Bonsoir,
la “crise des munitions” évoquée si souvent juste au sortir de la Bataille de la Marne par les principaux belligérants aurait-elle pu être évitée ?
Début septembre les états-majors français et allemands donnent déja des ordres afin d’économiser les munitions et éviter le gaspillage.
Au niveau de l’artillerie, connait-on la consommation d’obus (sur le front Ouest) de ces premières semaines de guerre ?
Cordialement,
Frédéric
Sept.14: Crise des munitions.
- RADET Frederic
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Re: Sept.14: Crise des munitions.
Courage on les aura !
http://www.ouvragedelafalouse.fr/
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Re: Sept.14: Crise des munitions.
Bonsoir Frédéric,
Effectivement, il est intéressant de noter que dès septembre apparait une crise - dans les deux camps - qui démontre la croyance partagée en une guerre courte !
En 1914, 3 696 canons de 75 pourvus de 1 300 coups chacun nous donnent 4 800 000 obus.
La fabrication tombe de 13 000 obus/jour (capacité de production de temps de paix) à 4 000 (octobre 14), soit environ 120 000 par mois.
Au 15 septembre, si les stocks sont vides, alors on peut estimer une consommation de 5 000 000 d'obus, soit plus de 150 000/jour à partir du 14 août, fin de la période de concentration.
Tout cela n'est qu'approximation, attendons l'apport d'un spécialiste pour donner des chiffres de consommation exacts.
Cordialement,
Régis
Effectivement, il est intéressant de noter que dès septembre apparait une crise - dans les deux camps - qui démontre la croyance partagée en une guerre courte !
En 1914, 3 696 canons de 75 pourvus de 1 300 coups chacun nous donnent 4 800 000 obus.
La fabrication tombe de 13 000 obus/jour (capacité de production de temps de paix) à 4 000 (octobre 14), soit environ 120 000 par mois.
Au 15 septembre, si les stocks sont vides, alors on peut estimer une consommation de 5 000 000 d'obus, soit plus de 150 000/jour à partir du 14 août, fin de la période de concentration.
Tout cela n'est qu'approximation, attendons l'apport d'un spécialiste pour donner des chiffres de consommation exacts.
Cordialement,
Régis
- RADET Frederic
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Re: Sept.14: Crise des munitions.
Bonjour Régis,
merci pour cette analyse. Effectivement on croyait a une guerre courte, mais la consommation de munitions, (notamment d'artillerie) a surpris tous le monde, même les allemands qui avaient fait de cette arme un atout majeur de leur tactique.
Cordialement,
Frédéric
merci pour cette analyse. Effectivement on croyait a une guerre courte, mais la consommation de munitions, (notamment d'artillerie) a surpris tous le monde, même les allemands qui avaient fait de cette arme un atout majeur de leur tactique.
Cordialement,
Frédéric
Courage on les aura !
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Re: Sept.14: Crise des munitions.
Bonjour,
Certes il y a une mauvaise estimation de départ, mais à mon sens pas seulement, un obus coute cher et prend de la place pour son stockage et sa maintenance, pour qu'il n'y eut pas de probleme en 14 il aurait fallu vraisemblablement un stock 4à 5 fois plus important! et cela pour se preparer à une guerre qui peut ne jamais arriver il faut y ajouter les progres techniques qui peuvent rendre un canon et sa munition obsolete et donc tout un stock à detruire.
Il n'est pas certain que les parlements de cette epoque auraient accepte des credits supplementaires pour assurer une guerre longue et couteuse (si cette hypothese avait ete envisagee à l'epoque la guerre aurait elle eu lieu? sans doute pas)
ainsi: au printemps 1915 Millerand repond au député Raiberti, qui s’inquiète des difficultés d’approvisionnement en munitions d’artillerie, en reconnaissant que reconnaît que « nos approvisionnements en projectiles de 75 étaient insuffisants . On s’est donc trompé », mais précise aussitôt : « Beaucoup recherchent aujourd’hui les coupables. Les coupables, c’est tout le monde . Tous les travaux d’état-major concluaient à un approvisionnement plus grand, mais la dépense – à raison de 20 frs. le coup – se serait augmentée de 500 000 x 20 = 10 000 000 frs. Qu’aurait pensé de cela le Ministre des Finances ?
En outre du cote allemand le calcul d'une guerre courte n'etait pas aussi stupide car cela a bien failli arriver et une exploitation d ela victoire d ela marne 'peut etre) plus hardie aurait pu aussi changer la donne.
A noter un parallele avec une recente operation aerienne de l'autre cote de la mer mediterranee, il me semble que l'on était plutot à cours de bombes pour avion et autres projectiles.. comme quoi à chaque epoque les stocks ne sont pas suffisants...
Pour juger des insuffisances d'une armee en guerre il faut tenir compte des insuffisances de generaux et aussi des contraintes budgetaires. certains generaux comme Langlois (revue militaire generale 1911) envisagent un conflit long
Pour simplifier en 1914 l'europe n'a pas les moyens de faire une guerre longue, c'est contrainte qu'elle s'y adaptera, le probleme d'ailleurs ne sera pas que celui des obus mais celui des uniformes de l'alimentation de ces armees, car la mobilisation desorganise aussi l'industrie.
plus recemment ne 1941 lors du declenchement du plan Barbarossa l'armee allemande n'a pas la capacite qu'elle devrait avoir pour terrasser l'union sovietique et le processus de guerre totale ne sera mis en place qu'apres le desastre de Stalingrad mais meme l'allemagne nazie n'avait sans doute pas avant ce desastre la capacite de tout mobiliser pour la guerre.
Cordialement
Pierre
Certes il y a une mauvaise estimation de départ, mais à mon sens pas seulement, un obus coute cher et prend de la place pour son stockage et sa maintenance, pour qu'il n'y eut pas de probleme en 14 il aurait fallu vraisemblablement un stock 4à 5 fois plus important! et cela pour se preparer à une guerre qui peut ne jamais arriver il faut y ajouter les progres techniques qui peuvent rendre un canon et sa munition obsolete et donc tout un stock à detruire.
Il n'est pas certain que les parlements de cette epoque auraient accepte des credits supplementaires pour assurer une guerre longue et couteuse (si cette hypothese avait ete envisagee à l'epoque la guerre aurait elle eu lieu? sans doute pas)
ainsi: au printemps 1915 Millerand repond au député Raiberti, qui s’inquiète des difficultés d’approvisionnement en munitions d’artillerie, en reconnaissant que reconnaît que « nos approvisionnements en projectiles de 75 étaient insuffisants . On s’est donc trompé », mais précise aussitôt : « Beaucoup recherchent aujourd’hui les coupables. Les coupables, c’est tout le monde . Tous les travaux d’état-major concluaient à un approvisionnement plus grand, mais la dépense – à raison de 20 frs. le coup – se serait augmentée de 500 000 x 20 = 10 000 000 frs. Qu’aurait pensé de cela le Ministre des Finances ?
En outre du cote allemand le calcul d'une guerre courte n'etait pas aussi stupide car cela a bien failli arriver et une exploitation d ela victoire d ela marne 'peut etre) plus hardie aurait pu aussi changer la donne.
A noter un parallele avec une recente operation aerienne de l'autre cote de la mer mediterranee, il me semble que l'on était plutot à cours de bombes pour avion et autres projectiles.. comme quoi à chaque epoque les stocks ne sont pas suffisants...
Pour juger des insuffisances d'une armee en guerre il faut tenir compte des insuffisances de generaux et aussi des contraintes budgetaires. certains generaux comme Langlois (revue militaire generale 1911) envisagent un conflit long
Pour simplifier en 1914 l'europe n'a pas les moyens de faire une guerre longue, c'est contrainte qu'elle s'y adaptera, le probleme d'ailleurs ne sera pas que celui des obus mais celui des uniformes de l'alimentation de ces armees, car la mobilisation desorganise aussi l'industrie.
plus recemment ne 1941 lors du declenchement du plan Barbarossa l'armee allemande n'a pas la capacite qu'elle devrait avoir pour terrasser l'union sovietique et le processus de guerre totale ne sera mis en place qu'apres le desastre de Stalingrad mais meme l'allemagne nazie n'avait sans doute pas avant ce desastre la capacite de tout mobiliser pour la guerre.
Cordialement
Pierre
pierre
Re: Sept.14: Crise des munitions.
Bonjour,
Cette question de l'approvisionnement initial en munitions a fait couler beaucoup d'encre et beaucoup d'inexactitudes ont été écrites à ce sujet.
Les faits sont têtus et, sans entrer dans la polémique, voici quelques chiffres puisés aux meilleures sources:
-les créateurs du "75", certainement très optimistes, réclamaient 3000 coups par pièce pour assurer la supériorité indiscutable de l'artillerie française sur celle de l'Allemagne.Nous sommes alors en 1898-1900 mais l'on sait que le directeur de l'artillerie, le président du comité de l'artillerie et bon nombre des officiers de l'Atelier de Puteaux, créateurs du "75", ont été "limogés" avant l'heure ou mis à l'écart de 1900 à 1904 pour des raisons n'ayant aucun rapport avec leurs compétences militaires.
-sous le ministère du général André, l'approvisionnement initial tombe progressivement à moins de 700 coups par pièces, puis c'est l'époque qui dure jusqu'en 1910 où en entend notamment le général Percin (en 2ème section) affirmer que la France a "trop de canons" et n'a pas besoin d'artillerie lourde, ces propos sont répétés à l'envie dans la presse et jusqu'aux tribunes du parlement.
-en 1911, le "coup d'Agadir" et la menace d'une guerre avec l'Allemagne amènent une "grande peur" parlementaire qui permet de débloquer quelques millions pour augmenter nos approvisionnements face aux préparatifs énormes de l'Allemagne en matière d'artillerie.La crise marocaine, qui coïncide presque jour pour jour avec l'arrivée au ministère de la guerre de Messimy, est le facteur déclenchant du réarmement tardif de la France après plus de dix ans d'atermoiements.Les ministres successifs à partir de 1911 feront voter les crédits nécessaires pour approvisionner les "75" à 1700 coups par pièce.Pour se faire, il faut avoir recours aux grands constructeurs (Schneider et Saint-Chamond) car les Ateliers de l'Etat ne peuvent produire suffisamment.
-cet effort tardif est limité aux seules munitions de 75 car le Parlement a refusé, conseillé par de serviles courtisans, d'accorder les crédits pour la construction de l'obusier léger, dont l'adoption avait pourtant été décidée en principe sous le premier ministère de la Guerre de Messimy.
-quoi qu'il en soit l'Armée française dispose de 5.700.000 obus de 75, donc de 1390 coups par pièce mobilisée en août 1914.
Ce chiffre, pour insuffisant qu'il soit est NETTEMENT SUPERIEUR au nombre de coups des 7,7-cm de l'Armée allemande, plus nombreux mais dont l'approvisionnement initial ne dépasse pas 700 coups par pièce!
Ces chiffres indicutables et la supériorité de l'obus explosif français de 75 qui contient un poids double d'explosif que son homologue allemand de 7,7-cm doivent être pris en compte dans l'examen des opérations de l'été 1914 malgré l'écrasante supériorité de l'artillerie lourde de campagne allemande dont les approvisionnements sont eux-aussi faibles, y compris pour la "schwerste Artillerie" des plus gros calibres (28-cm, 30,5-cm et 42-cm) ce qui démontre que le Grand-Etat-Major allemand avait lui aussi tout misé sur une guerre courte!
Cordialement,
Guy François.
Cette question de l'approvisionnement initial en munitions a fait couler beaucoup d'encre et beaucoup d'inexactitudes ont été écrites à ce sujet.
Les faits sont têtus et, sans entrer dans la polémique, voici quelques chiffres puisés aux meilleures sources:
-les créateurs du "75", certainement très optimistes, réclamaient 3000 coups par pièce pour assurer la supériorité indiscutable de l'artillerie française sur celle de l'Allemagne.Nous sommes alors en 1898-1900 mais l'on sait que le directeur de l'artillerie, le président du comité de l'artillerie et bon nombre des officiers de l'Atelier de Puteaux, créateurs du "75", ont été "limogés" avant l'heure ou mis à l'écart de 1900 à 1904 pour des raisons n'ayant aucun rapport avec leurs compétences militaires.
-sous le ministère du général André, l'approvisionnement initial tombe progressivement à moins de 700 coups par pièces, puis c'est l'époque qui dure jusqu'en 1910 où en entend notamment le général Percin (en 2ème section) affirmer que la France a "trop de canons" et n'a pas besoin d'artillerie lourde, ces propos sont répétés à l'envie dans la presse et jusqu'aux tribunes du parlement.
-en 1911, le "coup d'Agadir" et la menace d'une guerre avec l'Allemagne amènent une "grande peur" parlementaire qui permet de débloquer quelques millions pour augmenter nos approvisionnements face aux préparatifs énormes de l'Allemagne en matière d'artillerie.La crise marocaine, qui coïncide presque jour pour jour avec l'arrivée au ministère de la guerre de Messimy, est le facteur déclenchant du réarmement tardif de la France après plus de dix ans d'atermoiements.Les ministres successifs à partir de 1911 feront voter les crédits nécessaires pour approvisionner les "75" à 1700 coups par pièce.Pour se faire, il faut avoir recours aux grands constructeurs (Schneider et Saint-Chamond) car les Ateliers de l'Etat ne peuvent produire suffisamment.
-cet effort tardif est limité aux seules munitions de 75 car le Parlement a refusé, conseillé par de serviles courtisans, d'accorder les crédits pour la construction de l'obusier léger, dont l'adoption avait pourtant été décidée en principe sous le premier ministère de la Guerre de Messimy.
-quoi qu'il en soit l'Armée française dispose de 5.700.000 obus de 75, donc de 1390 coups par pièce mobilisée en août 1914.
Ce chiffre, pour insuffisant qu'il soit est NETTEMENT SUPERIEUR au nombre de coups des 7,7-cm de l'Armée allemande, plus nombreux mais dont l'approvisionnement initial ne dépasse pas 700 coups par pièce!
Ces chiffres indicutables et la supériorité de l'obus explosif français de 75 qui contient un poids double d'explosif que son homologue allemand de 7,7-cm doivent être pris en compte dans l'examen des opérations de l'été 1914 malgré l'écrasante supériorité de l'artillerie lourde de campagne allemande dont les approvisionnements sont eux-aussi faibles, y compris pour la "schwerste Artillerie" des plus gros calibres (28-cm, 30,5-cm et 42-cm) ce qui démontre que le Grand-Etat-Major allemand avait lui aussi tout misé sur une guerre courte!
Cordialement,
Guy François.
- RADET Frederic
- Messages : 2259
- Inscription : lun. oct. 18, 2010 2:00 am
Re: Sept.14: Crise des munitions.
Bonjour,
merci d'avoir éclairé ma lanterne.
Frédéric
merci d'avoir éclairé ma lanterne.
Frédéric
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