"La grosse Bertha des Parisiens " , dans la RHA.

[ALVF]

Bonjour,

Devant la persistance des écrits affirmant vouloir "retrouver les vrais emplacements des Wilhelm Geschütze", la meilleure réponse consiste à diffuser les documents suivants datant tous d'octobre 1918, ce sont des croquis relevés par le lieutenant-colonel de Fossa et des photos prises quelques jours après le départ un peu précipité des forces allemandes du secteur de Crépy-en-Laonnois:

-"Stellung XV", emplacement N° 2 pour les français, situé à 119845 m de Paris:
Il ne reste qu'une fosse dont les dimensions coïncident parfaitement avec celles de la plateforme métallique "Bettungsschiessgerüst", affût à 50° pour canons "Max" ou "Wilhelm Geschütz".La plateforme a été entièrement démontée et il ne reste que les échafaudages construits autour de la pièce pour faciliter les manoeuvres.On distingue la voie ferrée d'accès arrivant au centre de la position et de part et d'autre, les deux voies ferrées parallèles destinées au déplacement du pont roulant "Baukran" servant aux manoeuvres d'armement de la plateforme, de l'affût et du tube.
-"Stellung XXIII", emplacement N° 1 pour les français, situé à 120109 m de Paris:
Il reste la plateforme béton "Betonbettung", destiné à recevoir la plaque tournante métallique démontable supportant l'affût "Eisenbahn und Bettungsschiessgerüst", version amenée sur voie ferrée par la voie centrale d'armement.Les deux voies ferrées parallèles sont destinées aux manoeuvres du pont roulant qui ne sert ici que pour monter la plateforme puisque la pièce arrive directement et se place en quelques minutes sur son emplacement de tir, ce qui constitue un net progrès sur les deux autres emplacements où les pièces sont fixes et donc plus vulnérables.
On distingue à l'arrière plan un abri bétonné toujours en place de même que la plateforme bétonnée.
Ce sont les seuls vestiges encore clairement visibles de nos jours et récemment remis en valeur par le Conseil Général de l'Aisne.


Stellung XV

Stellung XV

Stellung XXIII

Stellung XXIII

Cordialement, Guy.

[ALVF]

Bonsoir,

Aujourd'hui, je réponds à une phrase bien imprudente contenue dans la Revue citée dans le premier message du sujet, je cite:
"Croire que l'on a pu faire escalader par une voie ferrée les pentes du Mont-de-Joie est une aberration" (sic!).
Examinons donc le rapport du Lieutenant-Colonel de Fossa qui a visité les positions en détail dès octobre 1918 et qui n'était pas le premier venu, puisque Chef de la Section d'Etudes de Camouflage au G.Q.G. des Armées françaises, en liaison permanente avec des officiers du Service Géographique de l'Armée, de l'Artillerie et du Génie.
Cet officier décrit parfaitement la voie ferrée escaladant un flanc du Mont en partant de la position N° 2 pour atteindre la position N° 3 des français ou "Stellung XVI" des allemands qui se situe au niveau de la courbe 120 m d'altitude de la carte, donc environ 40 m plus haut que la station de Crépy.Il décrit aussi le camouflage très élaboré de cette position avec la présence d"arbres portant des échelons de bois permettant de monter aux points d'accrochage du masque recouvrant la pièce lors des tirs.Ce masque dont des restes existaient encore en octobre 1918 était composé partiellement de grillage léger recouvert de genêts.
Pour ne pas alourdir l'exposé, voilà les preuves sous la forme:
-le schéma de la Stellung XVI ou position N° 3 des français, à 119082 m de Paris.
-une carte du Service Géographique de l'Armée montrant la position des trois emplacements et leur localisation par les Sections de Repérage par le Son (S.R.S.).
-un schéma du Lt-cl de Fossa montrant le principe d'accrochage du camouflage et les arbres portant des échelons de bois.
-une photo de la Stellung XVI en mars 1918 avec son "Wilhelm Geschütz" camouflé, on distingue derrière le contrepoids de culasse un arbre portant des échelons de bois, on en distingue un autre à gauche du cliché.
De nombreux visiteurs, dans le cadre des marches organisées pour le 90ème anniversaire de la Grande Guerre en mars 2008 sur le site de Crépy-en-Laonnois, ont d'ailleurs pu voir parfaitement les emplacements des trois positions et les traces de la voie ferrée "escaladant" les flancs du Mont-de-Joie.
Rien ne remplace la lecture des documents d'archives!


Stellung XVI.


Carte montrant les trois positions "Stellung XV, XVI et XXIII".


Schéma de principe de pose du camouflage Stellung XVI.


Stellung XVI, position N° 3 camouflée en mars 1918.

Cordialement, Guy François.

[Joe23]

Bonsoir a tous, je géomètre et passionné d'histoire, je travail sur le SIG d'un cabinet parisien ( http://www.bloy.geometre-expert.fr/Parisexpert/menu.htm )
et nous avons une thématique historique de Paris ou l'on peu consulter des plans de toute les époques et localisé des monuments selon les époques.
Depuis un moment l'idée me trotte dans la tête de l'enrichir des points d'impacts du fameux "canon de paris " et si possible un petit commentaire, jour et heure de l'impact, nombre de morts et de blessés ect ... je suis donc a la recherche de se genre d'information. existe il une base recensant les impacts ? existe il des photo libre de droit pour chaque impact ? existe il des livres recensant toute ces informations ?

je vous remercie d'avance pour votre aide, et si certain de vous on besoin d'aide pour des recherches sur l'époque napoléonienne je serai heureux de l'aider dans la mesure de mes connaissances

[TURPINITE]

Bonsoir,

si cela peut vous intéresser :

http://rha.revues.org/index4682.html

Il est impératif de prendre contact avec M. le général Guy François "ALVF" chez nous, qui connait le sujet et saura vous aiguiller.

Il y a cette carte issue de l'illustration de 1918, mais je ne sais pas si elle est fiable :



Cordialement
Florian

[ALVF]

Bonsoir,

La carte de "l'Illustration" est assez fiable car établie d'après des documents "artillerie".
Il y en a une plus grande et assez semblable avec quelques impacts de la banlieue en plus (mais pas tous, notamment ceux des banlieues Sud et Nord pour les communes éloignées de la capitale) dans le gros livre :

René Weiss, André Kling, Daniel Florentin-"La croix de guerre de la ville de Paris"-Paris-Imprimerie Nationale-1921.

Ce livre contient la liste de tous les impacts recensés à Paris et en Banlieue, avec dates, horaires, communes, arrondissements, numéros des rues touchées par des obus (et aussi par des bombes d'avions dans un chapitre particulier).C'est le livre le plus complet sur ce sujet, avec des photos d'impacts et des croquis des bombes et obus.
La description des positions des canons est moins bonne, elle occulte complètement le site de Fère-en-Tardenois, bois de Bruyères.C'est compréhensible car l'auteur principal est le professeur Kling, Directeur du Laboratoire Municipal (actuel Laboratoire de la Préfecture de Police), les informations sont donc excellentes pour ce qui s'est passé dans Paris intra-muros et en Banlieue mais le livre est moins documenté pour tout ce qui concerne le "front" et même la "province" puisque les "coups courts" recensés par la Gendarmerie près de Meaux ne sont pas mentionnés.
Le livre de Jules Poirier-"Les bombardements de Paris (1914-1918)"-Payot-1930 est lui aussi bien documenté, il y a des divergences de détails par rapport au gros livre précité de Weiss et Kling.
Pour les illustrations, il y a de nombreuses photos d'agence et des cartes postales.Il y a aussi des albums de photographes anonymes, certainement autorisés par les autorités.J'ai trouvé, il y a déjà pas mal d'années à Paris, un album complet de photos professionnelles mais non marquées qui montrent plus de 100 immeubles, monuments et rues touchés par des projectiles, heureusement les noms des rues figurent au dos des photos car Paris a changé depuis 1918, surtout dans les arrondissements "périphériques" encore industrialisés à l'époque dans certains quartiers.
Cordialement, Guy.

[ALVF]

Bonsoir,

Je joins une petite étude comparative des tubes des "Wilhelm Geschütze", détaillant quelques caractéristiques visibles des prototypes et des tubes employés pour les bombardements sur Paris.
Les différences les plus visibles concernent le système de haubanage:

-sur le premier canon, le haubanage raidisseur ("Spannwerk") est de petite taille car la rallonge lisse de 9 mètres est utilisée.Ce canon essayé en juillet 1917 fera l'objet de graves mécomptes.

-sur le second tube essayé avec succès en novembre 1917 à Altenwalde, la rallonge lisse a une longueur de 12 m et le haubanage raidisseur est de grandes dimensions.

-la photo prise à Crépy-en-Laonnois peu avant les tirs de mars 1918 montre un système identique à celui employé lors des essais d'Altenwalde.

-le schéma indique les dimensions du haubanage raidisseur ou "Spannwerk".


Rallonge lisse de 9 m, Altenwalde juillet 1917.

Rallonge lisse de 12 m, Altenwalde novembre 1917

Crépy-en-Laonnois mars 1918.

Grand haubanage raidisseur ("Spannwerk" ) des tubes utilisés pour les tirs sur Paris.

Cordialement, Guy François.

[christophe lagrange]

Bonsoir,

Au cours de recherches sur les MPLF des finances, monnaies et médailles, industrie, cour des comptes, j'ai trouvé un caporal de la 22è section COA qui est décédé des suites de blessures reçues lors d'un des bombardements de Paris le 7 août 1918. Son état de service précise les lieux et heure de celui-ci : Place de l'Alma à 12h35. Le Caporal TENIERE fut conduit à l'hôpital installé dans le Grand Palais où il décéda.
Ce jour-là 3 personnes furent tuées et 10 autres blessés d'après ce que j'ai pu trouver sur le net.
Si vous avez d'autres informations, je suis preneur.
Près du Canal de l'Ourcq Quai de Seine est apposée une plaque qui rappelle que c'est à cet endroit que tomba le 1er obus " de la Bertha " (au lieu de pariser kanone) sur Paris le 23/03/1918



La date au moins semble correcte d'après ce que j'ai pu trouver.

Un petit lien vers un autre message du forum que j'avais posté pour une identification, il s'agissait d'une plateforme de 380 (Merci ALVF) d'un des pariser kanone :
pages1418/Sites-et-vestiges-de-la-Grand ... 1136_1.htm
Cordialement,
Christophe

[ALVF]

Bonjour,

Concernant l'obus du 7 août 1918 tombé sur la place de l'Alma, ayant tué 3 personnes et en ayant blessé 10, les renseignements sont corrects à quelques variations d'horaire exact de l'impact.La Préfecture de Police et les Services de l'Artillerie ont retenu l'heure de 12h30 pour cet impact N°292 (en fait plus d'obus ont été tirés mais certains projectiles tombés dans des zones peu ou pas habitées n'ont pas été recensés).D'autres sources évoquent 12h25 ou 12h35, ce genre de divergence est courant pour le premier obus d'une série de tir, ensuite les horaires divergent peu car les observateurs civils et militaire sont aux aguets!
Comme souvent, ce premier obus d'une série provoque des victimes car c'est un coup de surprise, ensuite les passants sont rares, les transports en commun s'arrêtent jusqu'à la fin de l'alerte et certains parisiens gagnent des abris mais pas tous!
Des curieux se précipitent même pour récupérer des morceaux encore brûlants des parois de l'obus avant l'arrivée de la Police et des Services de l'Artillerie qui récupèrent systématiquement les éclats qui donnent des renseignements sur l'usure des bouches à feu et permettent de détecter les changements de tube des "Wilhelm Geschütze".Les tirs sur Paris cesseront définitivement le 9 août 1918 car l'avance franco-britannique inquiète le Commandement Suprême qui ordonne le repli de la pièce de Beaumont-en-Beine sur les positions de Crépy mais plus aucun tir n'aura lieu.
Paris connaîtra toutefois des bombardements aériens jusqu'en septembre 1918.
Pour le lien cité, la plateforme de 38 cm est identique à celle employée par le "Wilhelm Geschütz", version "Eisenbahn und Bettungsschiessgerüst", mais la plateforme du bois du Châtelet n'a jamais servi pour un "Wilhelm Geschütz", je ferai ultérieurement un message sur cet emplacement.
Cordialement, Guy.

[christophe lagrange]

Bonjour Guy,

Merci pour ces explications complémentaires.
Cordialement,
Christophe

[ALVF]

Bonsoir,

Devant la persistance des affirmations de "spécialistes" proclamant "urbi et orbi" que la position XXIII de Crépy-en-Laonnois, récemment remise en valeur par le Conseil Général de l'Aisne, "n'est pas la vraie position" d'un "Wilhelm Geschütz", je présente quelques photographies (pas remises en couleur ni retouchées par un quelconque moyen!).
Ces photographies datent de janvier à mars 1918 et nous montrent le coffrage, le bétonnage et la mise en place de la plateforme en béton supportant la plaque-tournante "Drehscheibe" permettant la mise en batterie du "Wilhelm Geschütz in Eisenbahn und Bettungsschiessgerüst".
J'espère que ces documents suffiront aux éternels sceptiques!

Coffrage de la plateforme.

Détail du coffrage.

Le coffrage de la plateforme.

La plateforme bétonnée munie de sa couronne d'appui métallique sur laquelle sera boulonnée la plaque tournante.

Cordialement, Guy François.