1868, debut de carriere 1886, sous lieut en 1894, lieut en 1896, etait à la 7e batterie du 32e RA en 1897 et 1903. selon mes sources: etat militaire du corps de l'artillerie 1897 et l almanach du drapeau edition 1903.
voilà c'est tout!
encore merci pour ces superbes photos
jg

[joel guyonneau]

livre dont proviennent ces infos, désolé mais la photo de la page du 32e rac est ratee.
à +

[grandchamps]

Hello Joel,
merci pour ces quelques pièces à ajouter au puzzle biographique d' Alexandre.
tu trouveras aussi les dossiers de carrière du père et du fils Mounicot dans la base Léonore.
La petite fille d'Alexandre, qui a maintenant 79 ans,
se souvient des récits de sa mère et de Marguerite Guichard sa grand-mère .
Elle me raconte la tradition familiale de cette façon:
"Le frère d'Alexandre est mort jeune. Alexandre avait commencé des études de médecine,
il a dû être poussé par son père, héros de 1870 et médaillé de la Légion d' Honneur,
vers la carrière des armes, plus glorieuse pour le nom de la famille ..."
j' ignore comment cela s'est passé entre le père et le fils à ce sujet.
Je pense qu'à l'époque, les jeunes gens recevaient une éducation (j'ai déjà entendu le terme de dressage des enfants...)
qui commençait par le respect des conseils du Pater Familias, comme on ne peut plus le concevoir maintenant.
Une obéissance aux anciens et aux aînés, cependant mâtinée de bon sens réciproque, guidait leur vie.
Voici le portrait d'Alexandre tout jeune et fringant élève-officier.


Nous sommes en 1916. Alexandre a 48 ans, il a coupé sa barbe de guerre, il est décoré de la croix de guerre et de la Légion d'Honneur,
... officier respecté, responsable, apprécié,... toujours souriant!

Je donnerais cher pour lui serrer la main et entendre le son de sa voix !
Etienne

[joel guyonneau]

la photo du jeune eleve officier est interessante à cause de l uniforme: alpha sur les manches... etait il à Versailles ou Fontainebleau ?
tu donnerais cher pour lui serrer la main! moi je regrette mes 20 ans et le temps perdu! il etait alors encore possible de rencontrer certains de ces Héros! je possède plusieurs photos d'officiers d'artillerie en 14 et 15 (non publiables) où l'on retrouve le meme sourire et la meme humanité.
cdlt

[ALVF]

Bonsoir,

Alexandre Mounicot a suivi la scolarité d'un an à l'Ecole Militaire de l'Artillerie et du Génie de Versailles.
Cordialement,
Guy François.

[grandchamps]

Après l’Attaque générale du 25 septembre 1915, Alexandre Mounicot et son groupe d’artillerie
remonteront vers Reims et s’installeront sur le front de Prosnes et d’ Aubérive .
Les artilleurs bretons du 1er groupe de l’artillerie de campagne de la 60è division vivront
pendant plusieurs mois sur le carrefour de la ferme de l’Espérance face à Aubérive, allemande .
« Joli nom » aura sûrement dû penser Alexandre, tout comme il l’avait pensé pour le moulin de Chantereine ,
à proximité de Jonchery , en arrivant en terre Champenoise en septembre 1914 .
Le kodak d’Alexandre témoignera encore de la violence des combats sur ce front de Champagne qui ne sera jamais,
malgré le communiqué officiel , un front calme. Dès février, notre ami restera à l’écoute des mauvaises nouvelles
de la bataille de Verdun. Fin juin, il reçevra son dernier ordre de marche .

Ses amis de batterie disaient peut-être de lui , à l’instar de Maurice Genevoix, qu’il était intuable. « 500 jours de guerre sans un instant d’indisponibilité » Ce sont les propres mots du capitaine Mounicot . Il a , comme dix millions d’autres hommes imaginé cent fois quelle pourrait être sa mort au combat. Il n’avait que l’embarras du choix autour de lui…Il a surtout et comme tous les autres de ses camarades fait le compte de tout ce qu’il pouvait perdre de sa vie : une fille adoptive qu’il n’aura choyée que quelques années, une femme éclatante, Marguerite, les deux braises lumineuses de sa grande maison rennoise du lapin blanc .


En ce 27 juin 1916, Il devait être prêt ,
C' est arrivé derrière l’ouvrage de Thiaumont, qu il devait reconnaître pour arpenter sa nouvelle position de batterie.
Ce jour là, juste avant midi, il est tombé, « mortellement blessé pour la France ».
Comme Il avait l'habitude de prêter son pocket-kodak, il a demandé à un de ses amis, Dalbaire, Mercillon, ou Touffet ,
de garder la mémoire de sa disparition et de la joindre à l'album, pour que Marguerite puisse , de sa lointaine Bretagne, faire son deuil .
Le 3 juillet 1916, l'un d' eux a pris cette ultime photographie des humbles obsèques
de son commandant défunt au cimetière de Landrecourt .
Les quelques copains présents ont tiré une salve en l’honneur de leur commandant et ami.
Ils l’ont doucement porté en terre .
.


Son épouse a dû reçevoir une malle semblable à celle de Louis Pergaud, , l’auteur d’une autre guerre, plus sympathique celle –là. La malle contenait les effets personnels de son mari , son album de photos, ses médailles. Marguerite n’a malheureusement jamais eu l’occasion de lui rendre une dernière et lointaine visite .

Attention aux fautes d’orthographe ! Si vous passez par Landrecourt,
cherchez le numéro de la tombe d'Alexandre au nom de Monnicot !
Rendez lui un hommage amical, c’était un homme d’Amitié.
Dites lui que Marguerite ne s'est jamais remariée et que Christiane , l’ultime mémoire de ce qu’il fut,se porte bien.
Elle pense parfois avec tendresse au grand- père qu’elle n’a connu que par les souvenirs du soir .
Remerciez Alexandre pour le Sacrifice. Il transmettra à ses compagnons de la Terre Sacrée.

Etienne