Bonjour à tous
Je cherche des informations sur le 6ème Groupe d'artillerie à pied d'Afrique (6ème GAPA) dans lequel mon arrière-grand-oncle a servi. Je m'intéresse également aux combats de Sulzern au cours desquels il trouva la mort le 20 février 1915. Merci d'avance !
Cordialement,
6ème GAPA...
Re: 6ème GAPA...
Bonjour, Le 6ème G.A.P.A. armait en 1914 les batteries de côte d'Algérie,il a tiré le premier coup de canon de la guerre:en effet,le 04 Août 1914,la batterie de 19cm d'El-Kantara à Philippeville a tiré quatre coups vers 04h30 sur le croiseur de bataille Goeben qui ,après avoir tiré sur le port ,s'éloigna à grande vitesse.Les huit batteries actives, remplacées sur les côtes par les batteries territoriales, sont embarquées pour Marseille en septembre et octobre 1914 afin de former les batteries d'A.L.G.P. et d'A.L.V.F..Le 6ème G.A.P.A fournira de nombreux officiers à l'Artillerie Lourde sur Voie Ferrée et de nombreux sous officiers seront promus officiers au cours de la campagne car cette unité rassemblait avant la guerre des personnels de choix de l'Artillerie à Pied et son chef le Chef d'Escadron Lebel sera un des pionniers de l'A.L.G.P et de l'A.L.V.F.Plusieurs batteries furent engagées dès octobre sur le front en armant des pièces d'artillerie lourde provenant des forts.Ainsi,la11ème batterie ,provenant du dédoublement de la 1ère batterie d'Alger,quitte Marseille le 07 octobre, après son débarquement,pour être dirigée par chemin de fer sur Epinal.Le 17 janvier 1915,une fraction de la batterie(2 officiers et 164 hommes)est dirigée sur Gérardmer.Un détachement aux ordres de l'adjudant Cudrey établi à Sulzern est sérieusement éprouvé le 20 février lors d'un tir de 155L effectué sous le feu de l'ennemi.Sont tués:le brigadier Dalio,le maître-pointeur Grandmougin et cinq canonniers.Le MdL Obitz et deux canonniers mourront de leurs blessures,douze brigadiers et canonniers sont blessés.Malheureusement,les noms des autres tués et blessés de même que les citations ne sont pas connus.Le 23 mars 1915,le lieutenant de réserve Martel sera cité à l'ordre de la 47ème Division pour l'aménagement d'une position d'artillerie lourde.Cordialement.
Re: 6ème GAPA...
Bonsoir ALVF, bonsoir à tous
C'est avec beaucoup d'émotion que je viens de lire votre réponse car le brigadier tué le 20 février 1915 est mon arrière-grand-oncle ! Il s'appelait Léonce Daliot (avec un "t") et était né à Alger le 17 juillet 1880. Je suis ébahi par la précision de vos informations sur les événements du 20 février. Peut-être possédez-vous l'historique ou le JMO du 6ème GAPA ? Si c'est le cas, cela m'intéresse énormément et je vous serais reconnaissant de me contacter pour en parler. Merci beaucoup.
Cordialement,
C'est avec beaucoup d'émotion que je viens de lire votre réponse car le brigadier tué le 20 février 1915 est mon arrière-grand-oncle ! Il s'appelait Léonce Daliot (avec un "t") et était né à Alger le 17 juillet 1880. Je suis ébahi par la précision de vos informations sur les événements du 20 février. Peut-être possédez-vous l'historique ou le JMO du 6ème GAPA ? Si c'est le cas, cela m'intéresse énormément et je vous serais reconnaissant de me contacter pour en parler. Merci beaucoup.
Cordialement,
Adal
Re: 6ème GAPA...
Bonjour, Quelques précisions supplémentaires sur la 11ème Batterie du 6ème G.A.P.A. en Août 1914:elle constitue à la mobilisation le "Groupe de défense rapprochée" de la défense des côtes d'Alger:elle arme les ouvrages des Musoirs Nord et Sud du port d'Alger(chacun armé de 4 canons de 95mm de côte),le Feu des Anglais et les Feux A et B(canons TR de 47mm),la Batterie des Tagarins(4 mortiers Mle 1889 de côte) et la Batterie de la Prison Civile (4 canons de 95mm de côte).La 11ème Batterie embarque à Alger le 10 septembre 1914 avec l'Etat-Major et d'autres batteries du 6ème G.A.P.A. et débarque à Marseille le 12.Les batteries engagées dès 1914 seront armées de canons de 120L ,155L et 155C Mle 1890,les batteries du 6ème G.A.P.A. ayant armé à partir de la fin de 1915 des pièces d'A.L.G.P. leur donneront souvent des noms de baptême rappelant l'Algérie,des 240TR Mle 1903 sur affût-truck reçurent ainsi les noms de "Fissa","Balek","Aïcha" et un 305mm Mle 1893-96:"Algérienne",d'autres noms sont encore à découvrir sur les photos ou documents!Cordialement.
Re: 6ème GAPA...
Bonjour, Quelques détails supplémentaires tirés du livre du Général D'Armau de Pouydraguin "La bataille des Hautes-Vosges-février-octobre 1915" éditions Payot 1937:Aux pages 55-61,description de l'offensive allemande dans la vallée de la Fecht et composition de l'artillerie de la 47ème division en février 1915(la 47è ème D.I. a été formée en janvier 1915 par prélévements d'unité en ligne):1 batterie de 75 de campagne,4 batteries de 65 de montagne et 1 section de 155L avec seulement 140 coups pour cette dernière.Je cite: "La section unique de 155L à 400 mètres au Nord de Soultzeren"(Sulzern).Je pense que cette section à 2 pièces de 155L Mle 1877 ne peut être que le "détachement de la 11ème Batterie" du 6ème G.A.P.A. car la pauvreté de l'artillerie de la 47ème Division était notoire à cette date et je ne trouve pas de mention d'autres pièces lourdes dans le secteur à cette date.L'offensive allemande fut ,elle,appuyée par des batteries de matériels lourds à tir rapide des calibres 13cm,15cm et 21cm!Le général de Pouydraguin décrit ainsi les moyens de la 47ème Division "L'artillerie aussi misérable que l'infanterie....".Pauvres fantassins et artilleurs du début de l'année 1915! Cordialement.
Re: 6ème GAPA...
Bonsoir à tous
Une fois de plus, merci pour ces informations d'une précision stupéfiante ! Comme vous le dites, ces braves artilleurs ont été sacrifiés tant la supériorité de la contre-batterie allemande était écrasante au début du conflit. J'ose à peine imaginer ces deux pauvres pièces de 155L sous le déluge de feu des 150 et 210 de l'ennemi. Et au milieu mon arrière-grand-oncle et ses camarades... Ma grand-mère, qui est toujours de ce monde, raconte que son oncle a été "brûlé vif". Je ne sais pas si c'est vrai mais ça ne serait pas surprenant.
Cordialement,
Une fois de plus, merci pour ces informations d'une précision stupéfiante ! Comme vous le dites, ces braves artilleurs ont été sacrifiés tant la supériorité de la contre-batterie allemande était écrasante au début du conflit. J'ose à peine imaginer ces deux pauvres pièces de 155L sous le déluge de feu des 150 et 210 de l'ennemi. Et au milieu mon arrière-grand-oncle et ses camarades... Ma grand-mère, qui est toujours de ce monde, raconte que son oncle a été "brûlé vif". Je ne sais pas si c'est vrai mais ça ne serait pas surprenant.
Cordialement,
Adal
- Eric Mansuy
- Messages : 4290
- Inscription : mer. oct. 27, 2004 2:00 am
Re: 6ème GAPA...
Bonjour,
Pour apporter quelques modestes gouttes d'eau à votre moulin... Quatre artilleurs du 6e G.A.P.A. reposent encore au cimetière du Wettstein :
GOUPIL Paul Marie
OBITZ Maxime Jules
RAMOS Gabriel Hippolyte
RIGASSE Pierre Eugène
Bien cordialement,
Eric Mansuy
Pour apporter quelques modestes gouttes d'eau à votre moulin... Quatre artilleurs du 6e G.A.P.A. reposent encore au cimetière du Wettstein :
GOUPIL Paul Marie
OBITZ Maxime Jules
RAMOS Gabriel Hippolyte
RIGASSE Pierre Eugène
Bien cordialement,
Eric Mansuy
"Un pauvre diable a toujours eu pitié de son semblable, et rien ne ressemble plus à un soldat allemand dans sa tranchée que le soldat français dans la sienne. Ce sont deux pauvres bougres, voilà tout." Capitaine Paul Rimbault.
Re: 6ème GAPA...
Bonjour Eric, bonjour à tous
Votre contribution est loin d'être modeste car elle me fournit les noms de 3 soldats (en plus du MdL Obitz) qui sont morts en même temps que mon arrière-grand-oncle et dans les mêmes circonstances ! Je vous remercie donc chaleureusement
Je reste bien sûr preneur de toute information sur les événements du 20 février 1915 à Sulzern.
Cordialement,
Votre contribution est loin d'être modeste car elle me fournit les noms de 3 soldats (en plus du MdL Obitz) qui sont morts en même temps que mon arrière-grand-oncle et dans les mêmes circonstances ! Je vous remercie donc chaleureusement

Cordialement,
Adal
- Eric Mansuy
- Messages : 4290
- Inscription : mer. oct. 27, 2004 2:00 am
Re: 6ème GAPA...
Rebonjour,
Si je puis me rendre utile, je verrai ce que je peux vous trouver d'autre. Mais en dehors de deux photos du 6e G.A.P.A. prises en 1916, et publiées l'an passé, hélas... Je pense que vous en savez bien plus que moi sur le sujet, car ce qui a été publié sur Soultzeren et ses environs proches lors de l'offensive allemande de février 1915, concerne surtout le rôle de l'infanterie française (pour ne pas dire les chasseurs alpins, en particulier).
Cela étant, sans doute peut-on ajouter à la courte liste ci-dessus le nom d'Homère ROUZE, de la 11e batterie du 6e G.A.P.A., mort de ses blessures dans un hôpital de Gérardmer le 1er mars 1915.
Enfin, quelques éléments glanés çà et là :
- « Toute la vallée de Soultzeren est sous le bombardement. A la Pfaffenmatt, près des grosses pièces (de 150), des soldats sont tués. Deux hommes sont totalement brûlés par l’explosion des munitions. » (ROEGEL (Emile), Sulzern 1914-1915, Société d’Histoire du Val et de la Ville de Munster, 1999, 160 pages). On peut en déduire que c’est à la Pfaffenmatt que se trouvaient donc les deux 155 mentionnés par le général de Pouydraguin (et cités plus haut) ;
- « Dimanche, 21 février [1915]. Pendant que j’étais à l’ambulance [à Gérardmer], on a amené un malheureux artilleur, complètement brûlé par un shrapnell. Pas un murmure, pas une plainte ! […] Quand on demanda à ce malheureux ce qui lui était arrivé, il répondit : « Voilà, nous étions avec notre batterie et on nous a dit : « Tenez jusqu’à la mort » ; et nous avons tenu… Il y a treize de mes camarades qui sont comme moi ! » »
« Lundi, 22 février. Le malheureux brûlé est parti aujourd’hui pour Epinal. On craint la gangrène. C’est trop affreux ! C’est un grand armateur d’Alger. » (H.R.M., Journal d’une civile, Paris, Emile-Paul Frères, 1917, 339 pages. [journal d’une infirmière à Gérardmer du 26 juillet 1914 au 2 juillet 1915])
- une piste à explorer peut-être, concernant les blessés du 6e G.A.P.A. : un train sanitaire a quitté Gérardmer le 21 février 1915 à 22 heures à destination de Lyon.
Bien cordialement,
Eric Mansuy
Si je puis me rendre utile, je verrai ce que je peux vous trouver d'autre. Mais en dehors de deux photos du 6e G.A.P.A. prises en 1916, et publiées l'an passé, hélas... Je pense que vous en savez bien plus que moi sur le sujet, car ce qui a été publié sur Soultzeren et ses environs proches lors de l'offensive allemande de février 1915, concerne surtout le rôle de l'infanterie française (pour ne pas dire les chasseurs alpins, en particulier).
Cela étant, sans doute peut-on ajouter à la courte liste ci-dessus le nom d'Homère ROUZE, de la 11e batterie du 6e G.A.P.A., mort de ses blessures dans un hôpital de Gérardmer le 1er mars 1915.
Enfin, quelques éléments glanés çà et là :
- « Toute la vallée de Soultzeren est sous le bombardement. A la Pfaffenmatt, près des grosses pièces (de 150), des soldats sont tués. Deux hommes sont totalement brûlés par l’explosion des munitions. » (ROEGEL (Emile), Sulzern 1914-1915, Société d’Histoire du Val et de la Ville de Munster, 1999, 160 pages). On peut en déduire que c’est à la Pfaffenmatt que se trouvaient donc les deux 155 mentionnés par le général de Pouydraguin (et cités plus haut) ;
- « Dimanche, 21 février [1915]. Pendant que j’étais à l’ambulance [à Gérardmer], on a amené un malheureux artilleur, complètement brûlé par un shrapnell. Pas un murmure, pas une plainte ! […] Quand on demanda à ce malheureux ce qui lui était arrivé, il répondit : « Voilà, nous étions avec notre batterie et on nous a dit : « Tenez jusqu’à la mort » ; et nous avons tenu… Il y a treize de mes camarades qui sont comme moi ! » »
« Lundi, 22 février. Le malheureux brûlé est parti aujourd’hui pour Epinal. On craint la gangrène. C’est trop affreux ! C’est un grand armateur d’Alger. » (H.R.M., Journal d’une civile, Paris, Emile-Paul Frères, 1917, 339 pages. [journal d’une infirmière à Gérardmer du 26 juillet 1914 au 2 juillet 1915])
- une piste à explorer peut-être, concernant les blessés du 6e G.A.P.A. : un train sanitaire a quitté Gérardmer le 21 février 1915 à 22 heures à destination de Lyon.
Bien cordialement,
Eric Mansuy
"Un pauvre diable a toujours eu pitié de son semblable, et rien ne ressemble plus à un soldat allemand dans sa tranchée que le soldat français dans la sienne. Ce sont deux pauvres bougres, voilà tout." Capitaine Paul Rimbault.
Re: 6ème GAPA...
Bonjour à tous
Sur le contexte des tragiques événements décrits plus haut, j'ai trouvé dans "Le Panorama de la guerre de 1914-15", t.3, p.36 :
"Sur le versant oriental des Vosges, dans la vallée de la Fecht, l'ennemi a dirigé contre nos lignes trois attaques menées chacune par un régiment, une sur la rive nord, deux sur la rive sud. Le 20 février, nous avons repoussé ces attaques et ensuite contre-attaqué ; le combat a continué le 21 et le 22 ; à ce jour, nous avons occupé le plus grande partie du village de Stosswihr*, dont nous ne tenions la veille que les lisières. Au cours de cette attaque, l'ennemi a employé des formations denses qui lui ont occasionné de lourdes pertes.
Une attaque ennemie sur le Sattel (nord de la Fecht) a été repoussé le 19 février ; le 20, l'ennemi est parvenu à prendre pied sur l'éperon à l'est de la ferme (Reichsackerkopf), où nous avions un poste avancé. La lutte continue."
*Stosswihr se trouve 2km au sud de Sulzern.
Cordialement,
Sur le contexte des tragiques événements décrits plus haut, j'ai trouvé dans "Le Panorama de la guerre de 1914-15", t.3, p.36 :
"Sur le versant oriental des Vosges, dans la vallée de la Fecht, l'ennemi a dirigé contre nos lignes trois attaques menées chacune par un régiment, une sur la rive nord, deux sur la rive sud. Le 20 février, nous avons repoussé ces attaques et ensuite contre-attaqué ; le combat a continué le 21 et le 22 ; à ce jour, nous avons occupé le plus grande partie du village de Stosswihr*, dont nous ne tenions la veille que les lisières. Au cours de cette attaque, l'ennemi a employé des formations denses qui lui ont occasionné de lourdes pertes.
Une attaque ennemie sur le Sattel (nord de la Fecht) a été repoussé le 19 février ; le 20, l'ennemi est parvenu à prendre pied sur l'éperon à l'est de la ferme (Reichsackerkopf), où nous avions un poste avancé. La lutte continue."
*Stosswihr se trouve 2km au sud de Sulzern.
Cordialement,
Adal